EXANIMIS est un tout nouveau projet musical amené par trois musiciens, Alexandre Dervieux (guitare/chant), Julien Marzano (guitare) et Julien Prost (basse), qui travaillent sur le concept depuis 2015. Car il s'agit bien d'un projet d'ampleur : EXANIMIS est non seulement un groupe proposant un death metal orchestral puisant clairement ses influences chez FLESHGOD APOCALYPSE, SEPTICFLESH ou OBSCURA, avec une petite touche progressive à la OPETH, mais également un véritable concept visuel. Ce même concept que l'on retrouve dans le premier clip, un morceaux réduit à 9 mn (alors que la version studio fait presque 12mn) entièrement scénarisé à la manière d'un film d'horreur, montrant la direction artistique complète voulue et menée avec brio par le groupe. Bienvenue dans leur cauchemard onirique, grandiloquant et, entre nous, terriblement bon !
Marionnettiste est leur premier opus qui regroupe autour des trois compaires un nombre impressionnant de musiciens (session ou guests). On retrouve entre autre Clément Denys (batterie, FRACTAL UNIVERSE, ex-BENIGHTED SOUL, ex-THE SCALAR PROCESS), Morgan Koch (guitare lead, SWARMAGEDDON), Nathalie Theveny (piano), Flavien Morel (chant, LOGRUSS, ex-BENIGHTED SOUL, ex-AKROMA), Raphaël Jeandenand (orgue Hammond), Lorine Pauget (choeurs) et Maxime Poirot (orchestrations).
A l'occasion de la sortie de l'album, je suis partie à la rencontre du groupe pour faire connaissance avec eux.
Bonjour EXANIMIS et merci de m'accorder cette interview. Vous êtes des anciens élèves de la Music Academy international et EXANIMIS est votre projet commun. Pouvez-vous m'expliquer comment en êtes-vous arrivés à ce projet là ?
Alexandre D. : Bonjour à toi et tes lecteurs ! A la base, j'ai créé ce projet avec un ami guitariste qui était dans la même promo MAI que moi. L'idée première était de composer un death metal assez technique et que les arrangements orchestraux viennent se greffer dessus par la suite. J'ai ensuite rencontré Julien P. et lui ai proposé de devenir bassiste du groupe. Nous composons désormais à nous 2 la majeure partie des morceaux. Mon premier acolyte guitariste ayant quitté le navire pendant l'enregistrement, nous avons contacté Julien M. que nous connaissions déjà et qui a immédiatement répondu à l'appel !
Julien P. : Effectivement nous nous sommes tous rencontrés à la MAI même si nous étions dans des promos différentes. Et pour l'anecdote Alex ne m'a pas vraiment "proposé"... je m'explique, Alors que je n'avais pas encore rejoint la formation, Alex est venu me voir pour enregistrer les démos des morceaux dans mon studio, et un jours, au beau milieu d'une conversation il me dit "au fait, c'est toi le bassiste d'Exa !"... j'ai pas vraiment eu le choix! (rire)
Que signifie le nom du groupe, EXANIMIS ?
Alexandre D. : Le nom vient du latin et signifie "Sans vie" ou atterré, ce qui rejoint l'aspect horrifique et cauchemardesque que nous avons développé à la fois dans la direction artistique et la musique du groupe, ainsi que le côté "dépourvu d'âme" propre à nos personnages scéniques.
On remarque que beaucoup de groupes aujourd'hui commence par un EP avant de se lancer dans la production d'un album. Pas vous. Pouvez-vous m'expliquer ce choix ?
Julien M. : Parce qu'on a 30 ans et pas de temps à perdre ! (rire)
Alexandre D. : On ne s'est même pas posé la question en vérité, le choix s'est fait naturellement ! Nous avions aussi beaucoup de choses à raconter ou à illustrer par la musique, la plupart de nos morceaux dépassant largement le "format radio", un album était la seule option possible.
Julien P. : Alors c'est un pari osé je l'admets, mais pour être déjà passé par là avec d'autres formations, le fait de sortir un EP n'a jamais été concluant et ce terminait toujours par un échec... il était hors de question de refaire cette erreur avec Exanimis. C'est pour cela que nous n'avons fait aucunes concessions que ce soit musicalement ou visuellement.
Pouvez-vous me raconter comment vous avez travaillé sur la réalisation de cet album ?
Julien P. : Globalement on se partageait l'écriture avec Alex, même si il a fait une plus grande partie du travail je l'avoue (rire). Moi je me chargeais surtout des enregistrements et une partie des arrangements. Nous avons dû aussi contacter pas mal de monde pour nous aider, notamment Morgan Koch, guitariste de SWARMAGEDDON, qui est un guitariste extraordinaire et un ami de longue date, qui a dû, en très peu de temps, écrire et enregistrer les solos de l'ancien guitariste qui nous a quitté en pleins milieu de l'enregistrement de Marionnettiste. Nous avons aussi réuni plusieurs de nos amis musiciens pour venir scander avec nous le refrain du morceau Stampede of 10 000. Je pense aussi à Raphaël Jeandenand, clavieriste d'"Howard", a l'orgue Hammond et Flavien Morel, qui a nous mixé et masterisé l'album, aux chœurs sur "The slow flow of the spume on the shore"... Et n'oublions surtout pas Clément Denys de Fractal Universe que vous pouvez entendre à la batterie !
