Premièrement, la version Européenne sera t-elle différente de celle Japonaise ?
Mana Sama : Oui, en effet. La version Européenne comprendra la traduction sous-titrée du documentaire ainsi qu'un livret avec des photos exclusives de notre dernière tournée Européenne. De plus, une photo dédicacée de ma main sera incluse dans la première édition (first press). Mandah : Deuxièmement, pourquoi avoir attendu autant de temps entre les deux versions ? Avec tous ces bonus, vous vouliez compenser ce retard ? Mana : Il faudrait demander à Trisol Records ; mais oui, en effet, on voulait d'une certaine manière compenser et récompenser les fans européens ! Peux-tu revenir sur ce concert ? Mana : Les fans Parisiens sont fervents et chaleureux. Ils étaient vraiment incroyables ce jour-là ! J'irai même jusqu'à dire que c'est l'une de nos meilleures performances scéniques jamais réalisées. Indéniablement le meilleur concert de la tournée, parfait pour clôturer cette dernière.
Qu'en est-il du prochain album de Moi Dix Mois ? As-tu composé de nouvelles chansons ?
Mana : Nous avons, récemment, joué quelques uns de nos nouveaux titres non-sortis lors de concerts au Japon. Actuellement, Moi dix Mois se prépare à entrer en pré-production pour le prochain album-studio à venir.
A quoi peut-on s'attendre ?
Mana : Je ne veux pas trop m'avancer pour le moment mais disons que ce que je prépare me ressemblera. De fait, ce nouvel album sera très sombre mais s'orientera, plus qu'à l'accoutumée, vers des sonorités classiques.
Qu'est-ce qui a changé dans ton approche musicale depuis ces dernières années ?
Mana : Je pense que ma musique est en perpétuelle évolution. En revanche, je suis convaincu que la base est restée la même de mes débuts jusqu'aujourd'hui. Le fondement, dont le principe est de faire fusionner une certaine violence à la beauté, n'a pas changé.
Considères-tu toujours Moi Dix Mois comme ton projet solo ? Si oui, garderas-tu le même line-up pour le prochain disque ?
Mana : Moi dix Mois est fondamentalement mon projet solo, mais il est vrai que les membres actuels ont un réel potentiel et d'excellentes aptitudes ; ils sont très importants dans la manière d'exprimer ma musique aujourd'hui. Maintenant, il reste toujours une possibilité d'ajouter de nouveaux membres dans le futur, cela va dépendre de mes perspectives artistiques.
En ce qui concerne les chansons et concepts des albums, comment partages-tu tes idées avec les autres membres ? A quoi ressemble une journée en studio ?
Mana : Je commence par expliquer la thématique de chaque chanson aux autres membres puis demande à chacun, individuellement, de la faire refléter à travers leur propre performance musicale. Plus spécialement en ce qui concerne Seth, le vocaliste ; je prends vraiment le temps de lui transmettre mon point de vue et lui conseille quelle route prendre quant à la manière d'exprimer les paroles afin d'obtenir l'ambiance préalablement attendue.
Les paroles de tes chansons parlent toujours de solitude, de désespoir, de noirceur. D'où viennent tes textes ?
Mana : J'aime sincèrement les belles mélodies emplies de mélancolie qui résident dans la tristesse et la souffrance. Peut-être que les paroles me viennent, inconsciemment et logiquement, à l'esprit à l'écoute de ces mélodies ; je compose la musique avant d'écrire les textes. Il faut que les paroles aillent avec la musique, qu'en penses-tu ?!
Quelle est l'émotion qui t'inspire le plus ?
Mana : Quand j'écoute les magnifiques contrepoints de Bach, la liaison des mélodies, l'entrelacement des sons, c'est unique ; mes sentiments, mes émotions sont alors à leur paroxysme. C'est cet état d'esprit qui m'inspire le plus.
On dit souvent des leaders qu'ils sont seuls. Quelle est ton opinion là-dessus ? Te considères-tu comme un solitaire ?
Mana : Je ne me considère absolument pas comme étant quelqu'un de solitaire ; je me sens, par conséquent, pas vraiment concerné par le problème. Je dois peut-être être l'exception qui confirme la règle. Néanmoins, je pense qu'être leader te confine dans une position difficile à assumer dans la mesure où tu dois endosser toutes les responsabilités ; malgré cela, je continuerai à maintenir cette position de leader quoi qu'il en coûte.
L'aspect que tu t'es donné te permet-t-il de t'exprimer ? Vois-tu ton personnage comme un alter égo ?
Mana : Je ne suis pas le genre de personnes qui ouvrent son c?ur facilement aux autres. Mais, je ne suis pas sûr que cela ait un rapport direct avec le fait d'être timide ou non.
