Quelle impression retenez-vous du show d'hier soir ?
Stu : Grand ! Absolument génial (imitant cowboys et indiens). On a passé un moment de folie sur la scène parisienne. On s'est fait de nouveaux fans parmi les réguliers de VOLBEAT. Le public était présent, il l'est parfois plus, mais c'était énorme.
Que pouvez-vous dire du nouvel album ?
Jon : Dur, nous étions en Uruguay et on l'a fait rapidement durant l'été ! Question suivante (rires).
Stu : Bam ! Tout est dit, tu as tout ce que tu voulais savoir en 5 mots. Jon : Désolé, je suis crevé ! Grosse journée (rires).
Pourquoi l'avoir enregistré en Allemagne ? Choix affectif ?
Jon : Nous l'avons écrit en Amérique du sud, puis nous l'avons enregistré en Allemagne. Tout simplement parce qu'on a bossé tout l'été en Europe sur des festivals. C'était trop compliqué de revenir aux States pour enregistrer. Stu : Chaque vol dure 10 heures, t'imagines, tous les week-end ? e n'ai pas envie de rendre l'âme. Essaye toi ! (rires) Jon : C'est beaucoup de plaisirs gaspillés ! J'aurais pu, mais je ne voulais pas vivre la moitié de la semaine dans un pays pour jouer live, puis revenir une dizaine de fois aux States pour enregistrer. On a fait notre maximum.
Quels concepts entourent les deux parties de l'album ?
Stu : En fait, il n'y a qu'un concept. La 1ère partie : les six premiers morceaux, tournent autour d'un thème. Les autres sont des morceaux isolés. Ce thème en question est bien sûr les zombies, "Plagues of Babylon", je vois par là les films d'horreur, les films de morts-vivants, tout cet univers qu'on a toujours développé. Jon a écrit l'album "Horror Show", c'est son truc, il est passionné de monstres et de l'obscure au cinéma, les thrillers, l'épouvante. Mélange tout ça, on s'est arrangé pour organiser ces idées, et tu tiens le thème. Jon : La seconde partie de l'album correspond plus à des rushs regroupant une liste d'autres concepts attribués chacun à un morceau. On aurait pu en faire un autre morceau de 20 minutes mais ça aurait été ennuyeux à force. Voilà l'idée qui caractérise ces titres indépendamment. Il y a des morceaux comme "Cthulhu" inspirés d'HP Lovecraft, il y a aussi "Peacemaker", un titre rock. C'est la première fois que ICED EARTH compose des morceaux typés westerns, portes-flingues et trucs de cowboys. Et t'as des morceaux comme "Highwayman" avec au chant Russell Allen (SYMPHONY-X, ADRENALINE MOB) and Michael Poulsen (VOLBEAT), Stu et moi-même.
Avez-vous envisagé de jouer en concert 'Highwayman' avec Michael Poulsen durant votre tournée jointe à VOLBEAT ?
Jon : Pas sans Russell. S'il n'est pas là, on ne peut pas la jouer. Aucun des quatre ne doit manquer à l'appel. Stu : Cela aurait été parfait qu'il soit là ! Jon : Je suis sûr qu'on aurait vécu un grand moment à la jouer en concert. Ça aurait été mortel ! Mais tu ne peux pas retirer un seul de ces mecs et obtenir la même chose. Je n'aurais jamais accepté de la jouer dans ces conditions. C'est vraiment symbolique pour moi. Si tu regardes les paroles, comprends leur idée, et observe les individus que nous sommes, nos vies, tu comprendras de quoi je parle.
Non, je ne connais pas !
Jon : ... (rires) Stu : OK, c'est bon ! Jon, tu viens tout juste d'ouvrir ton c?ur à ce mec et il te balance comme ça : "Non, je ne comprends pas ! "(rires)
Le précédent album 'Dystopia' a souvent été désigné comme l'un des meilleurs albums d'ICED EARTH... De quelle manière avez-vous essayé de surpasser ce challenge ?
