Knotfest 2019 - Hellfest @ Clisson (20 juin 2019)

Knotfest 2019 - Hellfest @ Clisson (20 juin 2019)

Pierre Sopor 2 juillet 2019 Pierre Sopor & Erick Lederlé Pierre Sopor

Stupeur et tremblements : cette année, le Hellfest avait droit à une mise en bouche bonus, une journée de festival supplémentaire en son enceinte mais qui n'était pas vraiment le Hellfest. Sur les Mainstages 1 et 2 (une scène européenne et une scène américaine) se tenait le tout premier Knotfest organisé en Europe. Avec un album prévu pour cet été, SLIPKNOT, à qui l'on doit cette initiative, était bien sûr la tête d'affiche attendue. Mais avec également ROB ZOMBIE, SABATON, AMON AMARTH, PAPA ROACH, MINISTRY, BEHEMOTH, POWERWOLF, AMARANTHE et SICK OF IT ALL, cette journée au prix symbolique de 66,6 euros dégainait les gros noms pour attirer les festivaliers. Affiche bling-bling et cadre tape à l'oeil : le before s'annonçait fort sympathique.

On a deux histoires pour vous. Une marrante et une pas marrante. Tout d'abord, on a beau le savoir et s'y attendre, il y a du monde à Clisson. Tellement qu'il faut bien compter une heure pour récupérer les bracelets presse. Malgré nos efforts, on a raté SICK OF IT ALL. On regrette amèrement de ne pas pouvoir vous en parler, d'autant plus qu'il paraît que c'était énorme. Ça, c'était la pas marrante. La marrante, c'est AMARANTHE.

AMARANTHE

Brushings impeccables qui volent au vent, sourires Colgate éblouissants sous le soleil Breton, postures étudiées : AMARANTHE est une tornade de kitch comme seuls les pays Scandinaves (et un peu les Italiens) savent en produire. Mélange fourre-tout de power metal, de death mélodique et d'electro-pop-pouêt-pouêt avec trois personnes au chant, on flirte d'entrée de jeu avec les limites du supportable. Pourtant, dans le cadre d'un festival, ça passe bien : il fait beau, la journée commence tranquillement, on est là pour se dérider et passer un bon moment. D'ailleurs, l'accueil du public est enthousiaste. Pour un peu, on se croirait au Club Med et une paire de tongs ne jurerait pas dans le décor.

La vraie force d'AMARANTHE, c'est sa bonne humeur communicative, qui permet d'ailleurs de faire passer une pilule qui serait bien indigeste sans ça. Même quand les balances de la Mainstage 1 viennent polluer le concert du groupe, Elize Ryd ne se démonte pas et réagi avec humour. Sur scène, on a beau avoir dépassé depuis longtemps des limites du bon goût et du ridicule, l'énergie et la sympathie dégagée par les musiciens fait le job.

MINISTRY

Avec MINISTRY, il faut croire qu'on aura toujours droit à la même blague dans le public : est-ce qu'Al tiendra debout tout le concert ? Après une excellente prestation l'an dernier et un retour en grâce avec Amerikkkant, le légendaire groupe de metal industriel a regagné une aura qui lui faisait défaut depuis une bonne dizaine d'années, si ce n'est plus.

Se produire en plein jour sur l'immense Mainstage n'a pas forcément joué en faveur de MINISTRY. L'ambiance cradingue de chaos et de révolte qui se dégageait lors des derniers shows a du mal à prendre ici, alors qu'un soleil de plomb annihile d'emblée toute possibilité de créer une atmosphère visuelle.

