Si vous connaissez déjà 6:33, vous savez que l'univers des fous furieux derrière est à part. Leur metal théâtral et déjanté ne ressemble à rien et les concerts du groupe sont totalement fous et débridés. Du coup, on ne devrait pas être surpris par la tournure que prend ce rendez-vous en plein Hellfest, où le groupe était présent pour répondre aux questions mais ne jouait pas. Vu que les musiciens étaient à un mariage, c'est le chanteur Rorschach qui se plie à l'exercice en compagnie de Baltrou, fan du groupe devenu homme à tout faire. On aborde l'actualité du groupe, qui travaille sur son prochain album, mais il est aussi question d'Aladdin et d'organes dorés.
On est actuellement au Hellfest. Comment ça va ? Il y a des groupes que vous avez prévu de voir, ou vous allez juste vous cogner des interviews toute la journée ?
Rorschach : Oui, ça va : on a quelques interviews mais on va quand même pouvoir profiter du fest grave ! Et oui, il y a des groupes qu'on a envie de voir, comme DEAD CROSS, les SVINKELS, DEFTONES, BLACK BOMB A, des trucs qui envoient du lourd...
Pas forcément des groupes qui vous ressemblent...
Rorschach : Il n'y a pas de groupes qui nous ressemblent ! C'est ça qui fait chier ! Enfin... On est éclectiques, on aime tout plein de choses et on fait une musique qui ressemble à peu de groupes. On n'en verra pas au Hellfest, pas cette année en tout cas.
Quels sont les groupes qui vous inspirent justement ?
Rorschach : Il y en a énormément en fait. Ça va de FAITH NO MORE à MICHAEL JACKSON, en passant par TOTO, les PINK FLOYD, ZAPPA, un peu des musiques de film de Tim Burton... Pas mal de musique de films, on aime bien ça aussi, notamment celles d'Ennio Morricone, qu'on aime beaucoup... C'est un mélange de tout ça qui influence les trois membres de 6:33. Ça mélange vraiment beaucoup de choses.
Votre dernier album commence à dater un peu. Vous avez commencé à travailler sur le prochain, que pouvez-vous nous en dire ? Aura-t-il également un fil conducteur, comme Deadly Scenes ?
Rorschach : En effet, depuis qu'on a présenté l'an dernier notre spectacle Asylum Picture Show 2.0, on est allés au bout du délire qu'on voulait avoir, au bout de l'esthétique. Après avoir fait quelques dates pour montrer ce qu'on allait continuer à faire sur scène, on est retournés en studio parce que, comme tu le dis, Deadly Scenes date de 2015. Maintenant qu'on a tous ce qu'on voulait avoir, c'est à dire le concept visuel autant que musical, on est retournés pondre des morceaux. Donc là, on est sur le nouvel album. C'est un album-concept aussi, on développe l'univers visuel de 6:33 par la musique qu'on écrit. On développe une sorte d'univers dystopique. On a monté ça un peu comme un film avec une histoire, une ligne directrice et puis des personnages hauts en couleur qui viennent animer cette histoire. On crée un univers et on enregistre d'une manière un peu particulière : on enregistre les morceaux au fur et à mesure qu'on les écrit donc on ne les a pas encore tous. On a la moitié de l'album à peu près et je commence déjà à enregistrer les trois premiers morceaux au chant en juillet / août pour qu'on ait déjà de la matière à présenter. On travaille en parallèle sur le spectacle parce qu'il y a des animations sur scène sur un écran, donc il faut qu'on travaille les clips et ce qu'on va mettre dans cet écran pour les concerts. On prépare tout en même temps.
Vous travaillez tous ensemble ?
Rorschach : Pas du tout. Notre guitariste, Niko, compose la musique en parallèle avec Howahkan Ituha qui est clavieriste et fait les arrangements et les programmations batterie. À eux deux, ils composent et travaillent la musique et moi j'écris les paroles. Donc on est trois à composer, mais chacun dans sa spécialité.
Et lui là, Baltrou (le type présent depuis le début sans rien dire, ndlr), il fait quoi?
Rorschach : Baltrou, c'est le meilleur d'entre nous tous ! Je l'ai rencontré parce que c'était notre fan numéro 1, c'est devenu un ami et on l'a intégré dans le crew. C'est notre homme à tout faire, notre homme de l'ombre. Il fait autant la sécurité pour moi quand j'en ai besoin que conduire le camtar... Sans lui, on serait dans la merde. C'est grâce à lui que le projecteur tient sur scène parce qu'il a une position improbable, c'est lui qui nous sort de la merde quand on y est et c'est notre meilleur copain. C'est lui que j'ai amené ici cette année parce que les autres membres de 6:33 sont tous à un mariage, je suis le seul à avoir eu le droit de me casser donc j'ai amené mon copain Baltrou.
D'accord, mais il doit avoir des choses à dire, alors !
Baltrou : Il a des choses à dire !
Alors, qu'est ce que tu peux nous raconter de ton expérience ?
