Bologna Violenta
C'est au duo italien BOLOGNA VIOLENTA que revient la tâche ardue d'ouvrir l'appétit du public avant IGORRR pour cette soirée organisée par Kongfuzi Booking à la Maroquinerie. À l'origine projet solo de Nicola Manzan, BOLOGNA VIOLENTA propose un show à la fois musical et visuel, les deux musiciens se produisant dans un noir presque complet (ça complique forcément les choses pour les photos !) afin de pouvoir projeter des vidéos derrière eux. Leur musique, expérimentale et instrumentale trouve rapidement l'approbation du public : non seulement les riffs sont bien énervés, mais c'est surtout la personnalité de Nicola Manzan qui séduit. Quand il joue, il est de profil, comme s'effaçant pour mieux laisser les images projetées s'exprimer, mais entre les morceaux il enchaîne les plaisanteries dans un français solide et à l'accent irrésistible. Les vidéos qui illustrent le concert sont à la fois effrayantes et drôles, souvent absurdes et parfois violentes. Derrière les sourires, on devine la rage de Nicola Manzan, qui parle "d'humains merdeux", de "mélodie merdeuse" et de "prière merdeuse" alors que l'écran annonce que l'on va tous "vers la même finale.... LA MORT".
BOLOGNA VIOLENTA était parfaitement dans le ton de la soirée : c'était fort et fou, drôle et méchant à la fois et les deux artistes ont su créer un lien de complicité avec le public qui a pris un vrai plaisir à les découvrir.
Setlist :
01. Discordia
02. Un Mio Amico Odia il Prog
03. Binario Morto
04. Vorrei Sposare un Vecchio
05. Utopie
06. Maledetta del Demonio
07. Danze Cecene
08. Mi Fai Schifo
09. Cortina
10. Sigle di Telefilm
11. Il Canale dei Sadici
12. Incredibile Lite al Supermercato
13. Il tempo Dell'astinenza
14. Leviatano
15. Il Processo
16. Passetto
17. I Felici Animali del Circo
18. Colonialismo
19. Bologna: Ultimo Atto
Igorrr
C'est devant une foule compacte et hétéroclite que IGORRR monte sur scène : l'événement est complet depuis un moment, et le public est composé à la fois de hipsters à la moustache vaillante, de gens plein de dreadlocks qui aiment danser avec leurs cerceaux dans un coin et de métalleux attirés par la promesse de pogos furieux. Il faut dire que le projet de Gautier Serre est un sacré patchwork : breakcore, metal, musique baroque et cris d'animaux se mélangent allègrement pour donner vie à cette créature de Frankenstein sonore qu'est IGORRR.
En toute logique "Igorrrienne", le set démarre sur Au Revoir dans une version a capella incroyable chantée par Laure Le Prunenec qui happe l'attention d'une audience qui retient son souffle : c'est beau comme ce calme avant la tempête dont on parle si souvent. Et la tempête prendra la forme de Spaghetti Forever (c'est rigolo ça, tiens, des spaghettis après une première partie italienne). C'est à ce moment que les choses s'emballent : Laurent Lunoir et son allure d'homme des cavernes au maquillage morbide, traces d'autopsie sur le torse incluses (on est dans un délire à la Mary Shelley ou on ne l'est pas !) débarque et ses hurlements sauvages apportent une réponse parfaite au chant baroque de Laure Le Prunenec. Les deux ont une présence incroyable et assurent le show de bout en bout avec charisme et énergie. Les lumières strobent furieusement histoire d'achever les épileptiques présents et la fosse de la Maroquinerie devient rapidement un champ de bataille alors que les corps se superposent et volent dans tous les sens. On pouvait y croiser un type avec ses chaussures à la main, un drôle de mec chauve qui explique qu'il faut "kiffer au nord et kiffer au sud" et beaucoup de gens qui dansent avec les murs de la salle. C'était rigolo.
Les nouveaux morceaux font un carton et s'associent parfaitement aux classiques tels que Moldy Eye ou Tout Petit Moineau, mention spéciale pour Viande qui est une vraie boucherie. La setlist est d'ailleurs facétieuse, enchaînant avec Cheval et son accordéon fou puis Tendon (quand on parle de boucherie...). La drôle de musique de ce dingo planqué sous sa casquette et derrière ses machines est incroyablement viscérale, son aspect absurde lui permettant de ne pas s'encombrer du sens pour atteindre directement notre inconscient de manière primitive et puissante, atteignant parfois des sommets d'intensité tournant au rituel sacré. On peut juste regretter un chouïa l'absence de l'incroyable Houmous dans le set : réclamé à grands coups de braillement, son potentiel live est énorme !
IGORRR, c'était fou. Les caniches ont sué grave, on s'est fait une bonne pizza aux narines, ça a cogné, c'était magique. Konfuzi Booking a eu le nez creux en les faisant jouer à la Maroquinerie : la demande était telle qu'une nouvelle date parisienne est déjà prévue au Trabendo début 2018. On espère y être !
Setlist :
01. Au Revoir (A Cappella)
02. Spaghetti Forever
03. Grosse Barbe
04. Opus Brain
05. Moldy Eye
06. Biquette
07. Barbecue
08. Pavor Nocturnus
09. Caros
10. Viande
11. Cheval
12. Tendon
13. Excessive Funeral
14. Tout Petit Moineau
15. ieuD
16. Unpleasant Sonata
17. Apopathodiaphulatophobie
18. Robert