De passage à Paris pour un "concert spécial" au Klub (live report), les trois membres de CHRYSALIDE ont pris le temps de répondre à nos questions. Les deux frères Sylvain et Arnaud, alias Syco & Arco, fondateurs du label Audiotrauma, ainsi que Yoann Amnesy nous parlent -ou plutôt ne nous parlent pas- du mystère derrière les affiches qu'ils ont collées partout sur les murs pour l'occasion mais évoquent aussi les possibles évolutions du groupe, l'actualité du label et de leurs différents projets. Le tout, bien sûr, avec l'honnêteté et la pertinence qui caractérise déjà leur oeuvre.
Vous avez annoncé un "concert spécial" pour ce soir. En quoi est-il spécial ?
Syco : Déjà, c'est une des deux dernières dates de la tournée sur laquelle on était, avec le Midgardsblot Festival dans trois jours. En fait, c'est un concert "spécial" et "mystère" : on est sur quelque chose d'impalpable, avec une espèce de jeu de piste qui commence et qui ne sait pas encore où ça va aller. Voilà, il y a un concept qui se met en place doucement... Et c'est aussi un concert spécial parce que ça doit faire quinze ans qu'on n'a pas joué dans une salle aussi petite ! C'est aussi ça : se retrouver un peu plus proches des gens aussi, revenir vers nos racines. On commence à vieillir et ça fait comme un pélerinage dans le passé de revenir à ce genre de salles un peu DIY, un peu à l'arrache, plus proche du public. D'habitude, on aurait refusé... On nous aurait demandé n'importe quand dans l'année de jouer ici, on aurait refusé. Mais en plein mois d'août, ça n'avait aucun sens de jouer dans une salle plus grande face à cinquante personnes.
Le jeu de piste dont tu parlais, est-ce qu'il a un rapport avec les affiches que vous allez collées partout sur les murs du Klub ?
Arco : On a décidé que ça serait le secret absolu et qu'on n'en parlerait absolument pas ! Donc aucun commentaire ! Moi, personnellement, je n'ai absolument et strictement rien à dire dessus !
D'accord ! Donc ça n'a rien à voir avec le fait qu'il y a un an environ, vous aviez annoncé faire une pause dans vos concerts pour aller bosser en studio par hasard ?
Arco, Syco et Yoann en choeur : Aucun commentaire, c'est la consigne !
Arco : Les seuls éléments de réponse pour l'instant, ce sont les affiches et le dernier morceau qu'on a joué pendant les balances, qui sera le dernier du concert...
Sur votre dernier album, Personal Revolution, on remarquait que malgré un univers assez sombre vous aviez un message plutôt optimiste, positif et motivant. Est-ce un aspect qu'il est possible de garder aujourd'hui quand on voit la façon dont le monde tourne ?
Syco : C'est notre principal sujet de discussion à chaque fois qu'on se voit. C'est à dire qu'on est partagés entre un pessimisme qui fait voir tout en noir et un optimisme auquel on est obligés de se raccrocher sinon on va se foutre une balle tout de suite. Effectivement, le monde semble encore plus s'obscurcir, et si on ne se rattache pas à l'espoir... D'autant plus que depuis les débuts de la carrière du groupe, il y a des enfants qui sont nés et tu ne peux plus être aussi nihiliste, pessimiste et auto-destructeur...
Arco : T'es obligé d'avoir un espoir, en fait. Si tu n'as pas d'espoir, tout ça n'a aucun sens. Du coup, même si cet espoir est vain ou naïf, il faut qu'il soit là. Personnellement, je trouve que ce mythe de l'Apocalypse fait beaucoup de mal parce qu'il empêche les gens de se projeter et les rend extrêmement nihilistes, indifférents et décomplexés par rapport à tout ce qu'il y a de mauvais en eux. Il y a eu une époque où il fallait tirer la sonnette d'alarme, mais maintenant cette sonnette a été tirée. Certains sujets qu'on abordait déjà il y a dix ans sont toujours clairement d'actualité et je trouve que le plus dur maintenant, c'est de réussir à créer quelque chose avec ça, de composer avec ça. C'est pour ça qu'on maintient toujours un peu d'espoir, parce que dire que ça va mal est une évidence aujourd'hui, ce qui n'était peut-être pas autant le cas il y a quelques années.
