[X]-RX - Main Stage
En ouverture de l’Amphi Festival cette année, le parc Tanzbrunnen accueillait le duo electro-indus [X]-RX. Le festival programme souvent ce genre de groupes aux premières heures du jour (comme pour XOTOX le jour suivant) que cette musique à danser s’exprime le mieux une fois le soleil couché depuis bien, bien, bien longtemps. Mais soit, les fans qui ne s’étaient pas couché trop tard la veille à la Pre-Party ont pu grandement apprécier le set de 40 minutes, puisqu’à 11h du matin, les visiteurs sont encore peu nombreux dans l’enceinte du festival. Les fans ont pu volontiers utiliser l’espace libre comme piste de danse. La performance, elle, bien que dynamique, reste classique pour le duo. En ce samedi matin, il est encore un peu tôt pour du [X]-RX. Mais puisqu’il le faut, alors Welcome to the show !
Solitary Experiments - Main Stage
Encore de l’electro, mais cette fois plus mélodieux avec SOLITARY EXPERIMENTS. Ce fut un peu une surprise de les retrouver si tôt dans le programme. Mais il faut dire que la programmation de cette année était un peu étrange et mal dosée. [X]-RX ne sont plus débutants mais ils ont tout de même ouvert le festival. De même, il n’y avait cette année pas de grosse tête d’affiche, et les headliners d’antan (COVENANT, TARJA TURUNEN) ont été cette année rétrogradés. Toute la journée se sont succédé des groupes de même succès, et si l’on se réjouit qu’ils soient tous des performeurs de qualité, il n’y eut aucune montée en puissance tout au long du week-end, si ce n’est peut-être pour le clou du spectacle avec EDITORS. Mais revenons à SOLITARY EXPERIMENTS. Même en se produisant à midi, le groupe est une valeur sûre pour mettre la bonne ambiance et proposer une musique de qualité. SOLITARY EXPERIMENTS fêtait récemment ses 20 ans, et comme dans toute carrière conséquente, on finit par collectionner les tubes qui font chanter les foules. Le groupe a eu nulle peine à faire chanter le public sur des titres comme Delight. Dommage cependant qu’à cette heure matinale, la Main Stage n’ait pas été encore plus remplie. Mais la pluie s'invite déjà et ne cessera que le soir venu.
Angels & Agony - Theater Stage
Les festivaliers ne s’étaient pas encore déplacés en masse également à cause de la défection de ONE I CINEMA qui, pour des raisons de santé, a dû annuler sa performance. Le théâtre a donc ouvert ses portes pour ANGELS & AGONY, groupe néerlandais qui compose depuis plus de 15 ans une musique futurepop aux accents dark electro. L’univers du groupe a beaucoup évolué avec les années et le line-up qui se présente ce jour-là à l’Amphi Festival accueille le guitariste John Fryer. Le look du groupe a changé également. Des petits hauts blancs moulants cybers, on passe au costume trois pièces, chapeau melon et moustaches ajustées. Il faut souligner que le jeu de scène du chanteur Reiner Kahle et la vitalité du synthé Marco van Belle donnent toute sa splendeur au concert. Un grand bravo également au lightshow, le meilleur du week-end au théâtre. Une excellente façon de débuter le festival.
Megaherz - Main Stage
Voilà, nous entrons au cœur du sujet. Le public commence à se masser largement devant la scène principale pour applaudir MEGAHERZ. Comme notre cher Dr. Marck Benecke le précise pour les présenter, sans MEGAHERZ, il n’y aurait pas de Neue Deutsche Härte (NDH). C’est un peu exagéré puisqu’ils ont fait partie d’une même vague au début des années 1990, mais cela résume bien le pourquoi de leur succès actuel. Ces pionniers du genre sont de véritables icônes de la scène qui fait tant fureur en Allemagne, et à peine rentré d’une tournée triomphale cet hiver, MEGAHERZ fait la tournée des festivals. Pour la première fois de la journée, les headbangers se mettent en action et le public commence à gigoter violemment. Le groupe ne laisse aucun répit à son public et exécute un set tout en force. Les fans chantent à tue-tête aussi bien les tubes d’autrefois que les dernières perles de l’album Erdwärts. Chacun des membres se prête avec humour et dérision au jeu des caméras. MEGAHERZ offre en ce début d’après-midi une performance de headliner tout en cherchant la complicité avec son public. Dur à croire que ce soit leur tout premier Amphi Festival. Croyez-moi, ce ne sera pas le dernier.
