C'est au Théâtre des Déchargeurs que BLEU REINE a choisi de venir présenter en avant-première son premier album, tous les jeudis et vendredis soirs du mois de février. Nous avons assisté à la dernière date, dans "le ventre" de ce monument historique où il se murmure que Nicolas Flamel aurait vécu et où des alchimistes auraient recherché la pierre philosophale...
Voilà pour l'ambiance teintée de mystère. Le concert a donc lieu sous terre dans un de ces magnifiques sous-sols dont le centre de Paris a le secret. La jauge est à vingt personnes assises, ce qui renforce l'impression d'assister à un événement confidentiel, un secret que l'on garde caché sous terre entre les pierres. La tradition veut qu'à chaque représentation, Léa Lotz, l'âme derrière BLEU REINE, laisse des à chaque fois des artistes différents ouvrir la soirée avec une poignée de morceaux. C'est donc à JOSY BASAR que revenait cet honneur ce vendredi, pour son tout premier concert. Artiste issu de la scène rave, il s'oriente vers des contrées plus mélancoliques et synthpop avec ce projet solo, inspiré par les zones rurales, les centres commerciaux, les lignes de bus vides et les villages sans boulangerie. Les paroles douces-amères couplées au synthé mélancolique créent une parenthèse plaisante et poétique, qui bénéficie aussi pour l'occasion de l'accompagnement à la guitare de Léa Lotz.
BLEU REINE écume les petites salles parisiennes depuis un moment et après plusieurs singles et EPs sortira enfin un premier album d'ici la fin de l'année. Intitulé La Saison Fantôme, il était donc présenté ce soir-là à une audience réduite mais acquise à la cause. L'atmosphère est intimiste mais bienveillante, l'écoute attentive à peine troublée par quelques chuchotements entre les morceaux. Il faut dire que Léa Lotz sait capter l'attention de son public, avec ses morceaux mélancoliques et poétiques où se mélangent spleen et douceur, et l'humour qu'elle utilise entre deux titres pour introduire pudiquement son travail. Elle parle comme elle chante, avec une spontanéité et une simplicité touchantes.
On se laisse donc emporter par les humeurs spectrales de La Saison Fantôme, où l'on vogue entre romantisme et introspection. Nappes de synthé, basse profonde, duo de guitare : les instruments varient selon les titres, les ambiances aussi. Les inspirations sont diverses (folk, grunge, pop, et même une très jolie chanson datant de la Renaissance), les morceaux variés mais tous ont en commun une sensibilité et une forme de discrétion qui laisse sa place à l'auditeur, invité aux côtés de l'artiste à errer, mais aussi aux différents fantômes... et notamment ceux qui hantent ce sous-sol atypique.
C'est donc dans cette bulle coupée du réel que nous avons eu le plaisir d'avoir un avant-goût de La Saison Fantôme de BLEU REINE. C'est passé vite, on s'y sentait bien et maintenant que ces "avant-premières" atypiques sont terminées, il va falloir patienter jusqu'à la sortie de l'album pour pouvoir se perdre à nouveau dans cet univers personnel fort.
Setlist :
01. Comme un Seul Homme
02. Le Bal des Sabres
03. Grenat
04. Belle qui Tiens ma Vie
05. L'Eau qui Dort
06. Pale Lumiere
07. Automne Orange
08. Retournée
09. Un Visage sur un Nom
10. Lorelei