Voici l'un des concerts que j'attendais le plus en cette année 2016. Il arrive un moment, lorsque l'on fréquente les salles de concerts toutes les semaines, parfois plusieurs fois par semaine, où le caractère exceptionnel d'une sortie en soirée, accompagné des petites palpitations d'angoisse et d'excitation d'aller applaudir "en vrai" les artistes qu'on écoute en boucle dans sa voiture, disparaît. Cela devient quotidien, routinier, répétitif. Tout particulièrement dans la scène dark qui compte un nombre d'artistes limités qui sont bookés et rebookés dans les mêmes salles et les mêmes festivals.
KITE est un groupe suédois qui n'est pas si récent. Le duo ne produit que de petits EPs depuis 2008, six en tout, et si leur succès se confirme dans leur pays natal, cela ne fait que deux ans que le groupe conquiert le continent, et évidemment tout particulièrement l'Allemagne. L'Allemagne est souvent la porte d'entrée européenne pour ce genre d'artistes, et il est vrai que KITE devient petit à petit un groupe à la mode. Mais ils le méritent. Encore une fois, il n'y a que les suédois pour produire une telle originalité artistique. KITE est un groupe d'electro-pop, soit. Mais leur son est unique, tout comme la voix de son chanteur Nicklas Stenemo. Ils restent tout de même rares en live. Nous nous devons donc d'apprécier leurs apparitions un maximum, pour tenir jusqu'à la prochaine fois. Je me sentais donc ce soir-là comme la petite fille angoissé et excitée de voir ses "idoles" en vrai, la boule au ventre, l'appareil à la main.
Le concert a débuté avec 15 minutes de retard, le temps pour tout le monde d'arriver tranquillement, puisqu'il n'y avait aucune première partie de prévue. Et aussi parce que rater un début de concert de KITE, c'est aussi un peu rater la fin. Les suédois ont cette tradition de jouer des sets de 45 minutes, une heure maximum. L'an dernier, KITE était déjà passé par Oberhausen et avait surpris tout le monde en rejoignant les coulisses après 40 minutes. Cette fois, le groupe a joué les prolongations, avec une heure tout pile de set, rappel inclus. Aucun temps mort entre les chansons, tout s'enchaîne.
Le show est comme toujours irrésistible et surtout totalement nouveau. Lorsque les photographes râlent des conditions de shoot, les ingés lumière rappellent souvent que "le live est pas fait pour les photographes mais pour un public dans une salle, c'est un spectacle vivant", ce qui est tout à fait juste. Mais ne justifie pas le genre de trucs dégueus que l'on voit souvent, comme du rouge qui crache bien en frontlight sur un fond vert fluo encore plus dégueu. Ça, les gars, photo ou pas, c'est toujours infecte à voir. On ne parlera pas du stagiaire qui s'endort la tête appuyée sur le bouton "fumigène". Ouais, Pedro. Vous le connaissez tous, Pedro. Ils vous en a fait rater, des concerts. Il vous en a fait avaler, de la fumée. On a tous connu une fois Pedro le stagiaire. Eh bien Mesdames et Messieurs les ingés light, voici un vrai lightshow. KITE ne ravie pas plus que cela les photographes. L'appareil reste souvent en veille, l'atmosphère restant majoritairement sombre et les contrastes étant parfois trop forts pour les capteurs sensibles. Mais les mirettes, elles, savourent. Visuellement, KITE est comme un feu d'artifice. Ça ne se prend pas en photo, un feu d'artifice. Beaucoup le font, mais il est impossible de caputer l'âme d'un feu d'artifice dans une photo. Les bruits, la succession de feux, tout se passe en mouvement et en 3D. C'est un peu cela, un concert de KITE. Cela se déguste sur place, en toute intimité, et tant pis pour ceux qui n'y étaient pas.
En effet, la salle du Zentrum Altenberg était loin d'être remplie. Malgré le succès critique qui donne au groupe un souffle nouveau, KITE reste un projet confidentiel dans une scène déjà confidentielle. Le concert est tout de même une réussite puisque le nombre de spectateurs a sensiblement augmenté depuis l'an dernier, et certains sont venus de loin pour les voir. À retenir surtout, le public présent n'était pas là par hasard et mettait l'ambiance d'une salle pleine. On a déjà assisté à des festivals de plusieurs milliers de personnes avec une atmosphère bien plus terne. Ici, du premier au dernier rang, on chante chaque titre à tue-tête, car chaque chanson de KITE est un tube potentiel. The Rhythm, Up for Life, Johnny Boy, Count the Days, Nocturne, True Colors, Dance Again, elles y passent toutes pour notre plus grand bonheur. Le groupe n'a pas de setlist et joue divers morceaux chaque soir.
La performance est impeccable, le son beaucoup moins fort et plus apréciable que dans les troiss quart des concerts, la lumière et les décors un vrai bonheur. KITE fait le job. Peut-être un peu en retenue. Il manque une certaine complicité avec le public, qui ne peut se produire lorsqu'on enchaîne les titres aussi rapidement. La personnalité de ces deux garçons demeure un mystère. À nous la liberté de l'interprétation de leur musique, qui fait danser, planer, pleurer. Pour ceux qui souhaitent encore planer avec KITE, c'est ce vendredi 02 septembre au NOCTURNAL CULTURE NIGHT de Deutzen. Ne ratez pas cette date, c'est la dernière de l'année.