Wave Gotik Treffen 2015 - Jour 2 @ Leipzig (23 mai 2015)

Wave Gotik Treffen 2015 - Jour 2 @ Leipzig (23 mai 2015)

Cécile Hautefeuille 23 mai 2015

Je vous ai déjà raconté le jour où j’ai shooté plein de groupes dans le noir ? C’était par un joli samedi de mai. Plutôt ensoleillé, du côté de Leipzig. La journée avait bien commencé. Je me dirige vers la salle Stadtbad, dont on ne m’a dit que du bien. A l’entrée, des agents de sécurité très sympathiques. Et quelques stands de nourriture et boissons en tout genre. Je suis tombée amoureuse de l’un d’entre eux, qui ne servait que de la nourriture vegan. Parfois, vegan rime avec dégueulasse. C’est soit trop sec, soit trop gras, bref certaines personnes se sentent obligées de rajouter des trucs à outrance pour palier le manque de viande. Alors qu’il suffit de savoir bien cuisiner les légumes. C’est le cas du stand de la Stadtbad, qui proposait riz, courgettes, champignons cuisinés aux petits oignons. Je ne m’en suis toujours pas remise.

L’intérieur de la salle est très agréable. On s’aperçoit très vite que le bâtiment a eu plusieurs vies, et peut-être était-ce une très bonne piscine avant de devenir une salle de spectacle. Tout est propre, neuf, les toilettes en parfait état. Le décor est élégant. Le spectacle peut commencer. Oui mais voilà, la salle n’est pas du tout faite pour accueillir des concerts. La profondeur de la scène fait à peine 2 mètres, les musiciens s’entassent donc les uns sur les autres. L’espace manque. On accroche vaguement un écran en hauteur, qui finit de cacher les musiciens en arrière. Et on ajoute une seule rangée de lumière continue, jaunasse, qui peine à tenir la journée. En dessert, c’est l’indétrônable fumigène qui vient saupoudrer toute la salle de brouillard épais façon pré-loi Evin. Secouez tout ça, et ma foi vous obtenez le cocktail parfait. J’ai bien cru qu’ils viendraient à bout de leur stock de fumigènes. Mais non, cette saloperie s’est répandu EN CONTINU jusqu’au bout de la nuit

The Present Moment

C’est dans cette atmosphère sinistre que s’avance THE PRESENT MOMENT. Les pauvres ont fait le trajet depuis la Californie et ils n’ont même pas dû apercevoir le public dans cette pénombre. Heureusement, c’est pour la musique que le public se déplace. Et c’est une agréable surprise qui débute cette journée de concerts. La musique de THE PRESENT MOMENT est-elle originale ? Pour nous Européens qui baignons dans la culture dark depuis JOY DIVISION, POESIE NOIRE, CABARET VOLTAIRE et autres XYMOX, non. Nous sommes habitués à ces sonorités d’outre-tombe, à cette reverb lancinante et à ces rythmiques dansantes. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, c’est une autre histoire. On ne peut que se féliciter que cette wave se propage jusque sous le soleil de Californie, noir pour l’occasion. Qui plus est, THE PRESENT MOMENT mélange avec succès les rythmiques electro-indus modernes et les mélodies cold-wave froides et nostalgiques, ou encore les guitares post-punk oppressantes. Le tout est servi un peu timidement, mais l’univers est bien plus solide que certains groupes qui font le show mais chantent faux.

Crash Course In Science

Et revoilà nos amis belges de CRASH COURSE IN SCIENCE. Cela faisait longtemps... ben oui, tout pile une semaine. Et ce fut encore une intrusion dans une nouvelle dimension. Enfin, pour ce que nous avons vu. Pour ce show, seul les lumières des stroboscopes éclairaient l’arrière de la scène, baignée de fumée. Ce n’est néanmoins pas ce qui arrête le public du WGT. A seulement 19h, la Stadtbad grouille déjà de monde qui se trémousse incessamment au rythme de l’electro belge.

