Edito | Rétrospective 2018 : l'avis de Tanz Mitth'Laibach

2018 s'éloigne peu à peu et c'est un peu dommage parce que 2019, ça sonne moins bien et qu'on va tous bientôt prendre un coup de vieux quand les années 2010 seront finies, mais c'est comme ça ; en attendant, c'est l'occasion de faire le point sur l'année 2018, qui en ce qui me concerne fut une année riche et enthousiasmante sur le plan musical ! Avant de faire un top 10 des sorties d'albums de cette année en bonne et due forme, retour sur quelques choses qui m'ont marqué :

Make Darkwave Great Again

... Comme dirait l'autre taré orange. Et en effet, 2018 a été marquée d'une salve impressionnante d'excellents albums oscillant entre darkwave et coldwave, et ce qui est encore plus réjouissant, c'est qu'ils venaient de jeunes groupes ; nos bons vieux PROJECT PITCHFORK ont bien essayé de reprendre la main avec Akkretion (chronique ici) et Fragment, KIRLIAN CAMERA nous a embarqués dans la balade spatiale Hologram Moon, mais l'essentiel de la vague est venue de ces groupes formés dans les années 2010 qui sont ou ont été au label Fabrika Records : je veux parler, bien sûr, de SELOFAN qui a frappé très fort avec son album Vitrioli, mon préféré de cette année (chronique), mais aussi de LEBANON HANOVER (ici) et KÆLAN MIKLA (ici) ; voir un tel afflux de sang neuf sur cette scène est un immense plaisir. À noter également que dans un style plus coldwave, THE SOFT MOON a également fourni un bon album qu'est Criminal. Belle année !

BAUHAUS ressorti de son cercueil

2018 aura également été l'année de ce concert incroyable : PETER MURPHY, l'ancien chanteur de BAUHAUS, rejouant au Bataclan le 14 novembre le premier album du groupe In The Flat Field ; voir en live cet album légendaire des débuts du gothique avait de quoi galvaniser, surtout pour moi dont BAUHAUS a toujours été le chouchou parmi les groupes de la Batcave. Et en fait, ce sont même tous les classiques de BAUHAUS que PETER MURPHY a ressuscité ce soir-là, y compris la géniale et culte Bela Lugosi's Dead, fantasme que je croyais irréalisable ! Difficile d'être objectif sur un tel concert, bien sûr, mais de fait, que ce soit dû à l'excitation de voir en concert ces morceaux mythiques, au jeu sur scène de PETER MURPHY ou tout simplement au fait que la musique de BAUHAUS est irrésistible, ou aux trois à la fois, ce concert était un moment formidable.

Du concert, encore du concert !

Mais il n'y a pas que PETER MURPHY qui m'ait rendu l'année très agréable en termes de concerts ! J'en avais fait trop peu à mon goût jusque-là, la chose n'étant guère aisée quand on a longtemps habité à Nice et manqué d'argent, mais cette année m'a comblé. Il y en a deux en particulier que je tiens à souligner : le Fabrika Records Fest, qui s'est tenu le 28 avril à la Machine du Moulin Rouge à Paris, rassemblant SELOFAN, que je découvrais à cette occasion et put revoir ensuite à Lyon en décembre, SHE PAST AWAY et LEBANON HANOVER, les trois groupes ayant rivalisé d'ambiances glacées comme je les aime ; la même semaine, je voyais aussi à Villeurbanne CHRISTIAN DEATH et PUNISH YOURSELF ! Connaissant la haute réputation de PUNISH YOURSELF en live, je craignais d'avoir des attentes trop élevées, mais rien à faire : entre le rouleau-compresseur de leurs morceaux, spécialement ceux du dernier album, et la mise en scène de ces zombies fluorescents, c'est irrésistible, on en ressort sonné, ne sachant pas très bien ce qui s'est passé mais satisfait !

Deux retours : MINISTRY et DEAD CAN DANCE

Enfin, 2018 fut l'année du retour de groupes cultes : le premier est celui de DEAD CAN DANCE avec l'album Dionysus, comme toujours riche et envoûtant jusqu'à ce que l'on s'y perde, voilà un groupe qui ne cesse de m'émerveiller (chronique) ; le second est d'autant plus étonnant car c'est celui d'un groupe qui a failli, failli et failli encore depuis quinze ans, au point que je n'avais même pas l'intention d'écouter son album sorti en 2018 avant que la chronique de mon collègue Pierre Sopor ne me ramène à la raison... MINISTRY. Car oui, malgré ses dernières productions lamentables, le mot n'est pas trop fort, et malgré le fait que Al Jourgensen prétende arrêter sa carrière aussi souvent que je prétends que c'est mon dernier verre au cours d'une soirée, son dernier album AmeriKKKant défonce, le retour à un son lourd et industriel sans singer le passé, une vraie richesse sonore, bref, tout ce que je n'attendais plus de MINISTRY. Qu'on se le dise, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise, et cette année 2018 en fut une dans son ensemble !