Syco : Il y a beaucoup de gens qu'on rencontre sur la route pour lesquels on a l'impression que c'est aussi un message nécessaire. Il y a des gens qui sont scarifiés de l'intérieur et de l'extérieur, recouverts de cicatrices de la vie, et depuis qu'on a cette tendance moins nihiliste on voit ces gens dire qu'ils en avaient besoin. Pas forcément d'être dans le flower-power non plus, mais de se rattacher à quelque chose. On a envie d'y croire encore un petit peu... Et puis, si tu as une envie de révolution ou de révolte, c'est que finalement t'es quand même un peu optimiste, sinon c'est pas la peine !
Arco : Oui, la conclusion du dernier album c'est finalement de faire sa révolution personnelle, c'est à dire de s'en prendre à soi-même. Le seul truc qu'on peut un peu maîtriser, c'est soi, même si ce n'est qu'un petit peu. On a une toute petite marche de manoeuvre, et il faut essayer de comprendre ça et aller la chercher. Selon moi, la liberté doit aller se chercher, elle n'est pas acquise d'emblée. Ce petit espace là, c'est l'espoir, et le dernier album parlait de ce petit truc personnel qui est finalement le début de tout. Il faut commencer par faire sa part, mais après ce n'est que le début de quelque chose, c'est à dire qu'il ne suffit pas de dire "je vais faire le bilan et essayer d'être quelqu'un de bien", il y a une suite après ça...
Est-ce que vous pouvez nous parler de ce qui vous inspire dans la vie de tous les jours pour écrire pour CHRYSALIDE ?
Syco : Déjà, pour moi en tout cas, la vie de tous les jours n'existe pas. Je suis quelqu'un de très isolé et qui fuit totalement tout ça. Je vis à la campagne dans un village totalement perdu de cent habitants et je ne vais quasiment plus en milieu urbain, si ce n'est par nécessité. Alors on se dispute un peu à ce sujet, mais pour moi, dans l'écriture, je suis un observateur : je regarde tout ça de loin et me dis "ouhlala, qu'est-ce qui se passe là ?", tout en étant quand même un peu connecté au monde par la force des choses.
Pourquoi vous vous disputez ?
Syco : Parce que moi je me voyais uniquement comme un observateur...
Arco : Moi je pense que c'est impossible de juste observer. On a tous des perspectives, on est des témoins. C'est pour moi ce qu'il faut assumer quand on fait du son, qu'on écrit des paroles et qu'on essaye d'avoir un message, c'est de témoigner de notre vérité à nous. C'est à dire qu'on a une perspective, on la suit et on raconte ce qui se passe tout en restant conscient que ça n'est que notre perspective. Mais dans cette perspective, ce qu'on raconte, ça a du sens, ce n'est pas juste une observation : il y a une implication morale, sensible et émotionnelle qui raconte quelque chose. Ca peut aider des gens, qui sait, des gens peuvent se reconnaître à l'intérieur et ça peut leur donner des pistes. C'est plus comme ça que je le vois. C'est du témoignage.
Yoann : En fait il y a énormément de messages que Sylvain et Arnaud se font passer l'un à l'autre. Ils écrivent tous les deux, mais ils se passent de vrais messages entre eux, des leçons de vie.
Syco : Oui, il y a quelque chose de très personnel dans les textes, il a des petits règlements de compte...
Arco : C'est assez dialogique, l'intérieur même du projet est un dialogue, on s'envoie des messages entre nous.
Syco : On utilise aussi la force de l'image. C'est à dire qu'un défaut que l'un trouve chez l'autre est transcendé pour être un défaut finalement sociétal qui concerne plus de gens. La procrastination dans le morceau Tomorrow Is Too Late par exemple, c'était un message que Arnaud m'adressait dans lequel il me disait qu'on a des beaux projets mais qu'on les remet toujours au lendemain, mais que demain c'est trop tard. Il y a eu une expansion de cette idée, mais à la base il y a ce fond personnel.