Baltrou : Pour moi 6:33, c'est une belle aventure que j'ai commencée, notamment avec ce monsieur à côté, Rorschach, chanteur du groupe. Je passe énormément de moment avec eux. On s'amuse pas mal à essayer de créer les clips, intégrer pas mal de choses et je les aide du mieux que je peux.
Tu les guides un peu ?
Baltrou : Ah non. Ils ont un esprit assez barré donc je les laisse avec ça !
Rorschach : Non, c'est nous qui l'entraînons dans des trucs ! On l'a fait tourner dans des images qu'on a sur l'écran sur scène où il incarne un clown dégueulasse, par exemple. C'est nous qui le pressons jusqu'à la moelle.
Je m'excuse d'avance pour cette question, mais si vous dis que le morceau Black Widow fait penser à une chanson du Aladdin de Disney, vous en pensez quoi ?
Baltrou : Hahahaha !
Rorschach : Je trouve ça génial ! Je veux que tu me dises quel morceau d'Aladdin. Alors franchement, t'es le premier qui nous dit ça et vraiment je trouve ça super. Je ne connais que Le Rêve Bleu, là, qui me vient en tête, alors t'as un esprit vraiment très torturé si tu trouves qu'il y a un rapport entre les deux mais j'aime ça ! Écoute, ce que je trouve vraiment intéressant, c'est que 6:33 ramène les gens à des choses vraiment improbables et toutes très différentes donc voilà, que toi tu me dises que ça te fait penser à ça je trouve ça super. En effet, c'est très imagé, c'est improbable.
Baltrou : C'est peut-être à cause du clip, très animé et tout ? Parce que musicalement, je vois pas trop !
Rorschach : Peu importe ce qui t'y fait penser, ne change rien ! (En fait, c'était le morceau Je Vole, ndlr)
Parlons un peu plus de votre univers très cinématographique, aussi bien musicalement que visuellement. Avez-vous des compositeurs de bandes-originales qui vous ont plus particulièrement inspirés sur l'album en cours ?
Rorschach : Alors il y a deux gars qui me viennent tout de suite à l'esprit, c'est Danny Elfman et Ennio Morricone dont on parlait déjà tout à l'heure. Ces deux-là sont des références pour nous en la matière. Maintenant, on n'est pas influencés plus par eux que par d'autres mais l'univers visuel qu'ils arrivent à développer nous parle particulièrement. Je pense que Niko, notre compositeur, rêverait de faire de la musique de film. Howahkan Ituha en fait déjà un petit peu, il travaille avec un éditeur. C'est un milieu qu'on aime beaucoup.
Vous avez chacun un masque sur scène. Avez-vous déjà envisagé de renouveler vos looks, ou pas de syndrome de SLIPKNOT en vue ?
Rorschach : On opère déjà quelques changements de look de temps en temps, au gré des envies de chacun, il n'y a pas de base... Si certains veulent changer ou garder le même depuis le début, ça ne pose pas de problème...
En même temps si tu t'appelles Rorschach sur scène, ça pose un certain cadre visuel, non ?
Rorschach : Moi je m'amuse à changer si je veux, à faire évoluer le truc parce que ça m'amuse. Je crois que tout le monde a changé sur le dernier album. Sur le prochain, je pense qu'on fera encore évoluer les choses mais déjà avec le dernier on a ajouté les costumes en plus des masques, parce qu'avant on n'avait que les masques. Là, on a mis les costumes et on a été au bout du concept visuellement sur scène avec les effets lumière et vidéo. Tu vois, par exemple avant Howahkan Ituha s'appelait Dietrich Von Strudel, donc lui, il change carrément de nom. On fait un peu ce qu'on veut, tu vois. Ce qui est sûr c'est qu'on n'est pas SLIPKNOT : on retire nos masques avant de sortir de scène. C'est comme une pièce de théâtre : on rentre sur scène, on joue notre pièce, on fait les cons et à la fin on les retire et on salue. Je ne suis pas SLIPKNOT, je mets pas mon masque dès que je vais pisser.
Vous avez tourné avec beaucoup de groupes très variés. Dans le lot, en avez-vous déjà croisé qui vous ont semblé aussi barrés que vous et dont vous avez envie de saluer l'univers ?
Baltrou : Moi je penserais à DIRTY SHIRT, franchement, c'est un groupe avec qui il y a eu un concert et j'ai participé un petit peu à la fiesta... Et franchement, j'adore leur univers. Je les ai trouvés scéniquement royaux et humainement encore plus.
Rorschach : C'est marrant, j'allais en parler. Il faut parler d'eux. C'est un groupe roumain mortel, super, la musique est bien barrée, leurs albums sont bons et les mecs sont bien sympa et en effet c'est des artistes qu'on a apprécié rencontrer. Et ils sont bien barjots ! Après, j'ai eu la chance de rencontrer DEVIN TOWNSEND quand on a fait sa première partie et il est bien secoué aussi... Mais sympa : il a parlé fromages avec un des membres du groupe, c'est un mec plutôt sympathique. Ensuite, on a eu la chance de croiser quand même pas mal de monde et que des gens sympa. Sinon, il y a un groupe dont j'ai envie de parler parce qu'ils sont bien barjots aussi, c'est PRYAPISME. Rien que le nom, ça évoque des choses, et eux aussi c'est des mecs dingos plutôt sympa qui méritent... Il y en a plein. On a eu la chance de jouer avec MALEMORT aussi, qui ouvrait le Hellfest ce matin et qui a ouvert pour nous l'an dernier, ils sont super sympa aussi. Les mecs d'ACYL qui font un metal oriental très intéressant, aussi... Que des mecs sympa !
