Seadrake | Boots and Braces Theater Stage
Pour nous, la seconde journée a commencé au théâtre avec LE groupe qui a fait parler de lui, celui qui a annulé l'Amphi Festival. La blague est devenue tellement récurrente cette dernière semaine, que le présentateur, Jens, s'en est amusé en les présentant à leur entrée en scène.
Petit retour en arrière. Le lundi précédant le festival, des dissensions internes ont eu lieu au sein du groupe SEADRAKE. Peu importe quelle version est la bonne, le résultat est le même : le groupe annonce sa séparation et souhaite annuler tous ses concerts. L'événement Facebook correspondant (Seadrake at Amphi Festival 2019) est alors affublé de la mention "annulé". Petit problème d'affichage de titre ou d'algorithme Facebook, voilà que l'événement apparaît pour tous sous le titre "Amphi Festival 2019 annulé". L'incompréhension point et la rumeur enfle. Bientôt, on ne sait plus d'où sont partis les bruits et le public finit par prendre la menace au sérieux. L'équipe du festival doit faire une annonce officielle pour confirmer la tenue du festival et démêler le malentendu.
Outre le démenti sur le festival, l'Amphi annonce également que SEADRAKE jouera bien ce dimanche, mais sous une autre constellation. En effet, le trio n'est plus, Rickard Gunnarsson et Mathias Thürk ont clairement exposé leur désaccord envers Hilton Theissen. Mais qui hérite légitimement du bébé ? Rien n'est moins sûr. Gunnarsson et Thürk tiennent toujours les rennes du site officiel, mais c'est bien Hilton Theissen qui continue sa route et assure le spectacle. C'est donc dans cette ambiance trouble que SEADRAKE s'avance sur la scène du théâtre.
Le concert a-t-il pâti de cette situation ? Pas vraiment. Le show est bien rôdé, Theissen porte le projet de bout en bout sans fausse note. Il a bien un acolyte de dernière minute, caché au fond de la salle derrière un masque, qui doit certainement faire tourner les bandes son et improviser un playback de certaines parties qu'auraient assuré Gunnarsson et Thürk, mais c'est bien Hilton Theissen qui crève la scène, guitare à la main, et qui fait démonstration de ses prouesses vocales. La synthpop est certes lisse et ne révolutionne pas le genre, mais pour une fois qu'un groupe de synthpop se trouve un VRAI chanteur, on ne va pas s'en plaindre. Le théâtre est étonnamment bien rempli pour l'heure presque matinale, et les rythmes catchy des tubes du groupe emportent la foule comme s'il s'agissait d'une tête d'affiche. Cerise sur le gâteau (dispensable selon nous mais appréciée par les fans), Florian Grey fait son apparition pour le duo Lower Than This repris à tue-tête par le public.
Setlist :
01. What You Do To Me
02. Daydream
03. On The Run
04. Conformity Loves Company
05. Get It On
06. Die Of Temptation
07. Lower Than This (Someday)
08. Something Durable
Holygram | Boots and Braces Theater Stage
On reste au théâtre pour la nouvelle fureur du post-punk HOLYGRAM. Depuis trois ans, c'est simple, ils sont programmés partout. Et petit cocorico pour eux puisque le groupe est natif de Cologne. Autant dire qu'on n'est jamais mieux accueilli qu'à la maison !
Vous pouvez objecter qu'HOLYGRAM est l'énième groupe à mélanger post-punk, shoegaze et new wave, et vous avez raison. Mais qu'est-ce qu'il le fait bien ! La musique s'inspire de JOY DIVISION autant que de NEU!, le look nous replonge chez les BEATLES, OASIS ou encore SISTERS OF MERCY. C'est sûr, c'est pas du tout récent, mais HOLYGRAM parvient à amener son originalité dans tout ce pot-pourri des eighties. Une german touch précieuse dont le groupe joue à volonté.
Côté spectacle, comme souvent : circulez, y'a rien à voir ! Pluie de fumigènes et musiciens qui font la gueule, cachés derrière leurs lunettes de soleil, portant un regard confiant vers la foule, le menton haut. Les blousons noirs sont dans la place ! Mais l'ambiance est là et cela fonctionne. Le salle ne désemplit pas et attire tous les âges.