Cette évolution moins nihiliste dans le message se ressent aussi dans la musique : votre dernier album était moins violent et s'ouvrait à des éléments plus légers. Est-ce une direction que vous pensez poursuivre ?
Yoann : Moi, quand j'ai rejoint le groupe, on était sur Don't Be Scared, It's About Life... Pour moi, c'était l'ultime violence et je trouve ça assez plaisant à faire. C'est très excitant de chercher à aller toujours plus loin dans le son... De manière générale, je pense même que c'est un des albums les plus violents que j'ai jamais écouté. Sur Personal Revolution, c'est vrai qu'on a essayé d'épurer les choses pour avoir ce côté le plus nu possible.
Arco : Pour que la musique soit moins importante, en fait, et que ça soit surtout les paroles qui racontent quelque chose. C'est pour ça que les voix sont vraiment au centre de l'album, qu'elles sont un peu plus fortes. La musique est là, mais elle n'est pas plus travaillée que ça, il n'y a pas la dernière couche de postprod, de truc qui fait que la musique peut raconter quelque chose toute seule. Le but était vraiment de mettre l'accent sur les paroles le plus possible.
Syco : Maintenant, à savoir si on veut continuer à faire des trucs plus posés ou revenir à des sons plus violents, on ne sait pas et on se pose la question tous les jours. C'est à dire qu'il y a une partie de nous un peu jeune qui a envie de continuer à hurler dans des micros et tout ça, et puis d'un autre côté on a une carcasse qui commence à vieillir et qui te dit "je ne pourrai pas faire ça tout le temps, ça va peut-être devenir pathétique de continuer à le faire"... Donc il faut trouver le juste milieu pour continuer malgré le fait qu'on vieillisse chaque jour un peu plus.
Et musicalement, est-ce qu'il y a en ce moment des choses particulières qui vous inspirent pour travailler vers de nouvelles directions ?
Arco : C'est assez ouvert. On a toujours été très ouverts, mais en ce moment on a un petit retour aux sons old-school je dirais.
Yoann : Oui, c'est vrai que quand on se pose la question de ce qu'on a envie de faire et de comment on a envie de le faire, on revient un peu aux sources dans l'indus. Des trucs old-school, mais tout en étant modernes à la fois...
Arco : Qu'est ce que tu veux faire de toute façon dans un monde comme ça ? On est ce qu'on est, on revient naturellement aux sons plus durs, au noyau en quelque sorte.
Yoann : Mais c'était intéressant quand même de faire cet album plus épuré. C'est un peu comme si on s'était dits "allez, tout ce qu'on a envie de le faire on le fait, et puis voilà, maintenant on passe à autre chose", tu vois !
Arco : En fait, si tu prends les messages qui sont en fond, ils critiquent un peu la forme en fait. L'important c'est le fond. C'est ça que le disque raconte : prendre un peu de maturité et arrêter d'être tout le temps dans la posture. La musique a été un peu secondaire à ce moment là et ce format là, forcément, ne peut pas durer parce que c'était un truc qu'on avait besoin de dire à un moment. Tu ne peux pas dire "l'important c'est l'intérieur, l'extérieur est une illusion" et en même temps surenchérir dans la postproduction. Voilà, il y a ce côté un peu tout nu, comme acoustique : c'est un peu notre unplugged.
Yoann : Même si on a quand même mis des morceaux qui envoient, comme Vote for Molotov, parce que c'est plus fort que nous !
Arco : Oui, il y a ces moments avec plus d'adrénaline... Mais au bout d'un moment, je trouvais que ça ne rime à rien de pousser plus loin la production du disque par rapport à ce qu'on disait.
Yoann : Ce qui était difficile comme exercice ! Enfin, moi, finalement, j'ai trouvé ça peut-être plus facile de faire des trucs plus violents...
Arco : Oui, des trucs plus remplis. On avait encore un débat hier sur le vide. En parlant du concert, on se disait "à ce moment là, il y a un vide"... Et alors ?
Yoann : Le vide permet de créer un contraste.
