TELEMARK | Parkbühne
Nous connaissons Elliott Berlin tout fou derrière son clavier avec Aeshtetic Perfection ; un peu moins Elliott Berlin chanteur au sein du groupe TELEMARK. Pourtant, le jeu en vaut la chandelle. Les influences musicales du groupe sonne plus pop rock que dark-electro, mais l'enthousiasme et le professionnalisme y sont. Elliott Berlin, lui, reste tout fou, derrière son micro, ce qui explique peut-être son chant quelque peu vacillant, à bout de souffle à force de sauter sur la scène. Ses comparses n'ont rien à lui envier, puisqu'ils s'exécutent brillamment dans une vraie performance live et pas d'ordinateur à disposition. Mais si tout sonne de concert, les mélodies ne sont pour autant pas plus originales que certaines déjà entendues. TELEMARK est un groupe agréable à voir et à entendre, mais il lui manque sa propre personnalité pour réellement percer.
HERREN | Amphibühne
Le groupe allemandHERREn emprunte le chemin déjà tracé de cet industriel qui n'arrive à se démarquer ni du metal, ni de l'electro, à l'instar de DIE KRUPPS. Ses tentatives sont parfois courronnées de succès, comme l'excellent "Engel Weinen" en duo avec Kim Voigt. La performance live est elle aussi une réussite, malgré le peu de monde à cette heure de la journée. Le décor est planté, l'univers installé, et HERREN se donne à fond. Un groupe à suivre.
SÜNDENKLANG | Parkbühne
Leur tête vous disent quelque chose ? C'est normal ! SÜNDENKLANG ne sont autres que les membres de STAHLMANN, dans leur version aseptisée. Le side project du groupe marque moins par sa noirceur que par sa bonhomie, les membres du groupe étant toujours aussi complices et farceurs. Le son n'est cependant pas très original, rock et puis point. Mais qu'essayent-donc de nous dire SÜNDENKLANG à travers ce side-project ?
CRYO | Amphibühne
Voilà nos amis suédois. Il faut que je vous confie un secret : tout ce qui sort du label suédois Progress Pro m'est sacré. AGENT SIDE GRINDER, CRYO, KITE, HENRIC DE LA COUR, TITANS, COVENANT, et tant d'autres. C'est LE label en puissance hors influence germanique, voilà la musique d'aujourd'hui et de demain, l'alternative qu'on attend tous en se plaignant que, décidément, on ne fait plus rien de bon et que "c'était mieux avant". En fait, CRYO n'est pas si différent des projets EBM qui existent depuis 20 ans. Il apporte néanmoins une touche fraîche, lunaire à cette rythmique si lourde. CRYO balance une techno froide, souvent instrumentale, sinon robotique et très épurée qui n'est pas sans rappeler KRAFTWERK, mais avec une touche d'émotion bien présente. A vrai dire, la performance live est plus intéressante et hypnotique que la musique en elle-même. CRYO s'entend mais surtout CRYO se voit, sans fin.
NO SLEEP BY THE MACHINE | Parkbühne
Journée suédoise, disais-je. NO SLEEP BY THE MACHINE fait son entrée sur la Parkbühne. Bon, l'EBM, ça ne s'écoute pas à midi, en plein air, avec les oiseaux qui chantent. Dur dur de donner le ton à cette journée, mais NO SLEEP BY THE MACHINE fait une belle tentative. La qualité de la musique entraîne le public dans une transe bien méritée. Le groupe attise intrigue et curiosité et malgré la lumière du jour, parvient à hypnotiser.
DEVIANT UK | Amphibühne
On ne peut pas toujours être gentil. Peut-être DEIVANT UK flirte-t-il avec la provocation, l'auto-dérision et l'ironie, mais si tel est le cas, le message passe mal. Le groupe est une caricature de l'electro-indus des années 2000 qui s'est vite essoufflée : les sons sont éculés, les mélodies clichées, la voix mal travaillée. Le visuel est évidemment provocant et poussé au paroxysme de cette scène, mais on ne sait malheureusement pas si l'on doit rire d'eux ou avec eux. Ils ne font que trop nous rappeler les projets tels que STRAFTANZ, XP8 et autres MISS CONSTRUCTION, qui ont surfé sur l'electro-indus comme sur la première vague avant de se manger un bon rouleau. Ce sont des groupes qui étaient tous originaux, provocateurs, rafraîchissants, innovants en leur temps, mais qui avait une date de péremption malheureusement très brève (les derniers shows de STRAFTANZ ressemblaient plutôt à une fête entre copains qu'à des musiciens qui jouent sur scène). Seuls quelques groupes de cette mouvance s'en sont miraculeusement sortis (AGONOIZE, GRENDEL) pour faire des propositions plus variées et travaillées. Je doute que DEVIANT UK ait le même succès malgré sa persévérance depuis déjà une dizaine d'années.