Dive - Theater Stage
L’Amphi Festival a toujours une programmation éclectique, mais je craignais tout de même le pire avec DIVE. Le public de l’Amphi n’est pas très familial, ni old school. C’est un public souvent jeune qui vient s’amuser et voir des têtes d’affiche. Présenter une performance belge EBM minimaliste, avec seulement un type sur scène plongé dans le noir, il fallait avoir l’audace. Même avec la carrière et la renommée de Dirk Ivens, ce n’était pas gagné. Et pourtant, je me suis surprise à voir un théâtre non pas comble, mais bien rempli. Les connaisseurs s’étaient donné rendez-vous en nombre et beaucoup connaissaient la setlist par cœur. La performance, elle, est toujours aux petits oignons. DIVE n’a nul besoin de 36 musiciens pour meubler la scène. Dirk Ivens est à lui seul épuisant à regarder. Il met son corps et ses tripes au service de sa musique avec une certaine violence qui nous brûle de l’intérieur. Bien sûr, il faut entrer dans son univers pour pâtir de sa souffrance. Certains, hermétiques, n’y verront qu’une performance simpliste et une musique répétitive. DIVE est à double tranchant, mais c’est un pari gagné cette fois-ci.
Stahlzeit - Main Stage
La Main Stage n’allait pas s’arrêter en si bon chemin après la fureur qu’a provoqué MEGAHERZ quelques minutes avant. Elle accueille à présent STAHLZEIT, le groupe cover de RAMMSTEIN qui est toujours le bienvenu à l’Amphi. Rien à dire, ils rentrent directement dans le lard. Le set de STAHLZEIT est tout en puissance et en mise en scène (parfois très douteuses). Une mise en scène qui aura d’ailleurs raison des photographes. En raison des effets pyrotechniques utilisés, aucun photographe n’est autorisé à entrer dans le pit photo. Même après plusieurs chansons, lorsque l’orage est passé. Car l’orage ne passe pas : le concert entier de STAHLZEIT est parsemé de feu et liquides en tout genre. STAHLZEIT donne chaud au public sous la bruine persistante. Ce n’est plus un concert mais un véritable spectacle. Et les fans de RAMMSTEIN de reprendre tous les refrains des tubes du groupe en chœur. Cependant, rien de nouveau sous le soleil : STAHLZEIT n’a pas encore intégré les nouveaux morceaux de la dernière tournée du groupe original et c’est certainement le bémol qui fit retomber l’effet de surprise. Nouveau show mais anciens tubes.
Laura Carbone - Orbit Stage
Nous voilà à bord du bateau pour une sorte de contre-programmation. LAURA CARBONE vient avec son groupe donner un peu de calme et de douceur à ce festival. Son look rockabilly cache en fait une musique aux influences dark wave, mais avec une fraîcheur plus pop. Son style original nous fait osciller entre triste nostalgie et existentialisme planant. On ne sait jamais vraiment s’il faut rire ou pleurer, et LAURA CARBONE aime jouer avec ces émotions borderline. Le temps nous a manqué pour apprécier le concert en entier, mais on ne saurait quitter les lieux sans entendre le lynchéen et délicieux Heavy Heavy. On se délecte déjà de la revoir au NCN en septembre.
Ewigheim - Theater Stage
Un vent froid de metal et de gothique envahit le théâtre pour EWIGHEIM. C’est une fois de plus une histoire entre les Allemands et eux-mêmes. Ce genre de metal NDH ne s’est jamais exporté, à l’exception (et quelle exception) de RAMMSTEIN. C’est donc sans surprise que le théâtre se voit facilement rempli pour ce set empreint de riffs lourds. Le chanteur se prête avec humour à la performance, tandis que ses acolytes, timides, boudent quelque peu le public. C’est le groupe qui m’a personnellement le moins touché, mais me voici aussitôt démenti par un public conquis.
Mono Inc. - Main Stage
Nous revoilà sur la scène principale avec un autre groupe de NDH, une valeur sûre de la scène allemande, les convoités MONO INC. Ce groupe est soudé depuis si longtemps que chacun d’entre eux a trouvé naturellement sa place, son charisme, son originalité. Pourtant, les musiciens aiment à échanger leurs places et se provoquer en duel. Ainsi, la traditionnelle battle de batterie a fini d’enflammer un public pour le moins mouillé. Petite setlist mais gros succès, MONO INC. Remplit avec brio son contrat.
