SHAÂRGHOT : dix ans de chaos passés, une infinité à venir

SHAÂRGHOT : dix ans de chaos passés, une infinité à venir

Pierre Sopor 29 juillet 2024 Pierre Sopor & Erïck Wïhr

Que la date de naissance officielle du groupe de metal industriel Shaârghot soit nimbée d'ombres n'a rien d'étonnant... Mais le cerveau malade du projet, chanteur et interprète de la créature Étienne Bianchi a choisi 2015 comme année des vrais débuts, avec groupe, ambitions et tout le toutim. Cela va donc faire dix ans, dix années pendant lesquelles la bestiole a sacrément grandi. Shaârghot, qui donnait quelques interviews lors du dernier Hellfest, compte bien marquer le coup et nous raconte tout ça au cours d'un entretien un peu différent de ceux que l'on a pu faire d'habitude : on fait le point sur ces dix années avec Étienne mais on profite également d'avoir Paul Prevel sous la main, arrivé dans le groupe en 2022, pour apporter un autre point de vue et quelques anecdotes rocambolesques. Un œil tourné vers le passé, un braqué sur le présent et un troisième grand et vert, vers l'avenir : bonne lecture !

Commençons par contextualiser : nous sommes actuellement au Hellfest. Qu'est-ce que vous voulez voir cette année ?
Paul : Je ne reste que deux jours mais Prodigy à fond !
Étienne : Il y a SIERRA, bien évidemment. Je suis très curieux de voir l'accueil que vont lui faire les métalleux en plein jour... Elle joue à 17h, c'est tôt, mais ça reste une très bonne surprise de la voir ici !

Shaârghot va fêter ses dix ans et a fait preuve dès ses débuts de beaucoup d'ambition. Imaginais-tu à l'époque que vous en seriez là aujourd'hui ?
Étienne : Très franchement non, je ne pensais même pas qu'on durerait cinq ans ! Quand j'ai commencé ce projet, je me disais que si déjà un jour on pouvait remplir le Klub, ça serait cool. On est sur des capacités bien plus grandes maintenant, ce que je n'avais pas vu venir. Je ne peux pas te dire où l'on va fêter nos dix ans mais je peux te dire que ce sera en février 2025, quasiment dix ans jour pour jour après notre première date qui était à l'époque au Glazart. On a prévu de faire un gros truc, ça va être filmé, il y aura des surprises et on a prévu deux heures de show. Il y aura des morceaux qu'on n'a encore jamais joués, des anciens qu'on ne joue plus mais qu'on va un peu remanier... On a aussi une vingtaine de dates qui se profilent pour la rentrée et début 2025.

Au-delà de cette date, avez-vous prévu quelque chose ?
Étienne : Actuellement, j'ai plusieurs collaborations de prévues avec différents artistes mais ça n'est pas lié à notre anniversaire. Pour l'instant je n'annonce rien car on est encore en train de faire des essais. Il y aura des remixes et des collaborations mais je ne peux pas encore te dire avec qui. Peut-être que d'ici un gros mois je pourrais, mais j'y vais progressivement.

Puisque tu ne peux pas nous en dire plus, est-ce tu peux nous dire par exemple avec qui tu aimerais collaborer ?
Étienne
: Il y a par exemple Rabbit Junk, et le gars nous a déjà dit qu'il serait intéressé... Ils seraient chauds pour.

Sur quoi avez-vous l'impression que Shaârghot a le plus progressé en dix ans?
Paul : L'organisation et la rigueur.
Étienne : C'est ce que j'allais dire, le rangement du camion ! Quand on a commencé, on avait vraiment zéro organisation. Pour notre première date, quand on est montés sur scène, certains n'étaient quasiment pas peints, ça illustre bien comme tout était fait à l'arrache. On a avancé très vite et maintenant on est presque une dizaine en tournée, chacun a un poste bien précis et ça va très vite au chargement et déchargement du camion. On a une organisation presque militaire désormais et c'est loin d'être désagréable parce que Shaârghot c'est quand même avant tout une bande de barjots assez indisciplinés donc si tu laisses un seul truc qui dépasse, ça peut très rapidement partir en couilles. Là, on a mis en place plein de trucs pour éviter que ça dérape.