Stu : Ce n'est pas le but recherché. Bien sûr on essaye toujours de mieux faire, écrire de meilleurs morceaux. Mais nous adorons "Dystopia". On a écrit cet album avec le même état d'esprit. Absolument le même ! On a essayé de nouvelles choses, avec les artistes invités par exemple. Jon : C'est juste de nouveaux morceaux quoi. Cela représente simplement différents passages de notre vie. D'un côté t'as "Dystopia" qui est une tuerie, de l'autre t'as "Plagues" qui est putain d'énorme. Et ça nous contente pleinement !
Dans ce cas, peux-tu me dire quelles sont les principales différences entre les deux albums ?
Jon : Tu sais, en fait il n'y a aucune différence. Je me suis dit : "Tiens, je copie les mêmes fichiers et je reprends les mêmes thèmes, de toute façon ils ne s'en rendront jamais compte". (rires). Prends les anciens morceaux, change quelques paroles, il n'y pas de différence. Stu : Euh... Je vais répondre à ta place en fait ! (rires) Disons qu'il reprend une partie des thèmes Dystopiens et de films, et pour le reste ... Bon, tu sais quoi ? Copie juste les mêmes dossiers !
Le groupe a souvent changé de chanteur. Regardes-tu parfois sur internet ce que les fans racontent ? Te sens-tu apprécié ?
Stu : Toutes les réactions m'ont vraiment touchées. Tout le monde m'a soutenu, j'ai été très vite en communion avec le groupe. Et j'emmerde celui qui ne m'apprécie pas. Jon : Pareil, on l'emmerde ! la majorité des gens ont eu l'occasion de voir la joie qu'on dégage à jouer ensemble. J'aime ce type et nous écrivons ce nouveau chapitre ensemble. Tu peux constater aujourd'hui sur scène la totale alchimie que dégage notre amitié. Il est donc certain que Stu occupera longtemps son poste ? Stu : Je le sais en fait. Je compte bien rester et vivre assez vieux pour ne pas quitter cette Terre sans inscrire ma signature en tant que chanteur de Heavy Metal. Je veux vivre une longue carrière avec IE. Jon : Il a mérité sa place, il restera dans ce groupe, et ça va durer. Ceux qui nient cette évidence sont complètement attardés. Quand on joue ensemble sur scène, suffit de regarder mon visage. Stu : Même joie sur nos deux tronches. (rires)
De quelle manière avez-vous écrit vos nouveaux morceaux ?
Stu : De quelle manière j'écris ? Tu sais, je prends un morceau de papier à la con, et là je prends un stylo que je gratte sur le papier. Et là j'essaye de former des lettres... (rires) Jon : Tu juxtaposes les lettres ensemble A,B,C,D,E,F,G... Tu vois ? Stu : Bah, en fait l'inspiration, on la puise dans notre quotidien, nos vies, tout ce qui nous entoure. Jon : Parfois, on écrit des fictions, mais d'autres fois ce sont des expériences vécues qui en sont à l'origine. Ou alors, il arrive que cela vienne de quelqu'un d'autre, comme pour "Highwayman" dont nous n'avons pas écrit les paroles, mais ça colle parfaitement à l'esprit du morceau. J'aime écrire en écoutant des artistes country, ou autres grands lyristes comme Bruce Springsteen, dont la musique et les textes sont juste incroyables. Je pense qu'en vieillissant, l'envie me vient de revisiter ces artistes et apprécier l'ampleur de leur génie, afin de pousser ma créativité.
L'artwork de la pochette me rappelle fortement le show TV The Walking Dead. On peut y voir des zombies enchaînés ainsi ensemble. S'agit t-il d'une coïncidence ?
Stu : Je vois de quoi tu parles, on est vraiment fans de The Walking Dead. Il y a ce personnage qui tient enchaînés des zombies dont les mâchoires manquent. La fille s'en sert pour se cacher derrière leur odeur et leur grognements. C'est amusant comme rapprochement, mais l'idée n'est pas là. Les zombies sur la pochette sont en fait tenus en laisse, prêts à abattre leur châtiment sur Babylone et infecter le monde. C'est ce qu'on veut faire de l'album. L'approche est différente. Jon : Stu m'a entraîné dans cette voie, on a échangé beaucoup de discussions et d'emails. On aurait beaucoup à dire de cette série, mais c'est plus profond que ça. L'histoire que raconte la pochette de "Plagues of Babylon" est largement plus proche de l'univers de l'album "Something Wicked". C'est la même base.
