Hellfest, jour 2. La journée s'annonce chargée : un rapide regard à l'affiche a de quoi nous affoler tant le nombre de groupes nous tenant à cœur est élevé. Il suffit de voir ce qui se passe sous la Temple Stage pour ravir les amateurs de musiques gothiques et industrielles. Il faut cependant faire des choix, et ce de bon matin. BANANE METALIK et SHAÂRGHOT jouent en même temps. Comment trancher ? En faisant les deux, pardi ! La Warzone a beau être éloignée des autres scènes, une petite course sous le soleil de bon matin pour éviter la fatigue n'a jamais fait de mal à personne ! Haut les coeurs, c'est reparti pour une journée de concerts !
BANANE METALIK
On sait immédiatement qu'on a pris une bonne décision : certes le show gore'n'roll des BANANE METALIK n'a pas le même visage en plein soleil mais l'ambiance horrifique et délirante est bien là et Cédric harangue son public avec sa gentillesse habituelle ("allez-y, dansez comme des débiles !"). Masques et maquillages sanguinolents, accessoires rigolos, énergie punk : le public a la banane !
La scène est décorée de part et d'autre des caissons Gore et Roll, marque du genre musical auto-proclamé du groupe, et de bannières aux visuels de Gorefather sur lesquelles figurent, dessinés, les membres du groupe. Mis à nu en plein jour, loin du bordel rencontré dans les petites salles crasseuses où nous avons l'habitude de nous déhancher sur leurs rythmiques endiablées, les BANANE METALIK ont pris la peine de soigner le chant et le show offrant une expérience savoureuse à leur audience, sortant de leur catalogue les excellentes Strip or Die, 666% Gore N' Roll, Nice to Meat You ainsi que la très récente relecture d'AC/DC, Let There Be Gore.
SHAÂRGHOT
Il nous était impossible de rater le show de SHAÂRGHOT, groupe de metal industriel parisien que l'on suit depuis maintenant plusieurs années et qu'on prend toujours autant de plaisir à voir grandir. En traversant le site au pas de course pour rejoindre à temps le concert, nous croisons de drôles de types qui se roulent dans la terre. "Vous faites quoi les gars ? - Bah, on se prépare pour SHAÂRGHOT !". On vous avait dit que le soleil cognait fort. D'ailleurs, nombreux sont les fans équipés en merchandising à l'effigie du groupe. Avant le concert, Etienne, le chanteur, nous confiait que dans ses rêves les plus fous, il se voyait jouer devant 2000 personnes. Ils sont en fait entre 10000 et 12000 rassemblés sous une Temple Stage pleine à craquer, selon si l'on demande à la police ou aux organisateurs, beaucoup se retrouvent à devoir suivre le concert à travers les écrans situés au dehors.
SHAÂRGHOT a été monumental. Située idéalement proche de l'entrée, la scène permet aux visiteurs matinaux d'être immédiatement captés par le show dantesque et cyberpunk que l'on connaît bien. C'est fun, violent (quatre walls of death en sept morceaux, quand même) et si les rayons du soleil empêchent l'usage de certains gadgets (pas de gants lasers), on a tout de même droit aux essentiels (masque arachnoïde et mantes religieuses en prime) le temps d'une setlist resserrée sur une sélection de morceaux particulièrement agressifs.
La foule est nombreuse (qui aurait pu deviner qu'un groupe programmé à 11h du matin capterait plus de monde qu'EMPEROR ou CRADLE OF FILTH ?), beaucoup découvrent, mais surtout, beaucoup connaissent déjà et scandent les paroles de Break Your Body (qui ne sont pas les plus compliquées à assimiler, cela dit). SHAÂRGHOT mélange les influences, de PUNISH YOURSELF pour l'énergie punk à RAMMSTEIN pour la martialité des riffs, mais on pense également à la grandiloquence de MARILYN MANSON : quand la foule s'égosille sur Traders Must Die, poing levé, il y a des airs d'Antichrist Superstar qui se devinent. Pour nous, voir ce groupe au Hellfest, c'est un espoir devenu réalité : déjà en 2015, on associait sa musique au festival dans notre aftermovie !
Il est 11h30 et l'un des concerts les plus mémorables de la journée vient de s'achever. SHAÂRGHOT a non seulement fait un triomphe mais a squatté bon nombre de conversations pendant le week-end. Un tel accueil, forcément ça fait plaisir à voir. C'est qu'ils grandissent vite ces petits machins, on en lâcherait presque une larmichette.
