La tradition l'exige et nous avons décidé de nous y plier : 2017 touche à sa fin, et il est temps pour chacun d'entre nous de faire le point sur ce qui nous a marqués cette année, en bien comme en mal. VRDA vous propose donc de retrouver les coups de coeurs des membres de notre rédaction sur l'année écoulée, en toute subjectivité bien sûr.
Rédiger un "top", ça peut vite être problématique. Top 5 ? 10 ? 12 ? 666 ? Et puis on met quoi dedans ? Juste des disques ? Des concerts ? On fait juste une liste ou on développe ?
Comme toutes ces questions m'ennuyaient et que je n'y trouvais aucune réponse, j'ai décidé de vous parler de cinq choses qui m'ont particulièrement plu cette année, de cinq autres choses moins réjouissantes, et de finir sur un bête top 10 personnel des sorties, histoire de vous proposer quelques oeuvres qui vous ont peut-être échappé et dont vous devriez gaver vos tympans pendant les fêtes.
1) SPIN THE PIG.... AGAAAAIIIIN ! : La bonne santé de la scène indus française
2017 a été une année particulièrement intéressante du côté de la scène industrielle française. Au-delà des récentes sorties de l'excellent EP de SHAÂRGHOT et du dernier album de PUNISH YOURSELF ainsi que les concerts toujours plus fous de ces deux incroyables rouleaux-compresseurs peinturlurés, toute une scène fourmille de vie et de nouveautés prometteuses mais aussi de vétérans inusables (comme le prouve le retour de TREPONEM PAL). Saluons en passant le travail incroyable du label Audiotrauma qui nous a notamment proposé cette année la frénésie de HORKSH, l'univers fascinant de MACHINALIS TARANTULAE ou les beats furieux de MOAAN EXIS. Notons aussi la chouette mobilisation des artistes autour de HOLOGRAM_ pour aider ce projet à ne pas mourir suite à un vol de matériel. Une bonne santé artistique qui s'exprimait également sur la compilation This is French Industrial. Bref, merci pour la folie et les découvertes : 2018 s'annonce passionnante !
Rétrospective : live report de PUNISH YOURSELF à Vauréal et à Paris, interview de SHAÂRGHOT, interview de MACHINALIS TARANTULAE, chronique de HORSKH, interview de HOLOGRAM_, interview de MOAAN EXIS, live report des quinze ans d'Audiotrauma.
2) Bêlements de moutons, houmous et hurlements primitifs : l'année de IGORRR
Pour être tout à fait honnête, le début d'année ne m'avait pas chamboulé plus que ça musicalement : de chouettes sorties, certes, mais aucune claque. Aucun disque qui t'attrape par les tripes et te secoue dans tous les sens. Et puis est arrivé en juin l'hallucinant Savage Sinusoid, viscéral, dément et magnifique. IGORRR a franchi un nouveau cap, confirmé au cours des nombreux concerts du projet de Gautier Serre (dont un passage au Hellfest mémorable). Et en plus, IGORRR a signé la bande-son de l'incroyable Jeannette de Bruno Dumont : une comédie musicale sur l'enfance de Jeanne d'Arc tournée avec des acteurs amateurs et un son direct, bêlements de moutons inclus. Selon les avis, on oscille entre poésie surréaliste et foutage de gueule. Du génie, qu'on vous dit !
Rétrospective : chronique de Savage Sinusoid et live report du concert à Paris.
3) SKINNY PUPPY en concert au Download
Certes, ce n'était qu'une date unique sur notre territoire, et en festival en plus... Mais quelle date ! Si vous n'avez jamais vu SKINNY PUPPY sur scène, vous ne pouvez pas imaginer ne serait-ce que la moitié du choc. Leur dernier passage en Europe remontait à 2010, pour une tournée au show hallucinant, malsain et traumatisant... La fête avait été gâchée à Paris par une date à la Maroquinerie foutue en l'air pour des raisons techniques et un concert interrompu après vingt minutes... Pas de soucis du genre au Download avec un show tout à fait différent, moins spectaculaire peut-être mais tellement plus brutal, qui laissait la part belle aux morceaux de The Process, renforcés par la présence d'un guitariste sur scène. C'était dément. Ces types sont des légendes, et ce n'est pas pour rien. S'ils continuent à venir tous les six / sept ans, 2023 n'arrivera jamais assez vite !
4) Le retour annoncé de A PERFECT CIRCLE
Bon, allez, on prend les paris ? Si je refais un top comme ça l'an prochain, A PERFECT CIRCLE devrait normalement de nouveau y figurer. Avec l'annonce d'une tournée en Europe et d'un album pour l'an prochain, quatorze ans après leur dernier en date, le supergroupe mené par Maynard James Keenan a réveillé tout un tas de sentiments oubliés depuis un moment. Au premier rang desquels on trouve, ne nous mentons pas, l'espoir d'entendre un jour du nouveau de la part de TOOL, puisque leur arlésienne semble également prévue pour 2018 (on y croit ?).
