A l'occasion de la sortie de son nouvel album In Omnia Paratus, paru sur le label Tenacity Music en novembre 2013, le groupe originaire de Genève BAK XIII (Electro-Dark/New Wave) a accepté de répondre à quelque-unes de nos questions. L'occasion pour nous d'en savoir plus sur le groupe aux textes corrosifs et aux mélodies entraînantes.
Vous êtes de retour avec un nouvel album, comment avez-vous abordé sa production ?
DDDMix : La composition de cet album a commencé il y a trois ans, immédiatement après la sortie de Ibi Deficit Orbis en 2010. Nous avons composé deux nouveaux morceaux pour notre Best-Of X, histoire d'y mettre des chansons inédites, à savoir Tant Mieux ! et Until The End. Parallèlement, nous avons commencé à créer des nouvelles bases de morceaux. Nos collaborateurs sont toujours les mêmes depuis des années, je crois que la méthode est toujours la même, à ce détail près que nous devenons tous meilleurs dans ce que nous faisons avec le temps et l'expérience. Nous composons une trentaine de titres et nous en gardons au final quatorze. Certains vont plus loin dans le processus de production, mais ne sont pas retenus pour l'album car ils ne cadrent pas ou se marient moins bien que d'autres au tout.
On y retrouve des thèmes récurrents à vos précédents opus, à savoir la politique, les médias ou les libertés individuelles. Pourquoi revenir spécifiquement sur ces sujets ? Quelle est votre plus grande source d'inspiration ?
DDDMix : Il y a des thèmes récurrents, tels que ceux évoqués, mais cet album est probablement le plus introspectif que nous ayons produit à ce jour. Je ne pense pas que nous ayons une quelconque foi en la politique ou la religion, nous dénonçons simplement la bêtise d'un système qui s'autodétruit et croit parallèlement en sa suprématie. Nous dénonçons un appauvrissement culturel systématique et une glorification de la médiocrité par des médias toujours prêts à rendre plus con pour vendre plus con. Nous applaudissons l'agonie du music business, car cela annonce l'avènement d'une nouvelle ère punk, où les artistes n'auront plus rien à gagner et n'auront plus que leur rage pour vivre. La fin de l'idée stupide de la rock star et du rêve américain qui ont contribués à l'existence de tant de groupes mauvais et vides. Cet album traite aussi de la désillusion et du sentiment de solitude, ainsi que de l'échec. Ce que nous vivons et apprenons en bien ou en mal est une source d'inspiration intarissable.
Cet album présente encore une fois le monde de façon cynique et amère. Quelles solutions imagineriez-vous pour éviter cette décadence dont vous parlez souvent ?
DDDMix : Il n'y a pas d'amertume sans joie, tout est question de contraste, de même nous faisons des albums tristes mais des concerts joyeux. Cette cyclothymie est un remède à l'ennui et est plus honnête qu'une tristesse constante ou une joie infinie. Il n'y a pas de moyen d'éviter cette décadence, car elle est entrainée par tout un système qui s'écroule avec une inertie sans précédent. Il faut juste en être conscient et vivre cette décadence avec panache.
On vous sait engagés contre l'homophobie, cela revient dans plusieurs de vos textes. Que pensez-vous de la loi autorisant le mariage pour tous qui vient d'être votée en France ?
DDDMix : Nous ne pensons pas que le fait de pouvoir se marier soit important en soit, mais cette loi a révélé qu'il y a encore beaucoup de gens rétrogrades et haineux. Les gens qui s'accrochent à ces valeurs d'un autre temps et à cette vision obsolète de la religion ne sont que des pauvres pions qui s'excitent sur des enjeux secondaires. Pourquoi défendre un point de vue sans importance alors que leur économie est en train de s'écrouler ? Cela donne de l'importance à des églises qui n'ont plus que ça pour se rendre intéressantes.
In Omnia Paratus ouvre sur le titre Le Chant du Cygne, chanté en français, mais le reste de l'album est composé en anglais. Pourquoi ne pas proposer plus de titres en français, qui est votre langue maternelle ?
DDDMix : Nous nous adressons au monde entier, certes modestement, mais une grande partie du monde ne parle pas français, même dans notre propre pays. Il n'en demeure pas moins que j'ai plaisir à écrire en français mais, je ne désire pas exclure certains de nos auditeurs. Les uns s'intéresseront au français en découvrant cette langue, les autres pourront se consacrer à apprendre l'anglais.
Vous vous êtes déjà essayés à l'allemand, pensez-vous écrire à nouveau dans cette langue ? Les langues que vous choisissez sont elles plus propices à certains sujets ?
DDDMix : La chanson en allemand est simplement venue d'une connaissance qui maitrise cette langue et qui nous avait proposé de nous écrire un texte. Nous ne pensons pas qu'une langue soit plus propice à un sujet qu'à un autre par essence. Nous pourrions très bien faire des chansons en grec, en chinois ou en arabe si les opportunités le permettaient. Le français est notre langue maternelle, cela implique juste que nous pouvons l'écrire sans l'aide de personne.
Votre style a beaucoup évolué depuis le premier album, et certains titres possèdent même quelques passages metal ou dubstep. Quelles ont été vos influences durant l'écriture de l'album ?
DDDMix : Le rapport au métal n'est pas récent du tout, il date du troisième album et est complètement intégré dans BAK XIII.
Vous utilisez régulièrement des sonorités 8 bits dans vos compositions, est-ce par simple amour de ces sonorités ou plutôt par nostalgie d'un éventuel passé de gamer ?
DDDMix : Ces sons nous ont profondément marqué, parce que nous sommes des gamers et qu'il y a une nostalgie des années 80 chez nous. Notre adolescence s'est passée dans ces années-là, ça laisse des traces. Ces sonorités jouent un rôle dans notre musique, mais nous ne cherchons pas à faire un tribute band, notre musique est actuelle, bien qu'inclassable.
Vos shows sont connus pour être puissants et énergiques. Avez-vous une tournée de prévue afin de présenter ce nouvel album ? Un éventuel passage en France ?
DDDMix : Nous jouons partout où on veut bien de nous, nous serions enchantés de sillonner la France, mais il est très difficile de trouver des dates quand tu n'appartiens à aucun créneau musical et que tu rejettes toutes modes et tendances. Nous comptons sur nos supporters pour harceler leurs clubs locaux, nous ferons le reste si ces derniers nous contactent. Si tu remplis tes salles les gens te demandent, sinon tu galères. That's the law of the west. Bien sûr nous travaillons à trouver des opportunités avec nos contacts et nos bookers, mais cela se fait lentement et patiemment. Nous vous encourageons à nous suivre sur notre site et sur les réseaux sociaux afin de vous tenir au courant des dates à venir, ou de simplement discuter et échanger.
Après SYBREED et DOLLS OF PAIN (entre autres), avec quel(s) artistes(s) ou groupe(s) aimeriez-vous travailler en collaboration aujourd'hui ?
DDDMix : Ces collaborations se font souvent sous la forme de remixes, parfois de featuring vocaux, nous continuons à explorer ce secteur artistique. Mais là comme ça dans le délire, nous dirions Depeche Mode, The Cure et? Motörhead !
Merci pour cette interview, en espérant voir prochainement vos nouveaux morceaux sur scène en France.
DDDMix : Merci à toi.