Le groupe a tout de même inondé la scène d'un épais nuage de fumée pour filtrer cette lumière éclatante avant d'entrer sur scène mais l'effet ne sera que temporaire. Si Al tient debout et fait le job, il semble fatigué. Son line-up, par contre, est impeccable. La curiosité du jour est d'ailleurs la présence de Paul d'Amour (bassiste chez TOOL au début des années 90), très en forme. La setlist, elle, prend un parti surprenant : exit les morceaux récents, MINISTRY offre un concert best-of composé de classiques. N.W.O., Just One Fix, Thieves, Stigmata, Jesus Built my Hotrod... Il y a de quoi enchanter les vieux fans des boucles répétitives et de l'empilement psychédélique de samples du groupe. Le plaisir d'entendre ces titres est réel, mais on regrette la disparition des gros poulets à l'effigie de Donald Trump qui plantaient le décor pendant le tournée qui suivait la sortie d'Amerikkkant. Le boulot est bien fait, proprement et sagement. Le danger et l'imprévu n'avaient pas leur place dans cette énorme machine mais le public est en ébullition. 

BEHEMOTH

La machine est lancée et les gros noms se succèdent désormais, une poignée de minutes séparant chaque concert. Le groupe présente en background un logo représentant la France arborée d'une croix renversée avant de se montrer.

BEHEMOTH sur scène, c'est la promesse d'un show massif à l'image des productions studios de la bande de Nergal. Le récent I Loved you at your Darkest nous avait fait forte impression et c'est sur Wolves of Siberia que les Polonais attaquent leur prestation. Théâtrale, elle souffre néanmoins, elle aussi, du contexte : en plein jour, ça ne rend pas pareil forcément. La scène est très haute et les musiciens campent sur leurs positions reculées, ce qui ne les rend pas évident à voir pour les gens aux premiers rangs. Pour le reste, il faut admettre que ça en jette : les dimensions impressionnantes du lieu et la pyrotechnie confèrent une majesté et une grandiloquence supplémentaire au show. Une fois n'est pas coutume, ce sont surtout les morceaux récents de BEHEMOTH qui font leur effet, en particulier le monumental The Satanist et le titre Blow Your Trumpet Gabriel

PAPA ROACH

Après le show crépusculaire et possédé de BEHEMOTH, l'ambiance change radicalement et devient solaire avec PAPA ROACH. On a quand même le droit d'être surpris en apprenant que le groupe non seulement existe encore mais ne semble pas avoir perdu sa popularité. Il fait beau, il fait chaud, Jacoby Shaddix se pointe sur scène avec une improbable chemise léopard et un bronzage chatoyant. De loin, il a l'air d'avoir 20 ans, il cavale et bondit en tout cas comme un jeune homme. En démarrant sur The Last Resort, PAPA ROACH entretient d'ailleurs l'illusion d'être revenu deux décennies en arrière. L'énergie du groupe fait plaisir à voir et les classiques s'enchaînent. Les titres plus récents cassent un peu la dynamique et le show tire en longueur malgré une chouette reprise de Firestarter de THE PRODIGY que Jacoby dédie à son ami Keith Flint et l'intégration des tubes Scars, Getting Away With Murder, et To Be Loved... en fin set, débouchant sur le premier circle-pit géant de la journée.

POWERWOLF

On va être honnête d'emblée : POWERWOLF, chez Verda, ce n'est pas forcément le dada de toute notre team. Pourtant, le groupe est attendu par de nombreux fans à en juger par les tee-shirts présents, et il faut admettre qu'en live, la "messe heavy-metal" des Allemands est plutôt sympathique. Les musiciens sont grimés et ont tous l'air très sévère, le chanteur Attila Dorn prend le temps de s'adresser régulièrement à son audience en français, son accent teuton ajoutant à la théâtralité de ses paroles prophétiques. C'est rigolo, riche en effets pyrotechniques, gentiment kitch, mais les guitares stridentes, les chœurs en latin et les refrains conquérants finissent par trop tirer en longueur pour rester digestes.