Tu nous parles de quelque chose de très concret. Et d'un point de vue artistique ?
Étienne : Forcément, j'ai plus de recul. Quand je réécoute des choses que j'ai faites au début, je me dis que c'est bien mais que c'est peut-être un peu naïf. Des choses auraient pu être mieux produites, mieux pensées, mieux agencées. Je me dis qu'avec quelques années d'expérience, j'aurais pu mieux faire ! Par exemple, concrètement, sur les deux premiers albums il y a beaucoup trop de choses qui sont là parce que j'avais peur du vide. Comme je n'étais pas assez sûr du résultat, j'avais tendance à rajouter des choses pour faire un bloc, une masse, je comblais avec du bruit en faisant tout passer en force dans un petit tuyau. Aujourd'hui, je fais un peu plus confiance aux gens avec qui je travaille, que ce soit les musiciens ou les ingés sons et on peut se permettre de faire quelque chose de plus aéré, de plus efficace même. Maintenant, je sais que ça va le faire.

As-tu déjà envisagé des réenregistrements d'anciens titres ?
Étienne : Oui, mais j'ai la flemme ! Si on le fait, ce sera uniquement dans le cadre des concerts et justement, pour les dix ans, on a prévu de filmer et sortir le concert donc il y aura les anciens morceaux remaniés pour la version live. Je pense en particulier à des morceaux comme Shaârghot, qui est un peu l'archétype d'un morceau qui aurait pu être bien mais ne rend finalement pas grand chose, ou Uman iz Jaws que je trouve un peu bancal et que j'ai envie de retravailler pour y ajouter un peu de grosseur, un peu de production. On va essayer de remettre tout ça un peu plus au niveau de ce qu'on fait maintenant.

Et toi, Paul, comme tu as officiellement rejoint le groupe plus récemment, quel regard portes-tu ?
Paul : Sur tout le début de la carrière de Shaârghot, j'étais surtout aux alentours. Il y a très longtemps j'avais essayé de les aider en backline mais j'ai surtout suivi leur évolution en venant aux concerts. Pour moi le vrai choc thermique a été le moment où je suis entré dans le groupe : en découvrant comment c'était en interne, je me suis dit "oh putain, d'accord, c'est hyper sérieux, le truc" ! Le côté déconne est évidemment présent mais on sent qu'il y a des enjeux, qu'il faut être sérieux et c'est une très bonne école, c'est très formateur. Je rebondis sur ce qu'Étienne disait à propos de la musique et c'est vrai qu'en composant le troisième album on se disait qu'il ne fallait peut-être pas mettre une surcouche de sons qu'on aime mais plutôt trouver l'efficacité dans le bon son qui fait que ça va atteindre l'oreille. Less is more !

Et au cours de ces dix dernières années, est-ce qu'il y a des erreurs ou des trucs pour lesquels tu t'es dit "plus jamais on ne fera ça" ?
Étienne : Oui : jeter le bidon de percus dans le public ! Il y a eu un nombre incalculable de blessés, des mecs qui se le prenaient à l'arrière de la gueule, des gens qui sortaient de là le crane ouvert... On a eu un exemple d'un mec qui s'est pris le bidon, est parti se faire recoudre aux urgences et nous a ensuite rejoint au Black Dog pour l'after ! Les concerts de Shaârghot sont toujours violents et le resteront mais on va éviter de balancer des trucs dans le public parce qu'il peut être plus violent que nous !
Paul : Et moi, on peut continuer de me jeter dans le public ?
Étienne : Oui, jeter des gens, ça passe. 

Paul, quel genre de leader est Étienne ?
Paul : Stalinien. Non, je rigole. Merde, il écoute, c'est dur ! Plus sérieusement, tu vois, un jour Étienne est venu chez moi et m'a dit "vas-y, fais ce que tu veux, on part de ce que tu veux". Il est très à l'écoute, il part de tes idées comme on peut partir des siennes. C'est surtout les siennes, globalement, mais un jour il va vouloir te mettre un peu à l'épreuve et te dire "allez, fais ce que tu veux, j'écoute" ! Je ne dirais pas sur quel morceau du dernier album c'est, mais il s'est pointé et m'a juste dit de m'éclater. Je suis parti d'un riff à la con et après quelques ping-pongs entre lui et moi le morceau est sorti. J'en suis très content. Que ce soit pour la musique, le travail ou l'aspect perso, c'est un très bon leader. J'ai beaucoup de liberté.
Étienne : Comme je le disais tout à l'heure, je fais beaucoup plus confiance à l'équipe qui m'entoure qu'à une certaine époque où je voulais absolument tout maîtriser dans le projet. J'aime bien aussi juste donner une direction sans plus d'informations et puis on verra.

