Hellfest 2019 - Jour 3 @ Clisson (23 juin 2019)

Hellfest 2019 - Jour 3 @ Clisson (23 juin 2019)

Pierre Sopor 15 juillet 2019 Pierre Sopor & Erick Lederlé Pierre Sopor

Dimanche 23 juin, le Hellfest touche à sa fin. Une derrière marche au soleil jusqu'à la guitare géante, point de repère évident pour les festivaliers, après trois (et bientôt quatre) jours à se perdre dans les champs alentours (dont certains sentaient la crêpe industrielle sur plusieurs kilomètres, si, si), à tomber sur ce même rond-point décoré d'un OVNI lumineux la nuit, à ne pas dormir et à croiser des gens hauts en couleur. Il y a des vacances dont on revient plus reposés que d'autres.

HYRGAL

En arrivant sur les lieux, on tombe sur la fin du set de HYRGAL, un poil trop matinal pour nous. Le groupe, revenu en 2016 après une pause de quelques années, a deux albums à son actif et laisse les mélodies donner à son black metal une mélancolie communicative, un supplément d'humanité et d'atmosphère qui va dans le sens de l'émotion et donne à la musique de HYRGAL tout son relief. Le peu qu'on en a vu avait l'air enthousiasmant et le son redoutable... on regrette de ne pas en avoir profité plus, mais on a néanmoins eu le temps d'y reconnaître Nicolas Miller de SVART CROWN à la batterie mais aussi Richard (qui n'a d'ailleurs pas remplacé sa fidèle guitare blanche depuis la tournée Fuck You I'm Drunk de 2009) des turbulents TAMTRUM, le groupe de dark-electro-sales-gosses qu'on a tant aimé au milieu des années 2000.

GOLD

GOLD a récemment sorti Why Arent' You Laughing? (chronique), un des plus beaux albums de 2019 jusqu'à présent. Rater le passage des Néerlandais, chez qui officient également d'anciens membres de THE DEVIL'S BLOOD (comme DOOL la veille), était impossible. Direction la Valley pour profiter en live du mélange post-punk, post-metal, dark-rock (et autres étiquettes au choix) élégant et mélancolique du groupe.

Quand la chanteuse Milena Eva entre sur scène, c'est d'une démarche calme, apaisante, un long manteau sur les épaules prolonge son interminable chevelure (elle doit cuire, la pauvre !) : classe et aérienne, sa présence impose un respect immédiat. Sa diction particulière, à la fois ironique et bienveillante, sa voix chaleureuse et sa gestuelle tout en retenue instaurent une ambiance contemplative au show, bien que le rythme de Servant, jouée en ouverture, soit plutôt relevé. On a évidemment rapidement droit aux derniers singles du groupe (He is Not, Taken By Storm), c'est beau et tourmenté, tout en contraste. Le chant, quasi pop se superpose à merveille aux rythmiques dont les explosions tantôt black metal, tantôt martiales sont portées par un puissant couple basse/batterie, la recette est à la fois anxiogène et rassurante. GOLD donnera plusieurs concerts en France en septembre, ne les ratez pas !

BRUTUS

Avant de retourner sous l'ombre de la Valley, un petit détour par la Warzone s'imposait pour y découvrir sur scène les Belges de BRUTUS. Ils sont trois et la première particularité notable, avant même l'improbable chemise du bassiste Peter, c'est que la batteuse est aussi chanteuse. Si on imagine l'exercice périlleux, le pari est réussi : non seulement les parties rythmiques sont parfaitement maîtrisées (chez BRUTUS, les choses s'emballent d'un coup) mais le chant, lui, est impeccable. Mélancolie toujours (c'est décidément le thème de la journée), rage et énergie : le trio fait remuer le public avec sa musique entre rock et post-punk dont l'humeur générale tend plus vers le positif que la noirceur. Le soleil de la Warzone s'y prêtait bien.

