Le point positif, lorsque l’on est privé d’internet, télé et téléphone depuis plus d’une semaine, c’est qu’on a le temps de digérer les événements à tête reposée. Eh non, on ne parle pas ici de politique, mais bien du Kasematten Festival, qui se déroulait le 21 et 22 avril dernier à Halberstadt (Allemagne) pour sa troisième édition. Juste après la tenue du festival, je réfléchissais à un hypothétique compte rendu, et tout ce qui me venait à l’esprit, c’était ce simple commentaire : « pas envie d’en parler », tant les émotions furent contradictoires. Après quelques jours de repos, les pensées s’éclaircissent et il est temps de faire le point.
Le Kasematten Festival est unique en son genre puisqu’il se déroule au fin fond d’une grotte dans le nord de l’Allemagne, entre Hanovre et Berlin. Cette simple idée, combinée à une programmation aiguisée, a permis au festival en seulement 3 ans d’existence de devenir une vraie référence de la scène dark. De manière générale, tout ce que HT Events touche se transforme en or.
Le public vient surtout pour l’ambiance et les conditions atypiques et réserve ses tickets bien avant la révélation du programme. Évidemment, l’intérieur est spartiate : pas de chauffage ni d’installation gigantesque. Les entrées et sorties se font par de petites portes au bout de longs et épuisants escaliers. L’équipe ne peut pas se permettre de faire passer des tonnes de matériel pour le simple confort des visiteurs. À l’intérieur, il faut donc garder manteau et écharpe, et rester debout. En revanche, une petite enceinte extérieure est prévue pour les stands de nourriture et les toilettes. Des bancs sont mis à disposition pour s’en griller une ou en partager une bien fraîche avec vos camarades.
Ces conditions spartiates, les musiciens les partagent aussi. Il faut des heures pour descendre le matériel dans la grotte et installer le tout, et deux fois plus de temps pour tout remonter. Pas de toilette ni de douche en backstage, pas de possibilité de faire à manger, et pas de grandes loges pour chaque artiste. La sécurité est très stricte. Autrement dit, les artistes qui signent le contrat viennent réellement par passion, afin de partager un moment unique avec leur public.
La bonne réputation et le professionnalisme de HT Events ont engendré une réelle confiance du public et des musiciens, les premiers étant toujours plus nombreux et les seconds suppliant de figurer sur la prochaine affiche. Résultat : le Kasematten Festival, en seulement trois éditions, est victime de son succès. De très grands noms sont bookés et le festival affiche toujours complet.
Évidemment, cela suppose un revers de médaille. J’oserais à peine vous dire qu’il y fait froid, car vous vous en doutez évidemment, et c’est le risque à prendre. Cependant, l’événement se voulait familial, il est devenu trop grand. 1000 tickets et pas un de plus sont vendus en tout, car l’endroit ne permet pas d’accueillir plus de monde. Le festival est complet, et sur place, on se bouscule pour accéder aux premiers rangs. Il n’y a pas vraiment d'inclinaison du sol, et étant donné les petits 3 mètres sous plafond, la scène n’est pratiquement pas réhaussée. Autrement dit, si vous faites moins d’1m80 et que vous êtes au-delà du deuxième rang, vous ne verrez que le plafond éclairé, et très rarement les artistes sur scène. Ce qui est tout de même gênant pour un festival de musique… Les mouvements de foule sont fréquents et peu agréables. Il n’existe pourtant aucune solution à ce problème, car le moindre centimètre est utilisé et optimisé. Il faut donc « faire avec », et ne pas venir dans l’espoir de voir les artistes, mais plutôt de s’amuser.
Une autre déconvenue s’est produite ce week-end. Cette grotte fut auparavant utilisée pour des soirées techno arrosées et plusieurs accidents se sont produits. La sécurité est donc très stricte. Cette année, un service rapproché de pompiers a fait le pied de grue tout le week-end. Le responsable ce week-end-là, pour des raisons plus ou moins légitimes, a décidé, pendant la journée de vendredi, d’instaurer un couvre-feu à 2h du matin. Ainsi, l’afterparty prévue à 1h du matin n’a duré… qu’une petite heure. Quant à celle du lendemain, elle fut purement et simplement annulée. L’équipe a tout tenté… en vain. De nombreuses « petites » choses se sont ainsi déroulées ce week-end, rappelant aux occupants qu’ils étaient tributaires des lieux, certes magiques, mais aussi très contraignants.
L’expérience du Kasematten Festival est unique et vaut le détour, mais elle est parsemée de désagréments qu’il faut patiemment surmonter. Reste à savoir si des solutions peuvent être apportées pour moins subir l’environnement et mieux profiter de l’événement.