Le Motocultor 2024 se tient cette semaine, du 15 au 19 août. Le festival, qui a pris ces dernières années une toute nouvelle ampleur avec sa formule à quatre jours, ses quatre scènes et une ouverture à divers genres et sous-genres, est devenu un incontournable de l'été pour amateurs de musiques "bizarres". Si jamais votre emploi du temps laisse place à la curiosité, nous vous proposons ici de découvrir quelques artistes plus ou moins connus qui égailleront cette édition et pour lesquels nous avons une tendresse toute particulière. Nous avons essayé de nous limiter à trois groupes par jour, à peu près, mais comme l'affiche déborde, nous aussi.
Jeudi 15 août
Il faudra d'entrée faire un choix puisqu'à l'heure du goûter vous devrez trancher entre Uada et Grandma's Ashes. Du côté de la Supositor Stage, le black metal des américains capuchonnés a le chic pour surprendre avec une approche mélodique et des rythmiques parfois punk-rock étonnamment entraînantes, comme si les Offspring se mettaient au black, ce qui est assez blasphémateur pour nous satisfaire. Sur la Massey Ferguscène, les filles de Grandma's Ashes confirmeront que leur rock lourd et énergique mérite toute l'attention qu'il attire. Profitez-en : la prochaine fois qu'on les croisera en festival, ce sera sûrement plus tard.
Pour nous, un des instants les plus intéressants de la journée sera le set d'Emma Ruth Rundle. Folk ténébreux et mélancolie au programme : ce sera le moment de souffler et de se renfermer un peu dans nos coquilles avec la musique de l'américaine et son univers sinistre et mystérieux atypique. Pour rester dans la grande classe, terminer la journée avec le post-rock progressif atmosphérique hanté de Crippled Black Phoenix nous semble le choix le plus judicieux.
Vendredi 16 août
Pour le goûter, vous pourrez danser avec Eihwar et leur approche très fun et décomplexé des univers nordiques à la sauce dancefloor : après avoir fait sensation au Hellfest, ils ont été programmés à la dernière minute au Motoc' et feront remuer vos popotins avec fougue. Gardez-en sous le coude tout de même : il y a bien peu de groupes comme Liturgy, ne serait-ce que pour le profil atypique de la chanteuse Haela Hunt-Hendrix : cette petite-fille de milliardaire généreuse en sourires chaleureux est une perle rare dans le black metal... Musicalement, ce tourbillon avant-gardiste bruitiste qui part dans tous les sens et gagne en live une lourdeur et une puissance nouvelle tout en ménageant quelques respirations de toute beauté, est à découvrir absolument.
On vous recommande également chaudement Myrkur. La musique d'Amalie Bruun a bien grandi ces dernières années et son dernier album, Spine, est un mélange assez fou de tout ce qu'elle est. Black metal, heavy, comédie musicale, synthpop et chants traditionnels scandinaves se retrouvent pris dans un tourbillon d'émotion riche et unique. Pour la suite de la journée, selon vos affinités, vous pourrez constater à votre tour que la sensation neo-electro-metal Wargasm propose un show bien rodé et plein d'énergie, si jamais vous supportez plus de deux titres. Avec le temps Skynd suscite en nous plus d'interrogations que de certitudes, malgré un culte grandissant, et la formule live ne nous a (jusqu'à présent) pas totalement convaincus. Cependant, la découverte des sinistres histoires electro-pop-indus des américains et le show théâtral de la chanteuse dans la fraîcheur d'après-minuit (enfin un horaire adapté !) mérite le détour. Enfin, Igorrr aura l'occasion de se rattraper après un passage 2022 marqué par l'absence de chanteuse... Là, la grande messe absurde baroque-metal-electro-bal-musette-world-music-breakcore de Gautier Serre et sa bande devraît avoir plus d'ampleur !
Samedi 17 août
15h, LLNN. Le groupe de post-hardcore / sludge danois aux nappes de l'espace qui donnent à la musique une froideur cosmique industrielle (les frangins Sejersen ont également un side-project purement indus, John Cxnnor) vous ratatinera comme il se doit, vous laissant avec l'unique conscience de votre insignifiance. Vous irez donc ensuite panser vos plaies devant les Norvégiens Kalandra dont le mélange folk / pop / rock tout en douceur et mystères vous permettra de reprendre vos esprits. Enfin, les Grecs de Villagers of Ioannina City et leur mélange folk / stoner mystique psychédélique, avec des lignes de chant pas loin de Dave Gahan, des cornemuses et kavâlas, vous emportera à coup sûr dans son univers singulier d'une très grande classe.
Dimanche 18 août
Le groupe de metal progressif DVNE sortait récemment l'album Voidkind et confirmait tout le bien que l'on pensait déjà de la troupe écossaise. Leur mélange prog / stoner / heavy aux touches mystiques ravira les amateurs de The Ocean ou Mastodon et, de manière générale, tous ceux qui aiment revenir sur un morceau pour en découvrir progressivement tous les trésors. Cette année est aussi l'année de Horskh, enfin ! Le trio metal indus, dont on suit avec plaisir la croissance depuis des années, sort des ombres prestigieuses des têtes d'affiche avec lesquels il tournait par le passé (et à qui il piquait la lumière). Après avoir réveillé le Motoc avec son side-project trap-metal PØGØ l'an dernier, Bastien Hennaut revient et aura l'occasion de montrer tout ce qu'il a dans le ventre. Ce sera furieux, ce sera fou, on ne voit pas comment ça ne sera pas un carton. Enfin, pour conclure le festival en beauté, on vous recommande d'aller voir le groupe de metal gothique/ black / death épique Rotting Christ. L'énergie communicative de Sakis Tolis sur scène donne aux morceaux un supplément d'impact qui pourrait ajouter aux récentes compositions du plus atmosphériques Pro Xristoy le surplus d'intensité idéal pour tenir jusqu'au bout.