Setlist :
01. Into The Void
02. Modern Cults
03. A Faction
04. Signals
05. Dead Channel Skies
06. Daria
07. Still There
08. She’s Like The Sun
09. Distant Light
Jäger 90 | Orbit Stage
L'arrivée de JÄGER 90 marque notre migration vers l'Orbit Stage pour une bonne partie de la journée. Le groupe n'est pas le premier à débouler sur la scène. Fix8:SeD8 l'a précédé et on aurait bien voulu voir ça, mais vous savez ce que c'est, les festivals, on ne peut pas manger burger et pizza en même temps... Comment ça il existe des pizzas aux hamburgers ?
Retour sur le bateau où s'avance donc JÄGER 90, qui change (encore) de line-up. On peut dire que Thoralf Dietrich est le cœur du projet aujourd'hui, et qu'autour de lui gravitent plusieurs musiciens, qui l'accompagnent un temps. Jusqu'alors supporté par un synthé, c'est à présent un batteur en la personne de Marcel Lüke qui tourne régulièrement avec lui. Cette déclinaison fait forcément penser à DAF... et quelque part, tous les groupes d'EBM sont les enfants de DAF. Mais on ne peut réduire JÄGER 90 à cela.
Cela va faire 15 ans que le groupe sillonne l'Allemagne avec ses textes absurdes et les pas de danse non moins sensés de Thoralf, qui nous fait un genre de roller sur WiiSport lorsqu'il ne copie pas les mouvements de bras de Tranxen200. On ne va pas le cacher, la moyenne d'âge du public en a pris un coup. C'est qu'il faut un 36e degré pour saisir JÄGER 90 sous le bon angle. Et puis mince en fait, vous le prenez comme vous voulez. L'important ici, c'est de se marrer !
Cryo | Orbit Stage
On reste à l'Orbit Stage pour cette journée aux couleurs de l'EBM. On vous a déjà dit tout le bien qu'on pense de CRYO. Comment ça pas assez ? Eh bien remettons-en une couche. CRYO est un ovni dans l'univers EBM, ce qui semble presque normal lorsqu'on apprend que le duo est suédois. Ces Suédois ne viennent décidément pas de la même planète. Tout ce qu'ils touchent se transforment en or. Peu importe le style musical, ils ont toujours dix ans d'avance. CRYO fait partie de ces bizarreries dont on ne sait si c'est une blague ou s'ils ont tout compris avant tout le monde. Vous ne serez pas étonnés d'apprendre qu'ils font partie du label couronné de succès Progress Productions, qui a ramené la moitié de son catalogue rien qu'à cet Amphi et ne cesse de faire parler de lui.
Comme JÄGER 90, CRYO s'adresse à un public plutôt confidentiel et le revendique. Le groupe aura bientôt vingt ans et ne cherche ni la gloire, ni l'argent. Il sort des albums à la vitesse qui lui convient et ne souhaite pas plaire aux masses. Il fait tranquillement son chemin et offre le fruit de son labeur à qui le mérite. À l'Amphi, étonnamment, beaucoup attendent le duo. En fait, beaucoup de Suédois ont fait le chemin pour les applaudir, brandissant le drapeau bleu et jaune au-dessus de la foule. Ça crie pas mal dans les premiers rangs, et ça ne pogote pas moins dans les suivants.
Malgré des rythmes plutôt lents pour l'époque et des morceaux très épurés, CRYO parvient à vraiment foutre le bordel. L'univers décalé du groupe fascine. Martin Rudefelt prend toujours un malin plaisir à jouer le détraqué mental tandis que Torny Gottberg tient le rôle d'ambianceur.
À propos d'ambiancer, une petite souris nommée Elmar Herrmann s'est glissée en coulisses pour retrouver CRYO et SPARK! le temps d'une petite impro pas piquée des hannetons ! Merci pour le fou rire les gars.
CRYO s'en va sous les rappels du public qui n'y feront rien : le groupe a déjà dépassé le temps imparti et ne peut se permettre un bonus pourtant réclamé.