Ah, justement, on interviewait MALEMORT tout à l'heure... Et ils nous disaient que pour leur prochain album ils allaient tout faire sauf parler de dystopie, parce que tout le monde en parle ! Vu que c'est votre plan, je voulais avoir ton avis là-dessus !
Rorschach : Ah ouais, c'est vrai ? Ah bah, tu vois ! Écoute, honnêtement, moi c'est quelque chose que j'aime bien. Je suis un fan de Fringe par exemple, cette série... En fait, 6:33 c'est un peu ça depuis le début : des gens marginaux, avec des masques, c'est un peu freaky et c'est venu naturellement pour nous. Donc nous, oui, c'est complètement ça, on l'assume, et rien à battre du reste ! Je ne savais pas que tant de groupes étaient sur ce thème, mais je vais pas te mentir : je suis père de famille depuis deux ans et je ne vois plus le jour ! Les musiques que j'écoute en ce moment, c'est les comptines que je file à mon enfant et la bonne musique que j'essaye de lui faire écouter mais sur le reste je suis largué !
Quelle est votre actualité à court terme, du coup. Avez-vous des dates prévues ?
Rorschach : Non, on n'a rien de prévu justement. On fait silence radio, on est en studio. On va teaser un peu dès qu'on aura quelques morceaux d'enregistrés, on risque de tourner un clip assez vite aussi mais pour l'instant, comme on rentre en studio, on a la gueule dans la composition et l'enregistrement. Rien d'autre de prévu pour le moment mais on arrivera certainement en fin d'année avec un ou deux morceaux à présenter.
Vous avez déjà un titre en tête ?
Rorschach : Je ne peux pas trop t'en dire trop pour l'instant... Allez, je vais te lâcher un truc ! Il y a un morceau qui va parler d'un sexe énorme et doré. Voilà. J'en dis pas plus.
Baltrou : Ça te suffira comme titre ?
Rorschach : Après, je ne vais pas te mentir : je ne sais pas quand l'album sortira. En fait, l'histoire du groupe est un peu particulière parce qu'on n'a pas fait les choses dans l'ordre : il y a eu un changement de chanteur avec mon arrivée, on a changé de visuel... Maintenant qu'on a à peu près tout ce qu'on voulait faire, on va essayer de faire ça dans le bon ordre : pondre l'album, essayer de sortir un clip, et après essayer de tourner. On n'a jamais fait les choses dans le bon sens donc je ne vais pas te donner de dates parce que je n'en ai pas et je sais qu'on prendra le temps qu'il faut pour que ce soit bien. J'aimerais te dire que ça va être en 2019, mais ça peut déborder. Je préfère ne pas m'avancer parce que les fois où on s'est avancés par le passé, on a été retardés parce qu'on peaufinait le truc... Ce qui est sûr, c'est qu'on aura de la matière à proposer dans un futur très proche, un ou deux morceaux et sûrement un clip.
Ça marche ! Bon, vous êtes au Hellfest pour les interviews, mais vous n'êtes pas à l'affiche...
Baltrou : Non, on n'y est jamais en fait !
Rorschach : On n'est pas au Hellfest et on n'y a jamais été pour l'instant. Ça fait quelques années qu'on y est pour donner des interviews parce que le public commence à nous connaître et trouve un intérêt dans 6:33... Mais pour l'instant, on n'y est pas encore. J'ai pas de raison à te donner, on n'a pas fait de forcing non plus, tu vois, je pense qu'on n'était pas spécialement prêts à proposer nos services au Hellfest. Ben Barbaud doit avoir au moins entendu notre nom déjà un petit peu. Avec le prochain album on va se présenter, se proposer, et on verra ce que ça donnera. Sans être une finalité en soit, ça serait un gros kif de le faire et j'espère qu'on le fera dans un futur plus ou moins proche.
Ah, justement, vous avez pu voir MALEMORT ce matin ?
Rorschach : Non, on n'a pas pu les voir parce qu'on est arrivés à 14h30, je jouais hier soir avec un groupe de reprises pour la fête de la musique dans le trou du cul du monde donc on est arrivés en bagnole tout à l'heure. Ça a l'air de s'être bien passé, donc on est super contents pour eux. C'est des copains et je suis content de voir qu'il y a eu du monde et qu'ils ont fait un bon show. J'ai hâte de les croiser tout à l'heure pour partager ça avec eux !
Merci. Voulez-vous ajouter quelque chose ?
Baltrou : Moi, étant le premier fan de 6:33, j'espère les voir l'année prochaine au Hellfest, histoire de me taper une bonne partie de plaisir dans la fosse avec ces stars sur scène !
Allez, l'an prochain c'est pour vous !
Rorschach : C'est tout le malheur que je nous souhaite, je te remercie.