Beyond Obsession
On est ravis de revoir si rapidement BEYOND OBSESSION sur scène. Enfin une première partie et une tête d’affiche qui s’accordent parfaitement. Cette tournée avec AND ONE, BEYOND OBSESSION ne l’a pas volée. Les garçons ont beaucoup travaillé pour cela et assurer la première partie d’une telle légende de la synthpop leur a permis de toucher une cible susceptible de leur être acquise.
Tout comme AND ONE, BEYOND OBSESSION, c’est la garantie de ressortir avec le sourire aux lèvres toute la soirée. Notre duo entre en scène rayonnant et enchante le public. Dans les premiers rangs, certains connaissent les paroles par cœur, mais nous avions déjà pu constater que le groupe attire un public fidèle et bienveillant. Pour ceux qui découvrent, ils n’en restent pas moins emportés par les rythmes accrocheurs de Moments of Truth ou Lie after Lie. La voix de Nils, toujours pas très sûre mais tellement unique, ajoute à cette magie collective.
Le show, lui, n’a vraiment rien pour lui. L’immense scène du Stahlwerk est recouverte d’un rideau noir, presque dans son entièreté, pour cacher le décor de AND ONE. Reste alors peu de place à André et Nils pour se déplacer et tenter quelque chose. Les lumières sont elles aussi décevantes, car aucun recul possible. Le groupe et le groupe seul sauve cette performance, par son talent, sa générosité et son dynamisme. Mais l’équipe d’AND ONE, qui sait pourtant en faire des tonnes, n’a vraisemblablement pas eu envie de donner un peu de chaleur à ce décor tristounet. C’est une vraie déception pour un groupe qui avait là l’opportunité de donner plus d’ampleur à son projet.
Néanmoins, cette tournée promet d’être un boost pour la carrière de BEYOND OBSESSION, qui le mérite amplement. Le set se termine sous les applaudissements nourris du public dusseldorfois.
And One
Faire un compte-rendu d’un concert de AND ONE en restant objectif relève de l’impossible. Les Berlinois demeurent mon groupe live favori, les seuls à pouvoir me faire danser toute la nuit. Avec 27 ans de carrière, AND ONE détient en effet un répertoire de tubes interminable et l’utilise bien volontiers pour faire durer ses concerts plusieurs heures. Mais bien que sa notoriété atteigne des sommets, AND ONE accuse une perte de puissance ces dernières années, avec les changements de line-up, les échecs commerciaux et les fameux « dramas » dont la scène n’a pas besoin. AND ONE en live, c’est comme tirer les cartes : mieux vaut tomber sur les bonnes, sinon, l’avenir semble incertain. Autant de raisons d’être excité mais anxieux quant à la performance qui nous attend.
L’intro de Für retentit tandis que le public acclame les musiciens qui prennent place sur une scène maculée de blanc. AND ONE voit toujours les choses en grand pour ses tournées et construit toujours un décor à sa mesure. Le sol est tapissé de blanc, les retours sont peints en blanc, tout est finement ajusté pour qu’aucun détail ne soit laissé au hasard. À la manière des grands groupes habitués à jouer dans de grandes salles où le public ne voit pas toujours bien de loin, on a installé en arrière-plan des escaliers, blanc, que dévale Steve Naghavi en arrivant sur scène. Le public, surexcité, lui fait une ovation. Le roi est monté sur scène, le spectacle peut commencer.
C’est donc Für qui entame la soirée. Dommage. Dommage car c’est mon morceau préféré, et j’ai d’autres prérogatives à ce moment-là que de danser frénétiquement dans le photopit. Mais le titre est depuis quelques temps toujours joué en premier, pour chauffer le public d’entrée, et c’est encore un pari gagné. À cet instant, il est encore difficile de savoir ce que nous réserve la setlist. La tournée s’intitule « Trilogie 2 – The Megashow », du nom de l’album qu’elle est supposée promouvoir, mais ce concert est souvent indiqué comme « Best of Show », ce qui, en fait, en réjouirait beaucoup. Les derniers albums d’AND ONE ne sont pas les plus brillants, notamment cette trilogie d’albums sorti en même temps il y a 2 ans, Magnet. Depuis le succès de Bodypop et le classique qu’est devenu Military Fashion Show, difficile d’égaler la performance. Comme tous les bons vieux groupes, on va désormais voir AND ONE pour les vieux tubes indémodables, à l’instar de Krieger, Deutschmaschine, Techno Man ou Traumfrau, qui figurent toujours sur les setlists.