Setlist :
01. Intro
Smile Forever
02. Control
03. Event Horizon
04. I Tune In
05. Decay Decay Decay
06. Know Your Enemy
07. Believer
08. Remember
09. Sanitarium
Spark! | Orbit Stage
Justement, voici SPARK! qui débarque. Encore un groupe EBM suédois du même label, c'est presque du chauvinisme ! Ça le serait, si ce n'était pas mérité. Mais encore une fois, SPARK! fait l'unanimité. L'originalité du groupe, hormis son accoutrement de clowns, c'est qu'enfin, un groupe suédois chante... en suédois ! Il aura fallu en écumer depuis vingt ans, des COVENANT et compagnie, qui chantent tous impeccablement en anglais. Même KENT, phénomène pop national, a dû sortir ses albums en anglais pour l'international. Cette manie de bien vouloir se faire comprendre de son public est un dilemme connu des Suédois qui aiment étaler leurs compétences linguistiques. Est-ce qu'on demande à RAMMSTEIN de faire la traduction ? Bon, alors !
Tout en s'exprimant dans leur langue maternelle, SPARK! prend tout de même le soin de choisir ses mots. Christer Hermodsson (ancien S.P.O.C.K) a déjà partagé son souci de se faire comprendre par la majorité de sa fanbase, à savoir le public allemand, et confie utiliser des termes plutôt transparents ou des emprunts dans ses paroles, à l'instar de Vansinne, Monster, Zombie ou Maskiner. Transparents en allemand, cela s'entend. Et la magie opère. SPARK! fait des apparitions remarquées sur le continent (oui, on sait, la Suède n'est pas une île) et le public se met à exulter. Pour les uns, c'est la découverte. Pour les autres, l'aire de jeu est ouverte : c'est la foire aux pogos. La fosse commence à se muscler, il fait chaud, les tee-shirts tombent. Pile à temps pour se chauffer pour RABIA SORDA.
Rabia Sorda | Orbit Stage
Programmé entre SPARK! et DAS ICH sur l’Orbit stage, RABIA SORDA a permis un changement d’univers radical grâce à un style punk-electro-indus énervé, entraîné par le célèbre Erk, également instigateur du mythique HOCICO. Sur scène, Erk est accompagné de Marcus à la guitare et Maxx à la batterie qui participent grandement à la dynamique générale dégagée en live. Le set débute par Perfect Black avec de grosses percussions en guise d’introduction. Erk rentre sur scène en hurlant, ce qui déclenche d’emblée quelques pogos. La suite du concert s'enchaîne sur les titres phares tels Out of Control, Deaf ou encore King of the Wasteland mais aussi quelques-uns issus de leur dernier album The world ends Today datant de l’année dernière. Certains de ces morceaux ont calmé le rythme comme So Slow it Hurts au tempo lent, ce qui a permis aux courageux participants des pogos de reprendre leurs esprits.
En effet, l’Orbit stage était très animée, avec notamment la présence de quelques slams et walls of death, ce qui est assez rare dans ce genre de festivals pour être souligné. Mention spéciale à la décalée Demolicion, reprise du groupe péruvien LOS SAICOS qui a littéralement enflammé le public avec les « TATATATA YAYAYAYA ! » criés par le chanteur. RABIA SORDA a encore proposé un show animé et plein d’énergie, emmené par le souriant et charismatique Erk que l’on aime toujours autant voir et revoir sur scène avec ses divers groupes.
Setlist :
01. Perfect Black
02. We’re here to Win
03. So Slow It Hurts
04. Violent Love Song
05. Deaf
06. Out of Control
07. Radio Paranoia
08. Demolicion
09. King Of the Wasteland
10. We’re not Machines
11. Dekadenz
12. Walking on Nails
Project Pitchfork | Main Stage
Petit détour par la Main Stage parce qu'on est aussi des gens normaux : on a beau voir les mêmes groupes depuis 30 ans (ça ne rajeunit pas), on aime bien remettre ça. PROJECT PITCHFORK fait partie des incontournables piliers de la scène goth allemande, un groupe qu'on ne rate pas. D'autant plus que, contrairement à d'autres qui reviennent faire quelque revival pour s'en mettre plein les fouilles, PROJECT PITCHFORK reste un groupe productif qui sort régulièrement du nouveau matériel loin d'être à jeter.
