[:SITD:] - Arena Stage
Le concert de [:SITD:] était prévu pour la veille mais, conséquences de la tempête, il fut reprogrammé à 10h30 ce dimanche matin. Il fallait avoir du courage car pour les déçus de la tempête, l’after-party du vendredi fut un long défouloir qui se termina très tard. C’est donc avec de petits yeux que les premiers festivaliers ont tout de même fait honneur à la performance de [:SITD:], qui est malheureusement toujours un peu décevante. [:SITD:] est connu pour la puissance de ses titres qui nous laissent hors d’haleine. Sur scène, [:SITD:], ce sont des mecs sympas, un peu timides, qui font le show. On perd un peu de magie mais on danse toujours avec entrain sur les morceaux les plus connus, et sur les petits derniers comme ‘Dunkelziffer’ qui rejoint la setlist et ouvrent le bal. Invité surprise, Chris L. d’AGONOIZE a partagé la scène avec le groupe le temps d’une chanson. Une apparition très appréciée.
PATENBRIGADE: WOLFF - Arena Stage
On ne va pas se le cacher, j’attendais fermement la prestation de PATENBRIGADE: WOLFF. Assez déçue qu’ils soient programmés en ouverture de cette deuxième journée, je fus soulagée de constater qu’ils ne mirent pas bien longtemps à remplir la Lanxess Arena. On ne dira pas que leur musique est comparable à du Beethoven, mais elle possède l’irrésistible pouvoir de vous faire sourire tout le reste de la journée, en plus de vous servir de la bière directement dans le gosier, le tout gratis. Un ami me faisait la remarque comme quoi, les groupes rock sont définitivement plus intéressants à voir en live que les groupes electro. Les amis, lorsqu’on a PATENBRIGADE: WOLFF sur scène, croyez-moi, pas besoin de guitare.
DIORAMA - Green Stage
Voilà encore un groupe qui n’était évidemment pas prévu pour jouer de bon matin sur la Green Stage. DIORAMA s’installe sous le soleil de Cologne en remerciant le public de venir l’applaudir si tôt. Pour les récompenser, le groupe a offert une setlist relativement longue pour cette heure de la journée, et les tubes de DIORAMA se sont succédé les uns après les autres. Etonnant de voir autant de monde à midi réunis autour d’une même scène, mais le groupe rassemble de nombreux fans qui connaissent leurs paroles par coeur. Avec ‘Advance’, DIORAMA finit son set sous un tonnerre d’applaudissements.
INKUBUS SUKKUBUS - Orbit Stage
Avec les changements de line-up, il fallait bien que cela arrive : impossible de rejoindre le photopit à temps pour photographier INKUBUS SUKKUBUS, qui a trouvé une place le dimanche pour programmer son set de la veille. C’est le moment où l’on réalise que l’Orbit Stage n’est pas adaptée pour ce type de concerts intimiste qui requiert toute l’attention du public. Néanmoins, le charme a opéré comme il a pu. La performance acoustique fut difficile à percevoir, notamment pour les percussions non-munies de microphones, mais le reste du show gothic-rock obtint plus de succès.
STAHLMANN - Arena Stage
Nous voici replongés dans les méandres de la Neue Deutsche Härte allemande avec STAHLMANN. Cela pourrait être la énième copie de OOMPH! Et autres RAMMSTEIN, mais voilà, STAHLMANN a sa singularité qui lui apporte des fans tout à fait exceptionnels. L’accueil fut plus que chaleureux pour ce groupe qui ne tient pas en place et offre à son public un spectacle grandiose et généreux comme on lui connaît.
POKEMON REAKTOR - Green Stage
Ne cherchez pas le sérieux, on vous l’a dit, POKEMON REAKTOR, « c’est pour de rire » ! Les allemands nous reviennent plus excités que jamais. Et voyez-vous cela, ils nous ont ramené de nouveaux amis. Il faut dire que leurs petits Pikachu commencent à prendre la poussière et perdre leur poil soyeux. Pour retrouver le jaune poussin de leurs débuts, il fallait bien l’équipe des trois minions (Kevin, Stuart et Bob) au grand complet. Et la musique dans tout ça ? Circulez, il n’y a toujours rien à voir. En revanche, une pelouse remplie de festivaliers dansant joyeusement, ça, ça vaut le détour.
