Rétrospective 2018 : l'avis d'Erick

Erīck Wīhr 21 janvier 2019

Cette année, j'ai décidé de me lancer dans l'expérience de la rétrospective pour faire suite à celles de mes collaborateurs au talent certain pour défendre leurs découvertes. Je voulais justement commencer par les remercier pour ce boulot titanesque réalisé en 2018. Ce n'est pas la première fois que VRDA accomplit autant de projets, mais cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas été aussi passionnants.

 

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10 années de plus...

Sur ces belles paroles, j'ai bien envie de me coller un 10 years challenge pour poursuivre ma rétrospective, parce que c'est à la mode, et qu'on peut se le permettre. En 2008, je découvrais pour la première fois CHRYSALIDE sur la scène du Klub (Paris), HERRSCHAFT dans sa formation originale jouait à la Scène Bastille (Paris) pour présenter son excellent album Tesla, Loki Lonestar jouait encore dans NUTCASE, MOSHPIT donnait son dernier concert au Klub et EMILIE AUTUMN chantait sa reprise de Bohemian Rhapsody de QUEEN au Nouveau Casino (Paris). C'est l'année où je suis devenu fan de KILLING JOKE  et où je les ai manqués au Trabendo (Paris). En 2018, je ne les ai toujours pas vus sur scène et les rate une énième fois lors de leur passage anniversaire au Cabaret Sauvage (Paris).

Naissance d'OBSYDIANS et de SHADOW DOMAIN

En 2008 que j'ai assisté à mes premiers concerts de SYBREED et de SAMAEL qui partageaient ensemble une affiche à Paris un soir d'avril. SYBREED venait de sortir son album Antares et SAMAEL sortait Solar Soul. Listenable Records qui gérait SYBREED nous avait arrangé une rencontre sur le pouce pour réaliser une interview dans les couloirs de la Locomotive, à la "punk", entre valises et stars du rock. Difficile d'imaginer à ce moment que ces deux groupes que j'adorais passeraient un jour devant nos caméras, que leurs membres lieraient avec nous des liens, et que suite à la séparation du premier (SYBREED), son membre fondateur (Drop) rejoindrait le second (SAMAEL). 

10 ans plus tard, SYBREED n'est plus mais le divorce a donné naissance à deux projets remarquables avec la sortie de trois singles pour OBSYDIANS (piloté par Drop, accompagné d'autres membres de feu SYBREED) et la sortie d'un premier album pour SHADOW DOMAIN (piloté par Ben / en photo ci-dessus). Si vous n'avez pas encore écouté, il serait temps d'y jeter l'oreille. Ce sont des morceaux cyber metal absolument géniaux que nous offrent nos petits Suisses pour combler le cruel vide occasionné par leur absence. Je profite de cette rétrospective le mettant à l'honneur pour remercier Drop qui a douloureusement remixé nombre de sons exécrables pour nos vidéos ces 10 dernières années afin de les rendre audibles. merci à toi !

 

Jonathan Davis en solo

En juin 2008, quelques chanceux dont je faisais partie ont pu voir Jonathan Davis (le chanteur de KORN) en solo sur scène et notamment découvrir pour la première fois son interprétation de la bande originale du film Queen Of The Damned ; un film inspiré du roman d'Anne Rice. La bande originale était incontournable, pour un film plus que dispensable. Tous les morceaux composés par lui-même ont été réinterprétés sur l'OST par : Wayne Static (STATIC-X), Chester Bennington (LINKIN PARK), David Draiman (DISTURBED), Jay Gordon (ORGY) et MARILYN MANSON. En raison des contrats passés avec la production, JD n'a jamais pu les réenregistrer sur un album en studio avec sa propre voix, ce qui ne l'empêcha pas de nous les offrir en concert lors de cette tournée passée en France dans la plus grande discrétion. Le Bataclan était rempli au tiers ce soir-là. Pour l'occasion, l'artiste était accompagné du collectif SFA (The SIMPLY FUCKING AMAZINGS) pour les parties instrumentales. 

10 ans plus tard et à la surprise générale, Jonathan Davis annonce son retour en solo sur scène et sur galette, accompagné des SFA pour finaliser cet album amorcé en 2008. Il ne m'a pas fallu plus d'arguments pour suivre ce retour de près et revivre en partie son ancien set sur la MainStage du HELLFEST en Juin. L'album en lui-même n'a pas fait l'unanimité, moi-même je trouve les récentes compositions moins inspirées que les anciennes, mais ce fut captivant de revoir Davis porté par ce rock glacial subtilement agrémenté de sonorités tribales.