CYPECORE
Pas besoin de cavaler : à peine le show de SHAÂRGHOT terminé que CYPECORE attaque le sien sous l'Altar, la scène jumelle de la Temple. Visuellement, on n'est pas trop dépaysés : les membres du groupe sont grimés et coincés dans des tenues dark-futuristes-de-l'espace-satanique. Maquillage, airs menaçants, CYPECORE est très kitch dans le genre ténèbres & cyberespace. Ça pose un peu sur scène, mais ça rigole aussi : au énième degré, ça passe plutôt bien, d'autant plus que le mélange de death mélodique et de metal industriel des Allemands s'écoute facilement et que le groupe a l'air de bien s'amuser et de ne pas trop se prendre au sérieux. En tout cas le temps de découvrir, rigoler un coup et ensuite aller voir ailleurs.
THE CREEPSHOW
Retour éclair à la Warzone pour se changer les idées avec THE CREEPSHOW, groupe de psychobilly canadien. Le groupe a quinze ans d'existence, mais la chanteuse Kenda Legaspi est arrivée en cours de route en 2013 pour remplacer Sarah Blackwood. Visiblement, elle s'éclate sur scène et capte autant l'attention avec son charisme solaire que l'imposante contrebasse de Sean McNab.
Les plus observateurs peuvent constater, amusés, que BANANE METALIK a oublié ses décorations scéniques dans les changements de plateau, ceux-ci s'opérant très vite au fil de la journée. Le concert subit d'ailleurs quelques problèmes de larsen sur Run For Your Life ruinant partiellement la chanson et ne bénéficie pas d'un son à la hauteur des standards de qualité du groupe. La charismatique Kenda pose cependant une voix impeccable tout au long du show et mène le public dans un swing endiablé, contrebasse tournoyante, bonne humeur et décrochement des cervicales sont de mise. Les rythmiques sont accrocheuses, c'est léger, le groupe n'a d'ailleurs pas misé sur ses morceaux les plus rapides : cette parenthèse était nécessaire avant de reprendre une bonne dose de distorsion.
En retournant vers les scènes couvertes, la traversée est compliquée, il y a du monde absolument partout, sur chaque centimètre carré de sol une personne est assise, jusqu'aux portes du festival. Un type pressé bouscule du monde et force le passage s'exclamant "merci merci merci merci", peut-être est-ce le seul moyen d'avancer un peu plus vite, à moins que ça ne soit tout simplement un fan de SISTERS OF MERCY qui joueront ce soir sous la Temple Stage. On en profite pour faire un break et vous rapporter quelques photos des looks croisés sur les pelouses et artistes de la journée visitant le domaine. C'est aussi ça, le Hellfest : des rencontres. Au cours d'une discussion, un petit gars a la surprise de voir débarquer sa copine, invité par des amis à son insu. Il est content mais nous confie, inquiet, qu'il aurait sûrement pris une douche depuis le début du festival s'il avait su !
DOOL
Retour à la Temple Stage pour DOOL. Avec un seul album à son actif sorti en 2017, DOOL ne sort pourtant pas de nulle part : une partie de son line-up vient des très estimables et regrettés DEVIL'S BLOOD. On retrouve dans le dark rock des Néerlandais un goût pour la lourdeur et le mystique, le tout agrémenté de grunge, de rock gothique voire de pop-rock. DOOL, c'est saisissant, planant, puissant. Mené par sa charismatique et ténébreuse chanteuse Ryanne Van Dorst a.k.a Elle Banditta, le groupe s'adresse directement à nos viscères. C'est torturé, beau et fort. De l'entrée sur The Alpha avec ses guitares hypnotiques et ses airs de famille avec 46&2 du groupe qui s'appelle presque DOOL (faites pas genre vous ne voyez pas de quoi on parle), jusqu'au final sur l'hymne Oweynagat, DOOL fascine. Points d'orgue : Vantablack, possédée, et la reprise de Love Like Blood à la lourdeur quasi doom. DOOL est unique, DOOL est magnifique, gloire à DOOL.
