HENRIC DE LA COUR
Il fallait arriver tôt cette année pour ne pas rater HENRIC DE LA COUR, le petit prodige suédois. Petit, pas tant que ça, car sa carrière est déjà longue. Mais ce projet solo ne date que de cinq ou six ans et ne compte que deux albums à son actif. Ces albums furent tellement remarqués que depuis 2013, HENRIC DE LA COUR s'offre tous les grands festivals allemands, WGT en tête. On pouvait néanmoins douter du déroulement de ce set. À 14 heures, difficile de réunir un public déchaîné et de toucher du doigt la magie qui peut parfois se produire comme au dernier NCN dont Henric était la tête d'affiche de la petite scène. Et même s'il maîtrise l'espace comme personne, cette grande scène n'avait rien d'intimiste et il fut plus difficile qu'à l'accoutumé de rentrer dans son monde. Néannmoins, les fans du groupe étai déjà présents et ne se sont pas fait prier pour le montrer. La grand salle était déjà très dense et attentive à ce qui se déroulait sur scène. Beaucoup de curieux qui ne connaissaient pas encore le groupe se sont laissés happer par la magie de cette musique unique. Ce fut évidemment un set bien trop court, mais remarquablement exécuté.
ORANGE SECTOR
KITE
Un autre groupe issu du label ProgressPro était aux commandes ce jour-là, et il s'agit de KITE. De nouveau, la grande scène paraît un bien grand terrain de jeu pour les deux claviéristes qui ne quittent jamais leur plateforme. D'autant plus que, fait rare, le groupe n'avait pas amené ses lumières et son ingénieur hors-pair dans ce roadtrip. L'esthétique dépouillée ne leur ressemble pas et la scène est resté bien vide et bien sombre, eux qui nous en font voir d'habitude de toutes les couleurs. Puisque le visuel n'y était pas, il fallut fermer les yeux pour que la magie opère enfin. De nouveau, les fans s'étaient pressés dans les premiers rangs et ont donné à ce concert cette part d'émotion qui manque souvent en festival. KITE enchaîne tube sur tube sans relâche et se trouve chaque fois applaudi plus fort. On quitte alors la grande scène avec l'impression qu'à 16 heures de l'après-midi, le meilleur groupe est déjà passé.
HARMJOY
Cela fait un petit moment que l'on entend parler de HARMJOY. Depuis une paire d'années, ce side project qui oscille entre l'electro indus et la synthpop fait parler sans trop savoir si c'est du lard ou du cochon. C'était la première fois que je les voyais finalement, avec un peu de scepticisme suite à l'écoute de plusieurs de leurs chansons. L'originalité n'est pas au rendez-vous lorsqu'on suit leur parcours. Leur musique se réduit à une synthpop plutôt molle et la vidéo de "Quiet" par exemple est un amas de clichés de toutes les vidéos electro de la dernière décennie. Mélangez les vidéos "Can you feel the beat" de NACHTMAHR avec "Die Motherfucker Die" de SUICIDE COMMANDO, saupoudrez le tout avec un peu de "Killing the Mercy" de AND ONE, vou obtenez la vidéo "QUIET". Autant dire que je n'avais pas envie de quitter KITE pour rejoindre HARMJOY.C'est donc à ma grand surprise que je fus envoûtée par la performance du groupe ce jour-là, qui n'a rien à voir avec la version album de la chose. Il faut dire que Dan von Hoyel est un entertainer de choix et surtout un sublime chanteur. La profondeur de son timbre dans les graves donne des frissons. La musique de HARMJOY apparaît en live beaucoup plus pêchue et travaillée, et Dieu soit loué le live permet de ne pas subir les clichés fatigués des vidéos du groupe. HARMJOY est un groupe à voir en live, sans hésitation.
