Le parisien amateur de musiques sombres et torturées se retrouve régulièrement face à des dilemmes déchirants pour son âme racornie. Ainsi, le samedi 4 mai proposait aux habitants de la capitale un choix compliqué : à Glazart jouait le groupe de doom occulte et expérimental MESSA alors que les amateurs de pogos enflammés se rendaient à la Cigale pour le BAL DES ENRAGÉS. Pendant ce temps, la soirée Punish Your Machine organisée par Celtic Circle invitait les Suédois de COVENANT à Petit Bain. Les groupes à guitares attendront Clisson : avec ses événements réguliers (mais pas trop) et ses groupes à chaque fois cultes, les Punish Your Machine sont la promesse d'un moment à part. Pas de première partie : on vient pour voir une tête d'affiche souvent rare en France (COVENANT n'était pas venu depuis bien 5 ou 6 ans) et passer une bonne nuit en compagnie des DJs habituels (SX, Klass-X, Baron Noir). Un format que l'on imagine pertinent en matière d'organisation et cohérent avec ce que proposent ces soirées, où la qualité prime sur la quantité. On venait donc pour COVENANT, à trois sur scène ce soir, et qui apportait notamment le récent EP Fieldworks Exkursion dans ses valises.
L'événement annonçait un début de concert à 22h30 : en effet, quelque part entre 22h30 et 22h35, les lumières de la salle se coupent et le public se retrouve plongé dans les ténèbres de Petit Bain. Cris d'excitation, tension qui monte : ça se presse un peu dans la fosse. Le concert va commencer. L'intro ambiante, dans le noir complet, dure un peu plus longtemps que ce qu'on imaginait au début : cinq minutes plus tard, on est toujours dans le noir. Et puis on se dit qu'en fait, ça fait déjà dix minutes, puis quinze. C'est finalement après une vingtaine de minutes d'un suspense qui devenait insoutenable (et qui laissait le temps pour un autre verre) que le chanteur Eskil Simonsson arrive sur scène au son de Feedback.
Si les fans peuvent enfin se lâcher, laisser évacuer un peu de pression et que la fosse devient moins oppressante, il faut attendre Bullet pour que le concert démarre vraiment : le son du micro de Simonsson manque en effet de présence dans les premiers instants du show et ce n'est qu'avec le célèbre hit de Northern Light que l'ambiance décolle. Le groupe semble heureux d'être là et se donne avec générosité, dans la fosse ça se trémousse... parfois avec un peu d'animosité : quelques drôles d'oiseaux à l'alcool pénible foutent le bordel. C'est dommage : l'ambiance bienveillante de la soirée ne se prêtait pas forcément à ces comportements d'animaux agressifs. Peu importe, il suffit de s'éloigner de quelques pas pour ne plus les subir, ce qui permet d'apprécier le jeu de lumière du groupe. Certes, c'est très sombre (pas de lumière de face, pas mal de fumée), mais c'est élégant et correspond bien à la musique de COVENANT, froide mais humaine.
Parmi les particularités de la setlist, on note la présence de trois nouveaux morceaux, All that is Solid Melts into Air, Das Niebelungelied en spoken-word et la plus énervée False Gods sur laquelle Daniel Myer (officiant également dans HAUJOBB) s'empare du micro. Le chant agressif et ses distorsions donnent au morceau un petit air dark electro plus méchant que l'humeur générale. Le groupe avait également demandé à ses fans quel morceau non prévu ils aimeraient voir ajouté à la setlist et ce fut Leviathan. Sinon, les classiques tels que We Stand Alone ou The Men étaient bien sûr de la partie, ainsi que les sourires de Simonsson et ses échanges fréquents avec le public.
Entre EBM et futurepop, la musique de COVENANT est à la fois poétique, dansante et introspective, pleine de nuances et de finesse : en live, c'est le genre de concerts où l'on se sent bien. La salle était pleine, le public heureux, beaucoup restent pour la suite de la soirée : c'était encore une réussite. La prochain concert organisé par Celtic Circle fera cependant des infidélités à Petit Bain, mais pour la bonne cause : ce sera à La Machine pour NITZER EBB. On espère vous y voir nombreux.
Setlist :
01. Feedback
02. Bullet
03. All that is Solid Melts into Air
04. Leviathan
05. Atomheart
06. 20 Hz
07. Go Film
08. False Gods
09. Stalker
10. We Stand Alone
11. Impro / Das Niebelungelied
12. Babel
13. The Men
14. Ritual Noise
Rappel :
15. Happy Man
16. Prometheus
17. Call the Ships to Port
18. Lightbringer