STEIN | Kulturbühne
STEIN est un projet folk comme il peut en exister tant et tant. Mais ce premier groupe à jouer ce jour sur la Kulturbühne amène sa propre originalité. STEIN ne se pare pas d'une noirceur apocalyptique surjouée. STEIN ne se force pas à appartenir à une scène, à déclamer des textes de manière artificielle. Non. La démarche est authentique et le set est agréable à entendre et regarder. Certes la performance n'est pas d'une grande esthétique, mais la sincérité et le charisme du groupe se suffit à lui-même. finalement, le sticker collé sur la guitare de l'un des membres résume bien le concert : "C'est à la radio qu'on passe de la musique. Ici, on joue du neofolk".
MUNDTOT | Parkbühne
Ils étaient déjà présents au NCN 2014. Pourquoi font-ils partie de l'affiche cette année ? Car MUNDTOT a été choisi par les festivaliers. Ils sont les gagnants des "Newcomers" de cette édition et se voient donc offrir un set plus long que l'an dernier. Le public est roi, mais je reste sceptique quant à son choix. MUNDTOT est un groupe de rock alternatif comme il s'en fait beaucoup, après avoir longuement flirté avec l'electro. L'originalité du groupe réside dans la diction des textes par le chanteur, qui rappelle parfois le hip-hop plus que le metal. La musique reste simpliste, facile, prémâchée. Et pourtant appréciée.
RAISON D'ÊTRE | Kulturbühne
Détrompez-vous, ce n'est pas parce qu'il n'y a que trois photos et un mec derrière son synthé que RAISON D'ÊTRE ne vaut pas la peine d'être écouté. Bien sûr, on ne vient pas pour admirer la mise en scène et le charisme du personnage, mais Peter Andersson est un compositeur de grand talent qui a su convaincre depuis vingt ans au sein de ses nombreux groupes et à travers la musique de film. Malgré la pluie persistante, des fans de la première heure se sont massés pour voir cette pointure du dark ambient de près.
SHE PAST AWAY | Amphibühne
Cela fait déjà quelques fois que nous croisons SHE PAST AWAY. Et chaque fois, c'est le même étonnement de voir cette wave emprunte de post-punk si brillamment contée en turc. La musique de SHE PAST AWAY, bien qu'en manque de modernité, est toujours un régal pour les oreilles. Mais difficile pour le timide duo d'installer leur atmosphère sur cette grande scène en plein milieu de journée. Le live est toujours à moitié décevant car peu communicatif et pas assez original, malgré le charisme ténébreux des membres du groupe. J'attends de ce groupe qu'il se départe à l'avenir plus franchement de ses pairs comme CLAN OF XYMOX et qu'il trouve, autre que par sa langue, sa propre vitalité.
THE BEAUTY OF GEMINA | Parkbühne
Le succès unanime de THE BEAUTY OF GEMINA provient sans nul doute de leur éclectisme. Les guitares cold wave et post-punk se mêlent aux riffs de metal, mais le rock et parfois même la pop du groupe leur offre une plus large attractivité. Il y a chez eux toujours un morceau susceptible de vous plaire, que vous aimiez l'un ou l'autre genre. Les parties instrumentales sont toujours parfaitement orchestrées et la voix envoûtante de Michael Sele fait le reste du travail. Le public est largement conquis, malgré la petite scène qui leur est cette fois réservée.
ASH CODE | Weidenbogenbühne
Les petits Italiens de ASH CODE font leur chemin dans la scène et sont à présent invités partout en Europe. C'est sur la toute petite scène du NCN qu'ils ont déroulé leur set devant un public plus que dense. Ici, leur habituelle timidité leur sied parfaitement. Ils sont dans leur monde et c'est à nous d'entrouvrir la porte. La modernité qu'ils apportent à l'electro les rend en 2015 incontournables. Nul doute qu'ils seront dans quelques années les têtes d'affiche de nombreux festivals.