FEVER 333
Après avoir eu les tripes remuées par la performance introspective et torturée de DOOL, on est allés faire les jeunes devant la Mainstage 2. FEVER 333 est en train de devenir un véritable phénomène (notre chronique de Strenght in Numb333rs était d'ailleurs enthousiaste). Alors bien sûr, les gimmicks à la RAGE AGAINST THE MACHINE et LINKIN PARK sont flagrants, mais ça fonctionne. Le public est en délire, ça sautille, les musiciens ont la patate. Bref, grosse énergie. Heureusement qu'ils n'ont pas joué après minuit, on n'aurait pas tenu. On assistait probablement ce jour-là aux débuts d'un futur grand nom tant le succès de FEVER 333 auprès du public est flagrant et son ascension fulgurante.
PUNISH YOURSELF
De l'énergie, il faut s'en garder de toute façon. PUNISH YOURSELF prend ses quartiers au Hellfest. "C'est un peu tôt pour nous" constate vx69 en arrivant sur scène en milieu d'après-midi, "mais est-ce que c'est tôt pour vous ?" demande-t-il à un public qui lui répond en beuglant sans avoir la moindre idée de s'il est tôt ou pas. Au même moment, EISBRECHER joue sur la Mainstage. On a eu l'occasion de constater de très loin que le groupe a donné un concert énorme et rassemblé un vaste public au son de This is Deutsch et Was Ist Ihr Los? un titre aux forts airs d'autre célèbre groupe teuton en tête d'affiche l'édition 2016 du Hellfest : effet assuré ! Il faut néanmoins faire des choix et même si ça nous embête de rater les Allemands, dire qu'on a longtemps hésité serait mentir.
Les peintures fluo claquent peut-être moins en plein jour, mais le show reste immanquable. La foule massive qui s'est amassée le prouve : il est totalement impossible de s'approcher de la scène pour les retardataires, voire d'entrer sous la tente tant la fosse est compacte. La troupe toulousaine est à la fois phénoménale et proche de son public, attirant un public vaste mais enchaînant les dates dans des salles modestes, créant un lien unique avec ses fans, dont certains arborent d'ailleurs les couleurs fluos du groupe.
On ne va pas se mentir : on a nos chouchous et voir un succès aussi conséquent pour SHAÂRGHOT et PUNISH YOURSELF nous fait sentir comme une maman à qui les marmots rapportent un prix nobel. On a beau les avoir vus 20000 fois, qu'est ce qu'ils sont beaux ces petits canetons ! Sur scène, Punish sort le grand jeu avec notamment le retour de Fafa et son improbable string sur scène, mais aussi de VIVIVI / Strange-Apparatus et tous ces outils bruyants (chaines, perceuses) : à un moment, ils sont neuf à tout casser sous nos yeux, il y a du bruit, du feu, des couleurs ! La setlist est dans la lignée des derniers concerts du groupe mais on découvre des morceaux re-trafiqués (comme d'hab, on chavire sur Enter Me Now). Peut-être est-ce lié à l'endroit où l'on était, mais le son semble mettre en avant le côté punk, les parties electro se faisant plus discrètes. Choix conscient ou oreilles qui fatiguent, allez savoir. En tout cas, la tornade fluo a encore une fois semé le chaos pour la dernière date de la tournée Pig Data, sans laisser transparaître ni fatigue ni lassitude (pour une fois les peintures ont presque tenu tout le concert), avec même plus de folie et de générosité que d'habitude. Il fallait y être et on attend désormais le nouvel album !
CARACH ANGREN
Avant le festival, on m'a dit "CARACH ANGREN c'est rigolo". C'est donc avec une confiance aveugle que j'abandonne mon binôme quelque part devant un bar pour aller vérifier tout ça. "Horror metal" dit la page facebook, et ça ressemble à des délires black-sympho-kitch grand-guignolesque à la DIMMU BORGIR et CRADLE OF FILTH.
Très bien. Les membres sont maquillés, font les gros yeux, tirent la langue, brandissent divers gadgets : c'est ludique. Le guitariste et le clavier sont placés sur des plate-formes qui s'élèvent et redescendent environ toutes les deux minutes, en freestyle total. L'effet en jette les trois premières fois et finit par être franchement hilarant. C'est globalement n'importe quoi, mais un peu à la manière de CYPECORE plus tôt dans la journée, CARACH ANGREN est très cool à sa manière, un peu comme une série B des années 80. Tout cela est plutôt ridicule, mais après s'être assuré que personne ne nous voit, on a le droit d'aimer ! Dommage qu'à seulement trois musiciens sur scène, CARACH ANGREN ne puissent avoir la puissance d'une formation plus conséquente, les compos manquent parfois du supplément de corps qui aurait épargné un sentiment de répétition.
