Cette année, l'Amphi Festival s'ouvre sur des groupes presque exclusivement electro, et de qualité. EMPATHY TEST pour débuter à 11h, c'est plus qu'un honneur ! Les irrésistibles de EISFABRIK s'en suivent, sans compter les slovènes de TORUL qui font fureur depuis leurs débuts. Est-il encore besoin de citer la fratrie suédoise, KITE et HENRIC DE LA COUR ? Pourtant, ces deux sets n'ont pas été les meilleurs de cette édition. D'une part, car l'Amphi n'a peut-être pas le public adéquat pour remplir le théâtre avec l'univers si particulier et intimiste de KITE. D'autre part, à cause aux problèmes de santé d'Henric qui a fait l'effort de faire l'aller retour de sa Suède natale pour remplir sa mission, mais qui a dû écourter son set, étant en convalescence après une septicémie aux poumons. VRDA vous rend compte de quelques uns des concerts de cette première journée.
Lord of the Lost - Main Stage
Fermement aggrippées aux barrières, les fans de LORD OF THE LOST attentent leur groupe favori depuis le tout début de la matinée. Le fameux Dr. Mark Benecke en profite pour faire monter la pression en réalisant une petite vidéo sondage auprès des demoiselles du premier rang. Inutile donc de décrire leur enthousiasme lorsque les premières notes de Drag me to Hell retentissent, annonçant l'entrée sur scène du combo de Hambourg. Toujours fidèles à leur esthétique recherchée, maquillage appuyé et style vestimentaire glam (difficile de rater le clavériste Gared Dirge avec son costume en satin arc-en-ciel et son maquillage à la Marilyn Manson), la signature visuelle du groupe s'affirme, même si le line-up enregistre un nouveau changement. Après le guitariste Bo Six remplacé par Pi Stoffers, c'est au tour du batteur Tobias Mertens de céder sa place à Niklas Kahl, ancien batteur de STAHLMANN maintenant chez ERDLING.
Après un début de set marqué par quelques maladresses du chanteur Chris Harms, tout se met en place et le quintet enchaîne sur deux autres titres extraits du dernier album Empyrean. Il y a beaucoup de monde devant la Main Stage, signe que ceux qui ont raté la tournée sont curieux de découvrir en live les nouveaux morceaux. Si cet album a pu surprendre à sa sortie, il a néanmoins su conquérir le public plus habitué au côté glam rock du groupe qu'au son métal vers lequel s'oriente leur dernière réalisation. Cependant, un retour aux origines du groupe avec Black Lolita et Prison va mettre tout le monde d'accord et le plaisir de jouer à l'Amphi des musiciens est communicatif. Le set est bien huilé, pas le temps de respirer entre les titres qui dégagent une belle énergie, notamment sur Fists up in the Air et La Bomba. Derrière ses claviers, Gared Dirge attire tous les regards avec son sourire diabolique et sa virtuosité. Bassiste et guitariste ont vite trouvé une vraie complicité, tantôt proches, tantôt faisant le show chacun de leur côté de la scène. Le groupe occupe bien l'espace et reste toujours aussi photogénique, un vrai bonheur pour les nombreux fans, brandissant portable ou appareil photo tout au long du set. Un set qui s'achève sur des titres récents, dont la très belle ballade In Silence, et un Raining Stars aux sonorités electro assumées. D'ailleurs, il y a eu un peu de tout durant ces 45 minutes : du metal, de l'electro, du glam rock… c'est d'ailleurs l'intérêt des festivals, proposer une palette de titres variés, sans vraiment de lien, mais qui permet au public de trouver son bonheur. L'automne sera bien occupé pour les Allemands, qui assureront la première partie de la tournée du groupe KMFDM au Royaume-Uni et aux USA et enchaîneront sur une tournée acoustique en novembre.
Diary of Dreams - Main Stage
Les musiciens de LORD OF THE LOST ont à peine tourné les talons que les premiers rangs s'éclaicissent, à notre plus grande joie puisque le groupe suivant n'est autre que DIARY OF DREAMS. Du line-up original ne reste plus qu'Adrian Hates mais les changements successifs n'ont en rien gâché l'identité musicale du groupe auquel le public reste fidèle. Le dernier changement en date, plutôt inattendu, est le départ (provisoire?) du guitariste vedette Gaun:A, parti vers d'autres horizons professionnels. Alter ego depuis de nombreuses années d'Adrian Hates, et personnage charismatique sur scène, sa décision a plongé les fans dans la tristesse et l'incompréhension. Le groupe qui enregistre actuellement un nouvel album et annonce une tournée pour le mois d'octobre devra donc faire avec de nouveaux membres, Max et Hilger, puisque Flex a lui aussi suivi une autre voie.
