'Dum Spiro Spero' vient tout juste de paraître. Combien de temps vous ont pris son écriture et son enregistrement ?
Die : Beaucoup de temps, plus d'un an. Le processus d'écriture et d'enregistrement ont débuté juste après le concert que nous avons donné au Budokan au Japon en Janvier 2010. En revanche, on tournait encore à cette période au Japon, donc je ne crois pas que nous ayons respecté un rythme de travail précis. Je veux dire, nous n'enregistrions pas tout le temps, mais on travaillait son écriture en permanence. Il nous a fallu un certain temps pour le finir, mais nous n'aimons pas nous précipiter. Une seule chanson peut mettre un mois à une année pour être terminée. On l'a achevé il y a quelques mois.
Le titre de l'album fait référence à un proverbe latin qui signifie 'Tant que je respire, j'espère'. Serait-ce lié au climat présent actuellement au Japon suite aux évènements qui ont eu lieu en Mars 2011 ?Shinya : Nous avons choisi ce titre après ce qui s'est passé au Japon, alors nos esprits ont effectivement pu être influencés. Néanmoins, nous ne voulons pas imposer aux gens une signification particulière. Prenez-le comme vous voulez, la vôtre est la nôtre !
Vous apportez toujours quelque chose de nouveau, musicalement et vocalement, sur chaque album. Est-ce intentionnel ou cela vous vient-il naturellement ?
Die : C'est plus ou moins un mélange des deux : c'est naturel et intentionnel à la fois. Nous sommes toujours avides de créer de nouvelles choses de manière à nous perfectionner et ne pas nous ennuyer. Par contre, nous n'essayons pas d'être ce que nous ne sommes pas. Je veux dire par là que nous avons donné le meilleur de nous-mêmes pour traduire musicalement ce que nous avions sur le c?ur, ce que nous voulions dire à ce moment-là dans le temps. Nous ne nous sommes pas souciés tant que ça du changement à adopter, les idées viennent quand elles veulent. Ce sur quoi nous nous sommes concentrés est la qualité du son. A partir de là, nous avons étendu nos horizons, puis nous avons essayé de les incorporer dans l'architecture de notre musique. Notre manière de fonctionner a toujours été de s'approprier des choses diverses et variées et de traduire ce qu'elles nous apportent en musique, et ça nous vient naturellement.
'Dum Spiro Spero' est assez dense et diverse. Selon moi, il est la continuation évidente de 'Uroboros' en plus sombre. Comment le décririez-vous ?
Shinya : Après l'album « Uroboros », on s'est mis d'accord sur le fait d'attendre un moment avant de s'attaquer à son successeur pour vraiment tourner la page de manière à créer quelque chose d'encore plus spécial et unique. Sur le nouvel album, les chansons sont un peu plus fortes et profondes. Je pense que « Dum Spriro Spero » va plus loin que « Uroboros ».
L'album ouvre sur 'Kyoukotsu No Nari', un titre instrumental à vous glacer le sang. Les intros de vos albums donnent toujours un très bon aperçu du son et de l'atmosphère générale du tout. Écrivez-vous l'intro de l'album avant le reste pour vous guider ou à la fin ?
Die : Hum... Intéressant. A la base, nous n'avions pas de vision globale de l'album, on a essayé de se concentrer sur la création d'une chanson à la fois pour homogénéiser le tout à la fin. « Kyoukotsu no Nari » a été réalisée à la fin de l'enregistrement. Nous avons fait « The Blossoming Beelzebub », le premier tire de l'album, presque en même temps pour obtenir un alliage logique et cohérent. En fait, nous avons quelque peu modifié les arrangements de « The Blossoming Beelzebub » après coup parce qu'on voulait que ce titre soit plus en adéquation avec « Kyoukotsu No Nari ». Nous n'avons pas de manière spécifique ni habituelle d'écrire les chansons d'ouverture mais il est vrai qu'elles sont spéciales pour nous et que l'on y passe beaucoup de temps.
Le titre bonus 'Rasetukoku' est une nouvelle version de l'originale qui se trouve sur l'album 'Macabre' sorti en 2000. C'est quelque chose que vous aviez déjà fait avec 'Hydra' et 'Zan' par exemple. Comment choisissez-vous les chansons que vous ré-enregistrez et pourquoi ?