MESSA

Encore une fois, on se sent gâtés par la programmation : commencer la journée en voyant notamment GOLD et MESSA à quelques minutes d'intervalle, c'est trop d'émotions ! Les Italiens ont sorti l'an dernier l'incroyable Feast for Water (chronique), album de doom aux accents 70's très marqués. On pense à BLACK SABBATH en plus occulte et avec de longs moments purement atmosphériques et même du saxophone.

Sur scène, on a la surprise de découvrir la chemise d'Alberto, guitariste au look inattendu (franchement, on a vu plus dark et mystique !) et après BRUTUS la tendance de la matinée semble se dégager : les chanteuses sont à l'honneur dans un festival où les femmes sont encore trop peu représentées... et les chemises faites à partir des rideaux de mémé, c'est in ! Heureusement, l'ambiance, elle, est aussi lourde et mystérieuse qu'on l'espérait. La chanteuse, Sara, n'entre discrètement en scène qu'une fois l'introduction de Leah passée. La gestuelle de la chanteuse est à la fois sensuelle et envoûtante. La musique use habilement des harmoniques pour nous pousser à entrer rapidement en communion avec le groupe. L'atmosphère est lourde, immersive, d'une noirceur profonde au sein de laquelle la voix cristalline s'extirpe et semble dégager à la fois une forme de bienveillance et d'appel à l'aide.  On ne va pas lambiner : MESSA a lancé un sort à la Valley et donné un concert magnifique. C'était planant et tumultueux, entre les ambiances éthérées et la lourdeur abyssale des guitares, on en est sortis tout remués. Un des groupes les plus marquants de cette édition.

CEMICAN

Côté Temple Stage, la curiosité nous emmène découvrir le metal Aztèque de CEMICAN et son mélange entre black et folk inspiré du Mexique pré-Hispanique. Tenues et instruments traditionnels, masques impressionnants, peintures : visuellement, il est difficile de ne pas se souvenir de CEMICAN. Musicalement, le metal conquérant et parfois mystique du groupe (ces chœurs sur La Que Baja De Las Estrellas sont du meilleur effet) est enrichi par les instruments folkloriques, notamment une espèce de flûte dont les hululements aigus se démarquent tout particulièrement, et dégage une puissance indiscutable. Il y avait foule en tout cas pour venir saluer les Aztèques, ce qui est bon signe avant la sortie de In Ohtli Teoyohtica in Miquiztli, album attendu pour le 23 août.

CANCER BATS

Retour à la Warzone pour CANCER BATS, groupe de punk / hardcore canadien réputé pour son énergie qui avait déjà enflammé le Hellfest en 2012. On n'a pas été déçu : la fougue du frontman, Liam Cormier, enflamme la fosse lançant : "On vous a donné rendez-vous ici dans la Warzone pour faire la guerre". Le nombre de slams au mètre carré explose, on y slamme même en slip tant qu'à faire ! Le show rageur n'empêche pas la complicité entre le public et les musiciens. Derrière l'agressivité des morceaux, Cormier, lui, est tout sourire. Les fans aussi.

En plus de cette foire du slam sur CANCER BATS, nous avons croisé en chemin plein de gens encore très beaux pour ce troisième et dernier jour. On vous partage donc ces quelques rencontres, histoire de vous faire comprendre que vous aussi, lecteurs fidèles, vous êtes beaux.

SKÁLD 

Après les Aztèques de CEMICAN plus tôt dans la journée, la Temple Stage  proposait un nouveau voyage dans le temps avec les Vikings de SKÁLD. Sortis de nulle part il y a environ un an, les Français ont très vite gagné une popularité que l'on mesure à la foule amassée jusque loin, très loin, pour essayer d’apercevoir ne serait-ce qu'un bout du show sur l'écran situé à l'extérieur de la tente. Le charme de HEILUNG l'an dernier opère peut-être encore sur certains nostalgiques... C'est simple : on ne pouvait absolument pas circuler en approchant de la Temple.

