Eurorock Festival 2015 - Jour 2 @ Neerpelt (16 mai 2015)

Eurorock Festival 2015 - Jour 2 @ Neerpelt (16 mai 2015)

Cécile Hautefeuille 17 mai 2015 Cécile Hautefeuille

Lovelorn Dolls

Encore une fois et malgré les efforts, impossible d'être à l'heure pour l'ouverture du festival et THE DALLAS PROJECT sur la scène Heaven. C'est donc avec LOVELORN DOLLS que nous ouvrons cette journée. Le projet bruxellois s'avance timidement sur la Hell Stage. On sent la fraîcheur et l'angoisse dans les yeux de ce bébé groupe né il y a seulement deux ans mais non moins prolifique, puisqu'il a déjà sorti deux albums. La musique, très empreinte de metal fantastique façon THE BIRTHDAY MASSACRE, vaut le détour. La jeune chanteuse Ladyhell, au look d'Amy Lee et à la voix rappelant Cristina Scabbia, tremble un peu mais délivre un set qui met en valeur ses capacités vocales, cette voix claire et fragile mais parfois forte et agressive. Tout cela est encore un peu timide mais on leur souhaite la carrière de leurs mentors.

The Juggernauts

THE JUGGERNAUTS devient petit à petit un projet qu'on ne présente plus car il fait le tour de tous les festivals avec succès. On ne va pas se mentir, les amis belges Glenn Keteleer et Borg nous resserve de l'EBM qu'ils ont déjà tous deux eu l'occasion d'explorer en long, en large et en travers. Mais le projet tient toujours la route : moderne et minimal, THE JUGGERNAUTS représente l'EBM façon 2015, pour notre plus grand plaisir. Et n'oubliez pas vos casques ;)

Asrai

La deuxième journée de l'Eurorock Fest était divisée entre groupes électroniques d'un côté, et influences metal de l'autre. C'est dans cette branche que s'illustre les néerlandais de ASRAI qui s'avancent sur la Hell Stage. On sent tout de suite les années d'expérience du groupe qui délivre une performance sacrément dynamique et maîtrisée. On est content de voir des musiciens de fond de scène aussi performeurs que les leaders. La musique, bien qu'un peu clichée dans son style gothic rock, est jouée live à la perfection. Le public réagit très positivement à l'enthousiasme très communicatif du groupe.

Lescure 13

On ne les attendait plus, mais ils sont de retour. LESCURE 13, le projet de Stefan Bens (STIN SCATZOR) et Johan van Roy (SUICIDE COMMANDO), a refait surface en 2013 après 16 ans d'absence. Le fil rouge du groupe n'a pourtant pas changé : EBM, indus, agressif, minimal. Si la musique reste intéressante, la performance live est à revoir. Stefan Bens reste fidèle à lui-même, assez immobile, et malheureusement, hormis durant ses tours de chant, on a du mal à comprendre le rôle de Johan van Roy. S'il s'agit de taper frénétiquement sur un pad électronique, ma foi, tout le monde en est capable. Dur de mettre en scène une musique qui n'est pas jouée live...

Stoneman

Bien difficile de juger une musique aux antipodes de ses propres influences musicales, mais bien que suisses, STONEMAN entre parfaitement dans cette vague de rock metal allemand tant apprécié. Et quel show ! Impossible de rester de mabre face à la performance électrique du groupe. STONEMAN nous rappelle avec brio qu'on est pas chez mémé ici, et que malgré le froid mordant du matin à l'Eurorock, il est bon de se remuer un peu. Qui aurait cru qu'après cette performance, le festival basculerait du côté obscur de la force ?

Lacrimas Profundere

Et nous voilà deux heures après la performance de STONEMAN. Nous savons à présent que les groupes jouent pour l'honneur et l'ambiance est d'abord froide et sceptique. L'attente fut longue et le public ne sait plus à quoi s'attendre. C'est dans cette atmosphère pas très joyeuse que LACRIMAS PROFUNDERE fait son entrée. Le groupe rassemble toujours les foules, heureusement pour lui. Mais l'on sent bien les mines préoccupées de toute part. Ce qui ajoute à la froideur du metal rock du groupe. Mais avec un peu d'échauffement, la tension retombe et LACRIMAS PROFUNDERE finit son set plus détendu.

