Toujours très actif dans l'organisation de soirées gothiques à Paris, le Boucanier nous proposait une nouvelle soirée mémorable dans l'inévitable enceinte du Bus Palladium, théâtre mythique de tant de concerts. Cette fois, on y retrouvait COLLECTION D'ARNELL-ANDRÉA, projet aussi culte que rare qui célébrait la sortie de son premier album depuis 2010 et Vernes-Monde. La première partie était assurée par KATZKAB, groupe né des cendres de KATZENJAMMER KABARETT et à qui l'on doit l'excellent Le Syndrome de Diogène (chronique) sorti l'an dernier.
KATZKAB
Avez-vous déjà vu un concert qui démarre à l'heure au Bus Palladium ? Nous non plus. Tant mieux, ça laisse le temps à tout le monde d'arriver et quand enfin les lumières s'éteignent pour laisser la scène à KATZKAB, la salle est déjà bien remplie. KATZKAB en studio, c'est fou, d'une liberté affolante et salvatrice. Sur scène, on retrouve un univers fait de bric et de broc et surtout de bric-à-brac, empilement de références, de trouvailles et de détails. Parmi les membres du groupe, il y a ceux dont le visage est peinturluré et ceux qui se contentent d'afficher un K rouge sur le visage. Et puis surtout, il y a un saxophone quand il faut. Ce saxo affranchi de toute règle qui apportait une touche free-jazz aux récents morceaux du groupe aurait cruellement manqué : on est ravis de l'entendre "en vrai". KATZKAB associe sur scène une allure gothique, une énergie punk et quelque chose de festif et décomplexé, jubilatoire. Le son de la salle, parfois saturé en basses, a beau ne pas toujours rendre justice à la prestation, c'est vivant et remuant. La spontanéité de KATZKAB et ce côté un peu foutoir si vivant en font un groupe immédiatement attachant.
COLLECTION D'ARNELL-ANDRÉA
COLLECTION D'ARNELL-ANDRÉA qui s'installe ensuite offre un certain contraste, préférant les tenues sobres et les atmosphères mélancoliques, remplaçant le saxophone par un alto et un violon au chapitre des instruments inattendus ; on peut se réjouir de voir deux groupes si différents dans la même soirée ! Pour la première fois depuis longtemps, le groupe vétéran de la coldwave française vient avec un nouvel album en poche, Another Winter, et il nous plonge dans le bain dès le début avec trois titres issus du nouvel opus que l'on découvre sur scène et qui s'avèrent d'une électronique calme et rafraîchissante, avant de revenir en terre connue avec des morceaux plus orientés rock comme The Monk On The Shore, L'Aulne et la Mort ou la très noire The Spirits of The Dead, on retrouve même avec plaisir une rescapée du premier album, Aux Mortes Saisons. Le groupe doit renoncer à utiliser l'écran en raison d'un problème technique, mais ça n'a pas grande importance : le chant poignant de Chloé Saint-Liphard, le son d'authentiques instruments classiques mêlé à ceux du rock et les compositions envoûtantes du groupe sont tout ce dont nous avons besoin.