MOONSPELL
Fernando Ribeiro, son grand chapeau et sa lanterne, c'est un rituel immuable. Le (de moins en moins) récent 1755 est toujours à l'honneur, surtout en début de show avec cette entrée théâtrale sur Em Nome de Medo, mais ça n'empêche pas le groupe Portugais de revisiter des titres plus anciens et de terminer comme il se doit avec Full Moon Madness.
On aurait aimé entendre plus du merveilleux Extinct, mais on se console en se disant qu'on aura notre dose de rock gothique avec les SISTERS OF MERCY plus tard dans la soirée. Pour le reste, MOONSPELL dégage toujours autant de sympathie en live, avec son chanteur polyglotte qui fait l'effort de s'adresser en français à ses fans et s'amuse avec ses différents masques et gadgets. Anecdote indispensable : à proximité de la scène, on captait le réseau wi-fi (sécurisé) de MOONSPELL. On a tenté tous les mots de passe imaginables (Lisboa, werewolf, fernandoremifasol), mais impossible d'en profiter. Pas cool !
COMBICHRIST
Si COMBICHRIST a toujours divisé, le phénomène s'est amplifié ces dernières années avec l'orientation plus metal du groupe, délaissant ses tendances EBM pour se rapprocher de MINISTRY. Le récent One Fire semblait pourtant faire la synthèse de tout ça et démontrer une envie de faire éclater les frontières. Avec le départ récent de Joe Letz, iconique batteur, on pouvait se demander ce que ça allait bien pouvoir donner en live.
Le groupe n'entre sur scène qu'après une intro en off sur This Shit Will Fuck You Up dont le public scande les quelques paroles. On aperçoit des looks cyber, des gothiques, le Hellfest a bel et bien réussi le pari d'embrasser un public plus large que jamais avec l'affiche de ce samedi. Andy LaPlegua est allé faire un tour chez le barbier du Hellfest rafraichir sa coupe et visiblement raser son improbable moustache. Déception ou soulagement ? Allez savoir. Son énergie et son charisme sur scène, eux, sont intacts : COMBICHRIST est toujours un rouleau compresseur. Derrière les fûts, le remplaçant de Joe Letz a beau ne pas encore avoir sa frappe, il a un sens similaire du spectacle. Aussi longtemps que COMBICHRIST aura deux batteurs sur scène, ça fonctionnera.
Le groupe offre un set mélangeant ses influences les plus électro aux plus metal des derniers albums de manière assez habile, marquant des ruptures avec quelques battles de percussions. Nul temps de ronchonner sur un style ou l'autre, l'énergie envoyée par le groupe est fédératrice. Le public, incontrôlable, répond aux nombreux appels à la bagarre lancés par le frontman et déclenche des pogos impitoyables et vagues de slams en continu, embarquant même quelques fauteuils roulants. Conscient d'officier dans un festival de metal, COMBICHRIST se permet d'insérer quelques riffs de War Pigs de BLACK SABBATH pendant le morceau One Fire qui conclue le show en laissant le public sur les rotules.
Certes, les rythmiques bourrines et les paroles scandées par LaPlegua peuvent lasser les plus hermétiques, le concert est d'une efficacité imparable. Et rien que pour la mine renfrognée des badauds en quête de grindcore qui se demandaient ce que c'était que cette "techno à la con", ça valait le détour !
JO QUAIL
JO QUAIL n'était pas à l'affiche. On devait voir MYRKUR. Mais MYRKUR a annulé, pour cause de bébé en approche. On aime beaucoup MYRKUR, mais il faut bien féliciter la personne qui a eu l'idée de programmer la fantastique JO QUAIL à la place : peut-être bien qu'on y gagnait au change. Il se murmure que SABATON était ok pour un set acoustique neo-folk sinon (blague facile, pardon).
JO QUAIL sur scène, c'est une artiste seule avec son violoncelle électrique et des pédales pour créer des boucles. Pas de chant. Pas d'artifices. Rythmiques hypnotiques, mélodies prenantes : la musique a quelque chose de primitif et magique tout en étant particulièrement élégante et l'on se retrouve à penser à une version muette du SIEBEN de Matt Howden. L'artiste, elle, s'excuse, amusée, auprès du public pour les approximations d'un concert qu'elle se retrouve à devoir quasiment improviser, jusqu'à un final où elle est rejointe par un le batteur Thomas Hedlund de CULT OF LUNA. Aucune crainte, c'était parfait et magnifique en plus d'offrir une nouvelle parenthèse plus calme particulièrement bienvenue. Les métalleux purs et durs, déjà échaudés par les assauts électroniques de COMBICHRIST, convulsent dans un coin.