Et quel rapport vous faites avec la véritable histoire de Babylone ?
Jon : Aucun, c'est juste une fiction. C'est une métaphore désignant l'empire américain. C'est assez comparable. Stu : Ce châtiment, l'infection dont on parle est réellement en train de se propager. Non pas avec la vision du zombie tel qu'il est illustré, mais nous sommes tous esclaves de la technologie moderne, nos iPhones, les sociétés, on passe un temps absurde dans les transports en commun, on s'enlise dans cette routine. Tu peux tout à fait appliquer l'idée au monde dans lequel on vit, nous sommes réellement une bande de zombies. Jon : Nos paroles tournent autour de ces sujets, tout le monde est libre de les interpréter à sa guise.
Quel crédit apportez-vous à cette hypothétique fin du monde ?
Stu : L'humanité est toujours là, les gens s'entraident mutuellement et apprennent à survivre. Si tu veux faire un lien avec The Walking Dead, tout est dans les actes que fournissent les gens. Ils se protègent entre eux mais sont parfois poussés à tuer pour y parvenir. Quel monde infernal entraîne de pareilles choses ? Pour étendre un peu l'idée, si je devais tuer pour sauver la vie de Jon, je le ferais. Nous devons survivre parce que je crois en lui et tous ont leur propre foi envers quelqu'un. Tout cela pourrait très vite dégénérer, c'est perturbant de l'envisager. Jon : T'as entendu parler des Sels de Bains ? Une drogue qui pousse les gens à mordre et arracher les chairs d'autres personnes, ils deviennent cannibales et incontrôlables. On a eu des cas en Floride. C'est plutôt effrayant de voir à quelle vitesse elle se répand et peut transformer les gens en Bath Salt Zombies comme ils disent. Stu : On ne connait pas les maladies qui naissent, toutes les expériences sur les cerveaux qui sont faites pour engendrer de parfaits soldats, tous les trucs de ce genre qu'on ignore. Pense aux manipulations génétiques, aux ordinateurs qui peuvent être directement reliés au cerveau. Skynet n'est pas si loin dans nos esprits. C'est en train de se concrétiser, ce sont des faits ! Jon : La Bible sinon, décrit au moins 6 ou 7 cas de réveil des morts. J'évoque un passage dans la partie parlée. J'ai juste changé des détails pour que le texte colle à l'histoire. Mais la partie parlée est tirée de la Bible. Enfin bref.. Peu importe tout ce qu'on dit, je pense que tout ça c'est de la merde, nous sommes des idiots et l'humanité n'est pas la créature la plus brillante de l'univers. Stu : Yo, Christmas Tree ! (rires)
Quel morceau préférez-vous sur cet album ?
Jon : "Highwayman", même si forcément j'aime l'album en entier. Mais j'adore les paroles de ce morceau, pourtant, ni moi , ni Stu, ne les avons écrites. C'est comme des frères réunis ensemble sur notre album. Sur ce titre, les personnes qui ont pour moi le plus de sens dans toute cette industrie, sont réunies. C'est un gros pari de nous réunir ensemble pour chanter. C'est pas anodin. Stu : Je pense que c'est une question vraiment déloyale pour moi, mais je rejoins Jon. C'est un grand moment de chanter ce titre avec tout ces chanteurs incroyables. Jon : Moi, je ne suis pas un chanteur extra. Stu : Si, Toi inclues ! Mais comprenez bien, je me sens connecté à chaque chanson de cet album, mais pour des raisons personnelles, je choisirais ce titre si c'était le seul à garder en ce monde.
Pour finir, que préparez-vous pour le futur ?
Jon : Nous allons essayer d'amener ICED EARTH à un niveau supérieur, je pense qu'on en est capables. J'espère que cette tournée le prouvera, et que l'album aura un maximum d'impact. On s'y investit tous, on bosse dur. On met les bouchées doubles par rapport "Dystopia".