Hellfest 2018 - Jour 3 @ Clisson (24 juin 2018)

Hellfest 2018 - Jour 3 @ Clisson (24 juin 2018)

Manon Nadolny 2 juillet 2018 Laurence Prudhomme Manon Nadolny

La mise en route est particulièrement difficile ce troisième jour et du coup une petite escapade côté Hellcity Square s'impose. On y retrouve une véritable petite ville, avec la Hell Street et ses shops de vêtements, de chaussures, un tatoueur, des bars… et surtout l'Extreme Market, où se concentrent les marques les plus vendues du milieu metal. On en profite pour saluer Franky Costanza (BLAZING WAR MACHINE et LES TAMBOURS DU BRONX pour la tournée Weapons of Mass Percussion) derrière le stand dédié sa ligne de vêtements pour drummers, mais il ne faut pas traîner trop longtemps.
Une fois passée la cathédrale qui domine l'entrée du site, c'est le choc : le site est déjà noir de monde… Il faut dire qu'avec ARCH ENEMY, IRON MAIDEN, MARILYN MANSON au programme, les places vont être chères ! Les conditions météo sont encore au top : soleil au zénith, ciel à peine voilé, et petite brise marine vivifiante. C'est un gros motif de satisfaction pour cette édition 2018, car ceux qui ont connu la pluie, ou la canicule comme l'an passé, savent que la météo est un facteur de réussite important.

PRIMAL FEAR est sur la Mainstage 1 avec son heavy metal, juste assez mélodique pour bien débuter notre marathon. Beaucoup de tee-shirts du groupe devant la scène, les fans apprécient de retrouver les Allemands qui n'ont programmé que deux dates en France cet automne. Forcément le set est trop court, mais le groupe qui va suivre, SHINEDOWN, a lui aussi des fans au HELLFEST. Les rythmiques sont plus légères, plus rock, et le chanteur joue de son charme auprès des jeunes filles des premiers rangs. Les Américains, déjà programmés en 2016, aiment visiblement beaucoup les lieux et s'éclatent sur scène. Cut the Cord et son refrain entêtant ne tardent pas à faire chanter et sauter le public, histoire de s'échauffer. Il y a une grosse majorité d'artistes américains sur ce festival, un véritable catalogue des différentes variantes du metal, et pour notre part nous étions impatientes d'assister à la prestation des Californiens de IN THIS MOMENT.
Le groupe a installé sur scène une tente rouge, et on comprend vite qu'elle va servir de dressing à la frontwoman Maria Brink. Celle-ci apparaît majestueusement vêtue d'un manteau long et d'une coiffe religieuse dorée, ses longs cheveux blonds flottant au vent. Et là c'est la claque: la voix tour à tour rauque ou caressante fait passer des frissons dans le public. La chanteuse se change à chaque titre, entourée de danseuses à son image qui entretiennent le doute. Le visage souvent caché derrière un masque de loup sur Big Bad Wolf, ou une apparait avec une danseuse "sosie" (masquée) sur Adrenalize, ses tenues légères ne laissent pas beaucoup de place à l'imagination. Plus qu'un concert, c'est un véritable show. La puissance de la musique est à la hauteur de la performance vocale, et le public marche à fond. La touche gothique est assumée, et le visuel religieux est omniprésent. Roots a déjà 8 ans mais reste un titre incontournable du combo, tout comme Whore dont le visuel de la vidéo est reprise sur scène. Le groupe aurait mérité de jouer un peu plus tard, car sa qualité et son originalité ont littéralement captivé le HELLFEST.

 

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Difficile après un tel spectacle de se tourner vers les Anglais de ASKING ALEXANDRIA: heureusement ils peuvent compter sur leur énergie pour entraîner le public derrière eux. Une marée de bras se lève lorsque les premiers accords de Someone Somewhere éclatent : le chanteur parcourt la scène, le taux d'adrénaline au maximum, et les musiciens se déchaînent sur ce titre hyper fédérateur.

 

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Il est l'heure de la sieste : moment sacré pour certains festivaliers, étalés à l'ombre des arbres, dont rien ne perturbe le sommeil. Pourtant sur la Warzone voisine les décibels sont à leur niveau maximum: THE BRONX crache son punk/rock ravageur devant un public toujours aussi nombreux. On en soupçonne même certains de ne connaître du HELLFEST que la Warzone… Ce qui n'est bien évidemment pas notre cas, même si nous n'avons pas exploré certains lieux, notamment le Merchandising Hellfest, dont la file d'attente serpente à travers le site situé à côté du Merch Artists Dédicace où se pressent les collectionneurs de souvenirs et d'autographes pour rencontrer leurs artistes favoris.

