Le groupe finlandais APOCALYPTICA sortira son huitième album-studio via Eleven Seven Music Group dans le courant du mois d'Avril prochain. Intitulé « Shadowmaker », ce disque a été produit par Nick Raskulinecz (FOO FIGHTERS, DEFTONES, MASTODON) et comportera pour la première fois dans l'histoire du groupe la collaboration d'un unique chanteur sur les pistes chantées. À l'occasion de cette sortie, nous nous sommes entretenus avec l'un des violoncellistes du groupe, Paavo.
Votre huitième album, « Shadowmaker », sortira au mois d'Avril 2015. Pour la première fois de votre carrière, vous avez travaillé avec un unique chanteur, Franky Perez. Pourquoi avoir choisi de collaborer avec un seul chanteur pour les pistes chantées ?
Paavo : Pfou, c'est une longue histoire ! On a sorti notre dernier album, 7th Symphony, il y a cinq ans environ. À la suite de cette sortie, on est parti en tournée mondiale pendant trois longues années. Après cette tournée, on a ressenti le besoin de faire une pause, de retourner à une vie plus ordinaire, nous reposer. Ça a duré deux ans... Oui enfin, plus ou moins. Ces deux années étaient moins intenses que les précédentes écoulées en tournée mais on a tout de même continué à bosser sur des idées et concepts. On a monté le projet Wagner Reloaded en 2013 ? projet crossover massif qui mêle la danse à la musique classique de Richard Wagner. Ensuite, en Mars dernier je crois, on a tourné avec l'orchestre Avanti! Chamber. On jouait les titres d'APOCALYPTICA ré-arrangés, pour le coup, avec les musiciens dudit orchestre. Quand on s'est retrouvé après ce projet, en répèt avec les autres membres du groupe, on a pensé qu'il était temps de faire quelque chose de différent. On a collaboré avec tellement d'artistes, tellement de personnes différentes depuis si longtemps.
On a tellement flirté avec des projets crossover qu'on a voulu faire quelque chose de plus basique cette fois-ci, plus Rock N Roll si je puis dire. On voulait s'essayer sur quelque chose de complètement différent des deux dernières méga-productions que je viens de mentionner. Cette fois-ci, on veut se focaliser sur ce qu'est APOCALYPTICA en tant que groupe de Rock. Quand on travaillait les idées de l'album, on s'est dit : « OK, faisons un disque de groupe ». Je dois avouer qu'on a aussi pensé à quel point ça doit être chiant pour les fans d'entendre des chansons en CD et de ne pas pouvoir les expérimenter en concert. Les émotions qui émanent d'une chanson diffèrent selon la manière dont elle est chantée. On ne peut pas tourner avec tous les artistes qui figurent sur nos albums. À cause de ça, on a toujours pensé qu'on manquait de solidité en tant que groupe. À chaque fois, on devait changer le line-up... Maintenant nous allons avoir le même line-up en tourné que sur le CD. Franky n'est pas un membre permanent... Enfin, pas encore. Personne ne sait de quoi sera fait l'avenir. Mais tu comprends où je veux en venir.
Selon toi, qu'a-t-il apporté à ce nouveau disque ?
Paavo : Il nous a aidés à obtenir ce que nous voulions. Tout aurait été différent sans lui. C'est un très bon chanteur et musicien. J'aime sa voix. Il n'est clairement pas un chanteur lambda. Il a un son très émouvant et expressif, il a aussi la capacité de chanter différents styles de musique, ce qui est parfait pour APOCALYPTICA, étant donné que nos chansons sont aussi heavy metal que mélodiques et douces. Le chanteur qu'on a dû choisir se devait de concorder avec tous ces différents aspects de notre musique. Franky est parfait pour ce job.
Comment a-t-il été embarqué ?
Paavo : On a fait passer une audition. Pas une audition publique par contre (rires). On a demandé à nos amis dans l'industrie de la musique de faire passer le message. On a eu 25 suggestions à peu près. Je ne peux pas te donner de noms (rires). On a parcouru la liste et sélectionné quelques uns. On leur a demandé d'enregistrer le titre « I'm not Jesus », dont l'originale est chantée par Corey Taylor qui a une voix très puissante. À partir de là, on a sélectionné trois noms. On leur a demandé de chanter « Hole in My Soul » tiré du nouvel opus, et Franky s'est imposé de lui-même. Ce fut une tâche délicate, cette chanson est difficile à chanter. Franky était de loin le meilleur. Il détient un éventail vocal très large. Il était libre, n'avait pas de projet en cours de réalisation, sauf peut-être son projet solo, mais rien avec un groupe. C'est ainsi qu'il a été embarqué.
Comment est-ce que votre processus de création et approche de la musique ont-ils changés avec le fait d'avoir un unique chanteur ?