CRADLE OF FILTH
La nuit est tombée et on a beau savoir ce qui nous attend, impossible de passer à côté de CRADLE OF FILTH. Après tout, on a été ado. Et Dani qui cavale et fait la gargouille en cape, c'est toujours amusant. Ce n'est pourtant pas un secret : CRADLE OF FILTH sur scène, ce n'est pas non plus l'émerveillement absolu.
Les lumières froides et les tonnes de fumée plantent une ambiance fantastique, les musiciens tirent la gueule, Dani a mis sa plus belle cape et se cache dans les jets de fumée : l'effort sur l'ambiance fonctionne un temps. Pour le reste, il ne se passe pas grand chose sur scène, la sauce ne prend pas spécialement, peut-être à cause des hurlements stridents du chanteur, pas franchement comparable avec le chant enregistré en studio. Dani, on a beau le trouver sympathique, il faut le dire : au bout de 10 minutes, on n'en peut plus. Si les borborygmes grotesques sont amusants et les chuchotements démoniaques passent encore, l'imitation du chihuahua que l'on torture a de quoi coller des sueurs froides aux défenseurs de la cause animale. Pas cool.
Pour le clin d’œil, on aurait adoré les voir reprendre No Time to Cry des SISTERS OF MERCY, prévu juste après, mais non : la setlist ne réserve aucune surprise particulière, enchaînant plusieurs classiques indétrônables (Thirteen Autumns and a Widow, Nymphetamine, Her Ghost in the Fog...), ne laissant la place qu'à Heartbreak and Seance de The Seductiveness of Decay, dernier album en date.
THE SISTERS OF MERCY
Légendaire. Culte. Agaçant. Andrew Eldritch et sa bande sont un peu de tout ça. On sait à quoi s'attendre. On sait que la superbe n'y est plus forcément, que l'homme a tendance à ne pas avoir l'air plus content que ça d'être présent et que le groupe joue dans les ténèbres, noyé dans la fumée. Mais comment résister à la promesse des ambiances glaciales des tubes rétro ? Surtout qu'à côté, il y a KISS qui joue et qu'on ne veut surtout pas prendre le risque de se cogner une telle infamie. Il faut cependant faire une croix sur CULT OF LUNA et LE BAL DES ENRAGÉS, à regrets, mais on les reverra.
Il y a des manières radicalement différentes de vivre le concert. On peut par exemple être séduit par l'ambiance gothique vaguement désuète qui s'en dégage dès les premières notes de More, avec ce type chauve planqué derrière ses lunettes noires qui semble fuir le moindre rayon de lumière, tel un vampire, et va fumer sa clope en fond de scène. On se croirait un peu dans Les Prédateurs de Tony Scott. Eldritch est régulièrement à la ramasse niveau chant mais semble étrangement s'amuser ce soir-là et ses musiciens apportent une nervosité et une agressivité nouvelle au morceau qui fonctionne bien. Pour le reste, le rituel est rodé : setlist best-of avec les deux inédites jouées depuis quelques années déjà.
Ou bien, on peut trouver que les Sisters, non merci. On vient pour voir un groupe qu'au final on ne voit pas (c'est vrai que de loin, on ne voit absolument rien) et écouter une musique qu'on a parfois du mal à reconnaître et un chanteur en difficulté. Choisissez votre camp. Chez nous, c'est 50/50.
La journée fut intense, mais on n'a pas résisté à l'envie d'errer un peu dans le festival. C'est beau le Hellfest de nuit : groupes de personnes posées dans les ténèbres qui profitent de la musique de loin et apprécient la fraîcheur nocturne, rares éclairages, petit show pyrotechnique donné par des jongleurs au coin du feu... Il ne reste déjà plus qu'une journée de festival, mais ceux qui attendent ce rendez-vous pour voir leur dose de concert annuelle ont été servis, même si ça grince des dents du côté des plus réfractaires à l'ouverture : non, le Hellfest n'est plus un festival purement metal et a dépassé cette image pour devenir autre chose, plus riche, plus fou, plus varié.