ASSEMBLAGE23
ASSEMBLAGE23 est un groupe toujours apprécié pour sa musique, moins pour ses performances live, un peu molles et semées de fausses notes. Ce jour-là fut une exception à la règle puisque le set fut très dynamique, même si la mise en scène reste des plus sobres. Aucun clavier additionnel, et donc une bande son en playback à la place, mais une simple batterie pour accompagner Tom Shear. Il semblerait cependant que l'enthousiasme ait eu raison de lui, puisqu'il s'est cassé la cheville durant le concert... sans s'en rendre compte ! Un prompt rétablissement à lui.
BEBORN BETON
BEBORN BETON n'était pas prévu au programme de cette édition 2016. Mais 48h avant le début des hostilités, CHROM a dû annoncer son retrait suite à des problèmes familiaux survenus soudainement. Non, BEBORN BETON n'est pas un groupe récent. Mais son activité dans les années 90 a cessé au tournant des années 2000... pour finalement reparaître en 2015 avec un nouvel album, pour eux le meilleur qu'ils aient réalisé. Et il faut dire que le monde de la synthpop avait besoin de cette fraîcheur qu'apporte BEBORN BETON. Il parvient à lier ses anciens sons new wave à la synthpop d'aujourd'hui. Sur scène, c'est autre chose. La musique est agréable mais hormis les pas de danse de Stefan Netschio, la mise en scène reste celle d'anciens fans de KRAFTWERK : debout derrière un synthé, surtout pas bouger.
CASSANDRA COMPLEX
L'ovni de ce festival, c'est CASSANDRA COMPLEX. Pourquoi cela ? Cela paraît évident, c'est le seul groupe à utiliser une guitare ce jour-là. On change effectivement de registre avec un son dark wave plus mélancolique, et nous revoici partis dans la malédiction de VOMITO NEGRO de l'an passé. La musique est certes agréable et travaillée, mais la génération electro de ces dernières années ne se trémousse plus aussi volontiers sur les sons nostalgiques et torturés des années 80 dans les soirées batcave. Malgré un lightshow parfait, une maîtrise de l'espace remarquable, et un professionnalisme hors pair, CASSANDRA COMPLEX ne provoque pas le pogo des foules. Le public est présent mais demeure statique.
WINTERKÄLTE
Mais voici le réel ovni du festival. Plus encore que CASSANDRA COMPLEX. Et pourtant nous restons bien dans la musique électronique, et dans ce qu'elle a de plus minimal. Mais aussi de plus hardcore. Cette harsh techno indus bruitiste est plus volontiers programmée dans des festivals consacrés au genre, mais puisqu'il faut un festival éclectique, allons-y gaiement ! Il faut avouer que dans le photopit, à quelques centimètres des enceintes et des retours, les restes du dîner se sont mis à danser dans nos estomacs, au point de devoir quitter l'endroit après la première chanson. Ce n'est de toute façon pas l'esthétique de la performance aui fait la renommée du groupe. Le public paraît pourtant réceptif à cette musique et en profite pour se défouler pleinement. C'est également le cas des musiciens, qui ont l'air de deux gosses qui s'éclatent quand leurs parents ont le dos tourné.
WELLE: ERDBALL
La valeur sûre de cette scène, c'est bien entendu WELLE: ERDBALL. Peut-être d'ailleurs trop sûre. Après 23 ans d'existence, le groupe joue toujours son set à la lettre près. Voir WELLE: ERDBALL une fois, c'est les voir vingt fois. Cependant, quelques nouveautés ont été ajoutées. Pour la sortir de leur nouveau single 1000 Engel, le groupe a fait pousser des ailes à sa nouvelle égérie Lady Lila. Les costumes sont toujours aussi bien travaillés et le spectacle est digne d'une représentation théâtrale. Le public, à mon plus grand étonnement, est déchaîné. Du pogo sur WELLE: ERDBALL, je ne pensais jamais en voir de toute ma vie. Rarement ce jour-là le public s'est fait autant entendre. Mais quelque chose clochait tout de même : ALF manquait à l'appel. C'est le technicien et ami de toujour Andy Berberich qui a pris la relève. Mais nulle mention n'a été faite...