Paavo : Hum... Ils n'ont pas vraiment changé au niveau de l'écriture mais très certainement au niveau de la réalisation. On a changé quelques arrangements avec lui. Il est difficile de dire comment notre processus de création a changé avec le fait d'avoir un unique chanteur même s'il est certain que des changements se sont produits. Il y avait avec nous, un nouveau membre, une nouvelle voix à écouter, un autre point de vue à satisfaire. Faire de la musique, c'est essayer sans cesse de nouvelles choses, répéter, et travailler ce qui sonne le mieux. Il s'agit d'émotions. Avoir une nouvelle personne avec nous, c'est aussi écouter ses émotions, son histoire, son vécu. Tout aurait été différent sans lui. Comment ? Ça, je ne peux le dire. Le disque est ce qu'il est grâce à lui. Les gens devront résoudre cette énigme par eux-mêmes, en l'écoutant.
Parlons de l'artwork maintenant. Le blanc connote généralement l'innocence et la pureté ce qui contraste avec le titre « Shadowmaker » et son contenu. Y-a-t-il une signification cachée ?
Paavo : Tu nous as eus ! Oui, en effet. Vous allez devoir attendre que l'album sorte pour ouvrir le livret de l'album et découvrir ce que cache la pochette. Non, bon allez... Je peux donner quelques indices, juste pour toi (rires). La couleur dominante de la couverture est le blanc : le fond est blanc, les filles sont habillées en blanc, leur peau est blanche, leurs lèvres sont blanches. Comme tu l'as dit, le blanc connote la fragilité, l'innocence et la pureté. Mais attention, l'habit ne fait pas le moine. Ce que tu trouveras dans le livret de l'album est aux antipodes de ce que la pochette connote. Le booklet est en fait inspiré des BD. Il y a une histoire. L'artwork dans son intégralité raconte une histoire telle qu'elle est racontée en générale dans les BD. Attends-toi à voir d'autres personnages, des personnages noirs, très sombres et effrayants, sans peau. Nous, le groupe ? Peut-être. La fille est-elle le le « shadowmaker » ? Qui est le shadowmaker ?
Je crois que les fans devront le mois d'Avril pour découvrir ça.
Paavo : Exactement (rires).
Vous avez tourné un clip-vidéo il y a quelques jours à Toronto pour le single « Cold Blood ». Derrière les manettes, on retrouve de nouveau Lisa Mann. Peux-tu m'en dire plus ? Comment est-ce de travailler avec elle ?
Paavo : Elle a travaillé sur des vidéos de l'album « 7th Symphony ». Cette femme est géniale, elle a de belles idées visuelles et un style artistique particulier. L'histoire de « Cold Blood » débute par une boite de musique. Quand elle s'ouvre, la musique commence... Laisse-moi te montrer quelques photos [Paavo cherche son téléphone dans sa poche et se connecte à Instagram]. Voilà, il y a des personnages noirs. Il y a de la magie, des images blanches. Ces photos sont belles, n'est-ce pas ? Regarde, il y a George Clooney aussi... Ah non, désolée, c'est juste Franky (rires). Tiens, une belle femme avec de longs cheveux blonds... Mince ! Ce n'est pas une femme, c'est Eicca (rires). Ensuite, tu as Perttu... Et Mikko... Le clip devrait sortir d'ici deux bonnes semaines. J'ai hâte de voir le produit final. À tous ceux qui lisent, si vous voulez voir ces belles photos, allez sur notre page Instagram. On a bien plus de gens qui nous suivent sur Facebook qu'Instagram, c'est dommage. Vous manquez quelque chose. Si vous voulez voir George Clooney et cette belle blonde, vous allez devoir vous connecter à Instagram (rires). Perttu utilise cette plateforme quotidiennement. Tu vas publier le lien ? |http://instagram.com/apocalypticaofficial|
Il ne nous reste plus beaucoup de temps. Dernière question : Quelle est selon toi la plus grande force du groupe, et sa faiblesse ?
Paavo : Le concert est l'aspect le plus important de ce que nous faisons, alors je pense que c'est là où réside notre plus grande force, parce qu'on s'y donne 100%. Quand on es sur scène, on traverse un panel d'émotions plus intenses les unes que les autres. Quand on joue de la musique devant des gens qui nous aiment, et apprécient le moment qu'on leur offre, on entre dans une sorte de transe. Les gens sourient, chantent, crient, quelques fois ils pleurent, et nous aussi. C'est intense, comme le sexe. Tu touchent leur âme, ils touchent notre c?ur. Il s'agit d'énergie et d'émotions. C'est un bel échange humain. C'est vraiment comme le sexe (rires). En ce qui concerne notre faiblesse... Les belles filles qui viennent nous voir à ces concerts justement (rires).
Merci pour le temps que tu nous as accordé.
Paavo : De rien. Venez nous voir en Novembre au Zénith de Paris