Si SKÁLD  existe depuis peu, la performance, elle, est rôdée. Le scalde, c'est le poète, le conteur. Un rôle qu'endosse Mattjö Haussy en lançant, seul sur scène, le concert. L'immersion est plutôt réussie et même si tout semble calculé au millimètre près, les morceaux gagnent une rugosité nouvelle en live, l'aspect primitif qui s'en dégage rompt avec la propreté parfois trop clinique d'un premier album dont on vous disait beaucoup de bien. C'est flagrant sur Ó Valhalla, reprise une deuxième fois en fin de set et scandée par la foule. Si l'on mesure le succès d'un concert au monde qu'il a attiré, alors SKÁLD a sans aucun doute été un des triomphes du Hellfest 2019.

EMPEROR

Prodige précoce, Ihsahn est devenu une icône avec son groupe de black metal EMPEROR. Et pourtant, ce musicien génial semble s'amuser à déconstruire son image et toujours surprendre via un goût pour la liberté et l'imprévisibilité d'une fraîcheur salvatrice qui s'exprime désormais via un projet solo qui ose tout, même le plus barré.

Le show est sobre et la bannière de l'EP Wrath Of the Tyrant décore la scène, dans une ambiance trop lumineuse pour nous faire sombrer pleinement dans l'angoisse générée par la musique obscurantiste. Sur scène, l'Empereur ne fait pas peur. Regard doux, barbe de hipster, lunettes et chemise : là aussi, Ihsahn se fiche des conventions et fait ce qu'il veut. Il pousse le bouchon jusqu'à remanier Ye Entrancemperium qui ouvre le concert en l'attaquant en voix claire. Certains puristes en ont peut-être des boutons, mais l'effet est réussi et décuple la sauvagerie et la puissance de ce qui suit.

Nombreux sont les fans inconditionnels d'EMPEROR, même très jeunes, émus d'avoir la chance de découvrir cette légende du black metal norvégien ressuscitée. Le groupe offre ici une révision exquise de ses meilleures écritures et nous peinons parfois à les reconnaître aux premières notes, alors qu'elles sont nettement plus jouissives avec ce format plus organique, où la batterie  est valorisée. Le groupe achève son concert par les deux monuments que sont I am The Black Wizards et Inno A Satana, aux paroles reprises par des fans en forme.

Le groupe n'a joué aucun morceau des albums Promotheus et Equilibrium, le concert n'étant axé que sur ses albums fondateurs. On a par contre eu droit à Anthems to The Welkin at Dusk joué en intégralité et dont les intro et outro ont servi respectivement d'ouverture et de fermeture au concert. In the Nightside Eclipse ayant été remastérisé en 2014, il y a de fortes chances qu'Anthems soit d'ailleurs le prochain sur la liste... La foule était moins massive que ce qu'on aurait pu attendre : est-ce la faute de Phil Anselmo et LAMB OF GOD, qui jouent plus ou moins en même temps, ou l'effet reformation qui s'estompe ? Peu importe : le groupe maîtrise à la perfection son répertoire et le son était monumental. 

THE YOUNG GODS

THE YOUNG GODS sur la Valley, très franchement, c'est un choix de programmation à nouveau idéal en fin de journée, quand l'humeur n'est plus au pogo endiablé sous le soleil. Les mythiques Suisses venaient à Clisson avec leur récent Data Mirage Tangram sous les bras, un album plus apaisé dont on avait hâte de voir le rendu dans un festival metal.

On ne s'attendait pas à ça. Certes, on se doutait que ça serait bon. C'était plus que ça : c'était magique. Lumières tamisées, ambiance intimiste : le concert commence tout en douceur sur le single Figure Sans Nom et Tear Up the Red Sky. Sobriété et élégance folle : les YOUNG GODS n'en font pas des caisses mais hypnotisent leur audience, injustement clairsemée mais aux anges. Peu à peu, les pulsations électroniques se font plus intenses et le rock industriel du trio gagne en intensité, crescendo pour au final laisser hagard le public resté jusqu'au bout de cette performance unique. Le groupe sera de retour à Paris avec les non moins cultes TÉTINES NOIRES, il faudra y être.