Shinya : Cette fois-ci, on a décidé de ré-enregistrer « Rasetsukoku » parce que nous savons que c'est une chanson importante pour les live, pas uniquement au Japon mais à l'étranger également. Les fans deviennent fous quand on la joue aussi nous voulions vraiment la ré-écrire pour la jouer sur cette tournée. On voulait juste la mettre à jour pour les fans et nous-mêmes.
Quel a été votre plus gros challenge pendant l'enregistrement ?
Die : Le plus gros challenge que nous avons rencontré pendant l'enregistrement de l'album fut très probablement l'étape de mixage ( Mixing engineer : Tue Madsen ) et de mastering ( Mastering engineer : Alan Douches ). En ce qui concerne le mastering, nous voulions que notre son soit le plus parfait possible, exactement tel que nous le voulions, mais étant donné que nous avions fait appel à un Américain pour cette étape, ça a été très dur d'en discuter à travers le Net. C'est quelque chose qui doit se faire en personne. Ça a été très compliqué d'échanger nos idées, d'assembler les pièces du puzzle et de s'assurer que nous aurions ce qu'on voulait. Le mastering fut indéniablement la partie la plus complexe de l'enregistrement.
Je crois que la pochette de l'album met en scène Tarani Bosatsu ( Tara ), la 'Libératrice', que l'on retrouve dans le bouddhisme tibétain. Pouvez-vous m'en dire plus ?
Shinya : Woah ! La pochette de l'album ne fait pas spécialement référence à la religion. Pour « Dum Spiro Spero » nous voulions un symbole spirituel qui puisse toucher ou plus précisément parler à tout le monde. Nous voulions également quelque chose de différent par rapport à nos anciens travaux. Yoda Koji l'a réalisée (cliquez ici ). Nous travaillons avec lui depuis des années.
La pochette et le titre de 'Dum Spiro Spero' font référence à l'espoir et la vie alors que son contenu - la musique et les paroles - évoque assez le contraire. C'est un choix délibéré ?
Die : Cette contradiction n'était pas vraiment délibérée. « L'espoir » est définitivement un mot-clé de l'album et spécialement pour l'artwork. Nous en avons pas mal discuté. Le paysage des bambous est chargé en signification. Le bambou transmet l'idée du sacré et de la sérénité, alors que sur l'artwork, la foret de bambous est sombre et envahissante. La lumière venant de la personne en illumination ( Tara ) traduit l'idée de la spiritualité et de la vie. Finalement, cela signifie qu'il faut garder la foi et espoir même dans les moments les plus durs : Tant que je respire, j'espère. Nous en avons pas mal parlé ensemble... La manière dont la lumière éclaircit les bambous etc. En ce qui concerne le contenu de l'album, c'est exactement pareil. Comme tu l'as dit, la majorité de la musique est sombre et lourde mais les mélodies illuminent le tout. Si cela te pousse au questionnement, c'est génial. Avons-nous de l'espoir ou non ? C'est rempli de sens.
Je vois. Le 'Lotus' émet les mêmes valeurs que tu as décrites.
Die : Exactement.
Selon vous, quelle est la force de DIR EN GREY (par rapport aux autres groupes ) ?
Die : Hum... C'est difficile à dire parce que nous ne regardons pas les autres groupes ( rires ). Mais selon moi, je crois que nous avons le courage de faire ce que les autres ont peur de faire. Je veux dire, musicalement nous allons plus loin que le format établi que vous entendez ailleurs. Nos visuels et vidéos sont travaillés, outranciers et grotesques. L'identité entière du groupe est unique. C'est notre plus grande force. Nous nous motivons mutuellement, l'idée est de grandir ensemble, de se développer ensemble et de continuer à s'insipirer les uns les autres avec ce que chacun apporte au groupe. C'est un plus, c'est certain. La plupart des groupes essayent d'être gentils envers les gens, les médias ; ce n'est pas notre cas. Nous ne sommes pas là pour faire plaisir, nous avons le courage de faire ce que l'on a envie de faire à tous les niveaux.
Merci pour cette interview.
Die : Merci beaucoup. C'était une interview intéressante.