Arco : Mais oui, le vide, c'est le vide. C'est une forme de violence. Qu'est ce que tu veux faire après le bruit ? Après le bruit, il n'y a plus rien. Si tu veux aller plus loin que le bruit, c'est le silence. Il faut essayer de l'utiliser, et essayer d'utiliser l'espèce de malaise que ça peut créer. Le vide, ça fait trop peur aux gens : aujourd'hui, dès que tu as un moment de vide, tu sors ton téléphone. C'est le rôle de la contre-culture de faire ce qui est dur de faire, ce qui fait peur. Aujourd'hui, la difficulté c'est de ne rien faire, c'est très dur de ne rien faire, de ne rien absorber, et le vide c'est la vraie transgression pour moi. Après, on n'est pas forcément tous d'accord.
Parlons un peu du label Audiotrauma. Arnaud, tu viens de sortir un best-of de SONIC AREA en vinyle. Peux-tu nous raconter comment cette décision est venue ?
Arco : A une époque, j'ai sorti vraiment beaucoup de trucs, ça partait un peu dans tous les sens. J'avais plein de choses sous le coude, plein de projets, et puis c'est vrai que la scène du vinyle, c'est une scène particulière : c'est un peu la scène du DJ. Souvent des gens me demandaient de sortir un truc en vinyle, et je me demandais ce que je pouvais bien sortir... Si je sortais un nouveau truc aujourd'hui, ça aurait été un peu dommage parce que ça mettait de côté toute une partie de ce que j'ai fait qui aurait très bien pu fonctionner avec le vinyle. Du coup, c'est Sylvain qui m'a proposé ça, il m'a dit que ça serait une bonne idée de sortir un truc qui raconte cette petite vingtaine d'années de SONIC AREA. Donc j'ai essayé de choisir huit morceaux qui ont une espèce de lien, qui racontent une évolution mais qui ont au final une certaine unité, un certain esprit, et qui peuvent coller avec le format DJ. C'est à dire pour moi quelque chose d'assez répétitif, et puis un petit peu dégueu avec le côté vinyle. J'ai aussi exagéré les effets du vinyle dans ce sens, pour avoir un truc qui craque un peu...
Il y a aussi l'Audiotrauma Fest en mars à Prague, à nouveau. Il reste des groupes à annoncer. Que pouvez-vous nous en dire ? Doit-on s'attendre à des changements ? Vous y jouerez ?
Syco : En fait, à la base, on ne devait pas y jouer tous les ans... Et à chaque fois, comme on organise le truc, qu'on est là, qu'on est avec tous les fans hardcore du label... Si on ne joue pas, on va se regarder en se disant "putain, si seulement on avait joué !", tu vois ! Tous les ans on revient, alors qu'on n'a pas spécialement l'envie de revenir à la base. Cette année, on s'est gardé un peu de suspense... Moi, à priori, j'aurais envie qu'on y joue, ça dépendra aussi de l'actu, ça dépendra de plein de choses. On a des calendriers de plus en plus remplis et c'est vrai que c'est parfois difficile. Enfin, voilà : sur les trois derniers groupes à annoncer, il y aura peut-être CHRYSALIDE... Pour les deux autres, j'hésite entre trois / quatre projets... Le format indus à ses défauts et je n'ai pas envie de tomber dans ces affiches où on voit un peu les mêmes noms parce qu'il y a pas cent mille projets qui tournent. Alors c'est bien, ça fédère la scène parce qu'il y a un côté familial et tout, mais en même temps... Moi, j'ai vu quarante fois IMMINENT, cinquante fois DIVE... Du coup, j'essaye de trouver dans ces niches, et avec des moyens limités, le projet pas trop cher qui sera le projet pertinent, voilà. On a des discussions entre nous qui restent en off, mais il y aura peut-être une belle surprise, on verra...
On n'y verra pas forcément que des artistes du label, donc ?
Syco : Ah non, à priori c'est 80% de la programmation qui vient du label et après on a des guests, des proches qu'on connaît très bien et avec qui il y a une affinité artistique particulière.
