Après plusieurs années de progression et de développement, l’Amphi Festival a désormais atteint son rythme de croisière. 12 500 visiteurs en deux jours, ce sont les chiffres officiels de cette treizième édition. Depuis les deux déménagements successifs, le festival ne fait plus l’unanimité, malgré sa volonté d’améliorer les conditions chaque année. Les absents ont toujours tort, car cette édition fut l’une des plus chaleureuses depuis très longtemps. Avec quelques ajustements de dernière minute dus aux mauvaises conditions météo, ce rendez-vous 2017 a rempli ses promesses et ravi les amateurs de musique industrielle, gothique, dark-electro, bref tout ce qui pousse chaque été de nombreux Français à venir passer un week-end au bord du Rhin.
Il faut dire que l'endroit est parfait : facile d'accès en voiture ou en transports en commun car proche du centre-ville, à taille humaine, avec une vue magnifique sur le Dom, la cathédrale emblématique de Cologne, et les charmes du Rheinpark, véritable écrin de verdure. Sans oublier le Beach Club où, par beau temps, transats et tables attendent les festivaliers sur une superbe plage de sable blanc. Le public est très familial, les Allemands faisant cohabiter sans aucun problème monsieur et madame tout-le-monde avec des gothiques tout de noir vêtus, latex, cuir, tenues victoriennes à crinolines et dentelles, et cybers aux couleurs fluos et aux plates-formes shoes impressionnantes. Tout ce beau monde se croise dans les allées où s'alignent les stands de boissons et de nourriture (difficile d'échapper à la Kölsch et à la Currywurst !) et ceux de merchandising.
Côté organisation, il y a eu du nouveau, plutôt positif. Vous le savez, depuis que le festival s’est réimplanté au parc Tanzbrunnen, la Staatenhaus n’est plus disponible. Ce qui n’est pas un mal, puisque cette salle n’a jamais été réellement fait pour des concerts. C’est le théâtre, auparavant scène intimiste de l’Amphi qui accueillait lectures, films et concerts acoustiques, qui fait office depuis deux ans de seconde scène. Le problème, c’est évidemment sa taille. Le théâtre n’a pas l’envergure d’un festival comme l’Amphi. Et pour faire entrer tout le monde, il a fallu se creuser la tête. Cette année, plus besoin de sortir de l’enceinte du festival pour se faire refouiller à l’entrée de la salle. Un couloir est réservé aux festivaliers qui souhaitent s’y rendre. Ce n’est pas grand-chose et pourtant, ça a certainement changé le week-end de tous les mécontents de l’an passé. À l’entrée du théâtre, il y a maintenant également des casiers, plutôt spacieux, pour ranger ses affaires. Une très bonne idée qui a soulagé quelques dos courbaturés.
Passons aux choses qui fâchent, mais dont le festival a été tout autant victime que ses visiteurs. Le fameux bateau. Il faut dire que cette idée de bateau n’est dès le départ pas la meilleure. La salle est petite, tout en longueur, et évidemment… pas sur le site du festival. L’an dernier, on hésitait déjà à s’y rendre car il fallait faire une petite trotte. Mais ce n’était rien comparé à cette année. À la dernière minute, il a été jugé impossible d’amarrer le bateau à son quai d’attache près du parc, le Rhin étant… trop bas. Si si. Trop bas. Il n’a cessé de pleuvoir depuis trois semaines, Cologne subit des inondations assez spectaculaires en plein centre-ville, mais le Rhin, lui, est trop bas. Le MS Rheinenergie a donc décidé d’aller mouiller ailleurs. Au Fischmarkt, sur l’autre rive. À pied, en marchant vite, sous la pluie et face au vent, comptez un bon 20 minutes. Le festival a dû débourser une coquette somme pour mettre en place un système de navette, plutôt très pratique. Toutes les dix minutes, un bus vient chercher les festivaliers pour les amener ou les ramener du bateau. Il faut tout de même compter le temps d’attente et de remplissage du bus. Bref, on revient sur nos 20 minutes de moyenne, la pluie en moins. Beaucoup ont abandonné cette année l’Orbit Stage, et c’est dommage, car la programmation y était tout aussi intéressante.
Parlons-en, de la programmation. Puisque les nostalgiques souhaitaient retourner au Tanzbrunnen, il a fallu ruser pour accueillir autant de monde dans un endroit inapproprié. Depuis deux ans, l’Amphi fait jouer toutes les têtes d’affiche à la même heure, obligeant le public à se diviser pour éviter les salles combles. Difficile de choisir entre VNV NATION, CLAN OF XYMOX et DIE KRUPPS, entre DANIEL MYER, EISBRECHER et KIRLIAN CAMERA, entre LEGEND et APOPTYGMA BERZERK, entre FIELDS OF THE NEPHILIM, NACHTMAHR et DIORAMA, ou encore entre DIARY OF DREAMS, ESBEN & THE WITCH et KITE. C’est le dilemme infernal qui attendait les festivaliers cette année. Il fallait choisir. On regrette une programmation trop dense et des scènes trop éclectiques. Auparavant, chaque scène avait une orientation musicale assez franche. Aujourd’hui, seul le nombre de visiteurs potentiels détermine quel artiste joue sur quelle scène. Par conséquent, rester toute la journée à la même scène peut parfois créer quelques surprises. On pense notamment à WINTERKÄLTE à l’Orbit Stage qui a pratiquement rendu sourd tous les fans de LEGEND.
Et pourtant, l’Amphi reste l’Amphi, ce week-end où on oublie tous nos soucis au bord de la plage à siroter des Caipirinha, où on prend la traditionnelle averse sur le coin du nez, qui nous laisse tout frais tout mouillés. C’est le festival allemand où l’on rencontre le plus de Français, pour qui l’Amphi est devenu un pèlerinage, quoi qu’il advienne. C’est le festival qu’on aime bien détester, mais quand on le loupe, on est bien dégoûté. Et cette année, on a particulièrement pris notre pied.