THE CREEPSHOW - Orbit Stage
Je ne sais pas qui a eu l’idée impensable de programmer THE CREEPSHOW à l’Amphi Festival mais quelle brillante idée ! Si les festivals goths pouvaient s’en inspirer et inviter plus de groupes psychobilly, ce ne serait pas un mal. Evidemment, THE CREEPSHOW devait performer la veille en headliner, mais c’est en milieu d’après-midi qu’on leur a trouvé une place sur la scène Orbit, définitivement trop petite pour ces géants canadiens qui ont l’habitude de jouer devant un public beaucoup plus large. Mais nous n’allons pas nous en plaindre, quand il s’agit d’admirer de si bons artistes dans la confidence d’une petite scène. Cet après-midi-là, THE CREEPSHOW jouait pour nous, et tant pis pour ceux qui n’ont pas eu le courage de venir jusque là. Car ce fut un des coups de coeur du festival. Une performance incomparable, d’un professionnalisme de haut niveau et tellement maîtrisé que tout paraît doux et facile. Aucune fausse note et le sourire continuel des musiciens pour couronner le tout. Comment faire de la vraie musique en une leçon. La baffe.
S.P.O.C.K - Arena Stage
S.P.O.C.K, ces extraterrestes suédois, ont confié qu’ils furent étonnés de l’accueil que lui a réservé le public de l’Amphi Festival ce dimanche. Ce qui m’étonna, moi, c’est leur heure de passage. Il était encore tôt cet après-midi-là lorsqu’ils ont débuté leur set digne d’être programmé avant un AND ONE par exemple. La performance scénique n’est pas pour autant spectaculaire, mais la puissance et la qualité du son combinées au jeu de lumières embarque le public dans un véritable univers parallèle. Nous entrons évidemment dans la new-wave/synthpop kitsch, mais allez, on ne va pas se mentir, on a tous dansé. Borg, Resistance is Futile !
SONJA KRAUSHOFER - Orbit Stage
Pour ceux qui ont bien voulu prendre le temps (et rater DAS ICH) et tendre l’oreille ce jour-là, SONJA KRAUSHOFER délivrait un set inédit à l’Orbit Stage. Non contente de faire partie de trois groupes, elle souhaitait, après sa prestation acoustique de l’an dernier lors de la soirée Call the Ship to Port 2014, monter un spectacle solo qui réunirait toutes ses influences musicales. Car les trois groupes dans lesquels elle officie (L’ÂME IMMORTELLE, PERSEPHONE, COMA DIVINE) ne sont pas des copies conformes les uns des autres. Ils sont en fait musicalement opposés, entre electro-dark, metal et folk/musique de chambre. La prouesse de ce concert, c’est d’en faire un tout cohérent, en faisant ressortir le potentiel lyrique de Sonja, qui a mis tout le monde d’accord. D’ailleurs, beaucoup de jeunes qui passaient là par hasard sont finalement restés tout le concert, happé par la beauté du spectacle. Ayant personnellement ‘Bitterkeit’ en version acoustique comme chanson favorite de l’ÂME IMMORTELLE, je ne pouvais qu’apprécier ce nouveau travail des chansons de Sonja. Et le mélange fut surprenant et somptueux. Lier ‘My Beautiful Prince ‘ à ‘5 Jahre’ dans le même morceau, c’est frissons et larmichettes garanties.
QNTAL - Green Stage
Cela faisait trop longtemps que QNTAL n’avait pas rencontré mon capteur Nikon. Six, peut-être sept ans. Bien, bien trop longtemps. Il fallait donc remédier à cela et profiter une fois encore de ce public d’originaux aux tatouages sombres fermer les yeux et vibrer au son de ce folk lyrique sans équivalent. La performance est toujours aussi belle, mieux travaillée même. Mais la déception m’envahit : où est passée ce petit truc en plus, cet envoûtement que seul QNTAL savait disperser sur une salle comble ? QNTAL est devenu mignon, et la venue de la chanteuse et violoniste Sarah Newman à la voix d’or n’y pourra rien changer. En espérant un autre concert, dans d’autres conditions.