Et s'occuper de ce label, on en retire plus de frustration ou ça reste quelque chose de gratifiant ?
Syco : Les deux... En ce moment, c'est plus de la frustration ! Parce que c'est vingt ans de taf, et t'as toujours l'impression que ça y est, l'année suivante ça va enfin décoller et au final ça décolle un peu mais jamais assez... Mais en même temps, c'est énormément de fierté de se dire qu'on est partis d'une petite ville de 10000 habitants, parce que la plupart des projets venaient de cette ville, et pour certains on a fait le tour de l'Europe et un peu plus. C'est entre les deux. Quand ça va pas, j'ai tendance à me démoraliser, à me dire "merde, ça tourne pas assez pour que ça soit vraiment viable", et puis il y a les moments où je me retourne et vois le chemin parcouru...
Naïvement, j'imaginais que les CDs se vendaient encore un peu auprès d'un public de niche, réputé plus "fidèle"...
Syco : Ah non, le CD c'est fini, moi l'année prochaine j'arrête... J'adore le CD, mais ça n'est plus rentable. Enfin, si, pour certains groupes comme HORSKH, CHRYSALIDE, SONIC AREA ou ATONALIST... Mais les 2/3 des groupes du label sont des newcomers qui ne vendent pas énormément...
Arco : En plus le CD, pour découvrir, c'est pas l'idéal... Pour sortir un artiste qu'on connaît déjà, à la limite, mais pour faire découvrir quelque chose, aujourd'hui, un CD, franchement...
Syco : Et pourtant, tous les programmateurs et tous les médias nous demandent des CDs. Ils reçoivent tellement de digital que ça fait un premier test qui leur permet de faire une sélection.
Je suppose que ça doit quand même provoquer une certaine fierté quand on voit par exemple les artistes du label s'unir autour de HOLOGRAM_ l'an dernier, pour le soutenir après le vol de son matériel...
Syco : Ah, ça, c'est vrai qu'il y a ce côté familial et communautaire qui fonctionne, oui.
Arco : Le côté humain est hyper satisfaisant, c'est sûr.
Et comment on choisit de travailler, ou de ne pas travailler, avec tel ou tel artiste ?
Syco : Alors déjà, c'est assez rare de dire tout de suite "je ne veux pas travailler avec cet artiste". Bon, à part parfois des démos que je reçois, un peu naïves, des trucs de la génération Myspace où quand tu avais un ordinateur et Myspace tu te disais que ça y est, tu étais un artiste. Pour moi, le critère, c'est un équilibre entre plein de choses. Est-ce que la personne est motivée, où elle veut aller, qu'est ce qu'elle est prête à faire... La musique de niche devient de plus en plus une musique de niche. Il y a tellement de vagues... Va faire acheter un disque aux gosses maintenant ! Ils achètent deux vinyles par an pour mettre sur leur mur et c'est tout...
Arco : C'est bien quand il y a une intention et le label peut servir à faire partir cette intention là. Si c'est juste du son que quelqu'un fait chez lui et c'est tout, je ne vois pas très bien à quoi ça rime. Faire du son aujourd'hui, ce n'est pas si compliqué que ça, mais faire du son avec une intention c'est déjà autre chose.
Parmi les prochaines sorties, il me semble qu'il y a un album de REPUBLIK OF SCREENS de prévu (side-project de Syco et Martin Delisle de HOLOGRAM_, ndlr). Sylvain, est-ce que tu peux nous en parler ?
Syco : Alors normalement, ça sera pour la toute fin d'année 2018, ou tout début 2019 au pire. Là, en attendant, HOLOGRAM_ sort d'abord son nouvel album en octobre, il est en train de finaliser ça. Mais on a déjà nos démos et tout, il faut juste qu'on se cale une semaine ou deux pour le terminer.
Dans ce cas, programme REPUBLIK OF SCREENS au festival en mars, comme ça, ça règle la question : tu y joueras !
