Presque un an jour pour jour après leur date au Gibus (report), KAMERA OBSCURA se produisait à nouveau devant le public Parisien. Cette fois-ci, c'est la Péniche Antipode qui leur a servi de théâtre pour fêter la sortie de l'album The Final Cut (chronique). Avant même que le concert ne commence, on sent que ça va être spécial : la salle est remplie de monde, l'ambiance est familiale, des petites bougies led éparpillées sur scène garantissent une atmosphère à la fois gothique et cosy et la setlist posée sur scène promet un "featuring avec Donald". Donald ? C'est qui, lui ?
On n'a pas le temps de trop se retourner la tête à ce propos : un hurlement de loup retentit, annonçant le début de la cérémonie avec The Howling, qui lançait aussi leur dernier album. Puisant son inspiration dans un paquet de classiques du cinéma fantastique et d'horreur, KAMERA OBSCURA joue devant un écran qui projette des extraits de films, dans une pénombre quasi totale (on ne s'appelle pas "chambre noire" pour rien !). Une mise en scène qui participe entièrement au show, le public réagissant avec turbulence aux extraits comme il le ferait dans un festival de séries B : les plans boobies provoquent des rugissements, et des types se mettent à chanter du Joe Dassin sur des images de Phantasm (le cinéma des années 70 nous rappelle régulièrement l'atrocité des coiffures de l'époque). Alors que l'audience se rapproche de la scène et que la température monte, KAMERA OBSCURA dépasse les bornes de l'immonde en faisant monter sur scène l'horreur, la vraie en invitant Donald Trump (c'était donc lui, Donald...) à chanter Obey, morceau inspiré du très politique They Live de John Carpenter. On se doute que Big John aurait apprécié, lui qui avait ponctué son concert Parisien au Grand Rex d'un "Fuck Trump" indiscutable.
Histoire de marquer le coup, KAMERA OBSCURA a convié plusieurs amis ce soir, défilant le temps d'un morceau, renforçant l'impression d'être en famille. On a droit à des apparitions de Togk de UNDER ALL, Fred de SLEAZYZ, de Nico, guitariste chez CHEMICAL SWEET KID ou encore au violon de Melissa de FUTSU. L'ambiance est électrique, le groupe a vraiment prévu une chouette soirée et partage généreusement ce moment avec le public, complice. KAMERA OBSCURA enchaîne les morceaux du nouvel album, y ajoutant quelques titres plus anciens, comme Interceptor qui renvoie aux tendances plus electro du groupe. Il y a aussi ces moments où la petite troupe reprend directement un thème culte : si celui de Phantasm a provoqué un crossover absurde avec Joe Dassin et celui de Profondo Rosso a amené le public a poussé la chansonette, ça moufte vachement moins quand l'écran indique "Haddonfield, Illinois". On sait tous ce que ça veut dire, et le groupe se lance dans une version particulièrement intense d'un des thèmes les plus iconique de l'histoire du cinéma. Le plaisir qu'ils ont à toucher à ce classique est communicatif (comment leur en vouloir, alors que même Reznor y a mis ses patounes ?). Derrière eux, un enfant de six ans déguisé en clown nous dévisage. Le profane trouverait ça mignon. Les autres savent qu'il vient de massacrer sa soeur.
Cette mise en scène de tous les instants garantit son lot de moments mémorables, d'images gravées à jamais dans nos rétines : Leatherface agitant sa tronçonneuse, Bruce Campbell aspergé de litres de sang ou encore Angus Scrimm grimaçant ("boooooyyyyyyy") alors que Cécile, la chanteuse, se déchaine avec énergie, adoptant des postures de pantin disloqués et des mimiques théâtrales soulignées par l'éclairage. Certes, ça pisse le sang, ça meurt et ça souffre, mais on a quand même droit à un lancé de ballons : rien de tel que jouer à la baballe entre deux eviscérations. Après une chouette reprise de TYPE O NEGATIVE, et après un concert généreux, on sent que KAMERA OBSCURA se prépare à quitter la scène. Mais pas avant d'avoir joué l'épique Lucifer Rising, un des titres les plus incroyables de The Final Cut, ni d'avoir conclu sur Antichrist. Le concert a démarré et s'est achevé comme le disque, et alors que les dernières notes résonnent, on assiste à la naissance de l'Antéchrist version Rosemary's Baby sur l'écran, comme si tout ce rituel nous avait menés jusque là, liant définitivement les projections au déroulement du concert.
Évidemment, KAMERA OBSCURA ne pouvait pas s'en tirer aussi facilement, la soirée était vraiment trop belle pour s'arrêter sans une dernière surprise : le public réclamant à corps et à cri un morceau de plus, le groupe demande quel morceau on aimerait entendre. C'est donc reparti pour Interceptor, une deuxième fois. KAMERA OBSCURA jouait seul, sans première partie, mais entre les nombreux guests, le nouvel album joué en entier et les diverses surprises, la soirée n'en était pas moins épique. Qu'est ce que c'était chouette : un groupe avec un univers fort, de la bonne musique, de belles images et un beau public réceptif. Vivement la prochaine !
Setlist :
01. The Howling
02. Texas Chainsaw Massacre
03. Interceptor
04. Obey
05. I Spit on Your Grave
06. Profondo Rosso
07. Suffering
08. Maniac
09. Terror From Outer Space
10. Necronomicon Ex-Mortis
11. Halloween
12. Flesh Eaters
13. Phantasm
14. Christian Woman
15. Beyond the Valley of the Dolls
16. Lucifer Rising
17. Antichrist