WHISPERS IN THE SHADOW | Amphibühne
Et les grands perdants de cette édition du NCN sont.... WHISPERS IN THE SHADOW. 'Pourquoi ?' me direz-vous. Eh bien car à la seconde de leur entrée en scène, l'averse de l'année s'est abattue sur le Kultur Park de Deutzen. Impossible d'échapper à une seule goutte. Le public, rapidement trempé de la tête aux pieds, a pris les jambes à son cou et s'est enfui loin de l'amphithéâtre dénudé où jouait WHISPERS IN THE SHADOW. Seul quelques irréductibles ont sorti leur parapluie, et les festivaliers hardcores ont tenu debout, sous la pluie, sans même une capuche. Même pas peur. Quant à votre servante, elle a fait partie des deux seuls photographes à braver la pluie pour vous ramener des photos uniques. Paradoxalement, le concert fut plus pêchu que d'habitude. Malgré un public clairsemé (qui est revenu petit à petit suite à l'averse), le groupe était plus déchaîné que jamais et a offert le meilleur set qu'il m'ait été donné de voir. Comme quoi...
CONJURE ONE | Parkbühne
Si vous souhaitez de l'originalité, du jamais vu, c'est vers CONJURE ONE qu'il faut se tourner. Depuis longtemps, l'équipe du NCN souhaitait faire revenir ces américains et c'est avec ferveur que notre hôte Manja a annoncé CONJURE ONE. Pourtant, le concert aurait pu être annulé, car à quelques minutes de l'entrée en scène, Rhys Fulber a perdu son ordinateur sur lequel toutes les mélodies étaient enregistrées... ah, la technologie. Le précieux enfin retrouvé, CONJURE ONE a pu délivrer un set qui leur est propre, unique, à des années lumière de notre planète. Le voyage électronique proposé par le groupe ne laisse personne indifférent. Rien ne ressemble à CONJURE ONE et son univers onirique. Personnellement, j'accroche moins en live que sur CD, un casque sur les oreilles. Mais le pari est largement remporté.
SIXTH JUNE | Weidenbogenbühne
En voilà deux que j'attendais depuis longtemps. J'ai toujours raté les concerts de SIXTH JUNE. Manque de chance. Ou encore cette fois au SUMMER DARKNESS 2013 où la salle était tellement pleine que je n'ai pas pu entrer. En quelques années, le groupe serbe (réfugié à Berlin, comme tous les groupes de cette scène qui souhaitent se rapprocher de leur public et des labels) s'est imposé comme leader de la scène synthpop/coldwave underground. Au programme, danse et mélancolie. Le concert est hypnotique, impossible de s'échapper. SIXTH JUNE vous attrape et ne vous relâche que lorsque bon leur semble. Une très belle surprise.
KITE | Kulturbühne
Faut-il vraiment commenter ? Vous allez m'accuser de prosélytisme. Soit. Ce jour-là, AGONOIZE, acte connu et apprécié, débute son set à la même heure qu'un petit groupe qui n'a encore jamais joué en Allemagne. Ils s'appellent KITE. Ils sont deux garçons, aux visages androgynes et à l'apparence farfelue. Ils nous viennent de Suède évidemment. Et ils s'apprêtent à retourner le NCN. Littéralement. Annoncés à la même heure qu'AGONOIZE, le groupe se fait attendre dans le silence et la pénombre tandis qu'on entend distinctement l'autre concert débuter à côté. Pourtant, la Kulturebühne accueille un public dense, qui attend KITE de pied ferme. Il faut dire que les rumeurs vont bon train et que beaucoup ont entendu dire que c'était LE groupe à ne pas rater. Bingo ! La nuit tombe, la pluie cesse et KITE entre en scène. La disposition-même de leurs instruments fait de ce groupe un acte unique à voir sur scène. Des synthés disposés un peu partout autour d'eux et leurs bras qui jonglent de l'un à l'autre, d'un côté et de l'autre. Le show commence et la voix si particulière de Niklas Stenemo transperce le coeur du public. On est sur le cul. La musique est d'une clarté parfaite, le chant d'une justesse à serrer la gorge et le visuel n'est pas en reste. On en prend plein les mirettes, entre les spots, les lasers et la vidéo. Rien n'est laissé au hasard et l'on sent la maturité et l'expérience du groupe, malgré le frisson de jouer devant un public vierge et encore non acquis. Mais les Suédois restent fidèles à leurs habitudes, et le concert flirte seulement avec les 45 minutes. On reste sur sa fin. On en veut encore et toujours.
AGONOIZE | Amphibühne
Mais voilà, la concurrence est sévère pour KITE. Sur la grande scène, c'est AGONOIZE qui déboule. La dernière fois qu'ils étaient venus, ils avaient joué sur la Parkbühne, bien trop petite pour les fans qui s'étaient massés un peu partout et devaient même grimper sur les murs pour apercevoir la scène. Cette fois, le NCN leur fait honneur et leur offre la grande scène et l'opportunité d'ensanglanter l'amphithéâtre. Une offre qui ne se refuse pas, et le concert fut bien évidemment sanguinolent. Pourtant, rien de nouveau à l'horizon. Avec la pluie et le vent, on n'aperçut Oli que quelques secondes pendant tout le concert, et les lights et fumigènes n'ont pas franchement aidé. Ce fut un festival de pluie mêlée de sang à la fraise, de brouillard et de bruit. Car la sono eut elle aussi quelques problèmes et le micro fut coupé à plusieurs reprises, laissant l'instrumentale défiler et le groupe impuissant. Mais soyons honnêtes, qui vient écouter de la musique en allant voir AGONOIZE ?