Syco : Mais c'était dans ma liste ! Mais bon, comme on habite à 600 kilomètres l'un de l'autre, il faudrait qu'on puisse quand même répéter le concert avant... Parce que quand tu organises et qu'en plus tu joues, et qu'en plus c'est un concert que tu ne maîtrises pas, alors là, tu te pisses dessus, t'imagine même pas ! Avec CHRYSALIDE, on a moins ce problème parce qu'on est quand même rodés, il y a une partie du set qu'on a beaucoup jouée et même si on se met parfois un peu en danger en jouant deux ou trois nouveaux morceaux, on ne stresse pas autant. Là, pour REPUBLIK OF SCREENS, il faudrait vraiment qu'on répète... Donc c'était une idée, ça fait deux ans que je marque le nom sur la shortlist, mais pour le moment c'est trop tôt. Finissons déjà ce disque une bonne fois pour toutes... Si jamais on est prêts on y jouera, mais je ne pense pas qu'on le sera.
Vous parliez tout à l'heure de calendrier chargé. Arnaud, tu as récemment rejoint LES TAMBOURS DU BRONX. Tout se passe bien, tu as des retours un peu sur le format plus metal de la tournée actuelle ?
Arco : Très bien... Je t'avoue que moi, je viens de la scène metal, c'est via le metal que je suis arrivé dans l'indus donc j'ai beaucoup d'affinités avec cette scène-là. En plus, dimanche au Motocultor, il y a SEPULTURA, DYING FETUS... J'écoutais ça quand j'étais ado. Après, s'il n'y avait que ça, je ne sais pas si j'y serais allé. Ce qui m'intéresse le plus, c'est de travailler sur un album avec eux et ça devrait se passer très vite... Travailler sur les morceaux est vraiment excitant parce qu'il y a des visions communes et l'envie de renouveler le truc avec presque une carte blanche et ça c'est vraiment stimulant. Les dates me permettent de me chauffer un peu avec eux, me faire les dents et mieux les connaître et voir finalement quelles sont les contraintes parce qu'il ne suffit pas de dire qu'il faut tel rythme avec tel tempo. Il faut savoir ce que c'est de taper sur les tambours, ce qu'ils vivent et la difficulté que c'est d'assimiler les structures, de les jouer, etc. Du coup j'avais besoin de savoir tout ça avant de me projeter plus loin. Le projet metal est très intéressant, mais je ne suis qu'une petite partie du puzzle et je ne fais pas grand chose honnêtement. Il y a par contre une implication future qui va être plus importante avec l'album, et c'est clairement ça qui m'excite, c'est surtout pour ça que j'ai intégré le projet. Au début, je voulais m'impliquer un peu plus en leur proposant des trucs, par exemple je leur avais demandé s'ils avaient écouté la BO du jeu Doom, qui a vraiment un son particulier et je voulais partir là-dessus... Mais pour la suite, je n'ai pas trop envie de t'en dire plus parce que même eux ne communiquent pas là-dessus, mais il y a un peu une idée de changer, alors il y a des portes qui s'ouvrent. Parce que tu sais, ils ont longtemps eu des règles précises : il fallait que les tambours soient peints de telle façon, qu'il y ait un arc de cercle... c'est assez codifié. Mais là, ils ont une période où ils veulent s'ouvrir à des choses nouvelles et moi je trouve ça hyper intéressant.
Merci. Est-ce que vous voulez ajouter quelque-chose ?
Arco : Pour nuancer ce dont on parlait tout à l'heure concernant l'avenir, j'ai envie de sortir du format classique album / promo, etc. J'ai envie que ça soit plus libre.
Yoann : Sortir un petit peu de ce que les gens ont envie de voir ou d'entendre. C'est vrai que la routine, c'est d'annoncer un album, puis de sortir l'album, puis de faire la promotion de cet album...
Arco : Ce n'est pas un travail pour nous. On a pu en rêver parce qu'on a tous regardé des cassettes vidéos des années 90, mais ce qu'on peut appeler une carrière d'artiste aujourd'hui est totalement incompatible avec ce qu'on fait. Voilà. Je n'ai pas envie de t'en dire plus, mais CHRYSALIDE ne propose pas le nouveau produit que tu trouveras en promotion au supermarché, on n'est pas là pour ça, voilà. On veut faire les choses plus spontanément.