Amphi Festival 2016 - Impressions @ Cologne (23 juillet 2016)

Amphi Festival 2016 - Impressions @ Cologne (23 juillet 2016)

Cécile Hautefeuille 3 août 2016 Cécile Hautefeuille Cécile Hautefeuille

L’édition 2016 de l’Amphi Festival avait une saveur particulière. Elle marquait effectivement le retour du festival dans sa patrie, le parc Tanzbrunnen de Cologne. Le qualificatif paraît un peu excessif, puisque la Lanxess Arena (où s’est déroulé le festival l’an dernier) se situe tout au plus à un kilomètre du Tanzbrunnen, et pourtant cela avait tout changé. La Lanxess Arena avait l’avantage d’être une véritable salle de concert, avec une acoustique incomparable, des places assises à n’en plus finir, un point de vue sur la scène impeccable, et il fut une solution de repli bien pratique lorsque la tempête s’abattit sur Cologne à l’été 2015. Mais c’était aussi un espace surdimensionné, froid, commercial, peu propice à la chaleur et aux rencontres. Un charme manquait définitivement dans cette salle.

L’équipe l’avait choisie à contrecœur, puisque le parc Tanzbrunnen subissait des travaux et n’était pas accessible cette année-là. En effet, la Staatenhaus a subi une réfection complète, et c’est pourquoi elle n’a pas pu être réutilisée cette année. De plus, l’organisation avait quelques griefs avec l’équipe du Tanzbrunnen, notamment en ce qui concerne la réglementation sur la nourriture : aucun stand qui n’était pas partenaire avec le parc Tanzbrunnen n’avait le droit de s’installer, ce qui réduisait considérablement le choix de nourriture et permettait aux seules enseignes acceptées d’avoir le monopole des prix (6euros cette année pour une pizza de 15cm de diamètre, cela a de quoi vous rester entre la gorge).

Mais voilà, le public réclamait le retour aux sources. Une partie des festivaliers avait décidé de bouder l’édition 2015 pour ce simple changement de salle. Car le Tanzbrunnen offre un décor sans pareil. De la fontaine, chacun peut avoir une vue dégagée de la Main Stage et se reposer à l’ombre ou à l’abri de la pluie. Bien sûr, ce qui fait le plus craquer, c’est la plage, au bord du Rhin, avec vue sur les ponts mythiques de Cologne mais surtout sur l’imposante cathédrale. Le parc facilite les rencontres et donne à l’Amphi Festival son esprit chaleureux, intime, humain et une originalité sans égal.

Il reste cependant un problème de taille. L’Amphi Festival grandit chaque année et pourrait potentiellement attirer 20 000 personnes (l’an dernier, 15 000 personnes s’étaient déplacées à la Lanxess Arena, un score plutôt positif pour une édition boycottée). Mais au Tanzbrunnen, il n’y pas assez de place. Le contingent de tickets s’arrêtait à 12 000, pas un de plus, et le festival a bien évidemment affiché complet. Il a fallu ruser une fois de plus pour faire rentrer tout ce beau monde à l’intérieur, d’autant plus que la Staatenhaus n’est désormais plus accessible. La disposition des salles a donc un peu évolué : la Main Stage reste évidemment ce qu’elle est. La seconde scène, anciennement Staatenhaus, a migré vers le théâtre, qui proposait auparavant des concerts intimistes, du théâtre ou des projections de films. Enfin, l’Orbit Stage a déménagé… sur un bateau. Si si, puisqu’on vous le dit. Depuis quelques années déjà, l’Amphi Festival propose une warm-up party à bord du MS Rheinenergie. Le temps d’une soirée, ce bateau vous balade sur le Rhin tandis que des artistes renommés proposent des sets inédits. Le concept marche plutôt bien, et l’organisation a donc décidé d’utiliser le bateau comme scène à part entière du festival. Bien sûr, ce n’est plus un endroit pour les films et autres concepts du genre, mais cette troisième scène offre un programme riche et alternatif qui n’est pas à négliger. L’objectif de l’organisation étant de répartir les visiteurs sur toute la surface du festival pour ne pas avoir de problème de sécurité, il a fallu user d’une stratégie malicieuse mais quelque peu décevante : toutes les têtes d’affiche jouaient en même temps, et beaucoup de groupes s’enchaînaient, si bien qu’il fallait renoncer à une bonne partie des concerts.

Cette année fut particulièrement stressante pour tout le monde : organisateurs, festivaliers, sécurité. Pour la seule raison que, le Tanzbrunnen étant trop petit, aucune des scènes n’était située dans la même enceinte, et ce fut un vrai sac de nœuds. En effet, le théâtre, qui fait pourtant partie du parc, avait cette année son entrée hors du parc, pour éviter les bouchons aux entrées et sorties de la zone. Mais cela signifiait également qu’il fallait à chaque fois faire la queue et subir une fouille au corps, ce pour pratiquement chaque concert. Et le théâtre, certes plus pratique et adéquat que la Staatenhaus, n’est pas aussi grand. Le public devait donc attendre parfois plus de 30 minutes, sous la pluie ou sous un soleil de plomb, dehors, pour parfois se voir refuser l’entrée car la salle était pleine. Il y eut énormément de déçus qui ne purent pas assister aux concerts du théâtre et qui devaient finalement refaire la queue pour rentrer à nouveau dans le parc. Le bateau, lui, était situé à quelques centaines de mètres du complexe, et beaucoup y ont renoncé. Il était pourtant souvent plein et offrait des repas plus qu’alléchants.

Ne vous en faites pas cependant, l’équipe de l’Amphi Festival vous a entendus et compris. Ils ont passé le week-end à courir et démêler les conflits, et se sont bien rendu compte qu’il faudrait l’an prochain améliorer les conditions d’accès aux salles. On ne peut pas tout avoir. La Lanxess Arena offrait le confort, l'espace, les sièges, l’abri, la clim, les toilettes x10, la nourriture. Vous avez manifesté cependant votre mécontentement et votre nostalgie de retourner au Tanzbrunnen. Ici il y a la plage, le Rhin, l’air frais, le charme… mais il faut composer avec les lieux plutôt hostiles à des rassemblements d’une telle ampleur. Il nous faudra certainement être patient pour trouver le bon dosage et contenter la majorité d’entre nous.

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