Les contours du prochain projet symphonique de LAIBACH se précisent. Le groupe a annoncé sur facebook en juillet un mystérieux nouveau spectacle baptisé Alamut, en collaboration avec des artistes iraniens et les autorités politiques du pays, spectacle qui sera d'abord joué dans les terres natales du groupe en septembre, à Ljubljana. On en sait plus depuis, davantage de détails ayant été données dans un article au site The Quietus et une interview au site Louder Than War.
Ce spectacle s'inscrira en fait dans un échange culturel historique entre l'Iran et la Slovénie : en effet, il fait référence au livre Alamut du romancier slovène Vladimir Bartol, qui lui-même mettait en scène le personnage historique d'Hassan-i Sabbāh, leader politique et religieux chiite dissident du XIème siècle, que l'on connaît en Europe surtout pour avoir fondé la secte des Assassins, en guerre contre l'Empire seldjoukide. On pourrait se demander ce qui a attiré LAIBACH si loin de ses thèmes habituels, mais on trouve rapidement : Vladimir Bartol était résistant pendant la seconde guerre mondiale, LAIBACH précise qu'il a fait de son roman une allégorie du fascisme contre lequel lui-même luttait, la manipulation par le prophète autoproclamé étant assimilée aux méthodes de propagande modernes. Alamut s'inscrira donc à sa façon dans la continuité de Wir Sind Das Volk dont nous reparlerons bientôt !
LAIBACH a en tout cas travaillé sur cette œuvre avec les compositeurs iraniens IDIN SAMIMI MOFAKHAM et NIMA A. ROWSHAN ainsi qu'avec le compositeur slovène LUKA JAMNIK. Le spectacle devrait être joué en Iran également avec l'Orchestre Symphonique de Téhéran, des membres du groupe ont déjà fait plusieurs voyages en Iran notamment pour s'accorder avec le pouvoir politique, et le chef d'orchestre iranien Navid Gohari viendra pour la première représentation à Ljubljana conduire l'Orchestre Symphonique de RTV Slovénie. L'instrumentation ne sera pas entièrement la même : en Slovénie, LAIBACH a l'intention de mobiliser une soixantaine d'accordéons pour créer non pas une mélodie mais une "cacophonie universelle" qui, à les entendre, représente le son de la guerre... À Téhéran, ce rôle sera dévolu à un instrument à vent traditionnel iranien, le karnay.
Voilà assurément un projet original, dont la coopération interculturelle ne manque pas d'intérêt ! Difficile aussi de ne pas souligner qu'après la Corée du Nord, LAIBACH joue à nouveau avec un régime peu fréquentable ; lorsque l'interviewer de Louder Than War leur fait remarquer qu'ils enchaînent les pays de l'axe du mal selon les États-Unis, ils s'empressent de répondre que bien sûr, les États-Unis sont eux aussi sur leur liste !