COMBICHRIST - Arena Stage
On le sait à présent : COMBICHRIST a pris la direction « back to the roots », c’est-à-dire vers des sons plus metal et des cris plutôt que du chant. Chacun ses goûts. Le show reste à peu près le même qu’au WGT, psychédélique, bordélique, complètement COMBICHRIST, ce qui ravit leur public, assoiffé de folie. La fin du set est quand même plus orientée electro, pour le plaisir de mes oreilles. Parce qu’un bon « What the fuck is wrong with you », cela nous manque quand même beaucoup. Le set de COMBICHRIST fait partie des rares à l’Amphi Festival cette année qui fut totalement complet dans l’Arena. Émotion garantie.
WELLE: ERDBALL - Green Stage
C’est sous les premières gouttes de pluie de la journée que débute le tour de chant de WELLE: ERDBALL. Le groupe, toujours en quête d’innovations scéniques, se produit aujourd’hui avec des synthétiseurs collés au mur. Tenter de dynamiser visuellement les concerts electro est une bonne idée du groupe. Malheureusement, les filles doivent tourner complètement le dos au public pour jouer, avouez que cela est dommage. Le public acclame chaleureusement le groupe qui enchaîne les tubes, et Dieu sait qu’ils en ont en stock. Mais rien à faire, l’âme du groupe s’est envolée avec le départ de Frl Plastique, et ce qui semblait être auparavant une famille sur scène, devient un simple business. Les concerts de WELLE: ERDBALL se ressemblent désormais tous. Tout est calé à la seconde près et il faut marcher droit. Sie sind die Roboter.
HENRIC DE LA COUR - Orbit Stage
Bon. Là, il va falloir s’asseoir deux minutes et prendre le temps de savourer. Voici clairement le coup de coeur du festival. Le frissonnant HENRIC DE LA COUR. Décidément, ces suédois n’en finissent pas de nous épater. Quoi, vous ne connaissez pas HENRIC DE LA COUR ? Eh bien vous avez tort, définitivement, gravement tort. Mais je vais quand même vous le raconter, car comme beaucoup, vous avez manqué son concert pour aller vous trémousser sur OOMPH!. HENRIC DE LA COUR est une perle du genre. Il est suédois, et compte deux albums solo à son actif depuis 2011, après avoir formé les groupes YVONNE et STRIP MUSIC. C’est également lui que l’on entend en duo avec AGENT SIDE GRINDER sur « Wolf Hour ». Le style est synthpop, cold wave, post-punk et tout à la fois. Les sons sont si finement entremêlés qu’il n’est même plus question de classer cette musique dans une case quelconque. La voix de cet ange venu de nulle part est également très particulière : dans les graves, elle ressemble à un Dave Gahan. Dans les aigus, elle fait penser à un Gotye ou un Mika. HENRIC DE LA COUR joue de sa tessiture impressionnante et de ce changement de timbre unique pour construire une palette de sentiments infinie. La prestation scénique n’a même pas besoin d’être : le charisme du chanteur souffle tout sur son passage, si bien qu’il n’a même pas besoin de chanter pour nous hérisser le poil. Le simple fait de tenir la main à sa co-équipière sur « Grenade » donne une intensité à faire mal au bide. Son physique si particulier combiné au maquillage morbide nous plonge entre confusion et admiration. HENRIC DE LA COUR porte en lui la maladie et se sait en sursis. L’urgence de sa musique lui confère une profondeur inégalable. Le public le suit à cor et à cri, d’une seule voix, sur « Dracula ». Grâce à lui, nous avons tous trouvé « the way home ». Comment ça il a plu averse tout le concert ? Pas remarqué.