Lebanon Hanover - Orbit Stage
Il faut courir vite pour ne pas rater le set de LEBANON HANOVER, coincé entre MONO INC. et SPETSNAZ, qui ne se ratent ni l’un ni l’autre. C’est la difficulté des festivals qui proposent un florilège de scènes : tous les groupes que l’on aime jouent en même temps. LEBANON HANOVER fait partie de ces quelques groupes qui devaient jouer l’an dernier et qui ont dû annuler subitement face à la tempête qui s’abattait sur l’Eventpark ce jour-là. À l’époque déjà, c’était un des concerts que je ne voulais absolument pas rater… et qui n’avait pas eu lieu. Cette fois-ci, je me rends donc résolument sur le bateau avec la ferme intention de rattraper le temps perdu. Lorsque je découvre avec effroi (mais tant mieux pour eux) que l’on peut à peine circuler à bord. Le groupe possède un public fidèle, certainement déçu de ne pas les avoir vus l’an passé. Ils jouent donc presque à guichet fermé. Il y a bien quelques places au balcon, mais lorsque l’on fait 1m50 derrière trois rangées de bonhommes d’1m80, hormis le plafond, il n’y a pas grand-chose à voir. Je décide finalement de rebrousser chemin après quelques chansons très largement acclamées. Les ayant déjà appréciés plusieurs fois en concert dans des salles plus intimistes, je préfère laisser la foule à ceux qui en ont le goût.
Spetsnaz - Theater Stage
Les Allemands ont cet espèce d’entre soi qui leur fait souvent applaudir plus fort les groupes made in Germany. Pourtant, depuis plus de 15 ans, le public allemand a une tendresse particulière pour le groupe d’EBM suédois SPETSNAZ et le lui fait bien savoir. Le théâtre est plein à craquer, il faut faire la queue longtemps avant de pouvoir entrer. Je ne sais pas si la sécurité a dû stopper les entrées pour ce concert, ais à l’intérieur, c’était tout comme. On ne marche plus, on se faufile. Et pourtant, à l’heure du show, le public parvient à se mouvoir au rythme des tubes du groupe. Pontus Stålberg remercie régulièrement le public de l’Amphi Festival pour son accueil plus que chaleureux, car SPETSNAZ c’est aussi l’histoire de deux types super sympas, toujours premier degré et prêts à s’amuser. Celui qui n’a pas bougé son popotin au concert de SPETSNAZ aura bien eu tort.
Tarja - Main Stage
L’annonce de la venue de TARJA TURUNEN à l’Amphi Festival a eu l’effet d’une bombe. C’est une des premières têtes d’affiche qui fut révélée, avec fierté. Faire venir une telle star dans le petit microcosme qu’est la scène dark relève de l’impossible. Mais impossible n’est pas Amphi. Étrangement pourtant, la diva finlandaise n’était programmée que sur le coup des 17h. Ce premier indice aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Néanmoins, étant donné l’enthousiasme du public face aux représentants metal de la journée, je m’attendais à un triomphe. Et patatra. Rien de grave, la prestation était correcte, mais il y eut tout le long quelque chose qui clochait, comme un quiproquo entre le public et la chanteuse. Hormis les premiers rangs occupés par les fans de la première heure, extasiés de voir leur idole d’aussi près (TARJA a l’habitude de jouer dans des arènes bien plus grandes), le public colognais reste perplexe. Un jeu d’apprivoisement s’installe entre un public non convaincu et une artiste qui met pour la première fois les pieds chez belle-maman. Victime du succès des groupes du théâtre, TARJA a dû se contenter d’un auditoire boudeur. Rien à faire, les Allemands disent oui à la NDH made in Germany, mais non au métal symphonique finlandais.
Aesthetic Perfection - Theater Stage
Il faut dire que de l’autre côté du Tanzbrunnen se trame un spectacle des plus attendus. Le théâtre, déjà plein à craquer pour SPETSNAZ, est à présent complet pour AESTHETIC PERFECTION. Les visiteurs ont bien remarqué que la salle était trop petite pour accueillir tous les amateurs du groupe qui joue habituellement sur la Main Stage. Beaucoup ont donc décidé de ne pas sortir de la salle entre les deux concerts pour éviter de se faire refuser l’accès plus tard. Car il y eut beaucoup de déçus qui n’obtinrent pas le Saint Graal. Ce sera désormais un problème récurrent à l’Amphi Festival : le théâtre est trop petit. Ce constat passé, il est temps d’apprécier l’un des groupes qui aura fait le plus grimper les décibels ce week-end, et la température avec. AESTHETIC PERFECTION crève la scène comme jamais. Ou devrais-je dire Daniel Graves. Car d’Eliott Berlin et de Tim Van Horn, on ne verra que des ombres se dessinant dans la brume. Quel est le stagiaire bac -2 qui est resté appuyé sur le bouton « fumigène » tout le concert, nom d’un mammouth grillé ? Certes, on n’a pas vu grand-chose du concert, mais en revanche, on l’a bien entendu. Le groupe enchaîne les tubes sans jamais s’arrêter et provoque de vraies émeutes dans le public qui se lâche enfin complètement. Face à TARJA, AESTHETIC PERFECTION remporte la battle haut la main.