L'ambiance est bien différente du groupe précédent, mais avec la même énergie et le même plaisir de jouer devant le public de l'Amphi. Pas de paillettes, ni d'artifices, le son electro/darkwave si reconnaissable du groupe suffit à soulever l'enthousiasme. Et c'est sur Malum, extrait d'Elegies in Darkness (2014) que les Allemands débutent leur concert, l'un des derniers titres, fort et emblématique de leur carrière. La fougue et la présence d'Adrian Hates s'impose immédiatement, et l'on plonge avec délice dans l'univers parfois sombre mais toujours dansant du groupe. Dejan est toujours derrière la batterie, et les deux nouveaux s'approprient avec bonheur les morceaux. Après un Chemicals qui laisse tout le monde essouflé, un instant de flottement s'installe sur scène, puis des applaudissements et des cris montent du public lorsqu'apparaît, annoncé par un Adrian Hates hilare, Torben Wendt, leader de DIORAMA, mais aussi ex-membre de DIARY OF DREAMS. Les deux compères ne vont pas tarder à retrouver leur complicité et offrir deux titres mythiques au public qui n'en espérait pas autant : Butterfly: Dance! et The Curse. La magie DIARY OF DREAMS se trouve parfaitement résumée dans ces deux compositions hyper dansantes, sur lesquelles le groupe se donne à fond, soutenu par un public aux anges. Les yeux brillent, le public chante d'une seule voix, les corps se bougent, c'est la folie ! Retour au calme ensuite après de longs applaudissements et les remerciements d'un Torben visiblement très ému, avec des titres comme The Wedding et False Affection False Creation. Pour nous qui connaissons depuis de nombeuses années Adrian Hates, il est indéniable qu'il se lâche de plus en plus sur scène, n'hésitant pas à danser et à se déhancher, le sourire toujours aux lèvres, et ça c'est un vrai changement ! Même si les anciens titres fonctionnent encore parfaitement, on est très impatients de découvrir ce que donnera le nouvel opus prévu cet automne et suivi d'une tournée.
Mais… qui voilà sur scène ? Un petit être tout de noir vêtu, une mini-crête noire sur son crâne rasé, et une guitare ! Serait-ce Gaun:A ?? D'après la réaction du public, c'est bien lui, venu accompagner ses camarades. Et s'il existait une échelle du bonheur à ce moment précis du show, nul doute que le 10/10 serait atteint ! La foule n'en revient pas de sa chance, et savoure comme jamais Giftraum et Undividable. Toujours en mouvement, n'hésitant pas à s'emparer du micro, et à haranguer le public, Gaun:A promène sa guitare et ses riffs bien reconnaissables d'un bout à l'autre de la scène. Lui et Adrian ont bien du mal à se séparer à la fin des deux titres, mais l'heure tourne et le show se termine avec Traumtänzer, sur lequel il est impossible de ne pas taper des pieds et des mains. A voir les mines réjouies autour de nous, ce concert restera dans les mémoires des festivaliers. Ce n'est pas tous les jours que deux invités surprises viennent agrémenter un show !
Nachtmahr - Theater Stage
Revoilà le groupe polémique NACHTMAHR, qui malgré sa réputation, joue tous les deux ans à tous les plus gros festivals allemands. Inutile donc de mettre plus de beurre sur la tartine, cela ne fera qu’exacerber des tensions qui ne serviraient aucune partie.
Parlons donc musique et spectacle. Car les fans viennent aussi à NACHTMAHR pour voir du spectacle. Et ils ne furent pas déçus. NACHTMAHR fête en 2017 ses dix ans d’existence et souhaitait à cette occasion faire un show spécial à l’Amphi Festival. Un concert unique qui n’aurait pas pu mieux se passer. Le concert débute sur le premier titre original du groupe, Nachtmahr. Longtemps délaissé, ce morceau apparaît plus fréquemment en live depuis l’an dernier, ce qui n’est pas pour déplaire aux fans de la première heure. Et pour parfaire ce début de show explosif, NACHTMAHR a demandé, comme à la vieille époque, le concours de jeunes modèles, deux Allemandes et deux Russes, pour compléter le quota de Nachtmahr girls. Tandis que Nika et Amarantha battent du tambour, les quatre autres filles restent figées dans la même position durant les deux premiers titres, comme durant les premières années du groupe.
