Kant Kino
Comme indiqué en compte-rendu général, programmer 22 groupes par jour n'est pas des plus astucieux et je n'ai pu assister à l'entrée de la prometteuse mais timide MONICA JEFFRIES. En revanche, c'est KANT KINO qui ouvre pour moi cette journée. Le groupe qui fait de plus en plus parler de lui est cependant un peu décevant en live. Aucun jeu de scène, très peu d'accroche avec le public, le groupe délivre son set proprement mais sans vraiment générer l'enthousiasme. C'est fort dommage, car leur electro vaut la peine d'y jeter une oreille.
Stin Scatzor
Difficile de croire que de tels pionniers comme STIN SCATZOR soient programmés si tôt dans la journée. Cependant, leur son presque plus noise qu'EBM peut refroidir un public plus familial que dans certains festivals. Les belges qui n'avaient plus sorti de nouveau matériel depuis 2003, sont de retour avec l'album Industremakes. L'album reste dans la même veine que le précédent, le guitariste Kris Peeters faisant à présent partie de la famille. Le son est plus organique, plus agressif, ce qui contraste malheureusement avec le jeu de scène timide de Kris Peeters. Mais il y a fort à parier que le groupe ne soit pas à la recherche du tube mainstream qui déplacera les foules, dans ce style musical si restreint.
Portrait [B]
Cela fait quatre ans que nous n'avions pas revu PORTRAIT BIZARRE, devenu à présent PORTRAIT [B]. Les belges offrent un genre d'electro-pop-rock pêchu, certes un peu adolescent, qui vaut le coup d'oeil. Les années d'expérience leur donnent une présence scénique maîtrisée même si l'on sent un fossé entre la dynamique du jeune chanteur et l'attitude plus posée des musiciens. Malheureusement pour eux, il n'y a pas encore foule ce matin-là.
Implant
IMPLANT était au départ un projet belge de Len Lemeire et Geert Machtelinck avant que ce dernier ne cède sa place à Jan d'Hooghe, ancien batteur de VIVE LA FÊTE et collaborateur de Jean-Luc de Meyer pour le projet 32Crash. Etant donné la disposition des musiciens sur la scène (un synthé à droite et une batterie électronique à gauche), je n'attendais pas de show explosif à ce stade du festival. Pourtant, le concert fut une excellente surprise. Certes, la mise en scène reste minimaliste et peu digne d'intérêt (comme tous les actes de cette scène), mais la musique est d'une finesse et d'une production infiniment meilleures que certains headliners. L'electro/EBM d'IMPLANT est très largement sous-estimée et mériterait d'être mise en avant dans plus d'événements. Une belle idée de programmation.
Alien Vampires
Ahh ALIEN VAMPIRES. Voilà un groupe qui divise. Musique facile, agressive, provocante, buzz à coquille vide, "obscene industrial" et "evil body music" comme ils se caractérisent eux-mêmes... Depuis qu'ils ont débarqué, Nightstalker et son jumeau maléfique Nysrock s'attirent soit les fans déchaînés, soit les foudres des vieux de la vieille qui ne comprennent pas comment un tel groupe peut être intégré dans cette scène.
L'excès, l'abus est ce qui les caractérise le plus. Une image qui restera gravée dans la tête de tous ceux qui étaient présents à l'after party ce jour-là, c'est celle de Nysrock, l'air hagard, restant paralysé pendant plusieurs heures à regarder les filles de ViXXXen danser sur le podium. C'est sûr que lorsqu'on s'envoie une bouteille de whisky (ou de vodka selon le concert) en moins d'un set avant le début de l'après-midi, on imagine bien ce que cela peut donner à 2h du matin.
Toujours est-il que sur scène, désolée, mais ça envoie. On ne s'ennuie pas une seconde, que la musique soit jouée live ou non, tout est fait pour divertir et tenir en haleine un public qui ne demande qu'à bouger. L'interaction avec les spectateurs est belle et bien présente, et l'ajout d'un troisième membre live n'est pas pour déplaire.