Paul : Il sait ce qu'il veut mais il est toujours intéressé par les approches des autres musiciens du groupe. Il est hyper ouvert à tout ça et on peut s'exprimer comme on le souhaite, on sait que de toute façon ce sera tourné de manière cauchemardesque pour coller à Shaârghot.
Étienne : Par exemple, pour les batteries, j'avais l'habitude de demander exactement ce que je voulais entendre alors que maintenant je me contente de faire des beats assez simples pour donner à Olivier une direction et le laisser mouliner et faire ses propositions.

Peut-on dire que tu es influencé par les musiciens de ton groupe ?
Étienne : Oui bien sûr. Leurs idées ou leurs gimmicks en live peuvent me donner des idées. Par exemple, le jeu de charley d'Olivier est très inspirant, il a une façon de faire groover les machines que je connaissais pas, j'étais très boum-boum binaire. J'y pense quand je crée certaines parties, je me dis qu'il y aura de la place pour son expression personnelle. Je sais comment il joue donc je l'oriente et attend ses propositions.

Shaârghot est aussi un projet qui te demande énormément et doit être source d'angoisses, étant ton activité principale. Si tu revenais dix ans en arrière, en sachant comment ça allait tourner, te lancerais-tu à nouveau là-dedans ?
Étienne : (longue pause) Je le referais, mais en mieux ! J'éviterais plusieurs pièges dans lesquels on est tombés. Comme par exemple, alors qu'on existait depuis à peine un an, ne pas faire signer de contrat au mec qui voulait nous faire jouer en Espagne et qu'on se retrouve avec une ardoise de 800 balles parce qu'on se fait annuler au dernier moment... Ils ont réalisé que si on venait et qu'ils nous payaient, ils seraient déficitaires car ils n'avaient pas vendu assez de places. Ils nous ont par exemple sorti que finalement c'était à nous de fournir la batterie, alors qu'on devait venir en avion... ce qui n'était "pas leur problème"... Ils nous ont fait plusieurs coups foireux dans le genre pour qu'on annule et que ça ne leur coûte rien alors que si on avait signé un contrat, ils auraient dû nous dédommager. Tu vois, ce genre de petits trucs où on s'est faits avoir, mais il n'y en a pas eu tant que ça. J'aurais peut-être pensé la comm un peu autrement ici ou là, aussi. Mais globalement j'ai zéro regret.

As-tu des idées d'éléments scéniques que tu aimerais ajouter ?
Paul : De la vidéo !
Étienne : J'aimerais bien créer des structures en metal avec plein d'embranchements et avec des carrés de led qui auraient chacun leur programmation pour passer des trucs comme des pubs cyberpunks qui seraient en rapport avec l'univers et les chansons, des vidéos qui pourraient se retrouver dans la Cité Ruche, des journaux télévisés, des micro-trottoirs, un peu le genre de trucs que l'on entend dans l'intro de Let Me Out avec cette espèce de zapping, un surplus d'informations. Et rajouter des câbles un peu partout pour renforcer cet aspect cyberpunk ! J'aimerais bien qu'en plus du trompe l’œil on ait des vraies structures métalliques devant pour donner plus de profondeur, j'aimerais ajouter des murs de ventilo devant sur lesquels on pourrait monter...

Paul : Ce n'est pas sexy, ce n'est pas rock'n'roll, désolé, mais on est surtout limités par le manque de moyens. Il y a de nouvelles petites machines ou structures que j'aimerais bien mettre en avant pour Shaârghot, de nouvelles choses pour mon stand à moi parce que même s'il fait le job, je ne le trouve pas très joli. Au-delà du visuel, il y a aussi de nouvelles bécanes dont j'aimerais bien faire profiter le groupe au niveau du son. Ça va peut-être arriver l'année prochaine... J'ai des idées bien précises et c'est le cas de tout le monde dans le groupe d'ailleurs, on n'en manque pas ! On a même essayé de faire de la synthèse granulaire une fois, des sons de synthés à partir de cassettes audios à l'ancienne qui font des boucles de trois secondes... On avait cette bande en continue, qui tourne à l'infini, et on ajoutait le grain de la voix d’Étienne dans le synthé, qu'on remettait dans un autre synthé et on tunait le son pour obtenir un son bien particulier. C'est comme ça que j'ai fait le synthé de Break Your Body sur scène, d'ailleurs. C'est la voix d’Étienne synthétisée.

