Matarow Tsuyoshi - 2016-06-18

Matarow Tsuyoshi - 2016-06-18

Mandah 17 juillet 2016 Mandah

Matarow, pourrais-tu te présenter aux lecteurs de VerdamMnis ?
Matarow
: Tout d'abord, j'aimerais saluer et remercier sincèrement toutes les personnes qui liront cette interview. J'espère que vous la trouverez intéressante et la lirez entièrement, s'il vous plaît aller jusqu'au bout. Je m'appelle donc Matarow et, dans la vie, suis musicien de session. Je joue de la batterie pour plein de groupes japonais différents. Je suis toujours en collaboration avec une multitude d'artistes. Pour en nommer quelques uns — j'ai travaillé avec Heath de X-JAPAN, Közi de MALICE MIZER, Hasegawa Tadashi de  PLASTIC TREE, Naoki de KAGRRA entre autres. En ce moment, je travaille avec le groupe RIS, l'artiste Tsukino Erika et sur un projet un peu plus personnel avec Közi, GILLY. Le groupe GILLY jouera d'ailleurs le 27 août dans la salle CHOP située  à Ikebukuro (Tokyo, JP) ! Si par hasard vous vous trouvez dans le coin à ce moment-là, venez nous voir jouer.

En ce qui concerne la musique, à quand remonte ton premier souvenir et qu'est-ce qui t'a donné l'envie de te mettre derrière une batterie ?
Matarow
: J'ai toujours été attirée par les scènes musicales alternatives. Quand j'étais plus jeune, j'ai commencé à m'intéresser aux mouvements alternatifs tels que la New Wave et la Noise Music et plus spécifiquement via trois groupes principaux : The Pop Group, The Dead Kennedys, que j'aime toujours autant, et bien sûr les Sex Pistols. J'ai joint mon premier groupe à l'âge de 14 ans, j'étais toujours à l'école. Je ne vais pas te donner la date, mais ça remonte un peu (rires)... Donc oui, j'avais 14 ans, je ne me rappelle pas très bien de quelle manière nous avons formé le groupe avec les autres mecs, mais cela nous a pris une année pour être en place. Depuis ce temps-là, je n'ai jamais cessé de jouer de la batterie. Mon niveau a commencé à s'améliorer à l'âge de 15 ans et je me suis professionnalisé à 22 — c'est le moment où j'ai su que je voulais faire de la musique mon gagne-pain. Je ne voulais rien faire d'autre.

Avais-tu un plan B au cas où ?
Matarow
: Oui, j'en avais un. Il était évident pour moi de considérer le fait que cela ne puisse pas marcher, que mes plans pouvaient échouer, que je ne puisse pas devenir musicien professionnel et que cela reste un hobby. Dans ce cas précis, je serais devenu barman. Mais j'ai travaillé dur pour y arriver, je ne voulais pas abandonner mes rêves. Je ne voulais pas laisser tomber. J'ai fait en sorte que cela marche, j'ai travaillé dur pour réaliser mes rêves.

As-tu fais des sacrifices pour réaliser ce rêve ?
Matarow
: Oui, c'est le cas. J'ai sacrifié un mariage, en fait (rires). À l'époque, je sortais avec une fille, c'était assez sérieux mais nous avons dû nous séparer pour que je puisse devenir musicien. De manière générale, je crois que les relations ont tendance à pâtir de ce style de vie. Les musiciens sont toujours très absorbés par la musique qu'ils créent, peut-être un peu trop, au détriment de leurs cercles intimes.

Quels sont selon toi les avantages et inconvénients d'être un musicien de session ?
Matarow
: Les avantages — avoir la possibilité de voyager, cette opportunité de voir des lieux différents, est l'une des choses que j'apprécie le plus. J'en suis très reconnaissant, c'est une chance incroyable. J'ai aussi l'avantage de rencontrer des gens différents, des artistes et musiciens variés, tous des gens talentueux et intéressants. C'est très gratifiant et enrichissant d'être un musicien, je trouve. Les inconvénients — Argh ! Laisse-moi y réfléchir un peu... Je pense que les musiciens de session ont tendance à être solitaires dans la mesure où ils n'appartiennent à aucun groupe. On peut facilement se croire interchangeable. De manière plus globale, être artiste est une position risquée. Il y a trois ans, j'ai dû travailler en parallèle de la musique pour subvenir à mes besoin. Ta situation financière dépend des projets que l'on te propose.

N'aurais-tu pas voulu te développer dans un seul groupe justement ?
Matarow
: J'aurais bien aimé, oui. Cela doit être super de faire partie d'un tout pour de grands groupes tels que X-JAPAN ou LUNA SEA. Je regrette un peu ne pas m'être focalisé sur un seul et unique groupe. Mais je n'ai pas vraiment eu le choix. Il y a un temps où j'avais formé un groupe, je pensais à l'époque que je continuerai ad vitam æternam avec les membres mais nous avons dû nous séparer et le moyen le plus facile et rapide de continuer à faire de la musique était de devenir un batteur de substitution pour d'autres groupes. Les aléas de la vie m'ont mené à ce choix-là. Mais à m'entendre, j'ai l'impression de donner une mauvaise image à ce statut alors qu'en réalité, c'est incroyable de collaborer avec autant de gens talentueux. Je travaille des fois en studio, d'autres fois seulement pour les live, ça dépend des groupes. Il y a tant de possibilités offertes aux musiciens de session.

Que penses-tu de la scène alternative au Japon ?
Matarow
: je pense qu'elle s'est assagie et devenue moins bonne. Je dirais vulgairement qu'elle manque de couilles (sourit).

Quels projets t'ont donné le plus de mal ?
Matarow
: Hum... Celui pour lequel j'ai dû mémoriser 80 chansons différentes en un mois. J'ai cru que ma tête allait exploser (rires).

Quels musiciens admires-tu le plus ?
Matarow
: En tant que batteur, je respecte énormément Monsieur Yoshiki de X-JAPAN. C'est une personne très gentille et à la fois très sérieuse quand il s'agit de travailler, ce qui est génial. J'aime sa manière de jouer sur scène, sa manière de frapper la batterie et tout ce qui englobe la scène. En tant que batteur, c'est toujours très intéressant de regarder et apprendre d'autres artistes talentueux. J'aime les personnalités atypiques de manière générale. David Bowie est l'une de mes plus grands idoles. J'ai toujours été fasciné par cet homme. Il est plus que talentueux, c'est un pur génie.

Quelle chanson choisirais-tu pour symboliser ta vie ?
Matarow
: Wah ! Laisse-moi réfléchir... Je peux t'en donner trois de manière sûre et certaine. J'ai toujours adoré viscéralement Anarchy in the U.K des Sex Pistols, Kill the Poor des Dead Kennedys et Heroes de David Bowie. J'aime ces trois titres depuis le lycée ! En ce qui concerne les albums complets, Y, le premier opus du groupe anglais post-punk The Pop Group, il y a aussi Masque, le cinquième album-studio de The Mission et Technopolis des Japonais de Yellow Magic Orchestra.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui voudrait faire de la musique sa vie ?
Matarow
: Aime la musique du plus profond de ton cœur. Laisse-la t'investir totalement et te guider. Mais fais-attention à ton corps et ta santé. Avoir un style de vie sain, dans la mesure du possible, est primordial. Ne bois pas trop (rires) !

Le mot de fin.
Matarow
: Merci d'avoir pris le temps de lire. J'espère pouvoir venir en Europe et ailleurs prochainement.