Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le groupe, pouvez-vous revenir sur son histoire ?
Ken : Il y a quelques années je chantais dans un groupe avec Kazu et Teru. Nous faisions des reprises de chansons de LINKIN PARK et LIMP BIZKIT avant que le groupe ne se sépare en 2006. Je désirais tellement crier, chanter et m'exprimer au travers de la musique que j'ai décidé de lancer un nouveau groupe. Je leur ai donc proposé de me rejoindre tous les deux pour former CROSSFAITH. Ils étaient de très bons musiciens et de grands amis. C'est d'ailleurs toujours le cas. Ils ont tout de suite été très emballés par l'idée. C'est là qu'on a rencontré Tatsu, un camarade de classe qui bossait dans le club de musique que je dirigeais. Dès que je l'ai entendu jouer "(sic)" de SLIPKNOT, j'ai voulu qu'il fasse partie du groupe. Sa reprise m'a littéralement époustouflé. C'est ainsi que tout a commencé. En 2008, Hiro a ensuite rejoint le projet.
A quoi faites-vous allusion sous la dénomination CROSSFAITH ?
Ken : Chacun de nous a sa foi dans la musique et son propre mode de vie, et le point de convergence de nos personnalités est ce groupe. Nous avons donc décidé de le nommer CROSSFAITH. C'est aussi simple que cela. Hum, cependant... Je dois admettre qu'il y a une idée plus bête derrière aussi. Je suis un grand fan de catch, en fait ! Tu connais la société WWE ? Pour résumer brièvement, les combats autorisent parfois l'utilisation d'armes et l'une d'elles s'appelle crossfaith, elle appartient à l'un de mes catcheurs préférés (rires).
Vous puisez vos influences dans différents styles musicaux. Comment décririez-vous votre musique ?
Hiro : Nous combinons la violence de la musique metal / hardcore avec des beats groovy qui sont l'élément le plus important de la musique electro. Peu de groupes jouaient ce type de musique à l'époque. Il était rare de trouver de l'electro et du hardcore évoluant main dans la main. Ce sont des genres musicaux complètement différents, mais pour nous, cette fusion de genres s'est imposée d'elle-même, de manière naturelle. Le tout se résume à la façon dont nous écrivons la musique. Notre DJ Teru et notre guitariste Kazu sont les deux principaux compositeurs. L'un écrit les rythmiques lourdes tandis que l'autre écrit les parties electro.
Vous avez affirmé aimer écrire sur des sujets graves tels que les séismes et les tsunamis. Certains autres groupes japonais ont pris parti contre le gouvernement qu'ils accusent de cacher des informations aux gens et au monde. Quel est votre point de vue ? Pensez-vous qu'il est de votre devoir en tant que personnalités publiques de porter la voix sur ce genre de sujets ?
Ken : En effet. Il est ! Le gouvernement nous a menti, il nous a caché des informations et c'est toujours le cas. Le problème étant que la majorité des Japonais lui fait confiance. La ville de Tôkyô est devenue assez dangereuse car elle est maintenant complètement polluée par les radiations nucléaires. En tant que Japonais, nous devons élever nos voix et passer le mot. Il est de mon devoir, en tant que citoyen, de faire quelque chose et d'être actif. La musique est un outil puissant. Et vous savez, les médias sont contrôlés par le gouvernement tout comme internet, les gens ne peuvent pas exprimer s'exprimer librement. Il y a quelques jours, un Japonais célèbre a affirmé que le gouvernement ne disait pas toute la vérité concernant Fukushima à la télévision. Il s'est fait virer et a perdu sa maison ... Je suis surpris de voir que vous êtes conscients de ce problème, le monde ne sait pas vraiment ce qu'il se passe. Le Japon ne veut pas faire face à la vérité, ni demander de l'aide. Il y a encore des gens qui vivent dans Fukushima mais le gouvernement ne s'en soucie pas vraiment. Au lieu de ça, les politiciens placent l'argent du pays dans les Jeux Olympiques que le Japon accueillera en 2020 !
Révoltant ! A propos du groupe, le nouvel album est sorti au Japon en Juillet et sera disponible en France dans quelques jours. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ken : L'album est nommé « Apocalyze » et a été produit par la légende Machine. Pour ce troisième album, nous avons écrit des paroles qui traitent de différents sujets tels que la catastrophe nucléaire et le fait que le gouvernement retienne des informations qu'il ne dévoile pas au public. L'album parle aussi d'harcèlement scolaire, de vengeance et ainsi de suite. Le titre doit avoir une signification sombre pour les Chrétiens, il fait allusion à l'Apocalypse. Pour nous, ce jeu de mots signifie "détruire et reconstruire". Cela signifie, renaître de ses cendres. Nous ne sommes pas Chrétiens, mais nous avons choisi ce terme car il parle aux Occidentaux et ce sont les gens que nous désirons toucher.
C'est la raison pour laquelle vous chantez en anglais.
Ken : Absolument ! Nous voulons être un groupe international, pas seulement "Japonais".
« Apocalyze » a été produit par le poids lourd américain Machine comme c'était le cas de notre EP « Zion ». Comment se déroule le travail en sa compagnie ? Que pensez-vous qu'il ait apporté à votre musique ?
Ken : Machine est une légende. Les albums sur lesquels il a bossé par le passé font partie de nos favoris et nous avons sauté sur l'occasion de travailler avec lui pour notre EP « Zion ». Nous sommes fiers de cet enregistrement et il nous a aidés à acquérir une fan-base à travers le monde. Avec « Apocalyze », Machine nous a poussés plus loin. Nous avons pu passer beaucoup plus de temps ensemble à travailler les chansons. L'EP n'a été enregistré qu'en une semaine alors que le nouvel album a été enregistré en deux mois. Cette fois-ci nous avons eu le temps d'expérimenter plus de choses et de travailler sur de nombreux niveaux sonores. Travailler avec lui est tout simplement incroyable, car il nous entraîne dans de nombreuses directions variées. Il est vraiment génial ! Bien qu'on s'est pas mal pris la tête, mais c'est ce qu'il faut pour produire de la bonne musique.
Jouer en ouverture de concerts ou partir en tournée avec de nombreux autres groupes, comment réussissez-vous à marquer le public tout en ayant seulement quelques chansons sélectionnées à jouer ? Comment vous démarquez-vous en live ?
Hiro : Nous sommes Japonais et, par conséquent, le public ne s'attend pas à ce qu'on envoie du lourd. Nous mettons tant d'énergie dans nos spectacles, que les gens ont tendance à ne pas nous oublier. Les concerts sont ce qu'il y a de plus important pour le groupe, nous ne voulons pas décevoir les gens. Nous donnons le meilleur de nous. Les billets sont assez chers et cet argent mérite d'être bien dépensé. Cela doit valoir le coup.
Eh bien, j'ai hâte de voir ça le 19 Novembre.
Ken : De même, on est impatients !