Alcest + Celeste + Vampillia @ La Gaîté Lyrique - Paris (75) - 25 septembre 2018

Live Report | Alcest + Celeste + Vampillia @ La Gaîté Lyrique - Paris (75) - 25 septembre 2018

Pierre Sopor 26 septembre 2018 Pierre Sopor

La magnifique album Kodama a beau avoir déjà deux ans, on ne se lasse pas d'ALCEST. L'aura du groupe fondé par Neige, au contraire, semble ne jamais avoir été aussi forte. Avant de - peut-être - passer à autre chose, ALCEST s'est lancé dans une tournée Kodama pendant laquelle ils jouent l'album en intégralité. Accompagné des japonais de VAMPILLIA et des lyonnais de CELESTE, la tournée s'arrêtait à Paris grâce à Garmonbozia, et c'est à la Gaîté Lyrique, en plein centre-ville, que la soirée se tenait. Il y a foule, c'est complet, comme en témoigne la file d'attente qui s'est formée devant les impressionnantes colonnes de la salle.

VAMPILLIA

VAMPILLIA est un groupe fondé en 2005 originaire d'Osaka qui est, pour beaucoup, une découverte ce soir-là. Le concert commence dans le noir, alors que les musiciens montent sur scène au compte-goutte. Une violoniste seule ouvre le show, dans la pénombre. C'est élégant, théâtral, mélancolique. Soudain, un type à la gestuelle bizarre, comme pris de tics, débarque sur scène. Il porte un short, est pieds-nus et enchaîne les grimaces. C'est à ce moment que l'on commence à comprendre ce qu'est VAMPILLIA : une sorte d'OVNI chaotique, se présentant comme un "brutal orchestra", mélange pêle-mêle de musique classique, de black-metal, de doom, de hardcore... C'est totalement dingue et ça part dans tous les sens. Le chanteur cavale sur scène avec ses mimiques impayables, tel une bête enragée ou un fou furieux, proposant un sacré contraste avec le reste très classe et tout en retenu du line-up. Le public est vite conquis, c'est à la fois beau et complètement dingue. "Bonsoir, nous sommes VAMPILLIA, fuck you !", qu'on nous dit, dans un français irréprochable. VAMPILLIA, c'est pas triste. Certes, le groupe ne joue qu'à six sur scène, mais ils sont une dizaine en studio... Et clairement, leur univers est le fruit de plusieurs esprits malades. C'est plutôt jouissif et carrément rafraîchissant d'attaquer la soirée avec un groupe original et inattendu, qui ne ressemble à rien de connu.

Setlist :
01. Fenghuang
02. Some Nightmares Take You Aurora Rainbow Darkness
03. Fedor
04. LOST
05. NIJI
06. FUCK YOU
07. HOLY SHIT,MOTHER FUCKER
08. NEW SONG
09. Von
10. Winter Ash
11. Ggggzzgggzzz
12. Big Murder Mountain

CELESTE

Après le set de VAMPILLIA, un p'tit gars vient me voir dans la fosse et me demande si je m'appelle Lucas. C'est gentil de s'en inquiéter, mais non, tout va bien, je ne m'appelle pas Lucas. Par contre, il me demande aussi si j'ai déjà vu CELESTE, et non, malheureusement, même si la réputation du groupe lyonnais les précède. Il me prévient "tu vas t'amuser pour les photos, ils jouent dans le noir sur les trois premiers morceaux, avec juste des lampes frontales rouges". Ce qu'il a oublié de dire, c'est qu'en fait, les morceaux suivants aussi ! Assister au show de CELESTE, c'est un peu comme se prendre un gros mur de béton au coin du visage. De rares lumières rouges cassent l'obscurité totale de la salle alors que le set commence. La musique de CELESTE est d'une rare puissance, lourde, massive, impressionnante. Le mélange de hardcore et de black-metal est viscéral et sa rage intense, ça prend aux tripes sauvagement et la haine suinte de ce mur de son assaisonné de larsens volontaires. Au-delà de la musique, avec son visuel fort en live, CELESTE invite l'auditeur dans un univers frappant : la personne qui vient les découvrir sur scène sans connaître le visage des artistes n'aura toujours aucune idée de la tête qu'ils ont à la fin du set. Un mystère qui ne met que mieux en valeur la musique, qui ne peut laisser indemne. Clairement, Stendhal a dû être marqué par CELESTE avant d'écrire son bouquin. Le groupe n'a pas volé sa réputation de phénomène sur scène : c'est une claque magistrale, un truc tellement fort qu'on est bien contents qu'ALCEST vienne ensuite nous passer un peu de pommade.

Setlist : 
01.Comme des Amants en Reflet
02. Cette Chute Brutale
03. Tes Amours Noirs Illusoires
04. (I)
05. À la Gloire du Néant
06. D’errances en Inimitiés
07. Laissé pour Compte Comme un Bâtard
08. Ces Belles de Rêve aux Verres Embués

ALCEST 

Stars de la soirée, ALCEST arrive en effet à pic : après le chaos de VAMPILLIA et le passage à tabac sonore qu'est CELESTE, la douceur de la tête d'affiche a un véritable effet rassurant, guérisseur presque. Fini les ténèbres, les hurlements, l'enfer et la fureur, ALCEST démarre sur le morceau Kodama et plonge ses fans dans un état de ravissement immédiat. Bien que le dernier album du groupe, inspiré entre autres par le travail de Hayao Miyazaki et la nature, renoue par moments avec ses racines black-metal lors de quelques passages plus tumultueux, le ton global est à l'apaisement, la contemplation, la poésie, l'introspection et une forme de douce mélancolie. Sous les sourires et le regard bienveillant de Neige, le public est captivé par l'atmosphère du concert, qui se transforme presque en expérience spirituelle. Après deux titres, le chanteur introduit Je Suis d'Ailleurs et rappelle que l'album Kodama va être joué en entier. Ce n'est cependant que la première partie du concert, puisqu'une fois Oiseaux de Proie terminée, un enregistrement de Onyx assure la transition avec la suite, qui permet à ALCEST de jouer des classiques comme Souvenirs d'un Autre Monde, Percées de Lumière ou Là où Naissent les Couleurs Nouvelles. Les paroles à destination du public sont, comme d'habitude, assez rare : d'une simplicité et d'une discrétion proche de la timidité, le groupe propose un échange à un autre niveau. Pas besoin d'expliciter cela par des mots, la musique s'en charge en toute tranquillité, avec générosité et sincérité. ALCEST, c'était beau, et on s'y sentait bien à ce concert, chaleureuse parenthèse hors du temps que le groupe réussit à créer, soir après soir.

Setlist :
01. Kodama
02. Eclosion
03. Je suis d’ailleurs
04. Untouched
05. Oiseaux de proie
06. Onyx
07. Souvenirs d'un Autre Monde
08. Percées de Lumière
09. Autre Temps
10. Là où Naissent les Couleurs Nouvelles
11. Délivrance