Le groupe anglais de Doom Metal, ELECTRIC WIZARD, sortira son huitième album-studio, intitulé ?Time To Die?, le 29 Septembre 2014 sur son propre label Witchfinder Record (distribué par Spinefarm Records). La galette a été enregistrée dans les studios Toerag à Londres, mixé par Chris Fielding et produit par le guitariste et chanteur du groupe, Jus Oborn. Pour la première (et dernière fois) depuis 'Let Us Prey' sorti en 2002, l'album comprend la participation du batteur original Mark Greening. Le 11 Juin dernier, Mark a quitté le groupe de nouveau. Simon Poole le remplace depuis. ELECTRIC WIZARD en journée promo au Black Dog (Paris), nous en avons profité pour discuter de toute cette actualité avec la guitariste, Liz Buckingham.
Jus Oborn, le chanteur et guitariste du groupe, a dit un jour que tous vos albums passés suivaient un thème ? la vengeance ou la magie noire par exemple. Le thème cette fois-ci serait la mort. Pourrais-tu nous en dire plus ?
Liz : Tous nos albums sont liés à ce que nous vivons. Ils nous reflètent. Ils reflètent ce que nous aimons, ils sont le miroir de ce qu'il se passe dans nos vies au moment de leur création. Le dernier album a été très difficile à faire. Beaucoup de choses se mettaient au travers de son chemin. Je suis sérieuse, il a été très, très dur à réaliser. Nous écrivions constamment sur le sujet de la mort. Nous étions exaspérés et irrités. On n'en pouvait plus ! On était à bout de nerfs, très tendus et en colère. En studio, c'était comme ça : "Oh mon Dieu ! S'il te plaît, meurs, je vais te tuer. Va te faire foutre !" (rires). La mort était toujours dans nos esprits et il s'est avéré qu'elle est devenue le thème de l'album. Mais tu sais, la mort est toujours liée à la vie, peu importe les difficultés qu'on a rencontrées, le groupe est toujours là, bien là, et peut-être plus fort qu'auparavant. On renaît de nos cendres (rires).
Quel a été le plus gros défi de cet album ? Ne pas vous entre-tuer (rires) ?
Liz : (rires) Le terminer en fait. Notre ancien label, Rise Above Records, nous mettait des battons dans les roues, les mecs voulaient nous priver de sortir des albums et nous interdire d'utiliser le nom du groupe. Ils nous ont, grosso modo, dit qu'on leur appartenait. C'est comme s'ils nous envoyaient en prison, c'est comme s'ils nous privaient de notre liberté. Nous nous sommes bien battus ! Le plus gros défi était de gérer tout ça, tout ce qui se passait au-delà de la musique. Nous avons dû tout financer et payer nous-mêmes. On est sur la paille maintenant. Produire un album coûte extrêmement cher.
ELECTRIC WIZARD existe depuis une vingtaine d'années à présent. Je sais que tu n'étais pas encore dans le groupe à ses débuts, mais comment décrirais-tu le développement de sa musique depuis cette époque ? Et, que penses-tu que le retour de Mark Greening ait apporté sur le nouvel album ?
Liz : Je dois bien l'avouer, il existe une alchimie évidente avec Mark. Il se démarque des autres batteurs avec lesquels nous avons travaillé. On est sur la même longueur d'onde, musicalement parlant. Tu vois ? Il y a une connexion, quelque chose de spécial. Tu l'entendras peut-être sur 'Time to Die'. Ça coule de source avec lui. Il est très facile de composer avec lui. Ça nous est facile de jouer ensemble. Nos personnalités, en revanche, ne s'accordent pas. Je ne pense pas que la musique du groupe ait progressé ou changé. Je ne crois pas qu'elle s'est développée (rires). Nous faisons toujours du rock agressif élémentaire.
Pour en revenir à Mark, apparemment tu l'as viré du groupe. Que s'est-il passé ?
Liz : Un mensonge ! C'est un mensonge, purement et simplement. Il est juste parti. C'est un type bizarre, il veut nous énerver. Je ne souhaite pas m'étendre davantage sur le sujet parce que tout ce qu'il cherche, c'est attirer l'attention et je ne veux pas lui donner ce plaisir. Je ne vais pas en rajouter une couche. C'est bête et immature.
OK. Ça me va. Le nouvel album, 'Time to Die', a été enregistré dans les studios Toerag (UK) une nouvelle fois. Qu'appréciez-vous à propos de cet endroit en particulier ? Qu'y-a-t'il de si spécial ?