Est-ce que le projet d'ouvrir une boutique Moi-même-Moitié en Europe prendra forme ?
Mana : Actuellement, la boutique Harajuku à Paris propose des ventes exceptionnelles au compte-goutte de vêtements de la branche Moi-même-Moitié. Cependant, dans le futur, j'aimerais pouvoir concrétiser mon projet d'ouvrir une vraie boutique Moi-même-Moitié (à part entière).
Quant aux artworks, jusqu'où es-tu impliqué dans leur conception ?
Mana : A partir de l'atmosphère qui se dégage des chansons, je dessine des croquis plus ou moins approximatifs ; et, avec ces derniers je donne des instructions détaillées au designer graphique.
Le logo du groupe représente un décagone avec un système numérologique. Cache t-il une signification particulière ?
Mana : Le logo prend son origine dans le nombre 10 du mot ?dix? dans Moi dix Mois ; c'est à partir de cela que j'ai décidé que le logo du groupe serait un décagone. J'ai, par la suite, créé son design avec l'aide de mon designer graphique ; puis, d'un consensus nous sommes arrivés au résultat actuel. De plus, si tu désassembles le nombre 10, cela donne 1 et 0 : le chiffre 1 représente le commencement d'un tout, le chiffre 0 signifie l'éternité. C'est symbolique.
Tu as récemment travaillé avec Kanon Wakeshima. Qui est-elle ?
Mana : Sony Record m'a demandé si cela me plairait de produire un artiste ; c'est arrivé alors que mon intérêt pour la production musicale venait justement d'émerger, je me suis alors dis pourquoi pas, l'idée m'a semblé alléchante. A l'époque, parmi les performances sélectionnées par Sony, se trouvait Kanon Wakeshima. Nous nous sommes, par la suite, rencontrés lors d'une audition ; alors qu'elle chantait et jouait du violoncelle, j'ai immédiatement senti que quelque chose était possible, que nous ferions des choses intéressantes. Nous avons alors décidé de la produire. Kanon Wakeshima est, en fait, la première artiste féminine que j'ai produite. D'ailleurs, j'étais très heureux de sa performance live qui a eu lieu à la Fnac des Champs Élysées au mois de Février dernier. Ce fut un vrai succès et j'en suis ravi. Mandah : Pourquoi ne pas l'avoir signé chez Midi:Nette ? Mana : Originairement, c'était une requête de Sony Record, et Kanon Wakeshima était déjà sous contrat lors de son audition, le jour où nous avons décidé de la signer.
Quel était ton rôle exact dans la conception de l'album ?
Mana : J'ai produit le disque dans son intégralité, j'ai composé les chansons, je les ai arrangées, et j'ai supervisé l'ensemble des artworks et tout ce qui a trait aux visuels. Finalement, j'étais présent partout.
Comment s'organisait votre relation ?
Mana : En ce qui concerne l'enregistrement, c'était une vraie première pour elle, mais cela n'a pas été un problème dans la mesure où elle a étudié la musique classique depuis l'âge de trois ans environ ; de ce fait, elle a acquis une bonne oreille pour la musique et tout est allé progressivement et sans heurt. C'était une relation authentique et sérieuse.
De quelle manière était-ce différent ?
Mana : Comment ça ?! En ce qui concerne Kanon Wakeshima, c'était vraiment que de la production, alors ma quantité de travail était plutôt chargé ; la partie du travail la plus dure, selon moi, était de trouver un moyen de ne pas me préoccuper de mon propre projet, de ne pas y consacrer du temps. Maintenant que l'album de Kanon Wakeshima est sorti, je vais pouvoir passer à autre chose. S'il est nécessaire je fournirais des chansons, mais je pense pouvoir maintenir une certaine balance entre plusieurs projets.
Aimerais-tu collaborer avec d'autres artistes ? Des artistes Européens ?
Mana : Dans le futur, j'aimerais m'imposer de nouveaux challenges avec différentes perspectives, diverses possibilités ; donc si je trouve quelqu'un d'intéressant, j'aimerais, en effet, pouvoir m'expérimenter dans la production encore une fois. Il est vrai que je serais assez intéressé par produire et travailler avec des artistes Européens.
Pour finir, quels sont tes projets pour l'année 2009 ?
Mana : En juillet, le co-fondateur de Malice Mizer, Közi, et moi-même allons réaliser ensemble un Coupling Tour à Tokyo et Osaka (Japon). Ensuite, je vais devoir me pencher sur la production du nouvel album-studio de Moi dix Mois. Puis, une fois l'album sorti, je penserai à organiser une tournée Européenne.
Je te remercie.