XMH
On quitte un univers infernal pour en retrouver un autre. XMH, le groupe néerlandais, est aussi un groupe d'electro-indus enfanté dans le XXIe siècle. Il emprunte beaucoup à la techno et se retrouve dans un mélange entre NOISUF-X et SUICIDE COMMANDO nouvelle version. La musique n'est donc pas d'une originalité absolue, mais le live est toujours un objet particulier à ne pas manquer. Les membres se donnent toujours à 200%, et Benjamin Samson nous fait toujours un show d'extraterrestre appréciable.
THIS MORN' OMINA
Voilà un univers bien complexe à appréhender. Qui aurait eu l'idée de mêler l'electro à la musique tribale ? THIS MORN' OMINA l'a fait et est devenu le maître du genre. Le résultat est parfois l'antithèse de lui-même : les percussions organiques apportent parfois une lourdeur ancrée dans le sol pour former un son noise agressif et destructeur, mais elles contribuent parfois à l'envolée céleste des sonorités electro aériennes et impalpables. Il faut un temps pour entrer dans cet univers si singulier, mais une fois que l'on s'y faufile, l'effet de transe est immédiat.
STAR INDUSTRY
A chaque pays son groupe de rock fétiche. En Belgique, c'est STAR INDUSTRY. Très connu dans le pays, le groupe s'inspire des sons de rock gothique à la FIELDS OF THE NEPHILIM teintés de rock indus plutôt KILLING JOKE. Difficile d'y trouver une originalité particulière, mais le public, lui, est toujours réceptif.
LUC VAN ACKER
Bonjour, je voudrais le truc le plus bizarre que vous ayez en magasin s'il vous plaît. Eh bien voici LUC VAN ACKER. L'Eurorock se veut éclectique, nous sommes servis. Le musicien, producteur et toutes les casquettes que vous voulez est très connu en Belgique et c'est avec plaisir que son public le retrouve ce jour-là. Mais sa programmation tient plus à sa participation au set suivant de ARBEID ADELT!, car la musique qu'il pratique en solo n'a rien d'un peu dark ou brièvement triste ou nostalgique. On se croirait propulsé dans un festival de musiques du monde. Ce n'est cependant pas pour déplaire, j'aime bien la soul et le gospel. Mais que quelqu'un vienne m'expliquer par pitié.
A SPLIT SECOND
Dans la famille "je n'ai pas changé de chemise depuis 20 ans", je voudrais A SPLIT SECOND. Impossible de passer à côté dans un festival belge. Ces précurseurs font partie de la famille et qui ne se trémousse pas encore en 2015 sur l'énorme tube qu'est Flesh. A SPLIT SECOND ne vieillit pas, et c'est toujours un plaisir de les retrouver. En revanche, ils n'évoluent pas non plus, et on ne les apprécie que pour les vieux tubes, telle la tournée "Âge tendre et tête de bois". Il faudrait peut-être penser à bûcher sur de nouveaux morceaux, les garçons.
ARBEID ADELT!
ARBEID ADELT!, c'est surtout l'histoire de quelques comiques qui veulent faire de la musique farfelue, et qui y sont parvenus. Le duo Marcel Vanthilt et Jan Van Roelen, qui n'ont rien sorti depuis... ah oui quand même, 21 ans, débarquent ce jour-là sur scène avec Luc van Acker, ancien membre du groupe, pour jouer une musique electro absurde accompagnée de saxophone. Un son unique, reconnaissable entre tous. Les membres ont bien sûr vieilli, mais la musique reste toujours aussi perchée. A ne pas mettre entre toutes les mains, mais le live fut largement apprécié. Comique burlesque assuré...
Honeymoon Cowboys
Pourquoi ? Pourquoi programmer un tel groupe en fin de journée, après des pionniers de l'EBM et des sacrés entertainers de l'electro indus ? Pas de réponse. La musique était plate, la mise en scène inexistante, les musiciens avaient tous l'air apeuré ou blasé. Résultat : on s'ennuyait autant qu'eux. No comment.
CUSTOMS
Bienvenue dans l'univers pop du rock n'roll premier, celui des BEATLES, teinté de New Wave et d'Indie. CUSTOMS, groupe belge fondé en 2008, se débrouille comme un chef sur scène. Mêlant vieux rock n'roll, pop rock à la mode et sonorités dark, le groupe trouve sa propre identité et s'accomplit parfaitement dans cette veine. Un show intéressant, peut-être un peu trop joyeux pour un public goth mais plutôt bien choisi pour ce festival familial. CUSTOMS est une valeur sûre qui saura faire entendre parler d'elle.