Liz : C'est un studio d'enregistrement, dirigé par Liam Watson, assez connu en Angleterre. J'adore cet endroit ! La première fois que j'y suis allée, j'étais émerveillée par ses couleurs et toutes les photos de BLACK SABBATH. Il n'a rien de moderne. Il s'apparente plus à un musée. Rien ne lui ressemble. J'aime le matériel d'enregistrement old-school, tu sais. La première fois fut une superbe expérience et nous voulons simplement la réitérer encore et encore. Je pense que ce studio est en phase avec notre son. Tout ce que fait Liam nous correspond. Il fait tout avec ses mains, il n'utilise pas d'ordinateur. C'est la raison principale de ce choix, travailler organiquement. C'est ce qui nous correspond le mieux.
Tu as été élevée dans un foyer qui chérit la musique classique. Qu'est-ce qui t'a menée vers une musique plus heavy ? Est-ce que la musique classique t'inspire d'une quelconque manière aujourd'hui ?
Liz : Je ne pense pas qu'elle m'inspire. Je ne sépare pas vraiment les deux. La musique est la musique pour moi. Je n'y ai jamais vraiment réfléchi, je n'ai jamais vraiment pensé au fait que la musique classique puisse inspirer d'une quelconque manière mon écriture ou mon jeu. C'est une question assez difficile pour moi (rires). Quand j'écoutais du classique, je préférais toujours les titres plus agressifs. J'ai donc décidé de jouer de la guitare. J'ai pris des cours mais n'ai jamais aimé ça ni même retenu une seule information. J'ai fini par trouver comment accorder bas mon instrument. J'ai aimé ce que j'entendais. J'ai pu enfin créer le son que j'aspirais à jouer. Je ne me rappelle pas vraiment comment j'ai été amenée au Metal, c'est venu naturellement. OK, j'ai probablement entendu des titres à la radio au début (rires) ! Je ne crois pas ce que je viens de te dire (rires). Puis, j'ai commencé à aimer une musique plus expérimentale et bizarre. Je voulais jouer plein d'instruments différents mais je me suis cantonnée à la guitare parce qu'il m'était plus facile de composer avec.
Qu'aimes-tu si particulièrement à propos de la musique heavy ?
Liz : Ça me procure du plaisir (rires). La musique heavy est mon meilleur moyen d'expression. Elle me correspond mieux que n'importe quel autre genre musical. Je m'y sens connectée. Elle me donne l'impression de prendre le pouvoir. C'est juste qui je suis, tu vois. Je ne peux pas décrire ça avec des mots.
La musique du groupe est indéniablement sombre. L'album 'Time to Die' ne fait pas exception à la règle. À travers quel éventail d'émotions passez-vous quand vous créer un album tel que celui-là jusqu'à arriver au produit final ?
Liz : On traverse un panel d'émotions différentes. Mais il s'agit vraiment d'être le plus vrai possible avec les mecs qui travaillent avec toi. Ne pas tergiverser, aller droit au but, sans hypocrisie. La création peut être un processus assez frustrant des fois, tu peux avoir plein d'idées fantastiques dans la tête mais rien ne se passe. Puis au final, quand tu y arrives et finis, tu es évidemment heureux et fier. En studio, tu passes par d'innombrables émotions. C'est une expérience émotionnelle. C'est dur, incroyable, peinant, puissant, fatiguant, excitant... (rires).
En tant que femme, quels changements ou reculs as-tu constatés au regard de la place des femmes dans l'industrie de la musique depuis tes débuts ? Pense-tu que le niveau ait évolué ?
Liz : Pas vraiment. Malheureusement, c'est toujours plus ou moins la même chose. Quand j'ai débarqué sur le terrain, c'était très dominé par les hommes. Il y a plus de filles dans le public. Aujourd'hui, je vois plus de filles jouer également par rapport aux années précédentes. Mais malgré ça, je ne pense pas que le niveau ait réellement progressé ? peut-être un chouïa. Quand j'ai commencé, il était très, très dur de se faire respecter et j'ai l'impression que rien n'a vraiment changé. La manière dont les hommes perçoivent les femmes a trait à leur éducation plus qu'au nombre de femmes qu'ils voient jouer de la guitare. Cela va prendre du temps avant que les choses ne bougent, si elles bougent un jour. Les seules avancées que je constate sont seulement le fait que c'est devenu plus accepté et moins choquant.
Quelle est la plus grande réussite de ta carrière ?
Liz : je dirais probablement le disque "Witchcult Today" !
Vois-tu d'autres choses à accomplir avec le groupe ?
Liz : Oui. Hum, j'aimerais vraiment m'investir davantage dans la création de films pour avoir les visuels adéquats qui accompagnent la musique. Un film qui illustrerait un album. C'est définitivement quelque chose sur lequel j'aimerais me pencher.
Merci Liz pour cette interview.
Liz : De rien. Merci à toi.