ROB ZOMBIE

ROB ZOMBIE, lui, se fiche pas mal de jouer alors que le soleil inonde encore de lumière le festival : les écrans installés sur scène garantissent l'ambiance visuelle du show. Monsieur Zombie est une star, il en est bien conscient et on sent bien que sa carrière de musicien n'a plus la même importance pour lui depuis quinze ans. Il semble pourtant bien luné ce soir là, trimballant sa moue boudeuse et ses petites danses à gauche et à droite de la scène, ayant presque l'air de s'amuser. Son air un peu je-m'en-foutiste renfrogné donne l'impression que tonton Robert se fiche un peu d'être là, mais ne soyons pas dupes : si c'était vraiment le cas, il aurait laissé le public chanter à sa place. Là, il est bien présent.

Surtout, son line-up fait plaisir à voir : John 5, Piggy D et Ginger Fish se sont bien trouvés et s'épanouissent comme jamais. Ils s'éclatent sur scène et font le show avec leurs nombreux costumes, maquillages et mêmes leurs instruments alors que John 5 troque sa guitare à l'effigie des monstres Universal des années 30 et 40 pour une remplie d'un liquide lumineux même en plein jour, pour remplacer la guitare à leds qu'il avait utilisé la veille au Bataclan. L'effet est réussi. Le guitariste a d'ailleurs eu le loisir d'occuper en solo près de 10 minutes du show tandis que Rob s'aventure à serrer des pinces dans le public. Le concert s'achève sur Dragula, évidemment, on aura eu droit à un mélange de classiques et de morceaux récents, avec notamment House of 1000 Corpses, la reprise de Helter Skelter des BEATLES ou encore Blitzkrieg Bop des RAMONES intercalée au milieu de Thunder Kiss 65. Chez ROB ZOMBIE, on a le sens du show à l'américaine, mais surtout, on sait encore s'amuser.

L'heure tourne, la nuit tombe, et il faut malheureusement faire des choix. Comme celui de se nourrir pour tenir debout, et donc de ne voir AMON AMARTH que de loin, à regrets. Le show semble généreux, les berserkers sont présents aussi bien dans les chansons que sur scène mais il faut aussi profiter des lieux.

Si la Warzone n'est pas encore accessible, le Hellfest est déjà bien en place avec une exclusivité au Knotfest : un petit chapiteau abritant une exposition dédiée à SLIPKNOT. Anciens masques et décors de scène y trônent sous la lumière. On vous en propose quelques photos puisque les photographes autorisés à shooter la bande masquée était triés sur le volet. Volet sur lequel notre petit media n'a pas pu mettre les pieds. Du coup on vous partage une photo de l'ami (et ancien collaborateur de VRDA) Nicko Guihal, photographe officiel du festival, dont on vous invite à suivre le travail (si ce n'est déjà fait).

Le concert, lui, était dantesque. Le show est énorme et en attaquant sur People=Shit, SLIPKNOT (qui avait ses fans grimés dans la foule) s'est mis le public en poche en quelques secondes. On peut néanmoins noter que Corey Taylor semblait moins déchaîné que par le passé, ses mouvements peut-être entravés par son imposant nouveau manteau. Mentionnons également le succès des nouveaux morceaux : Unsainted chanté à l'unisson par le public avant même la sortie de l'album était un beau moment. Il faudra à tout prix les recroiser en salle, et l'attente jusqu'à la sortie du prochain album a beau se raccourcir, le temps va sembler bien long ! 

Ce Knotfest s'achevait par un concert de SABATON. Nous, on n'est pas très SABATON non-plus : le power metal et les trucs de militaires à 1h du mat', ça nous bottait pas des masses. Surtout, trois jours de festival sous le cagnard se profilaient à l'horizon alors on a lâchement abandonné les lieux pour faire un tour de grande roue, y croiser un couple tout mignon et enfin essayer de dormir un peu pour tenir debout jusqu'à la fin d'un week-end infernal. Sur le moment, on pensait avoir fait un choix malin. L'avenir nous réservait un twist qui allait nous prouver qu'on avait tort, mais ça, on ne le saurait que le lendemain et c'est une histoire que l'on vous racontera très prochainement !