2016 marquait un anniversaire particulier pour le Wave Gotik Treffen de Leipzig. Le plus vieux festival gothique du monde fêtait ses 25 ans en grande pompe. 243 groupes se sont finalement produits cette année, dans plus d’une trentaine de salles de concerts, parcs et autres églises.
Comme à l’accoutumé, le WGT se détache dans le paysage des festivals du genre. On ne vient pas pour voir des groupes en priorité, mais pour se rencontrer, partager, pique-niquer, visiter. Rendre la communauté visible. Ne pas parquer les festivaliers dans un espace clôt où personne à Leipzig ne les verrait, mais multiplier les lieux de fêtes et de culture. Le festival fait partir intégrante de la ville de Leipzig.
Dès l’arrivée, des affiches géantes nous souhaitent la bienvenue au 25ème WGT. La traditionnelle « schwarze Linie » (ligne noire) du tramway, qui fait la navette entre de nombreuses salles du festival, est toujours présente. Et sur l’autoroute qui traverse la ville, la sortie qui mène à la salle Agra – la plus grande du festival -, est indiqué, toute l’année, par le panneau « WGT ». Voilà comment, avec peu de choses, on se sent à la maison lorsqu’on arrive à Leipzig.
La nouveauté cette année, en plus des programmes rock, classiques et culturels, fut la soirée d’ouverture du festival, le jeudi 12 au soir, au parc d’attraction de la ville, le Belantis. Ce parc, excentré du reste, propose en journée des attractions pirate, destinées plus volontiers aux enfants. Cette année, l’organisation du WGT est parvenu à privatiser le parc de 18h (fermeture officielle du parc) jusqu’au bout de la nuit. Tout festivalier muni d’un bracelet y était convié gratuitement, et une navette partant au choix de la gare ou de l’Agra (lieu du camping) proposait de vous y emmener. Mais comme toute nouveauté au WGT, elle fut victime de son succès : la navette n’était pas bien grande pour les centaines de personnes qui faisaient la queue pour y entrer. Les plus chanceux n’ont attendu que 30 minutes, rien que pour monter dans le bus. Et la file pour rentrer au parc avait également de quoi décourager.
À 18h, la foule patientait du portail jusqu’à la rue suivante, soit près de 50 mètres de file, digne d’un bon concert à Bercy. L’intérieur était néanmoins décevant, Certes il y avait quelques attractions divertissantes (pour lesquelles il fallait aussi faire la queue un bon moment), du bateau pirate au manège traditionnel. C’est la pyramide qui fut victime de son succès, proposant une longue descente vertigineuse sur les flots. Sortie mouillée garantie. Mais l’ambiance générale du parc n’apportait rien d’extraordinaire. Quatre pistes de danse étaient pourtant réparties dans le parc, mais pas en plein air. A l’intérieur de la pyramide, des DJs reconnus jouaient de l’EBM et de l’electro-indus. En dehors de la pyramide, on ne pouvait pas en profiter. À l’intérieur, il fallait batailler pour trouver ne serait-ce qu’une place debout. Pas très pratique pour danser… De même pour les autres espaces de danse. Certains y ont tout de même trouvé leur compte, mais beaucoup ont connu ce scénario : faire la queue 30 minutes pour la navette, faire la queue pour récupérer un bracelet du festival, faire la queue pour entrer dans le parc, faire la queue pour participer à une attraction ou aller danser… finalement beaucoup d’attente et de stress pour peu de divertissement.
Là où le festival a frappé fort, c’est pour le feu d’artifice. Hormis le fait qu’il était prévu à minuit et finalement tiré à 22h30, il fut l’apothéose de cette soirée. Voilà une attraction dont tout le monde peut bénéficier, sans stress, en plein air, en profitant du paysage. Malgré cette foule grouillante dans les rues de Leipzig, le festival accuse le coup cette année. En cause, le prix du ticket. Depuis 25 ans, le prix du ticket n’a cessé de grimper, passant de quelques dizaines d’euros à 120€ cette année, provoquant le mécontentement des festivaliers qui dénoncent un travestissement du festival. Pour la « schwarze Szene », habituée à rester dans l’ombre, organiser de gros événements qui brassent beaucoup d’argent est toujours synonyme de méfiance et trahison. Il est vrai que d’une année sur l’autre, le prix du ticket a subi une augmentation de 21€, passant le seuil fatidique des 100€, ce qui ne passe pas inaperçu lors des réservations. C’est d’autant plus frustrant que ce Treffen propose tant de concerts, lectures, rencontres et activités culturelles, que l’on n’en voit souvent moins de 10%. Payer 120€ pour voir 243 groupes, avoir un parc d’attraction, tous les transports urbains et tous les musées gratuits ne semble pas illogique. Mais bien souvent, on ne voit pas plus de 4 groupes par jour, bien moins que lors d’un festival régulier. On peut penser que l’organisation a tendance à trop en faire, qu’elle s’éparpille en pensant que plus d’activités attireront plus de festivaliers. Pourtant, c’est l’inverse qui est en train de se produire. Peut-être l’organisation du festival prendra en compte les reproches de cette année pour proposer l’an prochain moins de paillettes et plus de simplicité. Retrouvez ici toutes les photos du festival !