5) Nick Cave au Zénith de Paris
Nick Cave est un monument. Besoin d'en dire plus ? Je n'avais jamais vu un artiste d'une telle envergure autant partager avec son public dans une salle de cette dimension. Le monsieur se promenait dans la fosse du Zénith, invitait le public à monter sur scène... C'était incroyable. La sécurité devait trembloter, mais rien n'impose autant le respect que les sourcils froncés de Nick Cave et pour preuve : personne n'a osé ne lui mettre une main au derrière. Bravo.
Mais il y a aussi eu des trucs craignos en 2017, certains plus que d'autres d'ailleurs. Passage en revue rapide, mais ne traînons pas trop dans la crasse car on risquerait d'en ressortir puant.
5) Le DVD live de RAMMSTEIN
J'aimerais bien avoir une franche discussion avec le type qui a monté le live Rammstein Paris. Ok, il a voulu faire un truc sensitif ou que sais-je, mais quand on a un groupe avec une telle présence et un tel visuel, on essaye de faire durer un plan plus d'une demi-seconde ! J'ai pu entendre des gens dire que sur la durée, ça fonctionnait mieux. Désolé, mes yeux n'ont pas supporté assez longtemps pour arriver à ce stade. Vivement qu'ils sortent leur nouvel album, annoncé pour l'an prochain, histoire de faire oublier ce grand n'importe quoi (et le piteux projet LINDEMANN dans la foulée).
4) MARILYN MANSON, en général
Par honnêteté on est obligés de pointer du doigt la paresse grandissante de MARILYN MANSON, déjà flagrante sur scène et qui contamine de plus en plus ses sorties studio avec un Heaven Upside Down bâclé et bien fade, qui n'a rien de mieux à proposer que des morceaux vaguement sympathiques dans ses meilleurs moments, réchauffant ce qu'il a déjà fait (en mieux) par le passé. La soupe tiède, ça ne passe décidément pas. Passons sur ses interviews grotesques où il n'a plus grand chose de pertinent à raconter et se contente, comme sur scène, de péniblement enchaîner les grimaces et les postures émoussées pour essayer de faire croire qu'il est encore effrayant, ainsi que sur ses clips certes soignés en terme de mise en scène mais bas du front et loin, si loin, de ses oeuvres plus subtiles. Il ne suffit pas d'aboyer fort pour faire croire qu'on sait encore mordre.
3) Le Gothic Dark Wave Festival de Tiloloy
Est-il nécessaire de revenir sur les faits ? La scène gothique française avait-elle besoin d'un tel fiasco ? On pourrait être naïf et pointer du doigt l'inexpérience et la mégalomanie de l'organisateur qui a clairement vu trop gros pour un public hexagonal qui a parfois du mal à se déplacer ou à remplir les salles. Mais ce serait oublier les messages d'insultes et les mensonges à répétition, à commencer par cette annonce d'un "premier festival gothique français" qui a fait faire des sauts périlleux aux festivals de l'Erèbe ou autre Dark Omen / Dark Castle dans leurs tombes. Bravo et merci à la poignée de groupes qui ont malgré tout pris le risque de se déplacer et de jouer devant une foule éparse. Pourvu que les différentes victimes de cette sinistre blague (artistes, public, divers prestataires) reçoivent plein de cadeaux à Noël !
2) Les morts de Chris Cornell et Chester Bennington
Pas la peine d'en faire des tonnes : une mort, c'est triste. Un suicide, c'est pire. Deux types avec des voix incroyables et ayant chacun eu un énorme impact sur toute une génération ont décidé de mourir, en pleine tournée et à quelques semaines d'écart. Si cela pouvait ouvrir quelques paires d'yeux et attirer l'attention sur les souffrances des uns et des autres pour prévenir au maximum ce genre de situation de détresse, ça serait déjà ça.
1) Les porcs.
Ne citons pas de noms, ils ne le méritent pas. 2017 a été marquée par un paquet d'accusations de harcèlements sexuels et de viols, en particulier depuis quelques semaines dans le milieu du cinéma. Le cinéma n'a malheureusement pas le monopole des connards. Ce n'est pas nouveau, et cette exposition au grand jour si médiatisée est même positive, si les consciences pouvaient s'éveiller un poil et si cette évolution pouvait mener à un monde plus sûr pour tout le monde alors on en sortirait tous gagnants. Un concert doit être une fête pour tous, pas un endroit où des gens qui ont payé pour passer une bonne soirée se font tripoter contre leur gré dans la fosse, ou abuser par des musiciens profitant de leur aura. Ces saloperies durent depuis trop longtemps, et si le fait d'en parler autant aujourd'hui est une très bonne chose, il était hors de question de faire figurer ces histoires sordides ailleurs qu'au fond de cet article, là où tout le monde peut cracher dessus.
Sans plus de blabla, voici un top 10 particulièrement difficile à déterminer qui regroupe les dix sorties musicales que j'ai préférées cette année. Il en aurait fallu au moins le double pour rendre justice à tous, mais il faut savoir se faire violence. Bonnes découvertes à vous !
01. Igorrr - Savage Sinusoid
02. Shaârghot - Break Your Body
03. Amenra - Mass VI
04. Punish Yourself - Spin the Pig
05. Machinalis Tarantulae - Dyptique
06. Septicflesh - Codex Omega
07. Perturbator - New Model
08. Myrkur - Mareridt
09. John Carpenter - Anthology
10. Chelsea Wolfe - Hiss Spun