Eisbrecher + Heldmaschine @ La Rayonne - Lyon (69) - 10 avril 2025

Live Report | Eisbrecher + Heldmaschine @ La Rayonne - Lyon (69) - 10 avril 2025

Manon Nadolny 14 avril 2025 Laurence Prudhomme Manon Nadolny

Après leur passage triomphal au CCO Jean-Pierre Lachaize en mai 2023, qui concluait la belle aventure de ce lieu mythique, Eisbrecher est de retour à La Rayonne en ce mois d'avril, accompagné cette fois de leurs compatriotes de Hedmaschine. Au milieu de leur tournée européenne où figurent quatre dates françaises, les Allemands sont bien décidés à faire souffler une bise glaciale sur la capitale des Gaules.

Heldmaschine a de l'expérience, d'abord sous le nom de Volkerball où ils reprenaient des titres de Rammstein, puis les membres se sont détachés pour interpréter leur propres compositions depuis une dizaine d'années. Salle pas tout à fait comble à l'entrée sur scène du groupe originaire de Coblence, la faute à une gigantesque panne informatique qui a mis les quatre lignes du métro lyonnais à l'arrêt et a semé une jolie pagaille en ce jeudi après-midi. Si la musique est sombre, presque martiale, ce n'est pas le cas des membres du groupe qui, tout sourires, affichent leur plaisir de jouer devant un public venu en connaisseur. L'alchimie se fait très vite, et le chanteur René Anlauff ne ménage pas son énergie devant l'enthousiasme du public. Des riffs lourds, un son à la Rammstein tempéré d'electro, voilà de quoi trépigner et donner de la voix sans complexes ! Le batteur se déchaîne derrière ses fûts, un spectacle à lui tout seul et un gros succès auprès du public. Côté titres, les Allemands ont misés sur des valeurs sûres avec quelques morceaux du nouvel album Eiszeit, et des incontournables comme Webterrorist ou R : qui font vibrer la Rayonne. Les Allemand achèvent de conquérir le public lyonnais avec le français hésitant du chanteur pour des remerciements chaleureux.

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La salle est maintenant bondée et bien échauffée pour affronter l'hiver polaire promis par Eisbrecher. Entrée toute en sobriété du groupe qui démarre avec Everything is Wunderbar, tiré du dernier album, sur lequel le Alexander Wesselsky et sa casquette de capitaine annoncent l'ambiance de la soirée. Les Allemands sont là pour décrasser les oreilles et les muscles des amateurs de Neue Deutsche Härte dont ils sont l'un des groupes phares depuis une vingtaine d'années outre-Rhin. Pour les avoir vu un certain nombre de fois sur scène, on peut s'attendre un un show bien rodé, professionnel, avec la petit touche d'improvisation chère au frontman qui les rend si sympathiques.

Les choses commencent dès le second titre Himmel Arsch und Zwirn, dont le refrain est repris à pleine voix par le public déjà au taquet. Tandis que la haute stature d'Alexander Wesselky occupe la scène, sa voix puissante martèle les rythmes à la fois militaires et electro pop du groupe. Un Antikörper incontournable nous replonge dans les origines du combo, avec ce son lourd et intense des débuts, lorsque la paire Pix-Wesselsky enchaînait les titres. On mesure l'évolution avec deux nouveaux titres aux thèmes très éloignés Mein Herz et Waffen Waffen Waffen. Le paroles du groupe collent toujours à l'actualité, jamais revendicatrices, mais avec ce qu'il faut d'ironie et de clairvoyance pour poser les bonnes questions. Le ton change avec le mélodieux Augen unter Null où la voix chaude et grave du chanteur fait merveille. Mais ce que le public apprécie ce sont ces petits moments de complicité avec le frontman qui plaisante et livre ses réflexions dans un français quasi parfait.

Le froid s'installe avec le titre Eiszeit, sur lequel, vêtus de parkas et le visage protégé par des cagoules, piolet à la main, les Allemands affrontent la tempête polaire tandis que la neige tombe sur le public. Un titre rugueux et martial qui fait bouger les têtes et chanter le public lyonnais. Public qui quelques notes plus tard se retrouve en train de reprendre en chœur la Marseillaise à l'invitation du chanteur, avant que celui-ci ne revienne accompagné du guitariste Jürgen Plangger pour un moment « Schlager » comme les affectionnent nos voisins allemands. Schlager... mais si, vous connaissez... ces titres à l'eau de rose aux refrains entêtants qui s'impriment dans votre mémoire à votre insu ? Les plus anciens reconnaîtront dans le Tränen Lügen Nicht interprété par le duo coiffé d'ailleurs de magnifiques képis, une reprise de Mireille Mathieu des années 70 de ce succès allemand. Et du coup la Rayonne tout entière résonne de la la la la, la la la la la…. Plutôt incongrus mais fédérateurs dans un concert de metal indus. L'atmosphère redevient sérieuse, et même inédite avec l'arrivée sur scène de Frank Herzig, le chanteur de Schattemann qui officie à la régie pour la tournée. Il se joint au groupe pour interpréter Auf die Zunge comme sur le dernier album. Un titre puissant, tant dans le texte que dans la musique, où les deux voix se répondent et se mêlent formidablement. Au passage, profitez-en pour découvrir ce jeune groupe bavarois, bourré de talent et d'énergie sur scène.

Le concert s'achève sur FAKK, extrait du précédent album et véritable pamphlet contre l'hypocrisie qui gangrène notre société, mélange de rap et de metal sous des lumières phosphorescentes. Les Allemands reviennent sur scène pour quatre derniers titres emblématiques, dont Verrückt, au son pop et dansant et la magnifique cover du regretté Falco Out of the Dark, sur laquelle l'intensité émotionnelle de la voix d'Alexander Wesselky apporte une note tragique. Le groupe remercie ensuite chaleureusement le public lyonnais, avant de procéder au traditionnelle lancer d'ours en peluche, pour le plus grand bonheur de quelques chanceux.

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L'équipe de Sounds Like Hell avait encore une fois mitonné une bien belle soirée pour les fans de metal industriel, avec deux groupes particulièrement sympathiques et proches du public.