IN STRICT CONFIDENCE | Parkbühne
La journée se fait longue, pluvieuse, poisseuse. Les jambes fatiguent. Et IN STRICT CONFIDENCE s'avère être une demi-sieste pour les photographes. C'est un show vintage que propose le groupe. Musicalement, tant mieux. La musique de IN STRICT CONFIDENCE a tellement évolué qu'il est bon parfois de se replonger dans le ISC des premières années. Visuellement, c'est autre chose. Le noir complet. Et les fumigènes. L'atmosphère est bien installée, mais on ne voit guère le spectacle. Peut-être parce qu'il n'y en a pas finalement. Dommage, la qualité musicale du set aurait mérité une meilleure exploitation scénique comme IN STRICT CONFIDENCE sait le faire.
TWICE A MAN | Weidenbogenbühne
Alors là, pour une surprise, c'est une surprise. Qui attendait TWICE A MAN au tournant ? Non, franchement ? Personne, nous sommes d'accord. Et le public fut effectivement clairsemé, attendant plus volontiers OOMPH! sur la grande scène. Cependant, ceux qui sont restés à la toute petite scène ont tous grandement apprécié l'electro, vintage mais moderne, de TWICE A MAN. Est-ce une surprise si j'annonce que le groupe est suédois ? Cela devient récurrent, mais les Suédois savent y faire, nous n'y pouvons rien. Le groupe traîne derrière lui 30 années de carrière et quelques compositions de films et de théâtre. Une pointure en somme. Nous fûmes tous soufflés par la performance de ces quinquas plus vigoureux que jamais. Le groupe vient même de sortir un nouvel album. A bon entendeur...
OOMPH! | Amphibühne
Ils sont partout cette année et ils ne pouvaient pas rater un passage au NCN, c'est OOMPH! qui tient ce soir la tête d'affiche de la grande scène. Le set est à présent bien rodé, et le groupe offre une prestation des plus dynamiques, comme à son habitude. On ne sent, date après date, aucune fatigue ni aucune lassitude dans leur jeu. La scène est leur cour de récréation et ils ne s'en lassent jamais. Le public est au rendez-vous. Mais pour l'émotion, on repassera. Je me suis habituée au NCN à voir des têtes d'affiche qui foutent les larmes aux yeux, comme APOPTYGMA BERZERK l'an passé ou PROJECT PITCHFORK pour le dernier jour de cette édition 2015. OOMPH! donne plus une ambiance bon-enfant et réchauffe les corps froids de cette soirée automnale.
HENRIC DE LA COUR | Kulturbühne
Aïe aïe aïe... Il faut aussi commenter la vraie tête d'affiche de la soirée ? Bientôt, la Kulturbühne se remplit et les fans du chanteur affluent aux premiers rangs. Il était jusqu'à présent rare de voir HENRIC DE LA COUR en Allemagne, mais cette année lui réussit et il fait la tournée des festivals. Contrairement à l'Amphi un mois plus tôt, le groupe est épargné ce soir-là par la pluie, et surtout, il joue à minuit et s'offre la noirceur la plus pure de la nuit. Un vrai chef d'oeuvre esthétique. Dès les premières notes, le public réagit énergiquement et les poils se hérissent. HENRIC DE LA COUR est fidèle à lui-même : à fleur de peau, intense, amoché, grandi. Cet homme incarne le héros romantique à la perfection : "ses ailes de géant l'empêchent de marcher". On chante, on crie, on danse, on pleure avec lui. Et tout redescend si vite lorsque la tornade est passée. Après 40 minutes de concert, le groupe s'éclipse pour revenir lors du plus court rappel du monde : une chanson seulement, "Lovers". Il est une heure du matin, il fait froid, nous sommes fatigués. Mais le public va pourtant applaudir et rappeler HENRIC DE LA COUR pendant plus de 15 minutes. Je n'avais personnellement jamais assisté à une vague de rappel aussi longue, aussi nourrie, aussi sincère. Mais rien à faire, le groupe ne reviendra pas. Pour moi, ce sera le dernier concert de cette édition 2015 du NOCTURNAL CULTURE NIGHT, et un des plus beaux souvenirs de concert.