Peter Heppner - Main Stage
Arrive le moment où les Français décrochent. « Pourquoi ? », se disent-ils tous en chœur. « Pourquoi un type qui fait de la variété, coincé derrière son micro, les yeux rivés sur ses paroles, déclenche-t-il une telle ferveur chez le public allemand ? ». PETER HEPPNER est une icône nationale à laquelle il ne faut pas toucher. Leader du groupe de new wave WOLFSHEIM dans les années 1990, PETER HEPPNER entretient depuis une carrière solo à succès. À chaque représentation, c’est le même enthousiasme, la même chaleur. Le public allemand est amoureux de PETER HEPPNER, comme il peut l’être de JOACHIM WITT qui fut ni plus ni moins que la tête d’affiche de la seconde journée sur la scène du théâtre. PETER HEPPNER, c’est le Patrick Bruel allemand. C’est kitch et assumé comme tel. Ce fut l’un des plus gros moments d’émotion du festival.
Neuroticfish - Theater Stage
Et revoilà un groupe qui faisait partie, comme LEBANON HANOVER, de mes grandes attentes de la programmation de l’an dernier, et qui a dû, comme LEBANON HANOVER, annuler à cause de la tempête. On peut dire que je n’étais pas la seule à les attendre. Cela fait maintenant deux concerts que le théâtre est plein et ne désemplit pas. Cette soirée est electro et le restera. J’avais été quelque peu déçue par la performance de NEUROTICFISH au Wave Gotik Treffen cette année. Le groupe avait joué dans la gigantesque Agra, en plein jour, et s’était senti bien petit. Le public était présent, les tubes aussi, mais la magie n’opérait pas. Voici donc un très joli tir de rectification. NEUROTICFISH a illuminé le théâtre comme jamais et reste mon coup de cœur de tout le festival. On peut reprocher au groupe de ne pas faire beaucoup d’efforts dans la mise en scène. À peine deux sur scène, cela paraît bien vide. Il faut d’ailleurs souligner que le claviériste original Henning Verlage ne pouvait être là et fut remplacé par Christoph Aßmann qui n’a pas démérité. Mais NEUROTICFISH revendique son côté brut, naturel. Pas la peine d’en faire des tonnes, lorsque la musique est là. Et ils nous l’ont bien prouvé ce soir-là. Sascha Mario Klein est un fantastique chanteur. Nul besoin de hurler dans le micro, il pose sa voix délicatement et nous offre des paroles troublantes de vérité. Le groupe alterne évidemment avec des morceaux plus dansants, tubes d’antan et tubes de maintenant et n’a d’autre choix que d’enflammer un public déjà survolté. Le théâtre ne fait qu’un avec NEUROTICFISH ce soir et demande au groupe un rappel qui ne viendra malheureusement pas. Dommage pour ceux qui ont dû rester dehors…
Front Line Assembly - Theater Stage
Nous y sommes, la clôture de la première journée. Il n’est pourtant pas encore 22h, mais l’Amphi se termine toujours tôt. Il faut choisir entre les trois têtes d’affiche qui jouent à la même heure : les triomphants BLUTENGEL sur la Main Stage, les inépuisables FRONT LINE ASSEMBLY au théâtre, ou les cultes NOSFERATU à l’Orbit Stage. Restons donc au théâtre pour FLA, qui met le public dans une trance presque aussi délirante que NEUROTICFISH. FLA ne vieillit pas. Cependant, FLA n’évolue pas. Malgré la puissance de la performance et les chansons que l’on connait par cœur, il n’y eut pas la petite flamme qui se produit parfois. Peut-être aussi parce qu’on vient de faire le tour du cadran sans s’asseoir une seule fois et qu’il est temps de clore la journée. Certains ont encore de l’énergie à revendre et ce concert fut tout de même un sacré triomphe, mais il était temps pour moi de recharger les batteries. La seconde journée pointait déjà le bout de son nez.