DIARY OF DREAMS
Avec plus de 20 ans de carrière, DIARY OF DREAMS a réussi à imposer son propre style, emprunt d'electro et de rock gothique, dans une atmosphère toujours très sombre. Les allemands sont acclamés à leur entrée sur scène et délivrent un set plus que maîtrisé. Leur dynamisme sur scène est incomparable, ils ont toujours la même joie de jouer, et tout cela dans une simplicité déconcertante. C'est aussi ce qui leur donne tant de charme : DIARY OF DREAMS reste dans son attitude loin du star system, ils croient simplement en la puissance de leur musique et savent créer sans en faire des tonnes. Un set tout en finesse, professionnalisme et simplicité.
THE CRÜXDHADOWS
En voilà d'autres, des excités du bulbe. Mais dans la veine "mon petit poney". THE CRÜXDHADOWS reste inclassable, parfois electro, parfois rock, teinté de cordes frottées, tout cela dans une atmosphère très pop sucrée mais avec des textes profondément sombres et fatalistes. Ils donnent toujours la même énergie sur scène et communiquent de toutes les manières avec leur public. Il est aussi vrai que leur performance est la même en 2001 à Los Angeles qu'en 2015 à Neerpelt. Il serait peut-être temps de faire évoluer le spectacle.
SUICIDE COMMANDO
C'est un petit peu la même critique que pour THE CRÜXDHADOWS. SUICIDE COMMANDO, bien qu'adulé et plein d'entrain, ressort le même live depuis maintenant quelques années. Le public est maintenant bien amassé devant la scène et les fans ne manquent pas. Le set est plutôt long et bien délivré. On sent néanmoins que Johan van Roy reste en retrait, suite à une nouvelle blessure de son genou en concert récemment. Et Torben Schmidt qui ne bougera décidément jamais d'un poil derrière son clavier. Cela étant, les concerts de SUICIDE COMMANDO ne désemplissent jamais.
VIVE LA FÊTE
Mais qu'est-ce donc quoi que ceci là ? C'est VIVE LA FÊTE bien sûr, encore un autre ovni belge comme on s'en délecte. Totalement perché, le groupe a toujours su garder son originalité jusqu'à aujourd'hui. Et cela fonctionne ! Avec des paroles en français dignes d'INDOCHINE mais qui veulent encore moins dire quelque chose, l'electro survoltée de VIVE LA FÊTE rassemble petits et grands sous un même slogan. Je dis vive la fête !
Oomph!
Est-il besoin de présenter OOMPH! ? Après des débuts electro intimistes comme tous les actes de cette scène à l'époque, le groupe a viré tanz metal et a connu le succès qu'on lui connaît. Dero Goi a plusieurs fois précisé qu'ils avaient déjà joué à ce festival 15 ans en arrière et que c'est avec plaisir qu'ils revenaient aujourd'hui. L'ambiance était très sympathique, presque enfantine. Pour la première fois du festival, il y eut interaction verbale avec le public et cela fait grand bien. Tout le monde s'est senti investi dans ce live de grande qualité qui a mêlé toutes les époques du groupe avec brio. Un sans faute pour OOMPH!, professionnels mais qui plus est sympathiques. On en a oublié le froid mordant.
ASP
ASP est un phénomène très allemand. Les différences culturelles entre la France et nos amis d'outre-Rhin sont parfois très sensibles. Mais disons que là où nous avons une variété française mainstream, les allemands ont leur rock allemand mainstream. Le genre de musique que propose ASP est en effet très commun en Allemagne et s'entend très facilement à la radio (au même titre que la New Wave des Pet Shop Boys ou de Visage). Le mainstream allemand serait notre musique alternative à nous. Tous ces groupes comme IN EXTREMO, SUBWAY TO SALLE ou ASP ne sont que les rejetons de RAMMSTEIN et connaissent un véritable succès dans leur pays, avec chacun leur originalité. ASP est connu pour inclure de l'electro dans un son foncièrement metal. Le live eut un très bel accueil, même si je ne suis pas sensible à ce style de musique.