Crash Course In Science

Mais quels extra-terrestres... Leur carrière est un exemple de longévité, et déjà à l'époque ils semblaient à l'avant-garde de la musique électronique. En 2015, lorsqu'ils interprètent Cardboard Lamb, CRASH COURSE IN SCIENCE apparaissent toujours aussi marginaux et fêlés. Ces gens habitent définitivement une autre planète. Mais peut-on s'en plaindre ? Le show est bien mené. Evidemment, la musique minimaliste et parfois ridicule dans ces textes peut en repousser certains, mais le spectacle est toujours lunaire, hypnotique, à ne plus trop savoir pourquoi on reste scotché devant. C'est à voir au moins une fois dans sa vie.

Xandria

Quel choc des cultures ! Nous changeons de scène, mais aussi d'univers musical. Le metal symphonique grandiose de XANDRIA envoûte quiconque s'approche de la scène ce jour-là. Impossible de détourner les yeux de cette performance exceptionnelle, monumentale, et en même temps si simple dans le regard des musiciens, humbles, souriants, généreux. Un concert qui ne s'oublie pas.

Portion Control

Il est tout de même bien dommage de ne voir que les vieux de la vieille s'investir encore dans l'EBM. La scène est porteuse en Suède où de petits jeunes comme Sturm Café font bouger les lignes, mais dans l'ensemble, ce sont les mêmes groupes programmés et reprogrammés à longueur d'année. Et le souci avec PORTION CONTROL, c'est qu'encore une fois, la musique est bonne mais la performance scénique est tellement décevante. Ce ne sont définitivement pas des groupes faits pour jouer en plein air.

Whispers in the Shadow

Avec le temps, WHISPERS IN THE SHADOW a su se créer un univers unique, oscillant entre le gothic rock et le metal, avec quelques touches parfois de dark wave et des intonations de voix entre Brian Molko et Gary Numan. Cette originalité leur donne un succès que tous s'accordent à trouver légitime. Il n'empêche que cet univers n'est pas accessible à tous et qu'il faut trouver la bonne clef pour y entrer. Les performances live sont habitées mais pas si généreuses, on cherche parfois le contact visuel entre les musiciens et leur public. Ils sont pourtant loin d'être débutants, mais garde leur musique comme un secret à protéger.

Absolute Body Control

Certes, les groupes d'EBM ne sont pas faits pour ce genre de festival... tous sauf ABSOLUTE BODY CONTROL. On le doit évidemment à la performance scénique toujours indescriptible de Dirk Ivens, qui envoûte toujours un public déconcerté. Mais qu'est-ce que c'est bon. Encore une fois, on se désole que ces groupes fassent la tournée de festival sans nouveau matériel à proposer, et on espère que cela viendra très prochainement, mais cela ne gâche pas le plaisir d'un set mené avec délicatesse et agressivité. Les fans d'EBM s'en sont donné à coeur joie.

Tanzwut

Ah, TANZWUT. Cet ovni metalo-folk tant adulé. On ne va pas se mentir, je préfère lorsqu'ils suppriment le metal et qu'ils gardent le folk. Comme tous ces groupes qui allient guitare électrique et instruments folk acoustiques, la guitare prend souvent trop le dessus pour étouffer le reste et il n'y a qu'en live que le son est appréciable. Ainsi, c'est avec plaisir que nous retrouvons TANZWUT sur scène pour une performance toujours explosive. Il y en a partout, peut-être un peu trop. Les lumières claquent, les accessoires s'accumulent sur scène, les techniciens avec. Mais pour une longue soirée froide, TANZWUT nous remet dans l'ambiance du festival et réchauffe nos coeurs et nos corps.