La soirée s'annonce grandiose devant les Mainstages, il sera difficile d'en bouger. En guise de hors d'oeuvre nous avons droit au groupe de heavy metal allemand ACCEPT. Même génération, même son, et même tempérament sur scène que leurs cousins de SCORPIONS ! Après moults séparations et reformations, le groupe a trouvé une certaine stabilité avec l'arrivée de Mark Tornillo, un Américain, qui remplace au chant le fondateur Udo Dickschneider. Après plus de 40 ans de carrière, les musiciens en ont encore sous la pédale ; le public s'époumone sur leurs morceaux, ce qui doit être une sacré motivation. Restless and Wild et Fast as a Shark avec sa partition ultra rapide rappellent de bons souvenirs aux plus anciens, mais toutes les générations s'unissent pour faire du final Balls to the Wall un vrai triomphe. Les Allemands n'en reviennent pas de tant d'amour, et ce n'est pas l'envie qui leur manque de rester encore un peu sur scène.

On quitte les années 80 pour une incursion sous le chapiteau de la Valley où s'agglutinent les fans du Suisse Manuel Gagneux, à l'origine du projet ZEAL AND ARDOR. Pas évident de définir sa musique, car on y retrouve du blues, de l'électro, mais aussi du black metal, du trip-hop. L'ensemble donne un rendu peu habituel où domine une voix aux sonorités gospel. Accompagné sur scène par deux chanteurs et trois musiciens, il vont livrer un concert quasi intimiste, en toute simplicité devant une fosse remplie et en transe sur les sonorités particulièrement originales de la formation.

 

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Les choses sérieuses nous attendent maintenant sur les deux scènes jumelles. Trois heures avant le set d'IRON MAIDEN, il devient très compliqué de rejoindre le pit des photographes. Les écrans affichent entre deux prestations « R.I.P. Vinnie Paul » en souvenir de l'artiste américain disparu la veille à 54 ans. Le public s'est rapproché, les deux groupes suivants joueront donc devant un HELLFEST archi-comble.
Les Suédois d'ARCH ENEMY entament la deuxième partie de leur tournée, d'abord en Europe, puis aux USA durant tout le mois d'octobre. Mais ce soir ils sont à Clisson, et l'ambiance est surchauffée pour les accueillir. La chanteuse Alissa White-Gluz, chevelure bleue et ensemble de cuir moulant sa plastique parfaite, attire tous les regards. La nature l'a également dotée d'une voix à la puissance étonnante, passant du chant hurlé au chant clair avec un naturel époustouflant. Les Suédois font du death melodique, et ils le font bien. Alors oui parfois on aimerait quelque chose d'encore plus punchy, les riffs peinent à prendre de la hauteur, notamment sur les titres du dernier album, mais en live la prestation est très agréable. La Canadienne au micro depuis 2014 seulement s'est maintenant appropriée les anciens morceaux du groupe, et le duo de guitaristes fonctionne. Les headbangers sont à la fête, la fosse ressemble à une immense vague qui oscille au rythme des headbangs de la chanteuse. Elle est la première à secouer sa crinière et encourage de la voix et du geste les circles pit. Savant dosage de titres du nouvel album et d'anciens succès (on reconnaît War Eternal et Nemesis), le set comble les admirateur des Suédois qui laisse la place ensuite à la légende du Thrash Metal, MEGADETH.

 

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Le groupe a un présentateur de taille et de poids en la personne de l'acteur Kristian Nairn, alias Hodor dans « Game of Thrones », apparemment un grand fan du groupe américain. On ne présente plus MEGADETH et ses 15 albums en 30 ans d'existence, avec son leader Dave Mustaine toujours aux commandes. Pour être tout à fait honnête, ce n'est pas notre tasse de thé, mais le public écoute religieusement et manifeste son contentement en hochant la tête et en tapant du pied en cadence. Les slammeurs , pas le moins du monde fatigués, continuent leurs passages au dessus de la foule. Après quelques titres, dont My Last Words que le chanteur dédie à Vinnie Paul, nous décrochons complètement, et comme AMORPHIS et SEPTICFLESH sont au programme sur les autres scènes, c'est l'occasion de nous changer les idées.
Bien évidemment, entre le temps qu'il nous faudra pour atteindre les chapiteaux, et la foule à leurs abords, on n'entendra que la fin du set des Finlandais. Heureusement ils seront de passage à Lyon en février 2019, on patientera jusque là. De SEPTICFLESH on n'apercevra que le fond de scène avec l'artwork si particulier de leur chanteur Seth Siro Anton. On se console avec une halte au stand de restauration (en rupture de burger végétarien, dommage pour nous), et un passage aux toilettes. Un détail certes un peu trivial, mais surtout l'occasion de saluer le travail des bénévoles, car la propreté des lieux est exemplaire même au troisième jour du festival !

La prestation de MEGADETH tire à sa fin, et le nombre de tee-shirts IRON MAIDEN dans le public augmente de seconde en seconde. Il va falloir encore patienter un peu avec le groupe suivant, ALICE IN CHAINS. Les musiciens sont les derniers représentants de la bande de Seattle qui, avec NIRVANA, SOUNDGARDEN et PEARL JAM, a marqué les années 90, apogée alors du rock/grunge. Le chanteur fait l'effort de remercier en français le public, et d'exprimer la joie du groupe d'être au HELLFEST. Caractérisée par des sonorités lourdes, des textes sombres, leur musique ne manque pourtant pas de rythme et réussit à contenir l'impatience de la foule, impressionnante, et qui a peine les dernières notes des Américains retombées, se tourne vers la scène voisine pour scander le nom de leur groupe favori.