L'avènement des Shadows

En 2008, le festival gothique DARK CASTLE proposait sa première et dernière affiche au Château de Vaux le Pénil avec CEMETARY GIRLZ, KRYSTAL SYSTEM, ARSCH DOLLS, ECLYPSE CLOSE, UNTERART, TAMTRUM et COMBICHRIST. Nous en avions filmé quelques moments présentés sur notre compte MySpace de l'époque. En 2018, seul COMBICHRIST existe encore. Joe Letz (batterie) vient de quitter ce groupe avec lequel je l'ai découvert durant le festival. Quant à CELTIC CIRCLE, l'organisateur des DARK OMEN (rebaptisés ensuite DARK CASTLE), il vient tout juste de fêter ses 20 ans. 

Le frontman d'ECLYPSE CLOSE aka Brun'O Klose a rejoint de son côté - à la guitare - les excellents SHAÂRGHOT qu'on ne vous présente plus et qui ne cessent de nous rendre plus enthousiastes à chaque publication, en plus d'avoir largement marqué l'année 2018 dans nos pages. C'est en leur compagnie que je me suis retrouvé au HELLFEST en 2018. Je n'y étais pas allé depuis 2015, à l'issue duquel j'avais utilisé leur titre Traders Must Die, ainsi que plusieurs titres de SYBREED pour illustrer une vidéo...

En 2018, nous avons réalisé un teaser annonçant leur second album The Advent of Shadows en exclusivité sur les décors du HELLFEST, déserts à 8h00 le vendredi matin, juste avant l'ouverture au public. C'était grisant ! Nous avons compris bien trop tard que cette vidéo comprenait une faute d'orthographe sur le nom de l'album... Merci à eux pour ces moments de déambulation téméraire au milieu des fans de metal aussi amusés que curieux d'assister à cette étrange parade offerte par le groupe, arborant peinture noire et chaînes avant de se livrer à d'innombrables selfies. Et vous connaissez la suite ? Le groupe a tellement fait parler de lui qu'on le retrouvera sur scène au HELLFEST 2019.  Le HELLFEST 2018 a par ailleurs été une édition très attractive avec les concerts de DIMMU BORGIR, DEAD CROSS, HEILUNG, A PERFECT CIRCLE, DEFTONES, HOLLYWOOD VAMPIRES, ZEAL & ARDOR, LIMP BIZKIT pour ceux qui m'ont suffisamment marqué pour ne pas user d'une anti-sèche.

Un Cercle Parfait dans l'hexagone

Côté concerts, je soulignerai le retour en grande pompe d'A PERFECT CIRCLE qui se produisait sur la scène de l'Olympia de Paris. Un concert beaucoup plus calibré pour la salle que pour le festival qui m'avait laissé sur ma faim. Le groupe était presque figé sur scène et son chanteur baignait dans l'obscurité. Pourtant l'atmosphère était magique, presque religieuse, se diffusant organiquement dans l'Olympia à t'en coller des frissons jusqu'aux orteils. Tout comme Pierre, je n'ai pas souhaité briser le souvenir en ne retournant pas les voir au Zénith tant l'expérience fut saisissante.

SHINING déchu, IHSAHN s'élève

Sans aucune transition, je retiendrai aussi de cette année les concerts de IHSAHN (Machine du Moulin Rouge) et SHINING (O'SULLIVANS) espacés d'une semaine et de quelques mètres pour ces deux ambassadeurs du metal norvégien. Le premier, qui n'est autre que l'artiste m'ayant attiré vers le côté obscur du metal lorsque j'étais adolescent, n'a cessé de se surpasser à chaque album depuis EMPEROR jusqu'à son projet solo sophistiqué mais authentique. Je le voyais sur scène pour la première fois... le public était hypnotisé par la prestation du maître de cérémonie, moi aussi. Son dernier album Ámr complète avec originalité son œuvre metal prog et rejoint les plus remarquables que j'aie écouté cette année.

SHINING, dont le leader Jørgen Munkeby a collaboré plusieurs fois avec IHSAHN, s'est lancé dans l'exercice périlleux du pop rock et la synthwave sur son dernier album Animals après plusieurs albums d'avant-garde metal / jazz. Cet essai lui a coûté une grande partie de son public incapable d'apprécier l'expérience. Le O'SULLIVANS était quasi-vide mais le plaisir des présents était palpable. Nous avons bénéficié d'un concert parcourant l'ensemble de leur répertoire dans une atmosphère moite et vitaminée depuis cette petite scène parisienne. Le groupe a déployé une énergie écrasante accompagnée d'une grande proximité avec le public digne des meilleurs concerts de PUNISH YOURSELF.