Dans notre dernière interview ensemble (à lire par ici), tu racontais comment un de vos titres provisoires étaient "sexy flying pizza" parce que Paul avait dansé nu avec une pizza... Donc la prochaine question est pour lui : que peux-tu nous raconter sur Étienne, des choses que lui ne nous raconterait pas ?
Paul : Difficile à dire, il y en a tellement. Je trouve qu'il a un certain talent pour casser du marbre avec les arrières-trains des gens. Il a déjà utilisé quelqu'un pour péter du marbre avec son cul et c'était la même soirée que cette histoire de pizza. On a aussi un certain savoir-faire en désossage de moto brûlée à Pigalle pour choper des bidules pour Shaârghot. Et il y a surtout cette fois, la même soirée que la pizza et le marbre, où notre hôte nous a autorisés à fouiller le débarras de l'endroit où nous nous trouvions, une sorte de cave qui appartenait à quelqu'un de décédé. J'y récupère un tas de caméras old school comme j'adore, des diapos, etc... Et Étienne, évidemment, il récupère des couteaux rouillés ! Et à un moment, il trouve une boite de munitions. Bon, elles étaient vieilles et ne marchaient plus, hein...
Étienne : ... Ça, on n'en a jamais eu la certitude...
Paul : ... On a été un peu cons, on les a faits tomber et tout. Bref, d'un coup je l'entends derrière moi gueuler "regarde ce que j'ai trouvé !" et en me retournant, je le vois avec un fusil de chasse dans une main et un fusil à pompe dans l'autre ! Il avait trouvé des armes à feu et il avait cet air fou, là, avec un les yeux qui partaient dans des directions opposées. 
Étienne : Je crois que tu oublies la meilleure partie de l'anecdote...
Paul : Ah oui, quand tu as défoncé la porte avec un flingue dans chaque main alors que y'avait deux personnes en plein coït !
Étienne : Y'avait deux personnes en train de copuler de l'autre côté et d'un coup y'a une espèce de débile surexcité et alcoolisé qui défonce la porte à coups de pied avec un fusil dans chaque main en gueulant "hey les gars, regardez c'que j'ai trouvé" !
Paul : Je crois que tu as passé facilement 30 secondes à leur répéter "regardez, j'ai trouvé des armes et des munitions !" et t'avais même pas vu qu'ils étaient à poil, je te disais "mais sors, fous-leur la paix avec tes flingues" !

Il y a une question totalement débile qu'on lit parfois en interview et on ne résiste pas à l'envie de te la poser à toi aussi : est-ce que tu es le même sur scène et dans la vraie vie ?
Étienne : Je pense que ça n'aurait pas beaucoup de sens que j'aille chercher ma baguette tout peint en noir et avec une batte de baseball à la main en hurlant "une baguette s'il vous plaît !" et en tabassant la boulangère. Plus sérieusement, ce n'est pas du tout pareil : à partir du moment où tu rentres dans un rôle, ce n'est plus toi donc ce que tu fais n'a pas la même importance. Tu incarnes autre chose. Je ne viens pas sur scène pour jouer Étienne, lui, il est remis au placard pendant ce temps. Mes doutes, mes incertitudes et tout ça restent en dehors de la scène. Le personnage que j'incarne déborde de confiance en lui, un peu trop même, et est mégalo au dernier degré. J'incarne un personnage avec lequel j'ai quelques points communs mais pas tant que ça, on a beaucoup de différences, je ne suis pas forcément en accord avec lui mais c'est drôle à jouer.

Donc tu n'as jamais douté de toi sur scène ?
Étienne : Bah non, puisque je ne suis pas vraiment là ! C'est pas moi, c'est lui !

L'univers de Shaârghot peut-il exister sans sa créature, d'une manière ou d'une autre ?
Étienne : L'univers étendu est possible, faisable et même en cours d'écriture ! Notre compendium et notre bouquin de règles avance, j'ai eu quelques réunions à ce sujet et on progresse... Sinon, oui, on peut complètement envisager des side-projects dans cet univers, y compris sans moi. En revanche le groupe Shaârghot sans le Shaârghot, ça, ce n'est pas possible ! Est-ce que ça peut me survivre avec des hologrammes ou je ne sais quoi ? Aucune idée, ça peut être rigolo, on verra !