SLAYER

SLAYER en live, c'est toujours un événement. Bien que le groupe n'ait pas franchement été rare sur scène ces dernières années, cette date unique en France avait la particularité d'être a priori la dernière : les légendes du thrash metal ne sont plus qu'à quelques mois de la retraite. Chacun est libre de croire ou non à ces histoires de tournée d'adieu, mais le public ne s'est pas trompé : il fallait y être. D'ailleurs, il suffit de voir quelques photographes se comporter comme des animaux dans la file d'attente pour prendre la mesure de l'événement : il y a ceux qui doublent, ceux qui poussent, il y a même ceux qui jettent une collègue à terre pour passer avant. Très bien. On a préféré ne pas se frotter à ça, garder notre dignité et profiter du concert en se contentant d'images d'ambiance.

L'avenir nous dira si SLAYER joue vraiment ses derniers concerts actuellement, mais on a pu constater que le groupe a effectivement tout donné comme si c'était la fin pour de bon. Araya est particulièrement en forme, son chant puissant nous attrape la gorge dès Repentless, single pas forcément mémorable du dernier album du groupe mais dont le rendu live cogne sévèrement. Le show est dantesque : à SLAYER, même la pyrotechnie a l'air en colère ! Les flammes pointues qui sortent derrière le groupe donnent un air infernal au show alors que le groupe enchaîne ses hits intemporels à s'en déboîter la nuque (War Ensemble, Disciple, Raining Blood, Angel of Death). C'est agressif, frénétique, généreux, sans temps mort.

Le concert a beau s'achever sur Angel of Death, ce sont les guitares lugubres de Dead Skin Mask qui résonnent encore dans nos têtes alors qu'un feu d'artifice éclaire le ciel au dessus de la scène à la fin du set. Araya prononce quelques mots, visiblement émus. L'histoire retiendra deux détails : ces derniers mots au public français resteront peut-être sobrement "au revoir" pour l'éternité et Kerry King avait presque l'air de sourire. 

TOOL

Autre événement majeur du festival et autre ambiance : TOOL était de retour dans notre monde, douze ans après ses derniers concerts en Europe. Une longue absence marqué par un néant total niveau actualité : TOOL n'a toujours pas sorti le successeur de 10000 Days (c'est pour bientôt !), une rareté qui participe aussi au statut mythique de ce groupe à part. Qui sont ces types qui n'ont rien sorti depuis une éternité, ne sont pas sur spotify, ne sortent pas de vidéos live et ne communiquent pas ? 

L'excitation est palpable. Ceux qui ont déjà vu TOOL en live le savent : ce ne sont pas des expériences comme les autres. Pas de photos (sauf pour quelques élus) et surtout, pas de retransmission vidéo sur les écrans géants : une exception au Hellfest. TOOL ne se vit pas à travers un écran, on ne vient pas regarder un être humain sous les trous de nez (Maynard James Keenan, fidèle à lui-même, se planque en fond de scène à côté du batteur). On vient pour être plongé dans l'univers du groupe, psychédélique et mystique et vivre une expérience loin, très loin du concert rock traditionnel.

Le quator se pointe sur scène et son leader, pince-sans-rire, crête et pantalon sortis de nulle part, lance "Salutation Terre du Milieu ! Nous sommes très honorés d'être au festival de l'Enfer, nous avons besoin de vous dans notre grande quête... Non, je déconne, on vient juste jouer un peu de musique". Ce seront ses uniques mots pour le public. TOOL lance Ænema d'entrée, ses halètements et riffs agressifs à l'intensité décuplée en live arrachant des hurlements aux adeptes. Ces types sont des aliens : immobiles sur scène, à l'exception de la gestuelle insectoïde de MJK dans son coin, ils enchaînent les indispensables (Parabola, Schism, Jambi, Stinkfist, etc) sans sourciller. On a droit à deux nouveaux titres d'une durée généreuse, superbes mais dont on attend désormais la version studio.