Peter Hook

C'est d'un air nonchalent que l'ancien membre de JOY DIVISION monte sur scène pour lancer un gros "fuck off" devant une assemblée revigorée. Affublé d'un tee-shirt "I'm afraid we got some bad news", Peter Hook joue son set comme si sa vie en dépendait. La catastrophe de l'Eurorock a puisé dans les forces primaires de chacun et rassemblé une communauté qui vibre pour la musique. C'est pour cela que nous vivons. Un set de JOY DIVISION qui décoiffe.

Anathema

A tout festival son coup de coeur. Pour l'Eurorock, c'est ANATHEMA qui décroche la palme. ANATHEMA ou le fantôme d'ANATHEMA. En effet, j'en ai vu des concerts d'ANATHEMA. Mais de cette trempe là, jamais. Ce n'était pas du metal ANATHEMA ? Si, bien sûr, c'en était. Du doom, trash, lent, agressif, ANATHEMA nous en a fait voir de toutes les couleurs. Mais depuis, le groupe a évolué de nouveau vers un rock progressif et atmosphérique, plus mélodieux et hypnotique. Par bien des aspects, le groupe rappelle les sonorités d'ARCHIVE, jusqu'au look de la chanteuse Lee Douglas qui ressemble à s'y méprendre à Holly Martin. Le son est d'une clarté sublime, le show est époustouflant, les lumières sont travaillées comme une oeuvre d'art. Rien n'est laissé au hasard, le public est tenu en haleine à chaque ralentissement. ANATHEMA joue avec nos émotions, nous donne des frissons, des papillons dans le ventre, avant d'entamer une chute aux riffs lourds. une vraie montagne russe. Dans le public, c'est avec respect qu'on observe ce show. Un silence absolu lors des balades, une énergie positive pour les tubes. On sent une émotion partagée qui embaume toute la tente ce soir-là. Grâce à ANATHEMA, nous n'avons plus froid.

Therion

Il faut bien l'avouer : à cette heure si tardive de la... matinée, mes collègues m'avaient tous abandonnée, me laissant seule dans ce froid glacial. Et pourtant, à ce moment-là, il y avait encore l'espoir qu'après THERION, LEGEND s'avancerait sur la scène Heaven. La soirée était donc loin d'être terminée. THERION, groupe confirmé de metal symphonique suédois fait une entrée fracassante sur la Hell Stage. Jamais je n'avais assisté à ça... le concert avait des allures de comédie musicale. L'originalité du groupe, c'est que chaque membre est pratiquement interchangeable. Il est ainsi rare de voir THERION sous le même line-up d'un concert à un autre. Cela explique peut-être la timidité relative des deux chanteuses ce soir-là. Quoi qu'il en soit, il était définitivement trop tard pour apprécier quoi que ce soit. La fatigue m'envahit, et c'est presque soulagée que j'appris que LEGEND était annulé car trop tard... ou trop tôt. Nous sommes partis à l'heure où les oiseaux commençaient à chanter.

Killing Joke

Pour l'occasion, KILLING JOKE a accepté de jouer un set extra long pour remplacer les groupes absents. Il est compréhensible que les fans s'en soient réjoui. Mais bon sang de bon dieu, il faisait si froid, et il était si tard. Ce festival sans fin ne laissait plus la place à l'amusement à une heure si tardive. Toutefois, le set de KILLING JOKE fut évidemment exceptionnel de professionnalisme et de générosité. Des moments qui ne s'oublient pas, bien qu'à titre personnel, j'eus préféré un set old school new-wave post-punk plutôt que punk rock aux tendances metal. Voici la setlist extra-longue :

01. Love Like Blood
02. Wardance
03. Complications
04. Requiem
05. Change 06. The Fall of Because
07. The Beautiful Dead
08. Exorcism
09. Asteroid
10. Money Is Not Our God
11. The Death and Resurrection Show
12. The Wait
13. Pssyche
14. Madness
15. Turn to Red
16. Primitive
17. Pandemonium