Pourquoi venir à un concert un mercredi soir, en plein milieu d’une semaine de boulot bien chargée ? Eh bien parce que c’est HENRIC DE LA COUR qui fait son retour sur le continent, pour le plus grand plaisir du public allemand. Ses apparitions sont si rares et si apaisantes qu’elles sont un bon anti-stress pour achever le reste de la semaine.
Beyond Obsession
Mais Henric n’est pas venu seul. C’est le discret mais charismatique duo BEYOND OBSESSION qui a ouvert la soirée, avec pratiquement un full set, comme à la maison. Des spectateurs s’étaient même déplacés spécifiquement pour les applaudir. C’est vraiment que malgré leur timidité apparente, BEYOND OBSESSION n’a maintenant plus grand-chose d’une première partie. À force de se produire régulièrement sur la scène allemande, le groupe maîtrise de mieux en mieux son sujet. Nils emporte toujours son petit livre de paroles avec lui (son côté Peter Heppner sûrement) mais la performance s’est nettement améliorée. BEYOND OBSESSION est un des rares groupes de synthpop à pouvoir se targuer d’avoir un vrai chanteur. De manière générale, la Schwarze Szene manque d’interprètes compétents. Nils a tout pour lui : l’instrument vocal hors norme, l’émotion dans la voix, et les imperfections qui le rendent humain et artiste, et pas seulement bon interprète. Côté musique, BEYOND OBSESSION ne révolutionne pas la synthpop, mais offre une palette originale qui lui donne un timbre unique. Les mélodies sont très efficaces, dansantes mais aussi riches en émotions. Chaque titre est un tube potentiel. Le public du Kulttempel est clairsemé ce soir-là, mais il succombe à l’unanimité à la performance de BEYOND OBSESSION.
Henric de la Cour
Après une longue pause entre les deux groupes, Camilla Karlsson, Henric Dornonville et Torny Gottberg se faufilent discrètement sur scène. L’ambiance est évidemment intimiste et l’on ne se réjouit pas qu’HENRIC DE LA COUR ne soit pas encore une rock star. Mais tout vient à point qui sait attendre. Comme à son habitude, Henric débarque peinturluré de sang, un maquillage parfois cliché qui lui colle pourtant si bien à la peau. En guise d’éclairage, seuls trois spots blancs sont installés en contreplongée devant chacun des musiciens. La salle est plongée dans un noir total. Le groupe enchaîne les tubes de son cru, porté par les chœurs du public. Beaucoup portent des t-shirts à l’effigie du chanteur. Tous chantent les refrains par cœur. La setlist évolue peu, et ce malgré le nouveau single Two Against One qui n’aura pas la chance d’être interprétée ce soir-là. Ce qui change des autres lives, c’est que malgré un set court (comme pour tous les suédois), il y eut un rappel. Et pas n’importe lequel. C’est Clinic que l’on joue. Je fais partie de ceux dont les chansons favorites ne sont jamais jouées en live. C’est majoritairement vrai pour HENRIC DE LA COUR, et notamment pour Clinic, MA chanson préférée, que je ne pensais jamais pouvoir apprécier en concert. Mon vœu fut finalement magistralement exaucé, puisque cette performance restera l’une des meilleures expériences live de ma vie. Mais laissons le pathos de côté. Oberhausen était la première date de cette petite tournée allemande, mais HENRIC DE LA COUR a tout donné. Il y a toujours cette urgence dans sa façon de chanter et de se mouvoir, cette union de l’eros et du thanatos, à vous donner des frissons. Le son était parfaitement calibré, avec un rendu perçant, juste ce qu’il faut. Les lumières ont fait honneur à l’intitulé de la salle, le temple du culte. Nous étions bel et bien à l’église ce mercredi-là, et nous avons prié Henric dans l’obscurité du temple.