LEGEND
De nouveau un peu de fraîcheur scandinave, et islandaise en l'occurrence. LEGEND devient une légende en apportant un son complètement unique. Le groupe parvient à donner une impulsion brutale à sa pop electro, des influences metal mais avec un précision qui rend le tout juste un peu sale comme il faut. LEs percussions retournent l'estomac tant leur clarté nous perce de sincérité. LEGEND est un groupe à fleur de peau, une pureté extrême qui nous balade d'une autre galaxie au tréfond de notre intinmité. Le phénomène LEGEND défie les descriptions musicales tant sa musique innove dans ce monde aux influences éculées.
FRONT LINE ASSEMBLY
DIORAMA
La petite scène (si elle peut réllement être nommée ainsi) accueille alors DIORAMA. habitué des festivals et qui joue toujours à corps perdu. De nombreux fans, tatoués avec le nom du groupe, se sont massés devant et chantent à tue-tête chaque morceau. Les groupies crient également, et on sent le changement d'atmosphère avec FRONT LINE ASSEMBLY. La synthpop mielleuse de DIORAMA plaît toujours, mais manque de ce petit quelque chose. L'étincelle.
HOCICO
Cela faisait longtemps que l'on avait pas assisté à un set de HOCICO au complet, c'est-à-dire avec Racso aux commandes. Plutôt ravie de cette surprise, je me laisse happée par la nouvelle mise en scène du groupe. HOCICO possède son propre univers et le cultive parfaitement. Pourtant au même rang que les autres groupes electro (deux petits bonshommes derrière un synthé), HOCICO a l'art et la manière de planter son propre décor pour faire évoluer le visuel de son spectacle. DEs invités sont régulièrement appelés à monter sur scène pour apporter un peu de piquant. Le reste n'est au'un jeu d'enfant pour Erk qui connaît sa partition par coeur et fait danser son public comme rarement. La Turbinenhalle s'échauffe à présent pour les derniers rounds.
SUICIDE COMMANDO
Jouera, jouera pas ? Depuis quelques temps, l'on s'attend toujours à ce que SUICIDE COMMANDO décommande. Que nenni, puisque le groupe apparaît bel et bien sur scène pour un set vintage bien léché. Il semblerait que beaucoup préfèrent les vieux morceaux du groupes tels que "Traumatize", même si le côté EBM répétitif est plus présent et que le beat est grandement ralenti. Les anciens n'oublient pas la bonne musique, et la petite salle se voit comblée en moins de deux. SUICIDE COMMANDO fait fureur ce soir-là, laissant AND ONE débuter son set devant un public à moitié vide.
AND ONE
Ce qui est bien avec AND ONE, c'est qu'il ont accouché de tant de tubes que l'on ne connaît jamais la setlist à l'avance. Le groupe aime expérimenter et il est rare de le voir jouer deux fois la même setlist. Alors, même si certaines de mes morceaux préférés comme "Für" sont passés à la trappe, on se réjouit tout de même d'en découvrir d'autres moins joués comme "Bodynerv", "Zerstörer" ou encore "Seven". Ce ne fut pas mon concert préféré de AND ONE, mais il m'aura quand même bien fait suer. Ce fut évidemment le seul groupe à proposer un rappel bien mérité, entrecoupé d'anecdotes toujours bien salées de Steve Naghavi. Schlager certes, mais comment mieux finir un festival ?
Setlist :
01. Black Generation
02. Männermusik
03. Die Mitte
04. Deutschmaschine
05. Seven
06. Strafbomber
07. Metalhammer
08. Schwarz
09. Zerstörer
10. Steine sind Steine
11. Timekiller
12. Krieger
13. Techno Man
14. Bodynerv
Rappel :
15. An Alle Krieger
16. Die Stille vor dem Ton
17. Military Fashion Show