Chaque année, l’Amphi Festival offre son lot de Warm up Parties les plus diversifiées. Concerts inédits et intimistes, DJs prestigieux, il y en a pour tous les goûts. Certains ont donc embarqués sur le Rhin pour applaudir entre autres APOPTYGMA BERZERK. D’autres sont restés danser à la cathédrale sous la houlette de Steve Naghavi. Il y avait bien sûr la Pre-Party officielle au Tanzbrunnen, animée par quelques invités d’exception (Alex Wesselsky, Erk Aicrag, Adrian Hates). Mais VerdamMnis a décidé de se rendre à l’Essigfabrik, où se déroulait, comme chaque année, l’Empire of Darkness. Cette soirée est l’initiative des organisateurs de tous les concerts et soirées goths de la fameuse Matrix de Bochum. L’EOD, qui fête ses 10 ans cette année, est une soirée trimestrielle qui se déroule en général à Bochum, mais que l’on retrouve parfois à l’Essigfabrik de Cologne. Et c’est évidemment là qu’elle s’installe à chaque Amphi Festival. Le concept attire toujours du monde : la soirée débute tôt (trop tôt ?) avec deux voire trois concerts et se prolonge jusqu’au bout de la nuit avec plusieurs dancefloors, qui en général couvrent tous les styles. La Matrix de Bochum présente en effet plusieurs grands espaces qui permettent de faire jouer 3 à 4 DJs en même temps. L’Essigfabrik, elle, est plus petite, mais propose tout de même deux dancefloors. L’EOD préfère alors regrouper le public autour d’un style plus particulier. La Pre-Party de l’Amphi est souvent 100% electro, parfois synthpop, mais principalement electro-indus. On laisse tomber, le temps d’une soirée, la new wave, la batcave, le post-punk, le gothic rock, pour célébrer les musiques jeunes.
ES23
Quoi de mieux alors que de débuter par un jeune groupe dark electro, qui plus est originaire de Bochum ? ES23 s’est présenté sur scène dès 19h20, heure presque matinale pour tous les fêtards qui aiment à profiter des soirées jusqu’au petit jour. Il faut aussi remettre la soirée dans son contexte. Cologne sort d’une semaine chaude, lourde, moite, collante. Le soleil n’est pas nécessairement de la partie, mais il fait 27 degrés sur place et il n’a pas plu depuis plus d’une semaine. Il fait encore extrêmement lourd dehors à cette heure-ci, et ce que cherchent les gens, c’est la fraîcheur. Laissez-mois vous dire que ce n’est pas ce qu’ils ont trouvé à l’intérieur de l’Essigfabrik. Aucun système de ventilation n’était mis en place, pas de clim, et dès que l’on entre, cette sensation que votre tee-shirt se colle à votre peau avec de la glue. Plus besoin de gel pour vos cheveux. La moiteur ambiante nous transpose en pleine mousson. Peu se sont donc déplacés à cette heure, et les premiers arrivés ont opté pour une place assise dehors à siroter un cocktail. Dommage pour ES23 qui, pour un opener, fait plus que son job. Le groupe, sans offrir une originalité débordante, possède de très bons atouts, en imposant un son parfois brutal et dynamique, parfois plus nuancé et mélancolique. Un mélange d’indus, d’EDM et de synthpop, finement habillé, qui a tout de même convaincu son public, malgré la chaleur insupportable pour le groupe lui-même, serviette sur les épaules.
STOPPENBERG
Cela commence à se savoir, Jan Loamfield aime pondre des projets musicaux, toujours solo. Le discret maestro de NOISUF-X et X-FUSION nous revient cette fois avec un autre groupe de son cru, STOPPENBERG. On reconnaît évidemment la pâte de Jan, avec ses rythmes saccadés, ses mélodies cinglantes et ses beats gras. Mais STOPPENBERG emprunte bien plus à l’EBM que les projets précédents. Le public se masse petit à petit dans la salle mais c’est bientôt Jan lui-même qui dégouline et prie pour un tee-shirt propre. Il demande même régulièrement au public comment il peut rester à danser à l’intérieur avec cette chaleur à faire tomber les mouches. Et c’est vrai qu’on tient difficilement plus de deux morceaux lorsqu’on est en mouvement. On sent inévitablement les gouttes perler sous le tee-shirt, et les cheveux se coller lentement mais sûrement contre la nuque. Le sauna est fin prêt.
REAPER
La nuit tombe sur Cologne et il fait plus frais dehors. À l’intérieur, c’est d’autant plus irrespirable que bon nombre de festivaliers se joignent aux festivités pour voir REAPER. Long time no see, REAPER revient en force en 2016 et fera notamment la première partie de la tournée de PROJECT PITCHFORK cet automne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le duo était attendu de pied ferme ce soir-là à l’Essigfabrik. Le groupe n’a fait qu’enchaîner les tubes dans une frénésie complète. La chaleur leur a peut- être fait tourner la tête, mais les deux compères s’en sont donné à cœur joie tout le long du set. REAPER n’a laissé aucun répit à son public qui n’a cessé d’en redemander. La complicité entre Vasi Vallis et Gregor Beyerle était très perceptible et rien n’a pu ce soir-là les arrêter.
ROTERSAND
Mais la star de la soirée, c’était évidemment ROTERSAND. Les rangs se sont définitivement resserrés pour accueillir le groupe synthpop qui s’impose aujourd’hui comme l’une des grandes références du style. Tout leur semble facile et naturel. Ces professionnels font le spectacle comme personne. L’Essigfabrik s’enflamme littéralement pour ROTERSAND et les fans de la première heure chantent tous les refrains à tue-tête. Rascal invite régulièrement son public à chanter au micro et donne toujours autant de sa personne. Impossible de finir la soirée sans un rappel bien mérité. Dommage que le groupe n’ait pas été programmé pour le festival lui-même.
After Party
La soirée était néanmoins loin d’être finie avec ROTERSAND. Il est à peine minuit lorsque les concerts se terminent. Place à l’after. La grande salle proposait cette année un duo de DJs, Chris L., et notre hôte Mike Kanetzky, qui se sont relayés jusqu’à 6h du matin, rien de moins. Beaucoup ont passé l’after dehors à « sécher » et papoter avec les amis que l’on retrouve chaque année en festival. Mais la piste de danse est restée néanmoins fournie jusqu’à plus de 4h du matin. Les sets sont restés dans le ton de la soirée, avec beaucoup d’electro indus et quelques touches de synthpop. À l’étage inférieur, la cave est restée grandement vide. Peu se sont aventurés dans ce conduit étouffant qui ne laissait passer aucun courant d’air. Ce fut donc une soirée guidée plus par la météo que par le programme musical. Le mot d’ordre était souvent : une chanson dedans, une chanson dehors pour pouvoir à nouveau respirer. Et pourtant, ce fut une excellente soirée.