PUNISH YOURSELF broie la pulpe

Ma comparaison précédente était vaine car il n'y a pas de "meilleur concert de" PUNISH YOURSELF ou de "meilleur concert que" PUNISH YOURSELF... J'en fais peut-être trop ? C'est l'un des rares groupes dont aucun concert ne finit autrement qu'en broyage sensoriel et charnel, particulièrement sur le Pig Data tour qui a traversé la France au cours de l'année. Mon dernier en date, au Réacteur d'Issy Les Moulineaux a été une véritable boucherie, ou charcuterie. C'était la seconde fois que je les voyais dans cette salle anciennement appelée Espace Icare. Cette soirée m'a permis de découvrir la bouleversante Hikiko Mori  qui assurait les back-vocals de PUNISH YOURSELF sur quelques dates. Cette plume sensationnelle et vraiment poisseuse a attiré inexorablement mon attention dans l'univers de son groupe horror metal nommé BAD TRIPES que je vous invite à aller rapidement écouter. La première partie était ce soir-là assurée par HERRSCHAFT (desquels j'attends ostensiblement du neuf) et KAMERA OBSCURA (que je n'ai pas eu la chance de voir).

ZEAL & ARDOR No. 1 

ZEAL & ARDOR est peut-être le groupe qui m'a le plus impacté cette année. Leur concept, porté sur l'esclavage des peuples noirs faisant appel au démon pour briser leurs chaînes, et leur musique mixant black metal et soul, forment un cocktail aussi percutant que frais. Je n'avais jamais entendu quelque chose de tel, et j'ai pu cette année découvrir ce que le groupe donnait sur scène. Leur prestation honorable au HELLFEST manquait probablement d'obscurité et d'intimité car c'est le 12 décembre à la Cigale (Paris) que j'ai pris la claque de l'année. Je vous invite a redécouvrir les détails de cette soirée à travers ce report. J'appréhende difficilement leur évolution mais je donnerai mon âme pour les revoir.

Le retour de DIR EN GREY

Je vous parlerai pour terminer des japonais DIR EN GREY qui n'avaient pas foulé le sol français depuis leur concert au Bataclan en mai 2015. Si l'album et le concert m'ont moins convaincu que ceux délivrés dans la dernière décennie, DIR EN GREY reste un monument de cette scène japonaise qui a explosé en Europe en 2005 et qui ne compte que quelques vétérans aujourd'hui capables de fédérer autant de monde en occident. Leur musique extrême et sombre, expérimentale et progressive, a conquis des milliers de fans en France. Leur concert s'est tenu sans surprise à guichet fermé au Trianon en octobre. Fidèles à leur postes depuis leur création, les membres du groupe ont livré un concert implacable. Le moment qui m'a particulièrement marqué à ce concert restera peut-être The Blossoming Beelzebub, morceau tiré de Dum Spiro, Spero durant lequel le visage de Kyô apparaissait sur un écran géant avec des filtres ultra-colorés, donnant à ses gimmicks gestuels et sonores un aspect diabolique, macabre et captivant.

Top 10 des sorties d'albums

J'ai pu écouter aussi beaucoup d'albums étonnants et néanmoins excellents, mais s'il ne faut en retenir qu'une partie voici la liste des 10 principaux :

ZEAL & ARDOR - Stranger Fruit
A PERFECT CIRCLE - Eat the Elephant
SHADOW DOMAIN - Digital DIvide
IC3PEAK - СКАЗКА
DIMMU BORGIR - Eonian
HOLLYWOOD BURNS - Hollywood Burns
DIR EN GREY - The Insulated World
NOIRE ANTIDOTE - Negative Etiquette
IHSAHN - Ámr
CHAΘSTAR - The Undivided Light 


ZEAL & ARDOR - Stranger Fruit


A PERFECT CIRCLE - Eat the Elephant

SHADOW DOMAIN - Digital Divide


IC3PEAK - СКАЗКА


DIMMU BORGIR - Eonian


HOLLYWOOD BURNS - Hollywood Burns

DIR EN GREY - The Insulated World


NOIRE ANTIDOTE - Negative Etiquette

IHSAHN - Ámr 

 CHAΘSTAR - The Undivided Light