Keenan, lui, est impérial et a l'intelligence d'adapter certains passages (The Pot) plutôt que de se risquer de manière hasardeuse à des fréquences qu'il ne saurait peut-être plus tenir. Mais le vrai show à TOOL, ce sont les lumières. Le spectacle est sidérant : non seulement le son est parfait mais le visuel est à tomber par terre. Couleurs, lasers, imagerie psychédélique sur les écrans : sans pyrotechnie ni gadget, TOOL est incroyable. On peut néanmoins regretter pour l'immersion l'effet festival en plein air : il y a ceux qui parlent pendant le show, qui filment avec leur smartphone, qui s'en vont parce que ça ne pogote pas assez, il y a la Mainstage 2 toujours allumée parce que des techniciens la démontent et enfin, il y a la fatigue accumulée au cours des jours précédents qui commence à peser lourd. 

Peu importe. Voir TOOL reste une expérience unique : on pouvait légitimement craindre que le temps ait émoussé le groupe, que notre ressenti ait été glorifié par le passage des années. Il n'en est rien : les Californiens sont superbes et décidément uniques.

Voilà. Le Hellfest édition 14, c'est fini ! C'était glorieux et varié, grâce à une affiche d'un éclectisme toujours plus grand et son lot de concerts événement. On entend souvent que le Hellfest, c'est une grande famille. Certes, chaque famille a ses tontons chelous, mais c'est faux. Si l'on reste trop en famille, on finit consanguin. Le Hellfest réunit plusieurs familles dans une atmosphère majoritairement bienveillante, malgré son lot de canards boiteux et l'inévitable mépris des amateurs de tel genre musical pour les fans de tel autre. On note un progrès pour proposer des zones d'ombre aux festivaliers, mais c'est peut-être encore ce qui manque le plus. 

Le vrai point noir du week-end, pour nous, n'est cependant pas dû au Hellfest en lui-même mais est inhérent à tout rassemblement aussi massif : il y a encore et toujours des comportements toxiques qui pourrissent la vie des gens. Sans s'attarder sur le sordide et glaçant témoignage de viol qui a circulé sur les réseaux sociaux, on a pu observer au quotidien des gens profiter des slams pour tripoter un peu partout des jeunes filles, des photographes utiliser leur gros objectif pour mater plus longtemps qu'un cliché ne l’exige, ou encore deux blaireaux avec des gros pistolets à eau s'amuser à arroser toutes les filles qu'ils croisaient en rigolant bien fort, persuadés d'être super cool. Il suffisait de voir les visages des personnes arrosées pour comprendre ce qu'ils pensaient de ce comportement invasif digne des brutes de cour de récré. Malgré les efforts du festival à communiquer sur ces sujets à travers les campagnes illustrées ci-dessus, ça reste à chacun d'entre nous de faire attention, d'être attentif et de rester bienveillant, de manière à ce que la fête reste amusante et sûre pour tout le monde.

Le festival, lui, vide ses derniers litres de carburant dans divers effets pyrotechniques alors que nous prenons le chemin du retour. On croise quelques festivaliers au bout du rouleau mais aussi d'autres qui veulent profiter à fond et se préparent à vivre leur dernière nuit endiablée histoire d'épuiser les derniers stocks d'alcool et de rentrer bien nazes le lendemain. Le retour à la réalité s'annonce violent !

Notre top concerts (par ordre chronologique) :

Pierre : GOJIRA, SHAÂRGHOT, DOOL, PUNISH YOURSELF, JO QUAIL, MESSA, THE YOUNG GODS, TOOL

Erick : ROB ZOMBIE, SLIPKNOT, KLONE, GODSMACK, ULTRA VOMIT, SHAÂRGHOT, COMBICHRIST, MESSA, EMPEROR