On t'a déjà posé cette question par le passé, mais les choses ont évolué alors on redemande : quand on crée un univers comme le tien, j'imagine que l'on pense forcément à sa fin. As-tu toujours une fin en tête, est-ce toujours la même ?
Étienne : J'ai toujours la même fin en tête, on va toujours du même point A au même point Z. En revanche, il y a sûrement eu quelques embranchements qui ont changé entre-temps, j'ai ajouté quelques arcs ici ou là, quand je trouvais que j'allais peut-être trop vite dans telle ou telle direction. Je rajoute ou raccourcis certains trucs.

Shaârghot a donc dix ans. Te projettes-tu déjà dans dix ans ?
Étienne : Oui, j'ai des plans sur dix ans, j'en ai même un paquet. Maintenant que je sais que le groupe est viable et pourrait durer un certain temps, forcément, je me mets à avoir des projets sur dix voire vingt ans !

Shaârghot peut-il durer indéfiniment ? Qu'est-ce qui t'amènerait à te dire qu'il est temps de mettre en scène la fin du projet ?
Étienne : Je pense que, vu l'état d'esprit dans lequel je suis à l'heure actuelle, je me lancerais dans la fin que j'ai prévue si j'apprends que j'ai une maladie incurable et que je vais y passer. Il sera peut-être temps de clore ce chapitre... Ou être trop vieux, bien sûr, ça va avec, si je ne peux plus chanter ou performer sur scène...
Paul : Là c'est moi qui pose la question, tiens : tu n'as pas prévu d'entrer dans un délire de patrimoine pour rendre le groupe immortel ? Genre avec un descendant, un truc comme ça ?

Étienne : Mais en fait, tout ça est peut-être déjà prévu ! Qui vous dit que je n'ai pas prévu une continuité au niveau de l'histoire, sans forcément qu'il y ait encore des concerts ? J'en dévoilerais plus peut-être d'ici six ou sept ans mais le background est bien plus ancien. J'ai parlé de l'histoire sur à peu près les 30 ou 50 dernières années, mais on pourrait remonter 300 ans en arrière ou encore plus loin ! Il y a beaucoup de choses dont je n'ai pas encore parlées.

Ce n'est évidemment pas ce que l'on te souhaite, mais cette fin pourrait-elle être précipitée par une perte d'intérêt du public pour Shaârghot ? Est-ce que si justement tu te retrouvais à jouer au Klub devant 5 personnes, tu passerais à autre chose ?
Étienne : C'est une question qui mérite d'être posée, effectivement. Je pense que je trouverais toujours une façon ou une autre de retomber sur mes pattes pour continuer mais c'est vrai que ça pourrait être un élément déclencheur. Peut-être que je ne serais plus en phase et qu'il serait temps de faire autre chose... Bon, dans l'idéal on n'y viendra pas !

Et si jamais ça t'arrive, qu'est-ce que tu ferais ? Que serais-tu prêt à faire ?
Étienne : Peut-être changer de média ? Il y a tout un collectif d'artistes autour de l'univers de Shaârghot et rien ne nous empêcherait de créer des side-projects, ce genre de trucs qui pourraient prolonger l'univers avec moi dedans sans forcément que ça soit Shaârghot. Mais pour ça, je n'ai pas forcément besoin d'attendre qu'on se casse la gueule, je commence déjà à y songer car j'ai besoin de m'oxygéner. Peut-être que d'ici un an ou deux je pourrais lancer des trucs qui ne sont pas Shaârghot mais restent dans l'univers, on verra bien !

Est-ce qu'on essaye quand même de finir sur une note optimiste au lieu de parler de la fin éventuelle du groupe, de ta mort et ce genre de trucs ?
Étienne : Oui, allez ! On a un nouveau clip qui devrait sortir avant la fin de l'année, Let Me Out. Il a été tourné en septembre dernier mais je n'ai pas du tout eu le temps de m'en occuper car j'ai été pris par toute la promo autour de l'album et j'ai enchaîné avec un gros besoin de souffler, à la fois physiquement et mentalement. Maintenant que je me suis recentré un peu sur moi-même, la motivation, les idées et l'envie de travailler ressurgissent. On s'est faits quelques brainstorms avec Teddy, mon réalisateur, et je pense que ça va être très cool, on a même commencé à envisager un nouveau clip ! On se demande si on n'essayerait pas de tout filmer en P.O.V., en vue subjective... On y songe, ça serait marrant !