Circulez, y'a rien à voir ! Le M'era Luna vient de vivre l'une de ses éditions parfaites qui n'arrivent qu'en rêve : aucun incident majeur, du beau temps tout le week-end, un festival plein à craquer et en prime pour nous, les frenchies de SHAÂRGHOT qui viennent foutre un bon bordel. Il y a bien eu cette petite épine dans le pied avec FIELDS OF THE NEPHILIM annulé, et surtout remplacé par LACRIMOSA, mais les fans de Fields furent à peine surpris de cette énième annulation, et les fans de LACRIMOSA ravis de cette reprogrammation.
L'édition 2016 du M'era Luna n'a pas subi de transformation profonde, mais s'est amélioré par de petits détails qui pourtant font toute la différence. Ce genre de festival "fourre-tout" effraie toujours un peu, car il y a tant de groupes à jouer, et si peu de temps imparti. Les premiers jouent vingt minutes en enchaînant le plus rapidement possible entre les chansons, et parfois même certaines têtes d'affiche n'atteignent pas l'heure de set. C'est très frustrant pour le public de venir pour un groupe qui ne va jouer qu'une demi-heure. Comptez dans cette demi-heure le temps pour par exemple rentrer dans le hangar, qui une fois sur deux est plein à craquer et subit le fameux "stop-entrée".
Une fois à l'intérieur, il faut se faufiler pour trouver une place où apercevoir quelque chose. Mais voilà, les groupes s'enchaînent au M'era Luna, et il y a cet autre groupe que vous voudriez pas voir aussi et qui commence dans cinq minutes sur la grande scène. Et voilà, vous avez pratiquement raté un concert entier. Il y a souvent cette impression de ne pas avoir vu les groupes tant ils jouent peu longtemps et s'enchaînent terriblement vite. Cette année, le festival a espacé les roulements entre les groupes. Presque tous les sets furent accessibles en entier, pour peu que l'on se déplace à chaque fois. Pour les refoulés d'un peu partout, le M'era Luna s'est aussi équipé techniquement : depuis deux ans, un écran géant est placé devant le Hangar pour les déçus qui ne peuvent entrer. Cette année, pour ceux qui ont aussi la flemme de se rapprocher ou d'apporter une longue vue, un écran géant a été installé aussi pour la grande scène dehors. Un confort qui semble évident mais qui n'avait jusque là pas été réalisé. Mais cela veut aussi dire que la scène change de visage. Plus étroite, elle laisse une grande partie de devant accessible pour un traveling. Une équipe vidéo est là en permanence. Un gros plus pour le festival et pour la chaîne NDR qui diffuse en direct le festival. Un peu plus agaçant cependant pour les spectateurs devant qui doivent se coltiner le cameraman non-stop en plein devant les artistes sur scène.
La programmation est fidèle à elle-même : éclectique. Metal, folk, electro, tous les genres se succèdent et se confondent. Il faut tout de même constater que tous les groupes cette année se valaient. Les deux openers du week-end ont fait fureur chacun à leur manière, et la programmation du matin recélait autant de perles que les headliners du soir. SHAÂRGHOT, ESSENCE OF MIND, ME THE TIGER furent de somptueuses surprises. J'oserai à peine citer LE groupe pour lequel je suis expressément venue, AGENT SIDE GRINDER, qui pour une fois ont eu une scène à la dimension de leur matos, mais avec laquelle on a perdu un peu du charme intimiste et torturé du groupe en live. J'y reviendrai dans la review du groupe. Certains groupes ont littéralement mis le feu, comme HÄMATOM, HOCICO, IN EXTREMO, S.P.O.C.K, SUICIDE COMMANDO (qui a été reprogrammé suite à son annulation l'an dernier, autant dire qu'il était attendu au tournant) et évidemment IAMX, de retour après tant d'ennuis de santé.
Une ambiance bon enfant, une météo favorable, aucun problème technique, et une programmation à faire pâlir certains festivals. Le M'era Luna n'a rien à envier aux autres. Prochaine édition le 12 et 13 août 2017, avec entres autres ASP, SUBWAY TO SALLY, SCHANDMAUL, MONO INC., FADERHEAD, FEUERSCHWANZ, DARKHAUS,VERSENGOLD et UNZUCHT.