Mais bien évidemment, le public vient entendre les tubes indémodables du groupe. La liste est tellement longue que certains passent inévitablement à la trappe. Inutile de les citer, la setlist toute entière est une succession de hits. Pourtant, y a-t-il la moindre différence entre ce show et les 150 autres que le groupe produit chaque année ? La réponse est non. PROJECT PITCHFORK fait du fan service sans trop se mouiller, et le poids des années commence à se faire ressentir sur la prestation. Un renouveau serait le bienvenu pour cacher ses rides que l'on ne saurait voir. Mais tant que ça marche, pourquoi se gêner ?
Setlist :
01. K.N.K.A.
02. Timekiller
03. IO
04. Rain
05. Alpha Omega
06. And The Sun Was Blue
07. Conjure
08. Acid Ocean
09. Souls
10. Titânes
11. Beholder
12. I Am (A Thought In Slowmotion)
Nachtmahr | Boots and Braces Theater Stage
Pour rappel, le théâtre a vu passer FEUERSCHWANZ et JANUS avant la dernière prestation de la soirée. Autrement dit, c'est un changement radical de décor qui attend le public. C'est pourquoi, après JANUS, on profite d'un peu de frais entre le renouvellement presque total du public. Le théâtre se vide pour mieux se remplir. Il y a les die hard fans aux premiers rangs en uniforme, les curieux tout derrière, les amateurs au milieu, et une race que l'on pensait éteinte... les cybers ! Ils sont bien là, tous massés sur le côté gauche de la scène, et ils préparent leurs chorégraphies avec le nec plus ultra de la LED fluo.
NACHTMAHR entre en scène dans un bombardement de fumigènes. Comme à chaque fois, le groupe renouvelle son décor et sa mise en scène. Des drapeaux rouges au logo du groupe sont installés en fond de scène, tandis qu'on met le paquet sur les lumières. Le groupe installe son propre matos, avec des colonnes de spots sur les côtés et un mur de LED en direction de l'audience, qui sert de rempart aux deux claviers réunis Gregor Beyerle et Max Muscat. Là-haut sur leur château fort, on ne les aperçoit malheureusement qu'à peine dans cette purée de pois. Le contraste est mis sur les deux performeuses du groupe qui démarrent le set au tambour, et sur le Supreme Commander Thomas Rainer, accueilli en grandes pompes.
Le groupe semble quelque peu tendu en début de set, le stress monte, les regards inquiets se croisent, mais la chaleur du public fait vite son effet. Une fois dans le bain, les lions son lâchés ! NACHTMAHR allie tubes d'hier (Wir Schreiben Geschichte, Weil ich's kann, Tanzdiktator, Mädchen in Uniform, Feuer Frei! ou encore BoomBoomBoom) et morceaux choisis du dernier opus Antithese, auquels les fans réagissent plus que positivement. NACHTMAHR, après plus de dix ans d'existence, reste toujours aussi productif et devient presque une machine à tubes. Chaque nouveau titre fait mouche et s'installe durablement dans la setlist. en live évidemment, les performances des Nachtmahr Girls sur les titres comme Mädchen in Uniform, Can you feel the beat? ou Heile Mich, font toujours leur plus grand effet. À vrai dire, dix ans après, on se demande toujours comment des parents parviennent à traîner de jeunes enfants au premier rang d'un pareil concert, adressé pour partie à un public mature et averti. Mais soit.
L'air devient vite irrespirable sous le théâtre, et les places sont chères. Un petit nombre décide de rester à la sortie, au frais, et continuent de profiter du spectacle de l'encadrure de la porte. Comme toujours et bien que NACHTMAHR soit la tête d'affiche de cette scène, le groupe repart comme il est venu, sur Katharsis, sans rappel.
Pour nous, les vacances démarrent enfin. On profite de cette magnifique tombée de nuit pour s'installer au beach club, donner rendez-vous à tous les potes qu'on a ratés durant le week-end, boire sans modération et étreindre le sable toute la nuit. Oh oui. bonne nuit, Amphi !
Setlist :
01. Blendwerk
02. Wir schreiben Geschichte
03. Weil ich's kann
04. Firmament
05. Tanzdiktator
06. Feuer Frei!
07. Gehorsam
08. Mädchen in Uniform
09. Helden
10. BoomBoomBoom
11. Dein Herr
12. Can you feel the beat?
13. Tempus Fugit
14. Ich glaube
15. Heile Mich
16. Katharsis