OOMPH! - Arena Stage
Mais voilà, sur la Mainstage, au même moment qu’HENRIC DE LA COUR, il y avait un des meilleurs concerts de l’Amphi Festival, acclamé par le public. Celui de OOMPH!. Pas moins de sept musiciens sur scène, tous déchaînés et toujours aussi passionnés après 25 ans d’existence. Même pas peur de tout jouer en live, même pas peur de faire des setlists contradictoires, même pas peur de reprendre les Monty Python (Always Look on the Bright Side of Life!). OOMPH! A laissé derrière lui un public conquis et à bout de souffle.
THE MISSION - Arena Stage
C’est toujours un peu pareil avec les groupes cultes : on veut les programmer en headliners, mais on oublie qu’ils ont vieilli. Et à peu près aussi décevant que le sont les SISTERS OF MERCY aujourd’hui, leur ex-guitariste Wayne Hussey a délivré avec son groupe THE MISSION une prestation bien en deçà de ce qu’on lui a connu. En vérité, le chanteur était malade et au bord de l’annulation du concert. Mais étant donné les circonstances du festival qui avait déjà subi assez d’annulations pour le week-end, Wayne Hussey a préféré performer, avec un shoot de médicaments (codéine, vitamines, adrénaline et cortisone) qui l’a laissé, comme il l’explique lui-même, dans un état un peu absent pour le concert. Il a donc reçu l’aide de deux membres du groupe LOLITA KOMPLEX pour chanter. Une déception tout de même, mais un prompt rétablissement à lui.
DIARY OF DREAMS - Green Stage
La pluie fait encore quelques apparitions et le soleil se couche progressivement à l’arrivée de DIARY OF DREAMS sur la Green Stage. La pelouse est envahie par le public comme seul DIARY OF DREAMS sait le rassembler. Si le groupe ne joue que des morceaux tristes et mélancoliques, ils savent se rendre généreux et sympathiques sur scène, si bien que leurs concerts sont toujours de très bons moments de partage avec les fans. D’autant plus que leurs lumières sont toujours savamment étudiées, ce qui donne une touche plus qu’agréable au concert. La performance était particulièrement remarquable, si bien qu’un bis fut réclamé et exécuté avec plaisir.
ROME - Orbit Stage
Cela faisait un petit moment que ROME ne se présentait que pour des sets solo de Jerome Reuter en acoustique. Cela ne faisait donc pas de mal de revoir la formation au complet avec un set neo-folk apocalyptique, avec mélange de guitare sèche et guitares électriques. Le groupe désormais culte possède son lot de fans qui brave la pluie sans contrainte pour chanter en choeur tous les refrains. Les arrangements conçus spécialement étaient remarquables. Cela étant, je leur préfère toujours la version acoustique et plus calme.
VNV NATION - Arena Stage
Soit. Tout comme pour AND ONE la veille, j’ai manqué la pluie d’étoiles et les frissons donnés par VNV NATION ce dimanche soir. Vraisemblablement le moment le plus émouvant du festival, qui fit l’unanimité. Mais pour le reste du concert que j’ai pu observer, je n’ai pas compris l’engouement si particulier qu’a créé cet événement. Certes, VNV NATION, dans un stade ou un cagibi, cela reste toujours VNV NATION qui sont d’excellents performeurs avec un nombre de tubes unique dans une carrière. Ainsi, dès les premières mesures, on pouvait entendre le public acclamer d’une seule voix chaque titre joué. Ronan Harris, lui, n’en revenait pas de cet accueil – mais il joue si souvent les émerveillés que cela en devient surfait. On a tout de même souri à son clin d’oeil : « Alors c’est ça que ça fait d’être à un concert de DEPECHE MODE », puisque le groupe culte s’est souvent produit à la Lanxess Arena. Néanmoins, en sortant du photopit, un collègue m’a murmuré : « VNV, ce n’est plus ce que c’était », remarque à laquelle j’ai acquiescé. Il est vrai que les concerts de VNV NATION se ressemblent un peu tous, et que Ronan crée parfois artificiellement un émerveillement qui n’a pas lieu d’être. On peut être touché. Je ne l’ai pas été. Mais je me plierai à l’unanimité, qui a mis 11/10 à ce concert si parfait, clôturant un Amphi Festival plutôt très réussi musicalement, malgré les coups durs.