On se demande parfois combien de projets LAIBACH traite en même temps ! Mais après tout, la formation slovène est moins un groupe qu'un collectif artistique aux effectifs toujours flous. Toujours est-il qu'alors que LAIBACH a pu donner en septembre dernier des représentations en Slovénie de son spectacle Alamut (on expliquait le concept ici -pour des raisons d'actualité évidentes, la représentation envisagée à Téhéran n'est pour l'heure plus au programme...), a sorti l'année dernière l'album de son spectacle précédent Wir Sind Das Volk (chronique) et a prévu une tournée Love is Still Alive centrée sur la BO d'Iron Sky 2 (dont une date en France et une en Suisse, voir notre agenda), le groupe sort ce 1er janvier un nouvel album.
Intitulé Sketches Of The Red Districts (c'est à dire "Croquis des quartiers rouges"), le nouveau venu a été présenté ce jour par un clip où LAIBACH joue du décalage entre les paroles et l'esthétique oppressante :
Cette vidéo est du réalisateur slovène Benjamin Kreže. L'album peut être commandé sur le site de vente du groupe (là), où l'on peut admirer son illustration et sa tracklist :
01. 01. 06. 1924
02. Glück auf!
03. Moralna zaslomba
04. Smrt in pogin
05. Nekaj važnih in načelnih misli o bodoči usmeritvi
06. Lepo – krasno
07. 27. 09. 1980
À en croire l'historique des concerts du site, la date du 27/09/1980 correspond au premier concert du groupe à Trbovlje, sa ville d'origine, historiquement ouvrière. De toute évidence, c'est à elle que se réfèrent les "quartiers rouges" du titre. La date du 01/06/1924, quant à elle, correspond à un affrontement dans la ville entre des ouvriers et des militants de l'Organisation des Nationalistes Yougoslaves, d'inspiration fasciste, qui a fait plusieurs victimes. En parlant de date, on remarque aussi que la présentation du clip sur Youtube finit mystérieusement par "1941 - 2022" : 1941 est l'année de l'invasion du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (la première Yougoslavie) par l'Allemagne nazie et ses alliés, ce qui s'est traduit par des arrestations et des déportations massives à Trbovlje à en croire la fiche wikipédia anglophone de la ville. Le groupe précise dans la présentation de l'album qu'il "examine la genèse conflictuelle de la formation du groupe dans la ville industrielle de Trbovlje en 1980 et questionne l'esthétique du groupe, ses racines sonores et idéologiques par la distance du temps".
On écoutera ça, et on constate en tout cas que LAIBACH n'a perdu le goût ni des musiques froides et oppressantes ni celui des jeux de pistes !