 

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Du côté des photographes, l'ambiance est un peu tendue. On se doutait bien que seuls les photographes sur liste auraient le droit de pénétrer dans le pit. Par contre, un service de sécurité qui fait remballer leur matériel aux autres photographes et les relèguent derrières les barrières c'est moins courant. La vigilance durera pendant les deux heures du show, certains rebelles se voyant même confisquer leur appareil. Bref un début de concert un peu agité côté presse.

Le décor est en place, un nouveau chapitre du Legacy of the Beast Tour s'ouvre une vision étonnante: un avion de combat sur scène ! Les écrans retransmettent des images de la seconde guerre mondiale, tandis que la voix de Winston Churchill envahit la nuit. Et le set démarre tout en puissance avec Aces High, dans la fumée, et sous la clameur du public. Bruce Dickinson, le charismatique chanteur d'IRON MAIDEN, va nous en dire plus, et dans un français parfait, sur ce qui a inspiré le groupe durant toutes ces années: la liberté. Les Anglais sont des monuments de la scène metal, et même si on est pas forcément fan, le spectacle est vraiment de haut niveau. On se laisse porter par les envolées des riffs qui sortent, tour à tout mélodiques ou rageurs, des guitares. Les musiciens sont en grande forme et revisitent avec bonheur les tous premiers titres du groupe, intercalant quelques morceaux récents pour satisfaire les fans. Les premières notes des titres s'égrènent que déjà le public chante en choeur The Trooper, Sign of the Cross, ou encore Fear of the Dark. Le frontman bondit dans tous les sens, alternant les personnages sous des lumières époustouflantes, et lorsque s'achève le concert sur Iron Maiden, on a la sensation que le public resterait bien toute la nuit à communier avec ses idoles.
Un spectacle magistral, en forme d'apothéose pour un HELLFEST qui aura tenu toutes ses promesses. La soirée n'est pourtant pas finie, malgré la foule qui quitte en nombre les Mainstages.

EXODUS commence au même moment son set sous l'Altar, et ils ont eux aussi leurs fans. Pour nous, ce sera MARILYN MANSON, qui tarde à faire son entrée. Sur les écrans défile une bande-annonce, et il faudra bien 30 secondes pour que le public réagisse et comprenne qu'il s'agit en fait des 5 premiers groupes à l'affiche du HELLFEST 2019 !
C'est une première, le festival n'ayant pas pour habitude de dévoiler le programme dès la fin de l'édition précédente. CARCASS, MASS HYSTERIA, DROPKICK MURPHYS, MANOWAR, et SLAYER seront donc à Clisson l'an prochain ! Eric Adams, le leader de MANOWAR est même sur scène et confirme la présence du groupe dont ce sera la dernière date en France. Même chose pour les vétérans du thrash metal SLAYER.
C'est donc après cette annonce inattendue que la suite du spectacle continue devant un public impatient et des photographes sur les dents car cette fois il n'y aura qu'une vague dans le pit… dont celui de VerdamMnis ! MARILYN MANSON n'a plus sa prestance d'il y a quelques années, en revanche il est toujours aussi déjanté et provocateur, fumant sur scène et s'entourant de jeunes filles du public seins nus. La magie des titres et de la voix opère toujours heureusement MM propose de nouveaux et anciens titres, parmi les plus percutants : Angel With the Scabbed WingsThis Is The New ShitSAY10, Antichrist Superstar ou encore The Beautiful People, qui font oublier le set un peu bâclé de l'artiste, mais voir MARILYN MANSON est déjà un événement en soi.

 

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Les Finlandais de NIGHTWISH ont la lourde tâche de clôturer sur la Mainstage ces trois jours de fête. Les classiques  I wish I had An Angel et Amaranth ont visiblement des faveurs d'un public toujours motivé. Hélas FLOOR JANSENN ne possède pas la voix envoûtante de TARJA TURUNEN et l'on peine à retrouver le souffle épique caractéristique du groupe. Pourtant le décor est somptueux et les artistes n'ont pas lésiné sur les lumières et la pyrotechnie. Le concert se termine sur les derniers riffs de Ghost Love Score et dans un déluge de feu qui illumine la nuit.

 

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La fête n'est pas encore finie sous le chapiteau du Temple, car le set de CARPENTER BRUT rassemble maintenant tout ce qu'il reste de festivaliers. L'ambiance est électrique, et certains trouvent encore la force de danser sur ses rythmes électro/synthwave.

Voilà, c'est fini. Trois jours de musique, de soleil, de rencontres, une atmosphère bonne enfant, et une organisation au top. Rendez-vous l'an prochain au même endroit avec une affiche qui promet encore une avalanche de gros son !