Enfin ! Annoncée il y a environ deux ans, la tournée d'IGORRR, maintes fois reportée, a finalement lieu. Après la valse des premières parties prévues puis annulées au gré des reports (AUTHOR & PUNISHER, DRUMCORPS, OTTO VON SCHIRACH), c'est accompagnée de HORSKH que la bande de Gautier Serre peut finalement défendre son dernier album, Spirituality & Distorsion dans ce magnifique Trianon qui affiche complet. Depuis sa sortie, de l'eau a coulé sous les ponts et on retrouvait sur scène deux groupes dont on connaît déjà la puissance en live, mais qui sont passés par divers mutations ces derniers mois.
HORSKH
En album, HORKSH tabasse. En concert, le cocktail electro-metal-indus agressif et accrocheur fait des ravages et on ne va pas vous cacher notre plaisir de retrouver le groupe, devenu trio, sur une aussi belle scène dans le cadre d'une tournée qui devrait leur permettre d'exploser quelques nouveaux tympans et rétines et convertir au passage de nouveaux adeptes.
Peu importe le décor : les planches du Trianon n'ont pas la même saveur qu'un sous-sol étriqué et pourtant HORSKH instaure une ambiance de club futuriste poisseux et insalubre avec sa musique et son visuel, tout en strob et lumières dures. Il faut que ça fracasse, et on n'est pas déçus : comme d'habitude, les morceaux les plus fédérateurs sont d'une efficacité rare, rappelant la puissance de COMBICHRIST mais en plus incisif et hargneux, avec un petit parfum cyberpunk déglingué qui se fait plus présent lors de morceaux plus atmosphériques et bruitistes. Les classiques comme l'irremplaçable entrée sur Strayed Away, Damaged Ropes, Victim ou Engaged and Confused ont déjà fait leurs preuves et on peut enfin apprécier les nouveaux titres, comme Common Crimes et Mud in my Wheels, imparables. HORSKH a évolué depuis deux ans, notamment du point de vue visuel : le passage à trois musiciens, tout d'abord, équilibre la vue d'ensemble en plus d'étoffer le son, et le maquillage des musiciens solidifie leur identité.
Le show ne dure que trois quarts d'heure et le trio semblait paradoxalement à l'étroit sur une si grande scène en raison du matériel d'IGORRR qui en mangeait une bonne partie. Pourtant c'était à nouveau la claque attendue, HORSKH a tout donné, avec son énergie communicative. Le public du Trianon a bien de la chance : la mise en jambe était choisie avec goût.
01. Strayed away
02. Cut the Knot
03. Trying More
04. Intruder
05. Common Crimes
06. Victim
07. Damaged Ropes
08. Tainted Strobes
09. Mud in my Wheels
10. Host
11. Engaged and Confused
IGORRR
Évidemment, dans l'histoire récente d'IGORRR, l'événement qui fait jaser avant le concert est le départ de Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir, l'exceptionnel duo au chant qui assurait une énorme partie du spectacle. Comment prendre leur place et remplir le vide laissé, abyssal ? Gautier Serre commence le show seul, comme il l'a longtemps été aux commandes de son projet, entretenant le suspense.
Et puis, le spectacle commence vraiment. Il y avait beaucoup à voir et à entendre en si peu de temps ! Tout d'abord, la musique : Aphrodite Patoulidou et JB Le Bail sont parfaits, mais en fait on n'en attendait pas moins vu l'exigence de Serre. Si les chaussons de leurs prédécesseurs sont bien sûr impossibles à remplir entièrement (on se doute qu'ils sauront nous surprendre quand ils auront l'occasion d'exprimer leurs étrangeté personnelles), ils apportent chacun une nouvelle touche (l'une, très expressive et énergique, fait le show pendant que l'autre, plus monolithique, apporte une pesanteur nouvelle). Et puis il y a Martyn Clément à la guitare, comblant un vide souvent reproché à IGORRR par son public métalleux : l'absence de guitariste sur scène. On peut enfin découvrir en live les nouveaux titres, qui gagnent une nouvelle ampleur (Massive Himalaya Rituel est un moment d'une intensité rare et rejoint Tout Petit Moineau, ieuD ou Opus Brain au panthéon des morceaux d'IGORRR qui atteignent des sommets (huhuhu) quasi mystiques sur scène).
Visuellement, cette date au Trianon marque aussi une avancée pour le groupe, qui n'avait pas en tournée les conditions d'un gros festival. On ne les avait jamais vus, en salle, avec un show lumière aussi travaillé : d'une précision chirurgicale, il accompagne les folies de morceaux qui empruntent au metal le plus sauvage, à l’opéra baroque, aux musiques du monde (balkaniques, orientales), au bal musette et à l'electro perchée. Dans sa folie, son énergie, sa violence aussi parfois et même son humour décalé (ce pipeau à la fin de ieuD), jamais IGORRR ne se sépare de son élégance : en tout point, la performance est magnifique.
IGORRR continue de grandir : jamais le projet de Gautier Serre n'a stagné en plus de quinze ans. Aujourd'hui, c'est scéniquement qu'on a pu l'apprécier. On a hâte de voir ce que les petits nouveaux pourront offrir quand ils auront participé à l'enregistrement d'un album et que leur complicité, déjà manifeste, aura achevé de se construire. Chez IGORRR, l'avenir s'annonce tout aussi excitant que le passé, pourtant déjà incroyable.
01. Intro
02. Paranoid Bulldozer Italiano
03. Spaghetti Forever
04. Hollow Tree
05. Nervous Waltz
06. Downgrade Desert
07. Camel Dancefloor
08. Tout Petit Moineau
09. ieuD
10. Parpaing
11. Polyphonic Rust
12. Pavor Nocturnus / Caros / Viande
13. Opus Brain
14. Himalaya Massive Ritual
15. Cheval / Apopathodiaphulatophobie / Robert
16. Very Noide