Évidemment, les classiques sont toujours là, comme le fameux Feuer Frei! et ses pistolets à eau, qui avaient manqué au public français lors du dernier show parisien en novembre dernier. En revanche, c’est Mädchen in Uniform qui est revu en totalité et fait honneur aux invités du jour. Les quatre modèles reviennent, cette fois-ci non pas en uniforme NACHTMAHR officiel, mais dans la tenue de leur choix, pour faire un petit défilé de mode. Et le public le leur rend bien.
Le summum du concert se déroule pendant Strenge Liebe et Alpha & Omega, où les corps se déchaînent et les cravaches fouettent le public. Mais NACHTMAHR en a toujours sous le pied et nous réservait encore une surprise pour cette performance. L’une des modèles russes présente sur scène n’est autre que la chanteuse du groupe russe OMNIMAR et revient sur scène pour chanter en duo Mütterchen Russland et le désormais classique I Hate Berlin. Une surprise particulièrement appréciée par le public colognais.
Comme tout bon set de NACHTMAHR, celui-ci se termine sur Katharsis, dans une atmosphère plus qu’étouffante. Thomas Rainer plaisante plusieurs fois à ce propos, racontant qu’il connaissait les saunas en backstage mais que pour la première fois, il y avait droit sur scène. Emmitouflé dans sa doudoune militaire, le leader du groupe avoue avoir eu plusieurs fois la tête qui tourne. Le temps est lourd, et à l’intérieur du théâtre, l’air est moite et fort désagréable. Cela n’empêche pas le public de tout donner sur Katharsis, à faire dresser les poils sur la tête. Chaque concert de NACHTMAHR est différent et celui-ci fut particulièrement riche en émotions et rebondissements. Certains classiques ont manqué, comme Wir schreiben Geschichte, El Chupacabra ou Deus ex Machina, mais il a fallu condenser 10 ans d’activité en un set d’une petite heure seulement.
Setlist :
01. Nachtmahr
02. Tradition
03. Weil ich's kann
04. Freuer Frei!
05. Tanzdiktator
06. Mädchen in Uniform
07. BoomBoomBoom
08. Strenge Liebe
09. Alpha & Omega
10. Mütterchen Russland
11. I hate Berlin
12. Katharsis
VNV Nation - Main Stage
20h30 : retour devant la Main Stage. Il est bien difficile de se frayer un passage mais on finit par trouver un petit coin où on va pouvoir profiter du show de VNV NATON et danser tout notre saoul ! Pour notre part, çela doit bien être la troisième fois qu'on les voit en headliners à l'Amphi mais bon, ne boudons pas notre plaisir. Les Britanniques basés à Hambourg sont une référence en matière d'EBM et de synthpop depuis plus de 25 ans maintenant, et terminer la soirée avec eux est loin d'être une punition. On ne peut s'empêcher de constater que le courant passe quand même mieux avec le public au Tanzbrunnen qu'à la Lanxess Arena où s'était déplacé le festival en 2015. VNV NATION vu du dernier balcon c'est définitivement non ! Là au moins, tout le monde peut profiter du spectacle et prendre ses aises. Il fait presque frais, et un peu de chaleur humaine ne fait pas de mal. Et puis on est sûr de retrouver tous les classiques qui ont fait le succès du groupe. Ronan Harris sur le devant de la scène, Mark Jackson derrière aux percussions, deux claviérstes et c'est parti pour une petite heure de fête. La foule est impressionnante, mais pas pour le chanteur qui arpente la scène, plaisante, laissant parfois son enthousiasme l'emporter sur la justesse de sa voix. Mais peu importe, c'est l'ambiance qui compte. L'alternance des rythmes dance, plus sombres voire carrément planants sont la caractéristique de VNV NATION, et l'on passe de la puissance dansante de Control ou Sentinel au recueillement avec Shine a Light on Me sur lequel briquets et portables allumés apportent une émotion particulière. Sans parler de la très attendue Illusion, véritable hymne du groupe, repris à pleine voix par les festivaliers. Lorsque retentissent les deux premières notes, ce sont tous les visages qui s'illuminent, la chair de poule s'installe. C'est toujours le moment fort du concert, celui où musiciens et public sont en parfaite harmonie. Nova, Space and Time, Nemesis, la foule n'en finit pas de fredonner et de chalouper sur les musiques du groupe. La nuit tombe doucement sur Cologne et les lumières et stromboscopes changent l'atmosphère du concert qui devient plus festif ! Pourtant les décibels semblent diminuer au fur et à mesure de la soirée… Serait-ce nos oreilles qui s'engourdissent ou bien la volonté des organisateurs de ne pas se fâcher avec les voisins ? De fait, à 22h00 tapantes, fin du concert et dispersion du public, sans rappel possible. Des adieux un peu abrupts, on en aurait bien repris un petit quart d'heure...