Minuit Machine

Voilà un groupe que j’attendais avec impatience. Je ne suis militante ni féministe, ni chauvine, mais voilà, MINUIT MACHINE, c’est enfin un groupe de filles dans ce monde de brutes. Et qui plus est, c’est un groupe français ! Mais ce n’est pas ce qui importe le plus. Le plus notable, c’est que c’est un bon groupe et qu’on ne l’entend pas assez. Emmené par Hélène de Thoury et Amandine Stioui, MINUIT MACHINE est un petit bijou synthwave posé dans un écrin de soie. Cela ne fait que deux ans que le duo s’est constitué, mais les jeunes musiciennes ont mis tout le professionnalisme de leur passé musical dans leurs groupes respectifs pour produire un premier album, ‘Live & Destroy’, des plus subtiles et épurés. Aux côtés de ASH CODE, MINUIT MACHINE s’était arrêté cette année à Paris, mais c’est à Leipzig que nous les découvrons pour la première fois sur scène. Enfin, on essaye. Toujours pareil. Mais derrière la fumée, on peut tout de même apercevoir le duo, certes un peu timide et impressionné, mais bel et bien prêt à en découdre. Le son du micro était malheureusement un peu sourd et ne rendait pas suffisamment hommage à la voix d’Amandine, mais ce fut néanmoins une performance couronnée de succès. Public largement conquis.

Automelodi

Mais qu’est-ce que c’est que ça ? C’est AUTOMELODI, me rétorqueront certains d’entre vous. Et vous avez raison de me tirer les oreilles, c’est un tort de ne pas avoir connu ce groupe avant ce samedi 23 mai. Cependant, d’après ce que j’avais entendu, c’était inratable. Et je ne l’ai donc pas raté. A l’origine, le groupe est un projet de Xavier Paradis, un jeune canadien qui se fait appeler Arnaud Lazlaud, alias dont il use également dans ses autres projets (Liz & László). Bon, on s’accord tout de suite : ce type est barré. Intelligemment barré, mais barré quand même. Son univers outrepasse les lois de la physique, je ne sais même pas s’il faut tenter de comprendre. Des textes d’INDOCHINE qui rencontreraient la musique de NEW ORDER sur une garde-robe de Jean-Paul Gaultier. On plane. On a parfois envie de croire que c’est une blague, mais on se prend si bien au jeu ; AUTOMELODI nous attrape sans jamais nous relâcher. Sur cette tournée, Xavier Paradis n’est accompagné que de Hayden Payne, limitant un peu le jeu de scène puisque les deux se répartissent tous les instruments. Concentration extrême. Car oui, sur ce set-ci, les fumigènes se sont arrêtés assez longtemps pour apercevoir quelque chose sur scène. Mais ce fut furtif. Une très bonne impression de ce concert, et une déception de les avoir ratés deux jours auparavant à Paris avec KELUAR. Mais que voulez-vous, on ne peut pas être partout.

Agent Side Grinder

Bon, on ne va pas se mentir. AGENT SIDE GRINDER est LE groupe que j’attendais le plus de tout le WGT. C’est vrai que ce samedi, il y avait de quoi se ronger les ongles. Beaucoup de groupes extra qui jouent en même temps, FRANCK THE BAPTIST qui passe peu en Europe, SOL INVICTUS que je n’ai jamais vu, FRONT 242 que je pensais avoir vu la semaine passée à l’Eurorock mais la Providence en décida autrement. Oui mais voilà, vous le savez déjà, AGENT SIDE GRINDER, c’est le groupe de la décennie. Cela ne se rate sous aucun prétexte. Les médias l’ont bien compris, puisque nous sommes passés de 4 ou 5 tout au long de la journée à une bonne vingtaine à s’entasser dans le photopit pour le concert de la soirée. Auparavant, j’étais passée voir le groupe qui vendait son propre merchandising dans le hall, et je leur avais confié mon inquiétude quant aux lumières disponibles dans la salle. Les garçons partageaient mon angoisse et m’ont promis de faire le maximum pour allumer les lumières durant leur set. Chose promise, chose due. On se contente de peu, dans ce milieu. Lorsque j’ai confié à mes collègues qui venaient d’arriver que la lumière était bien meilleure que pendant tout le reste de la journée, ils ont écarquillé les yeux et finalement statué : « bon, ben on ne reviendra pas demain alors ». Revenons à ce qui nous intéresse. Et que dire ? Le pied, la perfection. Je ne sais même pas ce qu’il s’est passé ce soir là. Ce furent deux heures dans un état de transe, les poils hérissés, le tee-shirt détrempé, l’esprit sur une autre planète. Rien ne les arrête, ces suédois. 

J'ai donc passé toute cette deuxième journée à la salle Stadtbad, où je savais que mes oreilles seraient contentées. Ce fut le cas : journée 100% electro, entre synthpop et cold wave, musicalement la meilleure journée du festival. Mais ce fut la pire journée pour mes yeux et ceux des spectateurs. J'aurais pu continuer sur cette lancée et revenir le lendemain pour une journée 100% EBM, mais une fois de plus, vous n'auriez rien vu. C'est pourquoi j'ai choisi de migrer vers le Volkspalast pour la journée de dimanche, qui ne fut pas sans surprise !