Down to the Wire + Lisatyd + Sex Shop Mushrooms @ Le Klub - Paris (75) - 5 avril 2024

Live Report | Down to the Wire + Lisatyd + Sex Shop Mushrooms @ Le Klub - Paris (75) - 5 avril 2024

Pierre Sopor 8 avril 2024

Hasard du calendrier ? Le 5 avril, anniversaire de la mort de Layne Staley et Kurt Cobain, le Klub proposait une soirée grunge ! Les esprits des chanteurs d'Alice in Chains et Nirvana erraient-ils dans les souterrains de la capitale ? Peut-être bien. Séduits par la coïncidence , nous avons décidé d'aller voir du côté des concerts où les gens ont l'air à peu près sains et d'aimer les trucs horribles genre le soleil pour corrompre notre goth-credibility (inexistante, on est bien d'accord) et découvrir Down to the Wire qui fêtait la sortie de son premier album. L'affiche était complétée par Sex Shop Mushrooms et LISATYD : trois appropriations de l'étiquette "grunge" et trois univers bien distincts... Mais cependant un point commun : en 2024, le grunge utilise du shampoing et porte des fringues pas trop dégueulasses. Tout fout l'camp !

LISATYD

Allez, on ne va pas juger. Ce n'est pas parce qu'on présente bien qu'on n'a pas le droit de plomber l'ambiance avec son spleen. De mélancolie il est bien question avec LISATYD : l'acronyme signifie "life is shit and then, you die" ("la vie c'est d'la merde et puis après tu crèves"). Si le jeune groupe parisien commence son set tout en douceur face à une assistance encore peu nombreuse, c'est pour mieux nous surprendre avec quelques déviances noise ou passages plus lourds qui donnent à la musique sa singularité. Plus proche des dérives douce-amères de Soundgarden que de l'explosivité de Nirvana, LISATYD navigue dans des brumes faites d'ironie, de contemplation désabusée et d'élans à l'étrangeté rafraichissante (German Dinosaur, très cool). Leur musique demande une certaine attention pour en apprécier les nuances, les équilibres et déséquilibres et fait preuve d'une belle richesse cachée sous un enrobage de fausse gentillesse.

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SEX SHOP MUSHROOMS

Des p'tits jeunes ! Qu'ils sont souriants ! Qu'ils ont l'air gentils ! Et en plus, ils ont ramenés les copains ! On essayera de ne pas trop en vouloir aux gens dans le public qui disent vieillir parce que "la trentaine approche", ils sont mignons. Sex Shop Mushrooms blinde le Klub et donne à la soirée une couleur plus festive : ah oui, eux ils aiment bien les morceaux les plus énervés de Nirvana et cette rage punk viscérale ou les rengaines à la Pearl Jam, ces trucs fédérateurs qui embarquent tout le monde immédiatement. Tout de suite, le sol du Klub s'imbibe de sueur et de bière renversée. Sex Shop Mushrooms n'est certainement pas le groupe le plus avant-gardiste du monde mais compense un certain classicisme par une belle énergie, une envie de tout envoyer bouler qui fait plaisir à voir. Du gros rock qui tâche et qui racle, c'est toujours cool (la tension de Watch Yourself, toute en menace contenue jusqu'à ses éclats cathartiques, fait son effet) et la petite scène du Klub se prête bien à ce genre d'échanges avec le public, acquis à la cause et en ébullition.

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DOWN TO THE WIRE

Down to the Wire, c'est des gars de "plus de 35 ans", incroyable, on commençait presque à s'imaginer que le grunge était un truc de jeunes ! Ils le disent eux-mêmes : "le rock n'est pas mort et on aura toujours 17 ans". Avant que le concert ne commence un rapide coup d’œil à la setlist intrigue : Burn, Head Down... Non, non, ce ne seront pas des reprises de Nine Inch Nails, calmos, ce n'est pas ce genre de soirées ! Down to the Wire s'appropriera bien les Doors plus tard, avec une relecture de Break On Through bien énervée. Avant ça, on est cueillis d'entrée par les tripes du chanteur qui nous braille sa frustration et sa rage à la tronche. Le Klub n'est pas plein quand commence le concert mais, attiré par les cris possédés du bonhomme, le public afflue rapidement.

Down to the Wire a ce truc écorché et méchant qui capte l'attention, ces émotions contagieuses qui se propagent et qui donnent à la soirée ces tâches de crasse tenaces qui s'incrustent entre des mélodies entêtantes et des lignes de chant accrocheuses, ce son lourd et agressif qui groove salement et ce petit mordant jouissif satisfaisant. Des secousses accrocheuses et une présence scénique charismatique : on est trimballés avec plaisir dans ce tourbillon hargneux.

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