Die Krupps - Theater Stage
Au même moment, et dans la moiteur du théâtre, c’est DIE KRUPPS qui entre en scène. Absents pendant de longues années des ondes radio, rejouant toujours les anciens morceaux, les pionniers de la musique industrielle semble être devenu plus régulier depuis 2013 et leur premier album depuis 16 ans, The Machinists of Joy. Leur set est devenu très varié, et le spectacle est à présent bien rodé. DIE KRUPPS tourne régulièrement à travers le monde et affiche une fraîcheur presque aussi éclatante que dans sa jeunesse. Les line-ups ont beaucoup évolué, mais depuis leur retour live en 2014, cette constellation à cinq leur va comme un gant.
Les fans les attendent de pied ferme, le théâtre est plein à craquer, malgré la concurrence de VNV NATION sur la grande scène. Il faut dire que quelques jours auparavant, DIE KRUPPS a annulé les concerts prévus pour la fin août et le mois de septembre, car le prochain album, dont on se délecte d’avance, a pris un peu de retard et sans album, et bien pas de tournée. Pour éviter de les manquer au cours des mois prochains, le public est donc venu d’autant plus les applaudir à l’Amphi.
Difficile de résumer la carrière de DIE KRUPPS en moins d’une heure. C’est pourtant un pari réussi pour le groupe qui n’a pas lâché une seule note de tout le set. S’il faisait chaud avant, l’air devient irrespirable. Pour la première fois de la journée, on y voit enfin quelque chose au théâtre, resté bien sombre toute la journée. Depuis une paire d’années, les lumières de DIE KRUPPS sont devenues un véritable exemple à suivre. Tout est matière à être émerveillé. Mais les gens viennent plus vraisemblablement pour pogoter. Et ce soir-là, ça n’a pas arrêté. Sur des rythmes metal comme les agressifs Black Beauty, White Heat et Fly Martyrs Fly, comme sur les plus electro mais non moins cultes Der Amboss et Metal Machine Music. Bizarrement, le petit instant émotion se déroule pendant Robo Sapien, qui file presque les larmes aux yeux et la chair de poule en tous les cas.
On arrive lentement à la fin du set avec The Machineries of Joy, sur lequel Jürgen se défonce joyeusement sur son stahlofon qui commence à sévèrement accuser le coup. Et comme à chaque fin de concert, on attend Bloodsuckers. Mais voilà, bien que le titre soit prévu, la direction du festival signe la fin des hostilités. Cette année, c’est clair, personne n’aura droit à son rappel, ce qui fiche un sacré coup au moral. Car un rappel, c’est avant tout culturel. Un peu décontenancé, Jürgen décide quand même de monter sur le stahlofon comme il a l’habitude de le faire durant Bloodsuckers, puis finit par le démonter et le jeter dans la fosse, avant de lancer ses baguettes et finalement plonger lui-même dans le public qui le transporte durant une bonne minute. Le tout éclairé par une poursuite qui permet à chacun de ne manquer aucun détail de la scène. Un final de rêve qui conclut un set tout en puissance. Vivement le prochain album.
Setlist :
01. Intro
02. Kaltes Herz
03. Dawning of Doom
04. Schmutzfabrik
05. Der Amboss
06. Glasscage
07. Scent
08. Black Beauty, White Heat
09. Fly Martyrs fly
10. To the Hilt
11. Metal Machine Music
12. Robo Sapien
13. Nazis auf Speed
14. Fatherland
15. Machineries of Joy
Un peu déçu de n'avoir droit à aucun rappel ce soir-là, le public se dirige lentement mais sûrement vers l'afterparty qui se déroule traditionnellement au théâtre, que le public a au préalable bien chauffé. Ça sent la transpiration à plein nez ! Pour les amateurs d'air frais, on se retrouve à la plage jusqu'à la fermeture et la sécu qui vient gentiment te virer. Reste alors à finir l'apéro au bord du Rhin, ou qui sait, à une garden party à l'hôtel ? Chacun son programme, pourvu que la fête dure !