Si l'on peut compter sur Le Boucanier pour faire jouer à Paris les icônes gothiques, il faut également saluer les propositions d'affiches plus modernes garantissant la vitalité de la scène. Ainsi, Corlyx (dont le guitariste Brandon Ashley fêtait son anniversaire) posait pour la première fois ses bagages en France, bagages dans lesquels on trouvait également Suzi Sabotage, qui avant de se lancer en solo, avait déjà fait danser les ombres de la capitale avec Masquerade.
SUZI SABOTAGE
Les excentricités du post-punk théâtral de Masquerade et les airs de Nina Hagen ou Siouxsie Sioux de la chanteuse sont en partie remisés au placard, où ils rejoignent probablement quelques squelettes. Seule sur scène, Suzi Sabotage taquine le dress code de rigueur avec sa robe blanche. Les spots bleus du Supersonic Records imposent une froideur en adéquation avec la musique : dans sa musique synthétique venue de Finlande, Suzi Sabotage affectionne la poésie glaciale mélancolique et introspective. On pense d'ailleurs régulièrement à Kaelan Mikla. Love at First Bite, Persona Non Grata : chez Suzi Sabotage, le spleen est dansant et prend quelques teintes folk mystiques à l'occasion (Oodi Surulle) Pourtant, cela n'empêche pas l'artiste d'embraser son audience notamment le temps du virulent hymne Nazi Goths Fuck Off qui a droit aux applaudissements chaleureux qu'il mérite. Suzi Sabotage, avec sa tignasse, ses sourires discrets et sa musique à la fois élégante et personnelle sait se mettre le public en poche : on aurait d'ailleurs aimé que le concert dure plus d'une demi-heure !
CORLYX
De faibles lueurs rouges, des lunettes noires en forme d'ailes de chauve-souris sur le nez de Caitlin Stokes, comme un rappel de celles sur le pied de micro, et une courte reprise de Bela Lugosi's Dead en introduction : Corlyx sait lancer son set avec attitude. Sur scène, le duo devient trio et enchaîne ses tubes post-punk aux influences 80's entre efficacité pop et attitude grunge. The Echo, Lace and Latex, Ghosts of the West Coast ou encore Never Love sont autant de titres fédérateurs et l'énergie circule entre un public qui manifeste son enthousiasme et un groupe généreux en mimiques et sourires. Caitlin Stokes et ses danses si particulières qui lui donnent un air de pantin désarticulé capte l'attention et invite sur scène Suzi Sabotage le temps de leur très chouette duo Kill Cave, l'occasion de comparer les crinières des deux chanteuses. En fin de set, Twist Like an Animal nous rappelle qu'avant d'emprunter un chemin plus nostalgique et pop, Corlyx avait flirté avec un son plus lourd et plus proche du rock industriel. Avec sa musique accrocheuse, Corlyx sait se faire aimer facilement : c'est à la fois fun et mélancolique, on s'y amuse bien au point de réclamer un rappel et tout le monde en ressort satisfait. Grâce au fort capital sympathie des artistes présents sur scène, cette première de Corlyx à Paris était à la fois festive et chaleureuse et le groupe a montré qu'il avait son lot d'adeptes ici : pourvu qu'il y en ait d'autres !