Autre classique, AND ONE enchaîne avec Timekiller, sa célèbre reprise de PROJECT PITCHFORK. Pour Schwarz, la scène s’habille de noire avec des lumières blanches. Le lightshow, du début à la fin, est impeccable. À chaque chanson sa couleur, son ambiance et l’équipe n’a pas lésé sur l’équipement. Des lumières, il y en a partout. Le public en prend plein les yeux et les oreilles. Car le son est fort, très fort. Trop fort peut-être. Impossible de négliger les bouchons d’oreille si vous tenez à votre ouïe.
Panzermensch offre l’occasion à Joke Jay, le batteur du groupe, de prendre le micro et venir faire le show. Le musicien s’approche du public, monte sur les barrières et fait monter la température. Puis remonte sur scène où il joue à trappe-trappe – comme on dit chez nous – avec Steve, qui finit par lui choper son micro et l’empêcher de finir la chanson. L’ambiance est bon enfant mais reste survoltée. On en veut plus, et ce n’est pas avec Metalhammer que cela va se calmer.
C’est finalement U-Boot Krieg in Ost Berlin qui fait retomber la pression. Le titre, issu du second disque de Magnet et dernier single en date du groupe, reste sur une ligne de chant plus monotone et n’a pas vraiment de mélodie propre. Vient ensuite Back Home, l’un des succès des succès de S.T.O.P (2012) et le désormais éternel Military Fashion Show, qui déchaîne les foules. Traumfrau, certainement la balade la plus connue du groupe, ne ralentit pas la ferveur d’un public assoiffé.
Timidement, la setlist intercale des chansons de la trilogie entre les tubes les plus connus, mais celles-ci ne sont évidemment pas accueillies avec le même enthousiasme. Le concert peut définitivement être classé dans la catégorie best-of. Sur 33 titres joués (oui oui, 33), 7 seulement sont extraites de la trilogie Magnet, dont Somebody’s Song, qui est en fait une reprise de CONDITION ONE, le groupe de Nico Wieditz. Quant à Most of The Tears et Black Fashion, ce sont des titres du nouvel album de Joke Jay. Une chanson est néanmoins inédite, il s’agit de Dein Mann, qui a visiblement plu au public.
Comme à son habitude, Steve Naghavi, très volubile, n’a pas peur de faire terminer son concert après minuit. Comme il le dit si bien lui-même : « Cela fait maintenant plus de 25 qu’on est là, et on a toujours ce sentiment de ne pas pouvoir jouer toutes les chansons qu’on voudrait. Même après des concerts de 4h et demi » (concert de Berlin en 2014, ndlr). Si le concert dans l’ensemble est un succès auprès du public, j’ai personnellement quitté la salle avant la fin du rappel. La Stahlwerk de Dusseldorf n’est pas si grande comparée au Tempodrom de Berlin qu’AND ONE a rempli avec une facilité déconcertante quelques jours après, mais on atteint déjà la taille limite des salles où je ne prends plus de plaisir. Lorsqu’il y a simplement trop de monde, que la scène est trop loin, que l’on ne dépasse pas le mètre 60 et qu’on ne voit, loin derrière, rien du concert, il n’y a pour moi plus de plaisir. En festival, il y a toujours des spots en hauteur, une scène rehaussée ou des écrans géants. Ici, perdue au milieu de la foule, je n’avais pas ma place.
Setlist :
01. Für
02. Timekiller (Project Pitchfork cover)
03. Schwarz
04. Panzermensch
05. Metalhammer
06. U-Boot-Krieg in Ost-Berlin
07. Back Home
08. Military Fashion Show
09. Traumfrau
10. Love Me
11. Seven
12. Krieger
13. Get You Closer
14. Most Of The Tears
15. Unter meiner Uniform
16. Dein Mann
17. Keiner fühlt's wie wir
18. Speicherbar
19. Black Fashion
20. Black Generation
21. Deutschmaschine
22. Take Some More
23. Second Voice
24. Driving With My Darling
25. Sometimes
26. Somebody's Song (Condition One cover)
Rappel :
27. An alle Krieger!
28. Steine sind Steine
29. High
30. Techno Man
31. Shouts of Joy
32. So klingt Liebe (Accoustic)
33. Klaus