Marionnettiste est un concept-album, une véritable histoire défilant sur plus d'une heure, « à travers les visions cauchemardesques de personnages à la fois manipulés et manipulateurs ». Pouvez-vous m'en dire plus ?
Alexandre D. : L'album est en quelque sorte une nuit de cauchemar que vit l'auditeur. Au début, celui-ci s'endort, pense tomber dans un rêve, mais les cauchemars/morceaux s'enchainent. Les personnages qu'ils y croisent lui racontent alors les dilemmes/thématiques propres à leurs destins et qui rejoignent le concept de manipulation.
La construction de l'album est originale : vos textes sont en anglais mais les « interludes musicaux/ ponts » sont en français. De même pour le titre de l'album. Pourquoi ce parti pris ?
Alexandre D. : Là aussi, le choix s'est fait naturellement ! Je pense qu'il est important de rappeler d'où nous venons, car il est facile d'oublier que certains groupes assez populaires viennent de France. Cela évoque aussi la période des grands poètes français de la fin du XIXème qui correspond parfaitement à notre univers.
Julien P. : Nous voulions aussi rendre un hommage à la France et son histoire absolument fabuleuse. Par exemple dans le morceau "Throne of Thorns" ce sont des citations de Napoléon que vous pouvez entendre.
Vous avez non seulement travaillé l'univers de « grandeurs et décadences » horrifiques, mais également vos visuels, grâce à une direction artistique globale et la collaboration de l'illustrateur Loïc Muzy. Comment avez-vous pensé/dévellopé cet univers ?
Julien P. : Pour tout dire, cela s'est fait assez simplement, nous lui avons juste fait écouter l'album avec une petite liste de mots-clés pour chaque morceau et...c'est tout, ensuite chaque illustration a été un "one shot" qui était en parfaite adéquation avec les thématiques des morceaux. Sincèrement je ne pense pas que d'autres illustrations auraient pu fonctionner aussi bien. Il faut dire aussi que Loïc est très à l'aise avec ce style d'univers, notamment pour avoir illustré, pendant de nombreuses années, tout ce qui touche de près ou de loin à l'univers de Cthulhu.
Un passage obligé par la pochette de l'album que je trouve personellement magnifique. Que siginifie-t-elle/ représente-elle pour vous ?
Julien M. : Cette pochette est une des 7 illustrations de Loïc Muzy pour tout Marionnettiste ! Cette pochette symbolise plein de choses qu'on retrouve dans notre musique : à la fois elle donne le ton de l'album avec ses dorures baroques autour du masque. L'aspect théâtral qui nous caractérise est présent avec les rideaux de scène qui entourent le masque. Mais évidemment le sujet principal c'est le masque brisé, avec le pendule les ficelles et les rouages qui servent à symboliser les sujets traités dans l'album : la manipulation, l'inexorable passage du temps…
Dans le contexte actuel de pandemie, d'abscence de concerts/festivals et de grosses difficultés pour tout le secteur de l'industrie musicale et artistique, comment on défend un tout jeune projet musical et un tout premier album ? Comment envisagez-vous cela si les live ne peuvent pas reprendre avant un moment ?
Julien M. : C'est la grande question… A la base Marionnettiste avait une sortie envisagée pour le printemps 2020. Mais la situation était telle que nous préférions attendre. Aujourd'hui nous avons franchi le cap de sortir l'album car il fallait qu'on avance, qu'on se concentre malgré tout sur la promotion de Marionnettiste et que l'on commence à écrire la suite d'Exanimis. Pour l'instant toute la promo se passe sur internet et c'est dur, car nous ne sommes pas Youtubeurs ni instagrammeurs, et nous voulons à tout prix défendre Marionnettiste sur scène. Nous attendons comme tout le monde, en espérant qu'il reste des salles ouvertes pour accueillir des groupes de Metal…
Et pour finir, quel(s) artiste(s) vous ont marqué en cete année 2020 qui s'est achevée et quel(s) morceau(x) tournent en boucle dans vos oreilles en ce moment ?
Alexandre D. : En terme d'album sorti l'an dernier, les deux m'ayant le plus marqué sont le dernier Igorrr et le dernier Carach Angren, tous deux de très très bons albums. Par rapport à la crise sanitaire, la manière dont les membres de Fleshgod Apocalypse ont cherché à maintenir une certaine visibilité via les réseaux sociaux et ce malgré l'absence de tournées est un exemple à suivre je pense !
Julien M. : Pour ma part en 2020 j'ai redécouvert The Black Dahlia Murder avec leur dernier album Verminous que je trouve plein de bonnes idées. Le guitariste en moi ne pouvait passer à côté du dernier album solo de John Petrucci... Et puis Frankensteina Strataemontanus, le dernier album de Carach Angren évidemment. Mais ce qui tourne en boucle dans mes oreilles en ce moment c'est pas mal de Xanthochroid !
Julien P. : Alors ce qui me concerne, "Franckensteina Strataemontanus" de Carach Angren, j'apprécie tout particulièrement leurs style d'écriture, leurs albums sont construit d'une telle façon que l'on a toujours envie savoir ce qu'il va se passer ensuite, ce sont vraiment des épopées qui prennent place dans des contes macabres, du coup c'est dur pour moi de n'écouter qu'un seul morceau haha! Et ensuite je dirais le single "NO" de Fleshgod Apocalypse qui est absolument extraordinaire.
Merci beaucoup pour votre temps, et au plaisir de vous voir sur scène quand cela sera possible !